Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°399 (2013-50)

Mardi 31 décembre 2013

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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  Féloche -
Chant du Silbo

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Le "Silbo" (=sifflement, en espagnol) est le langage sifflé des Gomeros, habitants de la Gomera, île de l'archipel des Canaries...
Ce langage a été classé dans le Patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

Pour en savoir plus,

cliquez [ici] (article de Wikipédia)

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(reportage de Féloche à la Goméra et explications sur la chanson...)




Rétrospective photographique 2013

Vous pouvez revoir tous les numéros du Trochiscanthe nodiflore [TN] de 2013, en cliquant [ici]

Je vous ai fait un petit "résumé" de l'année 2013 en images :

Chamois femelle
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
décembre 2012

Pour revoir le [TN] n° 352, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Rougegorge familier
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  décembre 2012

Pour revoir le [TN] n° 353, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Cygne tuberculé s'étirant
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
  janvier 2013

Pour revoir le [TN] n° 355, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Arabesques de Joncs
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
  décembre 2012

Pour revoir le [TN] n° 356, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Poule et Coq

Chevreau et Patou (Roland)
Astugue (Hautes-Pyrénées)
février 2013

Pour revoir le [TN] n° 357, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Le Montaigu
Astugue (Hautes-Pyrénées)
février 2013

Pour revoir le [TN] n° 358, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Pinson des arbres mâle
  Astugue (Hautes-Pyrénées)
  février 2013

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Renard
  Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  janvier 2013

Pour revoir le [TN] n° 360, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Mésange à longue queue et givre
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
janvier 2013

Pour revoir le [TN] n° 361, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Foulque macroule
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
mars 2013

Pour revoir le [TN] n° 362, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Rougegorge familier
  Champ-Pittet (Suisse)
  avril 2013

Pour revoir le [TN] n° 363, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Buisson d'Aubépine en hiver
Courvières (Haut-Doubs)
mars 2013

Pour revoir le [TN] n° 364, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Portrait d'un Chamois
  La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
  avril 2013

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Retour du Rougequeue noir mâle
  Courvières (Haut-Doubs)
  avril 2013

Pour revoir le [TN] n° 366, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Couple de Sittelle torchepot
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
   mars 2013

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Feuilles de Hêtre
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  mai 2013

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Couple de Grèbe huppé
  Lac de Neuchâtel (Suisse)
  8 mai 2013

Pour revoir le [TN] n° 369, cliquez [ici] (ou sur l'image)

  Mésange charbonnière mâle
  La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
  mai 2013

Pour revoir le [TN] n° 370, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Foulque macroule sur son nid
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  mai 2013

Pour revoir le [TN] n° 371, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Hermine, dans mon jardin...
Courvières (Haut-Doubs)
mai 2012

Pour revoir le [TN] n° 372, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Les Paillassas
  Aucun (Haut-Pyrénées)

 juin 2013

Pour revoir le [TN] n° 373, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Sittelle torchepot
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
  mai 2013

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Fougère aigle
  
Astugue (Hautes-Pyrénées)
  juin 2013

Pour revoir le [TN] n° 375, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Rougegorge familier (juvénile)
Astugue (Hautes-Pyrénées)
juin 2013

Pour revoir le [TN] n° 376, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Tour de la TV et Fontaine de Neptune
  Berlin (Allemagne)
  juillet 2013

Pour revoir le [TN] n° 377, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Oeillet superbe
  Berlin (Allemagne)
  juillet 2013

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Marguerite
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
  juin 2013

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Rougequeue noir mâle et son petit
Courvières (Haut-Doubs)
juin 2013

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Linotte mélodieuse mâle et ses petits
  Courvières (Haut-Doubs)
  juin 2013

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Polémoine bleue
  Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  juillet 2013

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Bergeronnette grise
  Courvières (Haut-Doubs)
  juillet 2013

Pour revoir le [TN] n° 383, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Chamois en été
Mont d'Or (Haut-Doubs)
août 2013

Pour revoir le [TN] n° 384, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Rougequeue noir (jeune)
  Courvières (Haut-Doubs)
   juillet 2013

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Belledame
Courvières (Haut-Doubs)
août 2013

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Cigogne noire et Cigognes blanches
  Courvières (Haut-Doubs)
  août 2013

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Argiope rayée femelle
Courvières (Haut-Doubs)
  septembre 2013

Pour revoir le [TN] n° 388, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Rougequeue à front blanc (femelle)
  Mont d'Or (Haut-Doubs)
  août 2013

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Aconit napel
Mont d'Or (Haut-Doubs)
août 2013

Pour revoir le [TN] n° 390, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Rougegorge familier
  Astugue (Hautes-Pyrénées)
octobre 2013

Pour revoir le [TN] n° 391, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Chamois femelle et son cabri
  Mont d'Or (Haut-Doubs)
  octobre 2013

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Devant le Pic du Midi de Bigorre
  Astugue (Hautes-Pyrénées)
  octobre 2013

Pour revoir le [TN] n° 393, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Grange
Frasne (Haut-Doubs)
novembre 2013

Pour revoir le [TN] n° 394, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Rougequeue noir mâle
  Mont d'Or (Haut-Doubs)
  octobre 2012

Pour revoir le [TN] n° 395, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Fougère Aigle
  Frasne (Haut-Doubs)
  novembre 2013

Pour revoir le [TN] n° 396, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Rougegorge familier
  Bouverans (Haut-Doubs)
  décembre 2013

Pour revoir le [TN] n° 397, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Chamois femelle
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
décembre 2013

Pour revoir le [TN] n° 398, cliquez [ici] (ou sur l'image)

Pour voir l'intégralité des numéros du Trochiscanthe Nodiflore [TN] (les 398 depuis 2006 !),

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Petit texte :

"
Je me glisse le long de la rivière.

A cet endroit elle est faite de deux bras. Le bras mort, qui sert de bief, et le bras vif, qui coule en cliquetant.

La nuit a la couleur opaque de l'ardoise. Le brouillard neigeux l'illumine un peu, juste assez pour simplifier le paysage qui se dresse devant moi. Mais ce paysage est sans profondeur, le regard s'arrête aux premiers rochers noirs et à la prairie, au-delà du bras vif. Partout, une petite poudrée de neige qui grisaille les espaces glacés. On respire le froid, le vrai mauvais froid, celui qui court sur les cailloux, sans grande neige.

La rivière taille, dans la terre durcie, deux canaux noirâtres, boursouflé ici, resserré ailleurs entre ses rives, comme un intestin de porc. Ils se rapprochent l'un de l'autre puis s'éloignent, jamais d'accord, comme deux mal-mariés.

Voilà pour moi l'heure bénie où une clartée mystérieuse qui sort de la neige va me permettre de vivre les meilleurs moments de la journée. N'est-ce pas la perspective de ces heures qui m'a décidé à planter ma tente là ? Je marche sur l'herbe gelée, silencieusement, et j'écoute : j'entends le bruit de la rivière bruyante et le lent soupir du bras mort. La première est bordée de buissons rabougris et d'arbres tortueux. L'autre reflète le tronc droit des peupliers italiens. Ici la rivière femelle, là la rivière mâle. La nature est pour moi une éternelle et grandiose comédie à laquelle je veux assister infiniment. Et je me suis promis d'épuiser jusqu'à la dernière goutte les joies de cette contemplation.

Dans l'eau noire du bief se reflètent les troncs, mais l'eau, tel un artiste, ne restitue d'eux qu'une image teintée de mélancolie. Elle ne sait pas reproduire servilement les images et ne peux s'empêcher d'y mêler un peu de cette couleur sombre qui est le fond de son âme. Là-bas, dans les sablières, au contraire, la rivière vive brise les reflets dans des courants de caprice. Elle lave les images dans son allégresse.

J'avance le long de la berge pâle. Des poudres de neige volent dans le vent et, au loin, un chien aboie. Il est à deux ou trois kilomètres, sans doute, mais dans l'air très froid les bruits portent loin.

Si on me demandait ce que je fais là, je serais bien embarrassé pour répondre. On croirait que je tends des lignes de fond. J'ai assez d'allure et le costume d'un braconnier, et l'heure se prêterait parfaitement à ce genre d'exercice. Mes yeux suivent la rivière et, d'un oeil qui n'est pas celui d'un profane, je sonde les remous et les ralentis, j'avise les souches qui se couvrent de glace, à fleur d'eau, et parfois je m'arrête, comme pour hésiter, en face des endroits les plus propices.

Pourtant, ce soir, je ne pêche pas, mais personne ne voudrait me croire.

Tout à coup, sur l'eau égale, sous l'eau sage du bras mort, je vois des petites rides concentriques qui partent de la berge opposée. Elles brisent les reflets si parfaits, elles les gondolent puis elles s'apaisent.

Je me suis arrêté, le coeur battant. Un errant de naissance ne reste pas insensible à ces signes mystérieux. Les rides repartent à nouveau à la surface glauque de l'eau, leur centre est un point sombre de la rive où mon oeil ne distingue rien d'anormal. Pourtant, un être vivant est à l'origine de ces rides concentriques, et cet être a dû m'entendre et peut-être m'apercevoir. Me voyant immobile et me jugeant inoffensif, il a dû reprendre son travail mystérieux. Ah ! Quelle minute délicieuse pour moi que cette immobilité de rapace qui guette ! Maintenant que le son de mes pas s'est tu, j'entends nettement un bruit, mais c'est un floc discret et répété, comme feraient des graviers tombant dans l'eau.

Ah ! Voilà que cette histoire prend tournure de véritable chasse ! Mon regard remonte la berge, il suit une espèce de chenal capricieux où il lui semble voir couler des sortes de petites avalanches. Il monte toujours. Mon oeil est arrivé au sommet de la berge, aucun être vivant n'est en vue et les avalanches continuent toujours.

Autour de moi, le silence froid qu'on avale par le nez où il se réchauffe avant de descendre danss les poumons. On sent les poils des narines qui se durcissent, gelés eux aussi, comme les herbes du talus. Je suis immobile, et le chien, au loin, continue d'aboyer.

Cette eau que je voyais noire m'apparaît verte maintenant, d'un vert très profond, attiédi, par places, par des chignons de racines qui se tordent entre deux eaux.

L'animal que je guette doit être assez méfiant. De temps en temps, les avalanches cessent, ce qui complique et retarde mon travail de repérage. A chaque interruption je fais des progrès toutefois, et je reprends la piste où je l'avais laissée.

Un saule se dresse, chancreux, ouvert comme une plaie dont les lèvres se seraient racornies. Les avalanches viennent de là. Au début de l'aventure, je pensais avoir affaire à un rongeur aquatique, puis à une taupe. Maintenant, voici que je dois envisager de découvrir un oiseau. Peu importe, ce sera certainement très instructif.

Me voici donc arrivé à la moitié du tronc. Là des groseillers sauvages poussent dans le chancre du saule et m'en cachent l'intérieur. Mes yeux, petit à petit, s'accoutument, et je devine que l'origine de l'avalanche est encore plus haut.

Mon sang bat rudement à mes tempes. Qui pourrait prétendre que le thermomètre accuse moins 12°C ? L'émotion me donne chaud.

Arrivé en un point sombre de l'arbre, je constate que les avalanches ne viennent pas de plus haut. Je m'immobilise, je regarde et j'écoute.

Je suis sur le point de pénétrer le mystére d'une nuit glacée. Un peu de patience encore et je surprendrai un de ces drames ou une de ces innombrables idylles dont l'ensemble, complexe, forme ce qu'on nomme la vie.

La vie de ces espaces déserts peut paraître subalterne. Elle n'en est pas moins la vie, au même titre que cette d'une ville aux mille lumières. C'est pour fuir celle-ci et pour surprendre celle-là que j'ai quitté le bruit des agglomérations. Dans ce vieux tronc d'arbre se déroule une phase infime de la grande liturgie vitale.

Une minute plus tôt, l'arbre formait une masse noire que reflétait la rivière. Maintenant, je distingue les mousses, les rugosités de l'écorce, les torsades de plantes parasites qui sucent sa vie ; je viens de voir une ombre se mouvoir, que d'abord j'avais prise pour une branche torse. Cette branche ondule étrangement, et j'en déduis que ce n'est pas une branche mais un animal en chasse. Lentement, il se meut sur le fond plus clair de l'écorce gelée, il avance vers la droite, où l'on devine un cavité.

C'est fait. Mon oeil a reconnu cette forme ondulante, c'est un putois. Je vois maintenant son museau hésitant, son corps démesuré, sa queue légèrement touffue qui le prolonge indéfiniment. Il vient de s'accrocher au bord du trou qu'il visait, il y disparaît en entier et aussitôt j'entends, dans les entrailles du saule, un tumulte fait de cris aigus et de frôlements.

Un oiseau s'envole, effaré, peu accoutumé à la nuit. J'ai tout lieu de croire que c'est un martin-pêcheur ; je reconnais le cri perçant qu'ils lancent lorsqu'ils filent, au ras de l'eau, dans les après-midi ensoleillés. Mais maintenant ce sont des cris d'effroi. Il est allé se percher sur une branche haute et j'ai l'impression très vive d'entendre les battements désordonnés de son petit coeur.

Le saule a digéré l'intrus.

Plus de bruit de ce côté.

Le grand frois s'anime un instant d'une bise qui soulève une poussière de neige, alors le sol paraît frissonner.

Pour moi, j'ai vu vivre les reflets dansants et j'ai senti mourir un animal avec une émotion qui n'est pas de l'attendrissement.

Lové dans le creux d'un saule, un putois gavé va digérer sa chasse..."

  Henri Vincenot - Prélude à l'aventure



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