Le Trochiscanthe nodiflore [TN]
n°999 (2025-46)
mardi
18 novembre 2025
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Pour regarder et écouter,
Crois-tu que
l’eau du fleuve et les arbres des bois, Non,
tout
est une voix et tout est un parfum ;
Tout dit dans l’infini quelque chose à quelqu’un ; Une pensée emplit le tumulte superbe. Dieu n’a pas fait un bruit sans y mêler le Verbe. Tout, comme toi, gémit ou chante comme moi ; Tout parle. Et maintenant, homme, sais-tu pourquoi Tout parle ? Écoute bien. C’est que vents, ondes, flammes Arbres, roseaux, rochers, tout vit ! Tout est plein d’âmes. Victor HUGO - « Ce que dit la
bouche d’ombre » ![]() Nouveau poster pour La Margotte automne 2025 |
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![]() Vue sur le Château de Joux La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 31 octobre 2025 ![]()
![]() Chamois et Château de Joux La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 31 octobre 2025
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 31 octobre 2025
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 31 octobre 2025 <image recadrée>
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 31 octobre 2025 ![]()
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La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 31 octobre 2025
Chamois mâle :
attitude du rut
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 31 octobre 2025
Grande Astrance
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 31 octobre 2025 ![]() ![]() La Cluse et
Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler
vendredi 31 octobre 2025 ![]() Harde de Chamois La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 7 novembre 2025 ![]() ![]() Harde de Chamois La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 7 novembre 2025 ![]() ![]() Eterlou La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 7 novembre 2025 ![]() ![]() Chamois femelle La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 7 novembre 2025 ![]() ![]() ![]() ![]() Portrait d'un Eterlou La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 7 novembre 2025 ![]() ![]() ![]() ![]() Eterlou mangeant une feuille de Gentiane La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 7 novembre 2025 ![]() ![]() ![]() Passage sous un fil barbelé La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 7 novembre 2025
![]() ![]() Château de Joux La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 7 novembre 2025 ![]() ![]() ![]() ![]() Echauguette du Fort Mahler La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 7 novembre 2025 ![]()
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 7 novembre 2025 ![]() ![]() Scabieuse La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 7 novembre 2025 ![]() ![]() ![]() ![]() Feuille de Nerprun des Alpes (transparence) La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 7 novembre 2025 ![]()
![]() ![]() Dernière Potentille La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler vendredi 7 novembre 2025 |
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"Prologue Il était né avec l’âme d’un arbre. L’homme qui veillait sur lui en avait la certitude depuis leur toute première promenade en forêt, alors qu’il était encore minuscule, à peine un mois et quelques journées. Le soleil se faufilait entre les branches, l’air était doux et le vent léger. Il s’était allongé dans les feuillages et avait posé le nourrisson emmitouflé sur son ventre, le visage vers le ciel. Tous deux regardaient les feuilles danser au-dessus d’eux. Le bébé, de ses grands yeux ronds et bleu foncé, se nourrit du spectacle près d’une heure durant. Et s’il n’avait fallu rentrer pour rassurer la mère, le grand aurait pu prolonger ce savoureux partage longtemps encore. À l’observer d’un regard qui, portant loin, dédouble la réalité, il a vu en ce petit comme un mélange de sève et de sang, d’écorce et de peau, de tronc et de torse, de nœuds et d’yeux, de feuilles et de mèches. Ce premier contact au pied d’un chêne deux fois centenaire fut un des plus beaux moments de la vie du jeune homme, spectateur ému de cet échange silencieux, comme si l’arbre et l’enfant s’étaient parlé. Peut-être s’étaient-ils reconnus. Ou retrouvés ? Les années suivantes ne firent que confirmer l’attachement de l’enfant à la nature et plus particulièrement aux chênes. De jour, de nuit, à l’ombre de la canicule ou dans le froid polaire, dans le brouillard ou sous la pluie, à l’aube ou au crépuscule, ils arpentaient longuement les sentiers et rentraient chaque jour plus riches de quelques trouvailles et secrets levés à propos du sous-bois qui leur délivrait ses mystères. Ils revenaient surtout plus paisibles. Mais un jour la tempête s’abattit sur la forêt. Et les deux garçons y étaient. 1La surprise d’une lettreMercredi 2 février,bureau du procureur de StrasbourgLa greffière entre dans la pièce d’un pas déterminé, les lèvres pincées, le menton en avant et le dos cambré, pour se donner un semblant de contenance, ce qui lui manque cruellement face à l’homme. Dans sa main, le courrier du jour dont elle consent à se séparer dans un coûteux effort. – Une admiratrice, Monsieur le procureur, lui lance-t-elle en lui tendant l’enveloppe. – Qu’est-ce qui vous fait dire cela, Jocelyne ? – L’écriture est féminine, l’adresse au verso le confirme, une certaine Anaëlle, tout cela avec la précision « courrier personnel » soulignée d’un trait à la règle et surlignée d’un fluorescent jaune, vous faut-il d’autres arguments ? – Vous semblez contrariée… – Pas du tout, répond-elle d’un ton sec en tournant les talons. – J’aurais pu croire, commente-t-il en élevant la voix pour que la femme l’entende, alors qu’elle a déjà atteint le bout du couloir. Il s’installe à son bureau, repousse la pile trop haute de dossiers que la greffière vient de déposer par la même occasion, saisit le coupe-papier et tranche d’un geste précis la pliure de l’enveloppe en se demandant ce qu’il espère d’un courrier personnel. Le fait est si rare. Qui pourrait m’admirer ?
* Sélestat, 31 janvier Monsieur le procureur de la République, Je me permets de vous écrire ce courrier en qualité d’ancienne étudiante. (Il y a deux ans, vous avez donné un cours magistral sur le risque médico-légal en troisième année de pharmacie.) J’aurais besoin de quelques précisions d’ordre juridique, non pas dans un cadre professionnel mais pour assouvir ma passion de l’écriture. En effet, après ma journée de travail, je m’assois à mon ordinateur et j’écris des livres. Le premier a été édité par une maison d’édition régionale. Les ventes ne sont pas transcendantes, mais je suis déjà très fière qu’il apparaisse dans les rayons des librairies locales. J’en suis à mon deuxième ouvrage, un roman policier, pour être plus précise. Je vous contacte car j’ai quelques doutes quant au déroulement de la procédure de mon enquête. Je vous expose tout cela sur la feuille jointe à cette présente missive. J’espère que vous accepterez d’y répondre et que je ne vous retarderai pas trop dans votre travail, que je suppose intense. Je comprendrais que vous ne puissiez pas et me tournerais alors vers d’autres ressources. Je vous remercie par avance de l’attention que vous porterez à cette lettre et m’excuse de vous avoir dérangé. Je vous prie d’agréer, Monsieur le procureur de la République, mes salutations distinguées.
Anaëlle Desmoulins
* Le procureur jette un œil aux questions jointes. Elles sont assez pointues, un peu abstraites sans le contexte de l’histoire, mais il ne lui faudra pas plus d’un quart d’heure pour y répondre. Son téléphone sonne alors. – Oui, Jocelyne ? – Nous devons nous rendre à l’audience. Si nous ne partons pas maintenant, nous serons en retard. Je vous prévois un café ? – Oui pour le café. Et oui, j’arrive. Vous êtes une mère pour moi. Ou une admiratrice ? demande-t-il en souriant, sûr de l’effet de sa remarque. Il l’entend raccrocher avec fracas. Lorsqu’il passe devant son bureau, elle le regarde en coin, plus insistante qu’à l’accoutumée, le sourcil gauche levé, probablement pour déceler le trouble sur son visage. – Jocelyne, arrêtez de me dévisager ainsi. C’est à cause de la lettre ? Seulement une ancienne étudiante qui a besoin d’informations d’ordre juridique. – Voulez-vous que je lui réponde, Monsieur le procureur ? Je dois être en mesure de le faire. – Non, ça ira. Ça me changera les idées. – Et accentuera encore votre retard, ajoute-t-elle alors qu’il a déjà disparu derrière la cloison. – Ah oui, au fait, précise-t-il en revenant sur ses pas, si l’idée vous traversait l’esprit de chercher cette fameuse lettre qui vous intrigue, je l’ai rangée dans ma sacoche. Sa main gauche tapote ladite sacoche comme pour donner un peu plus de relief à ses propos. Comme si la greffière était le genre de personne à fouiner dans les courriers… Le procureur a pourtant raison. Il suffit à Jocelyne d’un maigre signe pour que le doute s’installe à tout jamais dans la vis sans fin qui lui sert de cerveau et qui, dès lors, tournera jusqu’à obtenir des réponses. Toujours cet irrépressible besoin de savoir..."
Agnès LEDIG - Dans le
murmure des feuilles qui dansent
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