Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°982 (2025-29)

mardi 22 juillet 2025

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Domenico GALLO - Follia

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Il n’y a pas de frégate…

Il n’y a pas de Frégate comme un Livre
Pour nous emporter en Terre lointaine
Ni de Coursier comme une Page
De fringante Poésie
– Le plus pauvre peut être du Voyage
Sans l’injure du Péage
– Qu’il est modeste le chariot
Qui porte l’âme Humaine.

Emily Dickinson


 
Au bord de l'étang :
Foulque macroule et leurs petits

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
début juin 2025



Foulque macroule
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2025


Rousserole
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2025


Foulque macroule mangeant du trèfle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2025



<image recadrée>



Poussin de Foulque macroule
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2025

Nourrissage
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2025

Au bord de l'étang (il a débordé !)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2025




Pelouse inondée
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2025

Foulque macroule à la recherche de vers de terre
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2025



L'étang (encore beaucoup d'eau !)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025



Foulque s'étirant
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025



Agrion éclatant
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025

Ebouriffée !
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025

Poussin
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025



Après le bain... Moineau domestique femelle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025



Grèbe huppé
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025



Moineau domestique femelle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025



Au bain...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025



Canard colvert : le mâle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025



Canard colvert : la femelle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025



Canard colvert : couple à sa toilette
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025



Foulque macroule au bain
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025
<image recadrée>








Canard colvert : le couple
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025







Foulque macroule (flou !) et son poussin
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025



Canard colvert : le mâle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 13 juin 2025




Suggestion de lecture :

"Prologue

JOURNAL DU DR LESTER SHEEHAN (Extrait)

3 mai 1993

Il y a des années que je n'ai pas revu l'île. La dernière fois, c'était du bateau d'un ami qui s'était aventuré dans l'avant-port ; je l'ai aperçue au loin, par-delà le port intérieur, enveloppée d'une brume estivale, pareille à une tache de peinture laissée par une main insouciante sur la toile du ciel.

Je n'y ai pas remis les pieds depuis plus de vingt ans, et pourtant, Emily affirme (parfois pour rire, parfois le plus sérieusement du monde) que c'est comme si je n'en étais jamais parti. Elle m'a dit un jour que le temps n'était pour moi qu'une série de marque-pages dont je me sers pour parcourir le texte de ma vie, revenant inlassablement aux événements qui ont fait de moi, aux yeux de mes collègues les plus perspicaces, un homme manifestant tous les symptômes du parfait mélancolique.

Peut-être qu'Emily a raison. Elle a presque toujours raison.

Bientôt, je la perdrai elle aussi. Ce n'est plus qu'une question de mois, nous a annoncé jeudi le Dr Axelrod. Faites-le, ce voyage, nous a-t-il conseillé. Celui dont vous parlez tout le temps. Florence et Rome, Venise au printemps. Vous savez, Lester, a-t-il ajouté, vous n'avez pas l'air trop en forme non plus.

Je ne dois pas l'être, c'est vrai. En ce moment, il m'arrive de plus en plus souvent d'égarer certaines choses, surtout mes lunettes. Ou mes clés de voiture. J'entre dans des magasins pour oublier aussitôt ce qui m'y a amené, je sors du théâtre sans le moindre souvenir du spectacle auquel j'ai assisté. Si le temps n'est réellement pour moi qu'une série de marque-pages, alors quelqu'un a dû secouer le livre pour en faire tomber tous les morceaux de papier jaunis, rabats de pochettes d'allumettes, touillettes aplaties, avant de lisser avec soin les feuillets cornés.

Voilà pourquoi je tiens à coucher ce récit sur le papier. Pas pour en modifier le cours à ma guise de façon à paraître sous un jour plus favorable. Non, non. Jamais il ne m'y aurait autorisé. À sa manière bien à lui, il détestait le mensonge plus que quiconque. Je veux juste sauvegarder le texte, le transférer de son abri actuel (qui, très franchement, commence à devenir trop humide et fuit de toutes parts) à ces pages.

L'hôpital Ashecliffe occupait le cœur de la plaine centrale au nord-ouest de l'île. Sous des airs parfaitement innocents, devrais-je ajouter. Il ne ressemblait pas du tout à un établissement psychiatrique pour malades criminels, et encore moins au camp militaire qu'il était auparavant. À vrai dire, pour la plupart d'entre nous, il évoquait un pensionnat. Le directeur habitait juste devant le bâtiment principal, dans une bâtisse victorienne au toit mansardé, et le médecin-chef avait pris ses quartiers dans le château miniature de style Tudor, superbe et sombre, autrefois réservé au commandant de l'Union responsable du littoral nord-est. Le personnel logeait à l'intérieur du mur d'enceinte – les cliniciens dans de pittoresques cottages en bois, les aides-soignants, les gardes et les infirmières dans trois longs dortoirs en parpaings. Le parc se composait de pelouses et de haies sculptées, de grands chênes majestueux, de pins sylvestres, d'érables taillés avec soin et de pommiers dont les fruits roulaient sur l'herbe à la fin de l'automne ou tombaient au sommet du mur. Et au beau milieu, flanqué de deux ailes coloniales identiques, se dressait l'hôpital lui-même, un édifice mêlant la pierre couleur anthracite à l'élégance du granit. Derrière l'institution se trouvaient des escarpements rocheux, des marécages et une étroite vallée où une ferme collective avait vu le jour et disparu juste après la guerre d'Indépendance. Les vergers plantés à cette époque avaient survécu – pêchers, poiriers et merisiers – mais ne donnaient plus, et, la nuit, les vents s'engouffraient souvent dans cette gorge, hurlant ou feulant comme des chats.

Il y avait aussi le fort, bien sûr, présent bien avant l'arrivée du personnel hospitalier et toujours debout, dominant la pointe méridionale. Et le phare encore plus loin, désaffecté depuis une époque antérieure à la guerre de Sécession, éclipsé par le puissant faisceau lumineux du Boston Light.

Du large, tout cela n'était guère impressionnant. Il faut se représenter les lieux tels que Teddy Daniels les a vus par une belle matinée de septembre 1954 : un simple enchevêtrement de broussailles en plein milieu de l'avant-port. Moins une île, en vérité, que son ébauche. Quel dessein pouvait-elle servir ? a-t-il dû se demander. Oui, quel dessein ?

Les rats comptaient parmi les plus volumineuses créatures de notre faune. Ils hantaient les buissons, formaient de longues files sur la grève le soir, escaladaient les rochers mouillés. Quelques-uns étaient aussi gros que des flets. Au cours des années qui ont suivi ces quatre étranges journées de l'été 1954, j'ai pris l'habitude de les observer depuis une faille dans la colline surplombant le littoral nord. J'étais fasciné par les efforts que déployaient certains d'entre eux pour nager jusqu'à Paddock Island – guère plus qu'un caillou niché dans une poignée de sable submergé vingt-deux heures par jour. Lorsque la marée atteignait son point le plus bas pendant une heure ou deux, ils s'y risquaient parfois, ces rats – jamais plus d'une douzaine que le contre-courant ramenait invariablement sur la côte.

J'ai écrit « invariablement », mais c'est faux. J'en ai vu un réussir. Une seule fois. La nuit de la pleine lune d'automne, en octobre 56. J'ai vu son corps noir, sinueux et souple comme celui d'un mocassin d'eau, filer sur la plage.

Du moins, il me semble. Emily, que j'ai rencontrée sur l'île, dirait : « Non, Lester, impossible. Tu étais beaucoup trop loin. »

Elle a raison.

Pourtant, je sais ce que j'ai vu. Un gros rat cavalant sur le sable – un sable couleur gris perle perdant déjà du terrain tandis que la marée revenait noyer Paddock Island, et aussi l'animal, je suppose, car à ma connaissance il n'a pas regagné l'île.

Mais en cet instant, tandis que je le regardais fuir (et j'en suis sûr, je l'ai vu, au diable les distances), j'ai repensé à Teddy. À Teddy et Dolores Chanal, sa malheureuse épouse défunte, à Rachel Solando et Andrew Laeddis, ces deux jumeaux de l'angoisse, et au chaos qu'ils ont semé dans notre existence à tous. Je me suis dit que si Teddy s'était trouvé à mes côtés, il l'aurait vu aussi, ce rat. Oh oui, il l'aurait vu.

Et laissez-moi encore ajouter une chose :

Teddy ?

Il aurait applaudi.

1

Le père de Teddy Daniels était pêcheur. Il dut céder son bateau à la banque en 1931 – Teddy avait onze ans à l'époque –, et il passa le reste de sa vie à trimer sur le bateau des autres quand ils avaient du travail à lui proposer, à décharger des marchandises sur les docks quand ils n'en avaient pas ou, lorsqu'il était rentré à la maison vers dix heures du matin, à demeurer de longs moments affalé dans un fauteuil, en contemplation devant ses mains, les yeux écarquillés et le regard sombre, marmonnant tout seul de temps à autre.

Il avait emmené Teddy voir les îles à l'époque où celui-ci n'était encore qu'un petit garçon bien trop jeune pour l'aider à bord. Tout ce que l'enfant avait été capable de faire, c'était de démêler les lignes et de décrocher les gaffes. Il s'était coupé à plusieurs reprises, et les gouttelettes de sang apparues au bout de ses doigts lui avaient souillé les paumes.

Ils étaient partis de nuit, et au lever du jour une froide lumière couleur ivoire avait émergé de la ligne d'horizon ; les îles s'étaient alors matérialisées dans le crépuscule, blotties les unes contre les autres comme si elles avaient été prises en faute.

Sur la grève de l'une d'elles, Teddy avait distingué un alignement de petites cahutes dans des tons pastel ; sur une deuxième, une propriété en ruine. Son père lui avait montré la prison sur Deer Island et le fort majestueux sur Georges Island. Sur Thompson Island, les grands arbres grouillaient d'oiseaux dont les jacassements lui avaient fait penser à de fortes bourrasques charriant grêlons et morceaux de verre.

Par-delà toutes les autres, celle baptisée Shutter Island ressemblait à la cargaison d'un galion espagnol que les marins auraient jetée par-dessus bord. En ce temps-là, au printemps de l'année 1928, elle était livrée à elle-même, envahie par un exubérant fouillis de végétation ; le fort qui se dressait sur son point culminant étouffait sous l'étreinte des plantes grimpantes et se couvrait de vastes plaques de mousse.

Pourquoi Shutter ? avait demandé Teddy.

Son père avait haussé les épaules.

Toi et tes fichues questions ! Faut toujours que tu demandes quelque chose, hein ?

Mouais. Alors, pourquoi ?

Ben, y a des endroits comme ça… On leur trouve un nom et ça leur reste. Ça vient sûrement des pirates.

Des pirates ?

Le mot avait résonné agréablement aux oreilles de Teddy. Déjà, il les imaginait – tous des costauds avec un bandeau sur l'œil, de grandes bottes et des épées brillantes.

C'est là qu'ils se cachaient autrefois, avait expliqué son père. (D'un geste, il avait balayé l'horizon.) Sur toutes ces îles. Elles leur servaient de planques. Pour leur or aussi.

Aussitôt, l'image de coffres débordant de pièces avait traversé l'esprit de Teddy.

Un peu plus tard, il avait été malade. Pris de violentes nausées à répétition, il avait craché dans la mer de longs jets sombres.

Son père s'en était étonné, car Teddy n'avait commencé à vomir que plusieurs heures après leur départ, alors que les eaux étales scintillaient sous le soleil.

T'en fais pas, avait-il dit. C'est ta première sortie en mer. Y a pas de quoi avoir honte.

L'enfant s'était borné à hocher la tête en s'essuyant avec le mouchoir qu'il lui avait donné.

Des fois, y a du roulis, mais tu le sens même pas, jusqu'au moment où il te gagne petit à petit de l'intérieur.

Nouveau hochement de tête, Teddy se révélant incapable d'avouer que ce n'était pas le roulis qui lui avait retourné l'estomac.

Non, c'était toute cette eau qui s'étendait autour d'eux comme s'il n'y avait plus rien d'autre au monde. Comme si, avait pensé Teddy, elle risquait d'engloutir le ciel. Jusque-là, il ne s'était pas rendu compte à quel point ils étaient isolés.

Il avait levé vers son père des yeux rougis, larmoyants, et tenté de sourire lorsque celui-ci avait affirmé :

Ça va passer..."


Dennis LEHANNE - Shutter Island


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