Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°971 (2025-18)

mardi 6 mai 2025

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Maurice RAVEL - Concerto pour piano en Si majeur

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Chroniques photographiques
autour de la loge n° 5

  Printemps

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
début avril 2025



Au lever du jour...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 5 avril 2025


Pigeon ramier (couple ?)
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 5 avril 2025




7h45
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 5 avril 2025



Bergeronnette grise
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 5 avril 2025

Véronique petit-chêne
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 5 avril 2025



Lamier rouge - Lamium purpureum
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 5 avril 2025



Primevère élevée

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 5 avril 2025

Anémone sylvie
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 5 avril 2025



Tussilage
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 5 avril 2025

Crocus
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 5 avril 2025

Un Lièvre passe sur le chemin ...
(alors que je suis en train de photographier les petites fleurs !!)

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 5 avril 2025

Potentille
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 5 avril 2025




La loge
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 5 avril 2025



Au lever du jour...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 6 avril 2025


7h45
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 6 avril 2025



Pigeon ramier (dans l'ombre)

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 6 avril 2025

Corneille noire
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 6 avril 2025

Jeune Brocard courant
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 6 avril 2025

Retour en forêt
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 6 avril 2025



Au lever du jour...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025



8h11
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025



Couple de Pigeon ramier
(le mâle à droite, poursuit la femelle...)

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025



Couple à sa toilette dans le Merisier
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025



<image recadrée>



Pigeon ramier à la recherche de nourriture
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025



Il surveille régulièrement le ciel...
(de peur d'une attaque d'un rapace ?)

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025



Rougequeue noir femelle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025



Lièvre (loin !)
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025
<image recadrée>



Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025




 
Pinson des arbres femelle
à la recherche de sa nourriture

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025

















Bergeronnette grise adulte
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025



















Essorage
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025






Premier Pissenlit

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025







Crocus (violet)
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025






Future orchidée
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025




Gentiane printanière - Gentiana verna
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025










La loge
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 12 avril 2025

[à suivre...]




Suggestion de lecture :

"

UN

L’aiguille en plein cœur


Quand on se prétend aventurier, il est vexant de vivre au XXIe siècle. La surface du globe est cartographiée. À chaque plage son plagiste. Pas une source sans sa mise en bouteille, pas un scarabée sans son département au Muséum. On va au désert de Gobi comme au bassin d’Arcachon. Y a-t-il seulement un être humain sur la Terre qui ne connaisse pas l’existence de La Grande-Motte ?

Des optimistes contrediront : « Il y a un sommet vierge dans les confins afghans. » Rien n’est moins sûr. Parfois, des alpinistes parviennent sur une montagne, persuadés de déflorer le sommet. Un anonyme les y a précédés, laissant son fanion.


L’homme a triomphé de la géographie. Il s’est répandu partout. Depuis la pierre taillée il en a eu le temps ! Conscient que la Terre a rendu ses derniers secrets, le pauvre Terrien de notre siècle tourne son regard vers les étoiles. « Là-haut », murmure-t-il. Il rêve. Un jour, peut-être un astronaute imprimera-t-il son pas sur un sol intouché. En attendant, on fait la queue pour grimper l’Everest.

Non vraiment, je ne suis pas rétrograde, mais il me naît des nostalgies de l’époque où il suffisait de sortir de sa grotte pour s’enfoncer dans l’inconnu. Au paléolithique (supérieur, si possible), bien des problèmes se trouvaient résolus de ne point même exister.

J’en étais là de ces réflexions, accoudé au comptoir de mon âme, quand je tombai sur un exemplaire de poche de L’Aiguille creuse de Maurice Leblanc. En couverture, gentiment bariolée dans le genre kitsch de nos enfances aimables des années soixante-dix, l’aiguille d’Étretat. Elle se dressait fièrement dans l’eau joyeuse. Les peintres impressionnistes s’étaient épris d’elle. Arsène Lupin en avait fait son repaire. Le rocher était friable, l’aiguille en passe de s’écrouler. Très peu d’êtres humains en avaient foulé le sommet. Il était plus facile de la peindre. Tout cela constituait un faisceau de raisons d’aller voir.

Il y avait là-haut un espace préservé. Peut-être aurait-on l’impression de toucher une terra incognita. Je réunis une troupe de gentils nautoniers. L’objectif était de grimper l’aiguille à l’aube.

Philibert fournirait le canot, Olivier les vivres. Du Lac, escaladeur hors pair, conduirait l’opération. Avec eux : la fine équipe.


On part une nuit d’automne. Au matin, à l’heure des chalutiers, on met le canot à l’eau, on souque ferme. À tribord passent l’arche de la Manneporte, la valleuse de Jambourg. Plein est, l’aiguille d’Étretat. Le soleil se lève, la mer pétille, les faces de craie s’éclairent. Philibert nous dépose au pied de l’aiguille. Du Lac et moi quittons le canot munis de cordes. On se cramponne aux bigorneaux. Philibert s’écarte à la rame pour cacher l’esquif de l’autre côté de la porte d’Aval, dans l’antre naturel du Trou à l’Homme. On le rejoindra plus tard, à la nage.

Pour l’instant on escalade. On essaie d’être dignes des visions de Maupassant. Les parois d’Étretat sont « praticables aux femmes hardies et aux hommes très souples et très accoutumés aux falaises ». Il nous faut une heure pour le sommet, à cinquante-cinq mètres d’altitude. Les silex se déchaussent du calcaire. On trouve des pitons rouillés : on nous a précédés !

Huit heures. La marée monte, l’aiguille vibre, les falaises miroitent. On se tient à la pointe, frappés de joie, entre ciel et mer, endroit vivable. J’ai préparé un texte. Je le lis, pour les nuages. Personne n’écoute. Une mouette passe.


APPEL POLITIQUE
LANCÉ DEPUIS LE SOMMET DE L’AIGUILLE

ARSÈNE LUPIN NE VOULAIT PAS CHANGER LE MONDE.

AU SOMMET DE L’AIGUILLE, IL SE GAUSSAIT DES IDÉES CREUSES.

IL CHANTAIT LE « PRIMESAUT » : FANTAISIE, LIBERTÉ, GOÛT DES BELLES CHOSES. DÉSINVOLTURE ET LONGUE MÉMOIRE.

NOUS PRÉFÉRONS LA LIBERTÉ À LA SÛRETÉ, LES NOSTALGIES PRIVÉES AUX PROMESSES PUBLIQUES. NOUS VOULONS AIMER, BOIRE ET CHANTER SANS QUE LA PUISSANCE D’ÉTAT NOUS INDIQUE COMMENT FAIRE. LES AIGUILLES SONT DES REFUGES. ELLES TIENNENT.

IL FAUT CONNAÎTRE SES PROPRES AIGUILLES, LES REJOINDRE, SE TENIR À LA POINTE, QUAND L’AIR DEVIENT ÉPAIS.


Je replie mon papier. Du Lac plante un piton et balance les cordes dans le vide. On descend en rappel, on regagne la mer, la grotte. Prévenus par les promeneurs, des gendarmes ont lancé leur canot. Ils arrivent trop tard. Sur la plage de galets, tout à la gaieté d’avoir réalisé un bon coup, je m’aperçois que je viens d’accomplir quelque chose de supérieur à une farce. Là-haut sur l’aiguille blanche, j’ai éprouvé une joie douloureuse. C’était un poinçon étrange, non le seul plaisir d’une plaisanterie. En équilibre sur un espace à peine plus large qu’un tabouret, j’ai rejoint le point de contact entre le temps, l’espace et mon propre cœur. Ils sont miraculeux, les moments où l’instant se fixe dans la partition ! Les sens reçoivent l’information aberrante et grave que nous nous sommes confondus à l’axe autour duquel le monde tourne. Tout se fige. Puis se suspend. La conscience reçoit la totalité du panorama dans une image arrêtée, familière. Même le cormoran qui plane plus bas semble attendu. Peut-être est-ce là la définition du vertige : l’élargissement de soi, non le racornissement dans la peur ?

Que m’est-il arrivé ? Aurais-je trouvé sur cette aiguille de la mer un lieu et une formule ? Depuis longtemps, je cherche les endroits du monde où se croisent l’éternité des patries de l’enfance et le refus des encerclements modernes. Ici, personne ne nous interdit le jeu du danger et de la joie. Personne ne nous commande de nous enthousiasmer pour des causes débiles ou des marchandises hideuses. Sur cette pointe, à un jet de pierre de la falaise côtière, je me croyais au bord de l’univers.

L’impression a duré quelques secondes. On se situait là, au bord du vide. Rien n’était possible, tout semblait offert. Montait la douceur de la mer : liberté claire, haute beauté. Je n’en revenais pas de me trouver dans ce cirque lacté, sur un point où il était absurde de se tenir. La mer vivait. Nous : fixes dans le mouvant. L’être rejoignait le lieu.


À Venise, au XVIIIe siècle, Tiepolo a propulsé au plafond des palais anges, madones et moines volant dans le ciel rose, bras écartés. On les croirait aspirés dans un vortex de ferveur jouissive. Au sommet de l’aiguille, j’ai connu cette ivresse sèche. Je flottais entre ciel et mer. Après tout, je traque cela depuis tant d’années à courir le monde : l’élévation. Ne sachant peindre, je m’en vais. Ne sachant prier, je grimpe. Parfois, j’arrive en un haut lieu. Une ascension a bien eu lieu.

De retour sur les galets, je demande à du Lac où l’on trouve ce genre d’aiguille.

Sur toutes les côtes du monde.

Écoute-moi, lui dis-je, on part. Vers les piliers de la mer. On les passe en revue. On les approche, on les grimpe, on les bénit. Je veux revivre mon illumination de l’Aiguille blanche. Me repayer le luxe de me sentir là où je me dois d’être.

C’est-à-dire ?

À la pointe du monde, où je n’ai rien à faire, où je ne peux rester, en un lieu où personne n’est allé, d’où le monde s’embellit, qui s’écroulera bientôt et qu’il est difficile d’atteindre, urgent de quitter, inutile de gagner.

J’en suis, dit du Lac.

Et c’est ainsi que nous avons passé des années à grimper sur les stacks..."


Sylvain TESSON - Les piliers de la mer


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