Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°984 (2025-31)

mardi 5 août 2025

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


 
Evaristo Felice DALL'ABACO - Concerto à piu istrumenti, Op. 5 n°6

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au centre de l'image...



ou cliquez [ici]

Été : être pour quelques jours
le contemporain des roses ;
respirer ce qui flotte autour
de leurs âmes écloses.

Faire de chacune qui se meurt
une confidente,
et survivre à cette soeur
en d'autres roses absente.

Rainer Maria RILKE


 
De la Plaine à la Montagne

Courvières (Haut-Doubs)
juin, juillet 2025



Vache et Crabier chevelu (envol)
Basse vallée du Doubs (Jura)
lundi 9 juin 2025



Pie Grièche écorcheur mâle
Basse vallée du Doubs (Jura)
lundi 9 juin 2025




Cygne tuberculé
Basse vallée du Doubs (Jura)
lundi 9 juin 2025



Premier Guêpier d'Europe
Basse vallée du Doubs (Jura)
lundi 9 juin 2025

Orchis pyramidal - Anacamptis pyramidalis
Basse vallée du Doubs (Jura)
lundi 9 juin 2025

Cygne et ses petits
Basse vallée du Doubs (Jura)
lundi 9 juin 2025

Guêpier d'Europe
Basse vallée du Doubs (Jura)
lundi 9 juin 2025

Hélianthème nummulaire
Frasne (Haut-Doubs)
samedi 14 juin 2025



Grenouille et Libellule
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 juin 2025



Renouée bistorte
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 juin 2025



Marmotte
Chasseral (Suisse)
dimanche 22 juin 2025

Nigritelle noire - Orchis vanille - Gymnadenia nigra
Chasseral (Suisse)
dimanche 22 juin 2025




Ancolie noirâtre - Aquilegia atrata
Chasseral (Suisse)
dimanche 22 juin 2025



Orchis globuleux - Traunsteinera globosa
Chasseral (Suisse)
dimanche 22 juin 2025


Grande Gentiane jaune
Chasseral (Suisse)
dimanche 22 juin 2025

Rosier des Alpes - Rosa pendulina
Chasseral (Suisse)
dimanche 22 juin 2025



Colombine panachée - Pygamon à feuilles d'Ancolie - Thalictrum aquilegifolium

Chasseral (Suisse)
dimanche 22 juin 2025

Bleuet - Centaurée des montagnes
Chasseral (Suisse)
dimanche 22 juin 2025



Grenouille
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 juin 2025



Gazé
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 juin 2025



Trèfle des montagnes
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 juin 2025



Robert-le-diable

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 juin 2025



Petit Sylvain - Limenitis camilla
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 juin 2025



Feuilles d'Oxalis petite-oseille
Frasne (Haut-Doubs)
samedi 12 juillet 2025



Epilobe hirsute
Frasne (Haut-Doubs)
samedi 12 juillet 2025






Feuilles de Hêtre
Frasne (Haut-Doubs)
samedi 12 juillet 2025











Epilobe en épi
Frasne (Haut-Doubs)
samedi 12 juillet 2025



Zygène sp.
Frasne (Haut-Doubs)
dimanche 13 juillet 2025

Zygène sp. sur une fleur de Knautie
Frasne (Haut-Doubs)
dimanche 13 juillet 2025



Demi-deuil - Melanargia galathea
Bonnevaux (Haut-Doubs)
lundi 14 juillet 2025



Zygène sur une fleur de Scabieuse
Bonnevaux (Haut-Doubs)
lundi 14 juillet 2025



Helianthème nummulaire
Bonnevaux (Haut-Doubs)
lundi 14 juillet 2025



Origan
Bonnevaux (Haut-Doubs)
lundi 14 juillet 2025



Mélampyre des prés - Melampyrum pratense
Bonnevaux (Haut-Doubs)
lundi 14 juillet 2025



Orchis moucheron - Gymnadenia conopsea
Bonnevaux (Haut-Doubs)
lundi 14 juillet 2025



Fraise des bois
Bonnevaux (Haut-Doubs)
lundi 14 juillet 2025



Scabieuse sp.
Bonnevaux (Haut-Doubs)
lundi 14 juillet 2025

Oeillet superbe - Dianthus superbus
Bonnevaux (Haut-Doubs)
lundi 14 juillet 2025

 


Suggestion de lecture :

"Chapitre premier I

Lundi après-midi

Elle vit la terre basculer et fut soudain aveuglée par le soleil qui se reflétait sur une mosaïque de miroirs brisés. Pour elle, il était deux heures du matin, même si elle savait qu’on était en plein après-midi et qu’elle n’était pas près de se coucher dans un lit. Dormir. En vingt-quatre heures de voyage, le sommeil s’était continuellement dérobé. Elle ne savait pas ce qui était le pire – les regrets qui l’empêchaient de dormir, ou les cauchemars qui la réveillaient. Les vodkas tonics avalées pendant les premières heures du vol pour tenter d’oublier lui avaient laissé la bouche pâteuse et un début de migraine. Elle jeta un coup d’œil à la déclaration du service d’hygiène…

BIENVENUE EN CHINE POUR DES LENDEMAINS MEILLEURS ET PLUS SAINS

Elle avait tiré un trait dans l’espace « Nature de la déclaration ». Qu’avait-elle à déclarer hormis un cœur brisé et une vie gâchée ? À sa connaissance, ni l’un ni l’autre n’étaient contagieux. La terre bascula à nouveau. La mosaïque aveuglante était en fait une succession de pièces d’eau carrées et rectangulaires – des rizières. Au nord, au-delà de la brume, s’étendaient les plaines poussiéreuses du désert de Gobi. Une hôtesse de l’air traversa la cabine en vaporisant un désinfectant.

  • Consignes chinoises, leur dit-elle.

Puis le commandant de bord annonça qu’ils se poseraient à Pékin quinze minutes plus tard. La température au sol était de 35 °C. Elle ferma les yeux en se préparant à l’atterrissage. De tous les moyens d’évasion à sa disposition, pourquoi avait-elle choisi l’avion ? Elle détestait ça.

La navette bondée tangua vers le terminal et laissa ses passagers fatigués dans une véritable étuve. Margaret courut s’abriter à l’intérieur du bâtiment. Il n’était pas climatisé. Il y faisait encore plus chaud et l’atmosphère était irrespirable. Elle fut assaillie par le spectacle, le bruit, les odeurs de la Chine, la foule – si dense qu’on aurait cru que tous les avions de la journée s’étaient posés en même temps – et les files d’attente interminables au contrôle de l’immigration. Même dans ce hall de transit international, elle attirait les regards étonnés des Asiatiques. Bien sûr qu’elle détonnait avec ses cheveux blonds tombant sur les épaules, sa peau blanche, ses yeux bleu clair. Le contraste avec les Chinois Han aux yeux et aux cheveux noirs était total. De plus en plus tendue, elle respira à fond. Soudain, une voix aiguë s’éleva au-dessus du brouhaha :

  • Maggot Cambo ! Maggot Cambo ! criait une femme trapue en uniforme, se frayant un chemin avec rudesse au milieu des passagers, et brandissant un carton sur lequel était gribouillé en grosses lettres maladroites MAGRET CAMPELL.

Margaret mit un moment à faire le lien entre le nom qu’elle venait d’entendre, celui qu’elle venait de lire, et le sien.

  • Euh… Je crois que c’est moi que vous cherchez, cria-t-elle.

Elle se sentit aussitôt ridicule. Évidemment que c’était elle qu’on cherchait. La femme trapue pivota sur elle-même et lui lança un regard furieux à travers ses épaisses lunettes à monture d’écaille.

  • Docta Maggot Cambo ?

  • Margaret Campbell, dit Margaret.

  • OK, donnez votre passeport.

Margaret fouilla son sac à la recherche du passeport bleu orné de l’aigle américain, mais hésita à le lui tendre.

  • Vous êtes… ?

  • Agent de police Li Li Peng.

Elle prononça Lily Ping, et redressa le dos pour mieux montrer les trois étoiles des épaulettes de sa chemise vert kaki à manches courtes. Légèrement trop grande pour elle, sa casquette verte ornée d’un galon jaune et de l’écusson bleu, rouge et or du ministère de la Sécurité publique rabattait sa frange rectiligne sur ses lunettes.

  • Waiban m’a nommée pour m’occuper de vous.

  • Waiban ?

  • Le bureau des affaires étrangères de votre danwei.

Margaret sentit qu’elle aurait dû savoir. C’était sûrement écrit quelque part dans la documentation qu’on lui avait remise.

  • Danwei ?

Lily cacha mal son agacement.

  • Votre unité de travail – à l’université.

  • Ah. Oui.

Consciente d’avoir déjà fait preuve de trop d’ignorance, elle tendit son passeport. Lily y jeta un coup d’œil rapide.

  • OK. Je m’occupe de l’immigration. Vous cherchez les bagages.

Une BMW gris sombre les attendait devant la porte du terminal. Le coffre s’ouvrit tout seul, et une fille à l’air famélique, en uniforme elle aussi, bondit de la voiture pour charger les bagages. Elle eut du mal à soulever du chariot les deux valises presque aussi grosses qu’elle. Margaret s’avança pour l’aider, mais fut vivement poussée sur la banquette arrière par Lily.

  • Le chauffeur range les bagages. Gardez la porte fermée à cause de la climatisation.

Et elle claqua la portière. Margaret respira l’air frais avec volupté en s’enfonçant dans son siège. La fatigue la submergea. Tout ce qu’elle souhaitait maintenant, c’était un lit. Lily se glissa sur le siège du passager avant.

  • OK, maintenant nous allons au quartier général de la police municipale de Pékin prendre Mista Wade. Il s’excuse pas pouvoir venir, mais il est occupé. Ensuite nous allons directement Université populaire de la Sécurité publique où vous rencontrez Professa Jiang. OK ? Et ce soir, il y a banquet.

Margaret faillit gémir. La perspective d’un lit s’éloignait dans un avenir incertain. Ce vers d’un poème de Frost lui revint en mémoire : … « et des miles avant de pouvoir dormir ». Puis elle fronça les sourcils en se répétant les paroles de Lily. Elle avait bien dit banquet ?

La BMW fila sur l’autoroute, franchit le péage, et atteignit rapidement la périphérie de Pékin. Margaret regarda avec stupéfaction la ville s’élever autour d’elle. Tours de bureaux, hôtels neufs, centres commerciaux, appartements de luxe. Partout les étroits hutong abritant les siheyuan – ces maisons constituées de quatre pavillons disposés autour d’une cour – étaient démolis pour assurer la transition du statut de « pays en voie de développement » à celui de « pays industrialisé ». Margaret ne savait pas trop à quoi elle s’attendait, mais certainement pas à ça. La seule « chinoiserie » qu’elle apercevait se résumait aux avant-toits recourbés greffés au sommet des gratte-ciel. Finies les affiches géantes exhortant les camarades à fournir toujours plus d’effort pour la patrie. Elles avaient été remplacées par des publicités Sharp, Fuji, Volvo. L’éperon maintenant, c’était le capitalisme. L’image qu’elle connaissait des rues encombrées de cyclistes en costume Mao s’effaça sous les nuages de gaz carbonique crachés par les pots d’échappement des bus, camions, taxis et automobiles privées qui bloquaient les six voies du Troisième Périphérique. Exactement comme à Chicago, pensa-t-elle. Très « industrialisé ». À part la voie réservée aux vélos.

Le chauffeur se serra sur la droite en approchant du centre-ville. Au loin, Margaret aperçut la porte de la Cité interdite ornée du portrait géant de Mao contemplant la place Tiananmen. La porte de la Paix céleste, toile de fond de tous les reportages CNN en direct de Pékin. Un cliché géant de la Chine. Margaret se souvenait des images, à la télé, du portrait de Mao barbouillé de peinture rouge par les manifestants démocrates de 1989. Elle aussi était étudiante à l’époque, à la faculté de médecine. Elle avait été choquée et scandalisée par les événements sanglants de ce printemps. Et voilà qu’elle y était à son tour, dix ans plus tard. Elle se demanda à quel point les choses avaient changé. La voiture tourna brusquement sur la gauche, dans un concert de klaxons, pour enfiler une petite rue bordée, de chaque côté, de caroubiers formant une voûte de verdure et d’élégantes constructions de type colonial ou victorien. Elles auraient pu se trouver dans le vieux quartier de n’importe quelle ville européenne. Lily se retourna à moitié pour désigner un haut mur sur sa droite. – Ministère de la Sécurité publique. Enceinte de l’ambassade de Grande-Bretagne, avant que le gouvernement chinois les jette dehors. Ici, ancien quartier des légations. Plus loin, après avoir dépassé quelques immeubles anciens qui n’avaient rien d’européen, la voiture tourna à nouveau à gauche dans une rue encore plus étroite, encombrée de voitures et de vélos, et presque totalement privée de lumière à cause des arbres. Sur leur droite, une grille s’ouvrait sur un grand immeuble blanc à l’escalier gardé par deux lions. Très haut, audessus de la porte d’entrée, étaient gravés d’énormes caractères or sur fond rouge.

  • Cour suprême de Chine, dit Lily.

Margaret eut à peine le temps de jeter un coup d’œil que la voiture vira à gauche et s’arrêta dans un crissement de freins. Il y eut un choc. Le chauffeur leva les mains en l’air avec un cri de surprise, ouvrit sa portière et sortit d’un bond. Margaret tendit le cou pour voir ce qui se passait. La voiture avait heurté un cycliste. Margaret entendit la voix aiguë de leur chauffeur accablant de reproches ce dernier qui se relevait, apparemment indemne. C’était un officier de police d’une trentaine d’années. Il saignait du coude ; son uniforme fraîchement repassé était froissé et couvert de poussière. Dès qu’il se redressa de toute sa hauteur, la jeune fille cessa de crier, se recroquevilla sous son regard, et se baissa pour ramasser sa casquette qu’elle lui tendit comme une offrande de paix. Mais, loin de faire la paix, il la lui arracha des mains en l’insultant copieusement. Du siège avant, Lily émit un drôle de petit grognement avant de se précipiter dehors. Pensant qu’il était temps d’intervenir à son tour, Margaret ouvrit sa portière. Lorsque Lily redressa le vélo et présenta ses excuses au cycliste, celui-ci parut retourner sa colère contre elle. Margaret s’approcha :

  • Que se passe-t-il, Lily ? Ce type a quelque chose contre les femmes chauffeurs ?

Stupéfaits, les trois Chinois tournèrent la tête vers elle.

  • Américaine ? demanda le policier en lui jetant un regard glacial.

  • Oui.

Puis, dans un anglais parfait :

  • Pourquoi vous mêler de ce qui ne vous regarde pas ?

Il tremblait presque de colère.

  • Vous étiez assise à l’arrière, vous n’avez pas vu ce qui s’est passé.

Margaret sentit frémir au plus profond d’elle-même la violence de son tempérament celtique.

  • Ah oui ? Eh bien si vous aviez été moins occupé à me regarder à l’arrière de la voiture, vous auriez peut-être fait attention où vous alliez.

  • Docta Cambo ! s’écria Lily, horrifiée.

Le jeune policier lança un regard furieux à Margaret, arracha son vélo des mains de Lily, épousseta sa casquette, la replaça fermement sur ses cheveux ras, et s’éloigna en direction d’un bâtiment en briques rouges de style européen.

  • C’est terrible dire ça, Docta Cambo, dit Lily, bouleversée, en secouant la tête.

  • Quoi ? demanda Margaret.

  • Vous lui avez fait perdre mianzi.

  • Perdre quoi ?

  • La face. Vous lui avez fait perdre la face.

  • La face ?

  • Les Chinois ont un problème avec la face.

  • Avec une face comme la sienne, ça ne m’étonne pas ! Et vous ? Votre… mianzi ? Vous n’aviez pas à rester plantée là et à supporter ça. Votre grade est supérieur au sien, bon sang !

  • Supérieur ? Non.

  • Mais il n’avait que deux étoiles… et vous, vous en avez trois.

Lily secoua la tête.

  • Trois étoiles, un galon. Lui, trois galons. C’est Chef Li, premier inspecteur de la Section n° 1 de la police municipale de Pékin.

  • Un inspecteur ? En uniforme ?

  • L’uniforme n’est pas normal. Il doit avoir rendez-vous très important, répondit Lily d’un air grave..."


Peter MAY - Meurtre à Pékin


Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2025 : Pour le télécharger directement au format pdf (1300 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal.1654]

Rejoignez-moi sur "Instagram" en cliquant sur le lien suivant :

[https://www.instagram.com/marguet_pascal/]