Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°991 (2025-39)

mardi 23 septembre 2025

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Les Cowboys fringants - Une autre journée qui se lève

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I

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.

Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.

J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? – C’était hier l’été ; voici l’automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

Chant d'automne - Charles BAUDELAIRE



 
Gökotta photographique autour
de la loge n°5


Courvières (Haut-Doubs), loge n°5
fin-juillet 2025 - été



Au lever du jour...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025




Lune
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025

6h40
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025


Jeune Rougequeue noir
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025

Jeune Pinson des arbres
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025



Jeune Bergeronnette grise
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025

Brocard
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025



Brocard et Pinson des arbres
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025





Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025

Cladonie
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025



Verveine
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025



Carotte sauvage
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025

Abeille domestique
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025



<image recadrée>



Criquet
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025



La loge
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 20 juillet 2025



Au lever du jour...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 25 juillet 2025



6h44
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 25 juillet 2025

Lièvre
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 25 juillet 2025

Les mouches...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 25 juillet 2025



Bourdon butinant
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 25 juillet 2025



Ail potager
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 25 juillet 2025



Détail d'un Bédégar ou "Barbe de Saint-Pierre"
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 25 juillet 2025



C'est une "tumeur" produite par la larve du
Cynips de l'églantier (Diplolepis rosae)

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 25 juillet 2025



Millepertuis
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 25 juillet 2025



La loge
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 25 juillet 2025



Au lever du jour...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 26 juillet 2025



7h02
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 26 juillet 2025



Carotte sauvage - Daucus carotta
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 26 juillet 2025



Alchémille
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 26 juillet 2025



La loge
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 26 juillet 2025



Au lever du jour...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 27 juillet 2025



6h37
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 27 juillet 2025



Jeune Rougequeue noir
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 27 juillet 2025


Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 27 juillet 2025









Géranium colombin
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 27 juillet 2025







Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 27 juillet 2025



Au lever du jour...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
jeudi 31 juillet 2025





6h52
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
jeudi 31 juillet 2025







Les Mouches II
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
jeudi 31 juillet 2025





Alchémille
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
jeudi 31 juillet 2025



Achillée millefeuilles (à fleurs roses)
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
jeudi 31 juillet 2025



Scabieuse
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
jeudi 31 juillet 2025





Framboise
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
jeudi 31 juillet 2025


Knautie
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
jeudi 31 juillet 2025

Abeille domestique sur une fleur d'Ail potager
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
jeudi 31 juillet 2025




Thomise à l'affût sous une fleur de Scabieuse
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
jeudi 31 juillet 2025







Belle Dame et Abeille domestique
sur fleurs de Cirse des champs

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
jeudi 31 juillet 2025






La loge
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
jeudi 31 juillet 2025


 


Suggestion de lecture :

"1

LA TROISIÈME SONNERIE annonçant la reprise imminente de la représentation retentit discrètement dans les foyers et les bars de La Fenice. Les gens éteignirent leur cigarette, vidèrent leur verre, interrompirent leur conversation et commencèrent à refluer vers la salle, brillamment éclairée pendant l’entracte ; le bourdonnement des voix se fit plus fort au fur et à mesure que les spectateurs reprenaient leur place – un diamant lançait un éclair ici, une étole de vison s’ajustait sur une épaule nue là, une main chassait une poussière invisible d’un revers de satin ailleurs. Les balcons du haut se remplirent les premiers ; puis ce fut le tour de l’orchestre et enfin des trois rangées de loges.

Les lumières baissèrent, l’obscurité se fit et la tension qui précède toute représentation monta, pendant que le public attendait le retour du chef d’orchestre. Le brouhaha s’apaisa, les musiciens arrêtèrent de s’agiter sur leur siège et le silence général annonça que tout le monde était prêt pour le troisième et dernier acte.

Ce temps mort se prolongea et devint rapidement pesant. Quelqu’un, au premier balcon, fut pris d’une quinte de toux ; un livre tomba, ou peut-être était-ce un sac à main ; la porte donnant dans la fosse d’orchestre restait cependant toujours fermée.

Les premiers à se remettre à parler furent les musiciens. Un second violon se pencha sur sa voisine et lui demanda quels étaient ses projets de vacances. Dans la deuxième rangée, un bassoniste apprit à un hautboïste que les soldes, chez Benetton, allaient commencer le lendemain. Les gens du premier rang, dans les loges, ceux qui voyaient le mieux les musiciens, ne tardèrent pas à se mettre à murmurer doucement à leur tour. Le public des balcons les imita bientôt, puis celui de l’orchestre, comme si les plus fortunés voulaient être les derniers à se laisser aller à ce genre de comportement.

Aux murmures succéda un brouhaha. Les minutes passèrent. Soudain, les plis du rideau en velours d’un vert profond s’écartèrent sur Amadeo Fasini, directeur artistique du théâtre, qui s’avança d’une démarche empruntée dans l’étroite ouverture. L’éclairagiste, au-dessus du deuxième balcon, n’ayant aucune idée de ce qui se passait, décida de diriger un puissant rayon blanc sur l’homme au centre de la scène. Aveuglé, Fasini leva un bras pour se protéger les yeux. C’est le bras toujours levé, comme pour parer un coup, qu’il commença à parler : « Mesdames et messieurs… » puis il s’arrêta, adressant des gestes frénétiques de la main gauche au technicien, qui, comprenant son erreur, coupa le projecteur. Remis de sa cécité passagère, l’homme reprit son laïus. « Mesdames et messieurs, j’ai le regret de vous informer que le maestro Wellauer n’est pas en mesure d’assurer la suite de la représentation. » Murmures et questions fusèrent dans le public, des têtes se tournèrent dans des froissements de soie, mais il n’en poursuivit pas moins. « Le maestro Longhi va le remplacer. » Avant que la rumeur ne couvre sa voix, il ajouta, d’un ton faussement calme : « Y a-t-il un médecin dans la salle ? »

La question fut suivie d’un long silence, puis les gens se mirent à regarder autour d’eux : qui allait se dévouer ? Il s’écoula près d’une minute. Une main s’éleva enfin, lentement, dans l’un des premiers rangs de l’orchestre, et une femme quitta son siège. Fasini fit signe à l’un des employés du théâtre, au fond de la salle, et le jeune homme en uniforme se précipita jusqu’à l’extrémité de la rangée, où l’attendait la femme. D’une voix souffreteuse, comme si c’était lui qui avait besoin de soins, Fasini reprit : « Si vous voulez bien suivre ce jeune homme en coulisse, docteur… »

Il eut un dernier regard pour la salle encore plongée dans l’obscurité, échoua dans sa tentative de sourire et y renonça. « Veuillez excuser, mesdames et messieurs, ce contretemps. La représentation va reprendre tout de suite. »

Le directeur artistique se tourna, tripota le rideau, incapable, un instant, de retrouver l’ouverture. Les mains d’une personne invisible les écartèrent derrière lui et il disparut, se retrouvant dans la soupente misérable où Violetta allait bientôt mourir. Il entendit les timides applaudissements qui saluèrent l’arrivée du chef d’orchestre remplaçant lorsque ce dernier monta sur le podium.

Chanteurs, choristes et machinistes se pressèrent tout autour de Fasini, aussi intrigués que le public, mais le manifestant bien plus bruyamment. Si sa position hiérarchique le protégeait en général de tout contact avec des membres de la troupe d’un rang aussi inférieur, le directeur ne pouvait maintenant les éviter, ni eux ni leurs questions et leurs murmures. « Ce n’est rien, ce n’est rien », déclara-t-il sans s’adresser à personne en particulier, agitant les mains comme pour les chasser de la scène sur laquelle ils s’étaient rassemblés. On arrivait aux dernières mesures du prélude ; le rideau n’allait pas tarder à s’ouvrir sur la soirée de Violetta, pour l’instant assise, nerveuse, sur le châlit placé au centre du décor. La gesticulation de Fasini redoubla d’intensité et chanteurs et machinistes commencèrent à passer dans les coulisses, où ils continuèrent à murmurer entre eux. Il gronda un « Silenzio ! » furibond et attendit de le voir produire son effet. Quand les rideaux commencèrent à s’écarter, il rejoignit précipitamment le chef de plateau, à droite de la scène, à côté du médecin. Une femme de petite taille, à la chevelure sombre, se tenait juste en dessous d’un panneau Interdiction de fumer, une cigarette non allumée à la main.

« Bonsoir, docteur », dit Fasini en se forçant à sourire.

Elle glissa la cigarette dans la poche de sa veste et lui serra la main.

« De quoi s’agit-il ? » demanda-t-elle finalement, tandis que, derrière eux, Violetta commençait à lire la lettre de Germont père.

Fasini se frotta vivement les mains, comme si ce geste pouvait l’aider à décider de la meilleure manière de répondre.

« Le maestro Wellauer a été…, commença-t-il ; mais il ne trouva aucun moyen satisfaisant d’achever sa phrase.

Il est malade ? s’impatienta le médecin.

Non, non, il n’est pas malade », dit Fasini, de nouveau à court de mots. Il se remit à se frotter les mains.

« Il vaudrait peut-être mieux que je le voie, non ? Est-il encore dans le théâtre ? »

Comme Fasini paraissait toujours incapable de parler, elle reprit : « L’a-t-on amené quelque part ? »

La question mit fin à sa paralysie.

« Non, non, il est dans sa loge.

Dans ce cas, nous ferions mieux d’y aller, il me semble.

Oui, bien sûr, docteur. » Il paraissait soulagé de cette suggestion. Il l’entraîna sur la droite ; ils passèrent à côté d’un piano à queue et d’une harpe dissimulée sous une housse vert sombre avant de s’engager dans un corridor étroit. Il alla jusqu’au bout et s’arrêta devant une porte devant laquelle se tenait un homme de haute taille.

« Matteo, commença-t-il, se tournant vers le médecin, voici le docteur…

Zorzi », dit-elle obligeamment. Pour des mondanités, le moment paraissait particulièrement mal choisi.

À l’arrivée de son supérieur et de quelqu’un qui, lui disait-on, était médecin, Matteo, l’assistant du chef de plateau, fut trop heureux de s’écarter de la porte. Fasini passa devant lui, entrouvrit le battant, regarda par-dessus son épaule et laissa le médecin le précéder dans la petite pièce.

La mort avait déformé les traits de l’homme qui se trouvait effondré dans un fauteuil, au milieu de la pièce. Son regard fixait le néant ; ses lèvres étaient retroussées sur une grimace féroce. Le corps était fortement incliné d’un côté, la tête renversée contre le dossier. Une traînée de liquide noir maculait le jabot empesé et brillant de sa chemise. Un instant, le médecin la prit pour du sang. Elle fit un pas de plus et sentit, plutôt qu’elle ne vit, qu’il s’agissait de café. L’arôme qui se confondait avec celui du café était également caractéristique : l’odeur acide d’amandes amères dont on parlait dans les livres.

Elle avait une telle expérience de la mort qu’elle n’avait pas besoin de consulter le pouls, mais elle n’en plaça pas moins deux doigts sous le menton relevé. Rien. La peau, cependant, était encore chaude. Elle s’écarta et regarda autour d’elle. Sur le sol, devant lui, gisait une soucoupe et la tasse à café d’où provenait la trace qui maculait sa chemise. Elle s’agenouilla et effleura la tasse du dos des doigts, mais elle était froide.

Elle se leva et s’adressa aux deux hommes qui se tenaient à côté de la porte, trop soulagés de la laisser se livrer à ces vérifications.

« Avez-vous appelé la police ?

Oui, oui, balbutia Fasini, sans avoir vraiment écouté la question.

Monsieur, reprit-elle en élevant la voix de manière à ce qu’il soit bien obligé de l’entendre, je ne peux rien faire de plus. Ce problème relève de la police. L’avez-vous appelée ?

Oui », répéta-t-il, sans cependant donner l’impression qu’il avait entendu ou compris ce qu’elle venait de dire. Il contemplait fixement le mort, essayant de mesurer l’horreur, ou le caractère scandaleux, de ce qu’il voyait.

Abruptement, le médecin fonça vers la porte, bousculant l’homme au passage, et sortit de la pièce. L’assistant chef de plateau la suivit.

« Appelez la police », lui ordonna-t-elle. L’assistant acquiesça et une fois qu’il fut parti téléphoner, elle mit la main dans la poche, retrouva la cigarette qu’elle y avait laissé tomber, lui rendit sa forme et l’alluma. Puis elle aspira une grande bouffée et consulta sa montre. L’aiguille (la main gauche de Mickey) se tenait entre dix et onze, la main droite juste sur sept. Elle s’adossa au mur et attendit l’arrivée de la police..."


Donna LEON - Mort à la Fenice


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