Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°977 (2025-24)

mardi 17 juin 2025

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


 
Carl Maria VON WEBER - Der Freischütz
Ouverture

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au centre de l'image...



ou cliquez [ici]

Plutôt le vol de l’oiseau qui passe sans laisser de trace,
que le passage de l’animal, dont l’empreinte reste sur le sol.
L’oiseau passe et oublie, et c’est ainsi qu’il doit en être.
L’animal, là où il a cessé d’être et qui, partant, ne sert à rien,
montre qu’il y fut naguère, ce qui ne sert à rien non plus.

Le souvenir est une trahison envers la Nature,
Parce que la Nature d’hier n’est pas la Nature.
Ce qui fut n’est rien, et se souvenir c’est ne pas voir.

Passe, oiseau, passe, et apprends-moi à passer !

Fernando PESSOA


 
Canard colvert et Foulque macroule
(accouplement et toilette)

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
début mai 2025



Canard colvert femelle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025




Canard colvert femelle à sa toilette - essai en "flou-filé"
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025

Canard colvert mâle se grattant
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025



Foulque macroule
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025

Foulque macroule (le mâle ?)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025


A la recherche de nourriture...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025

Etirement et toilette
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025






Vue de l'affût : 15h43
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025

Vue de l'affût : 17h44
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025



Le couple
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025



Accouplement
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025



La femelle (avec la tache blanche sur la tempe !)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025



Etirement

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025

Le canard mâle s'ébroue...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025



Remontée (après une plongée)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025



Plongée
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 1er mai 2025



Vue de l'affût : 17h31
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2025



La femelle, à sa toilette
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2025



Bergeronnette grise
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2025




Canard colvert femelle, Bergeronnette grise et moucherons
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2025









Le mâle (?)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2025

















Canard colvert femelle se nourrissant des moucherons
à la surface de l'eau

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2025











































Foulque et grue

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2025











Femelle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2025
[à suivre ...]

 


Suggestion de lecture :

"Prologue

Massif central, février 2003

Dominique glissa les deux piquets sous son bras et remonta jusqu’au menton la fermeture éclair de sa parka réglementaire avant d’attaquer la piste qui grimpait entre les arbres. Le froid hivernal s’était chargé d’humidité. Au loin les sommets des volcans disparaissaient encore sous la neige. De l’épaisse couche d’aiguilles de pin dont la boue était tapissée montait une puissante odeur de décomposition – aussi forte et amère que celle de la mort qui l’attendait là-haut. À cette pensée, elle frissonna. Au-delà de la ligne des arbres, la pente s’accentuait. Bordé par un mur de pierres sèches à moitié écroulé, le sentier suivait un tracé irrégulier puis changeait brusquement de direction pour contourner un bouquet d’arbres sombres. Il recommençait ensuite à s’élever vers le sommet de la colline et, à partir de là, se perdait dans le lointain brumeux du plateau. Dominique s’arrêta au tournant, jeta un coup d’œil pardessus son épaule et s’étonna d’avoir déjà atteint une telle hauteur. Essoufflée, elle resta un moment immobile, à regarder en bas l’éclat bleu du gyrophare de son fourgon et le serpent des véhicules garés sur l’étroite route menant à l’auberge. Elle voyait un groupe de silhouettes minuscules et une antenne parabolique en train d’émettre, sans doute, ses signaux vers les dieux de quelque rédaction parisienne où des images accompagnées de déclarations soigneusement choisies seraient disséquées afin d’être plus faciles à digérer. Une histoire sensationnelle ! Une tragédie ! Un apéritif de choc pour les consommateurs voyeurs des infos du soir. La jeune gendarme observa avec lassitude les dernières centaines de mètres qu’il lui restait à parcourir. À l’approche du sommet elle vit enfin les ruines du vieux buron barrer l’horizon. Il était difficile, maintenant, d’imaginer cet endroit habité – il l’avait été autrefois, en été seulement, lorsqu’on menait les animaux paître au milieu des immenses étendues de fleurs sauvages et d’herbes savoureuses du plateau. Peut être était-ce agréable, après tout, sous un vent tiède, avec cette vue imprenable sur le toit de la France. Idéal pour s’évader du monde. Se sentir au-dessus de tout. Proche des dieux. Mais, aujourd’hui, les nuages raclaient les sommets et crachaient leur misère sur la terre qu’ils noyaient dans un brouillard gris. Dominique aperçut deux silhouettes en imperméables luisants devant le mur de pierre mouillé – une femme assise sur un rocher, penchée en avant, la tête dans les mains, un homme debout près de l’ouverture sombre du buron. Le toit en pierre paraissait presque intact – sur ses lauzes abîmées qui laissaient passer la pluie mais pas la lumière, la cheminée toujours dressée n’avait pas senti la chaleur d’un feu depuis des années. Un second toit, beaucoup plus délabré – celui de l’abri pour les animaux – s’élevait un peu au-dessus du premier. L’homme s’avança vers Dominique et lui serra la main. Elle le connaissait de vue. C’était un individu très grand et large d’épaules, mais le chagrin semblait le rapetisser. Sous son front ridé, presque entièrement caché par un béret bleu marine, ses yeux la fixaient tristement. La femme leva un visage hagard puis retomba très vite dans son désespoir après avoir gratifié la gendarme d’un simple signe de tête, sans plus.

  • Montrez-moi, dit Dominique en s’adressant à son compagnon.

Celui-ci courba le dos et passa le premier sous le linteau. Leurs ombres se projetèrent sur un sol boueux couvert de traces de pas et de flaques d’eau où se reflétait la lumière de l’extérieur. Dominique décrocha la lampe torche fixée à sa ceinture, l’alluma et balaya l’obscurité jusqu’à ce que le faisceau lumineux éclaire le corps tordu d’un homme en survêtement, gisant dans une flaque rouge de sang. Une brève inspiration involontaire gonfla sa poitrine. En dix ans passés dans la gendarmerie, c’était son premier meurtre. Si elle avait déjà extrait des corps horriblement mutilés d’épaves de voitures, rien ne l’avait réellement préparée à plonger les yeux dans ceux d’un homme dont toute la France connaissait le visage. Un visage à présent marqué en plein front par une balle qui avait traversé la tête. Il y avait de la cervelle grise et blanche sur ses cheveux ensanglantés, par terre, dans la boue. Elle sentit son estomac se soulever, mais s’efforça de suivre malgré tout le faisceau de la lampe qu’elle promenait autour du cadavre.

  • Pas d’arme ? s’entendit-elle demander d’une voix chevrotante.

  • Je n’ai rien vu.

  • Il manque quelque chose ?

  • Il portait toujours une ceinture dans laquelle il rangeait son téléphone et son Thiers. Elle a disparu.

Dominique lui jeta un coup d’œil perplexe :

  • On l’aurait tué pour voler son portable et son couteau ?

L’homme haussa imperceptiblement les épaules. Du menton, la jeune gendarme indiqua la porte. L’endroit était une scène de crime ; rien ne devait être touché avant l’arrivée des experts. Elle sortit derrière l’homme, empoigna les piquets toujours coincés sous son bras et les planta dans la terre meuble à l’aide du maillet qu’elle avait pris soin d’emporter. Un de chaque côté de la porte. Puis elle tendit entre les deux un ruban bleu et blanc que le vent fit aussitôt frétiller.

  • Qui l’a découvert ?

L’homme tourna vers elle un regard bleu chargé de douleur.

  • Moi. Il est parti courir comme d’habitude, tout de suite après le déjeuner.

  • Il courait tous les jours ?

  • Oui. Toujours en suivant le même circuit. Il descendait la route depuis l’auberge, remontait jusqu’au buron à travers les arbres, longeait la crête et rejoignait la route principale.

Il soupira avant d’ajouter :

  • En ne le voyant pas revenir à quatre heures, on a commencé à s’inquiéter. Élisabeth avait peur qu’il ait fait une mauvaise chute.

  • Il aurait téléphoné, non ?

  • À condition d’être conscient.

  • Pourquoi ne l’avez-vous pas appelé ?

  • Je l’ai fait. Et comme il ne répondait pas, je suis parti à sa recherche.

  • Qu’est-ce qui vous a donné l’idée d’entrer dans le buron ?

  • Je n’y suis pas entré tout de suite. J’y suis retourné parce que je ne le trouvais nulle part.

Il pinça les lèvres pour contenir son émotion et souffla :

  • C’est dur de découvrir son petit frère comme ça.

Dominique hocha la tête. Elle pouvait difficilement se mettre à sa place.

  • Et ces traces de pas ?

  • Il y en a beaucoup. Certainement plus qu’il n’en a laissé lui-même. Je suppose que les miennes s’y sont ajoutées.

  • Vous avez touché le corps ?

  • Non. Je l’ai regardé d’assez près pour comprendre qu’il était mort. Enfin, je veux dire que ça m’a paru évident. Je suis redescendu à l’hôtel et j’ai alerté la gendarmerie.

Les yeux de Dominique se posèrent sur la silhouette prostrée de la femme assise sur le rocher. Sans attendre qu’elle lui pose la question, l’homme expliqua :

  • Elle a insisté pour m’accompagner. Il fallait qu’elle le voie elle-même pour le croire. Elle frisait l’hystérie. Et maintenant, la voilà catatonique.

Dominique s’approcha de l’endroit où la piste plongeait dans la pénombre vers la ligne floue des arbres. La tombée de la nuit ne faciliterait pas la montée de la police scientifique. Il faudrait attendre le matin avant qu’une fouille méthodique des lieux puisse être entreprise. En bas, sur la route, les véhicules avaient allumé leurs lumières.

  • Comment se fait-il que les journalistes soient arrivés si vite ?

  • Ils étaient déjà là, répondit l’homme d’un air tristement résigné. Marc les avait tous invités à venir de Paris. Il adorait recevoir, être le point de mire. Et, naturellement, aucun journaliste sain d’esprit n’aurait refusé une invitation à dîner chez Marc Fraysse.

  • Que célébrait-il ? Il hésita.

  • Marc était désespéré. Peut-être avez-vous entendu parler des spéculations auxquelles se livraient les médias ? Qu’il aurait été sur le point de perdre une étoile ?

  • Et alors, c’était si catastrophique ? Il eut un petit sourire triste, à la fois ironique et incrédule – exprimant par cette simple torsion des lèvres qu’il possédait un savoir et un raffinement inaccessibles à une gendarme de campagne.

  • Une catastrophe totale, affirma-t-il d’un ton condescendant. L’anéantissement d’une vie entière passée à l’obtenir. Un traumatisme humiliant, dévastateur.

Tout en sachant qu’elle devait lui paraître sotte et balourde, elle insista :

  • Mais pourquoi avait-il invité ces journalistes ?

  • Il voulait faire une déclaration.

  • Laquelle ?

  • Ça, on ne le saura jamais, répondit le frère du mort en écartant les mains devant lui..."


Peter MAY - Trois étoiles et un meurtre


Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2025 : Pour le télécharger directement au format pdf (1300 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal.1654]

Rejoignez-moi sur "Instagram" en cliquant sur le lien suivant :

[https://www.instagram.com/marguet_pascal/]