Le Trochiscanthe nodiflore [TN]
n°970 (2025-17)
mardi
29 avril 2025
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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![]() Cormoran sêchant ses ailes dans la brume La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) vendredi 4 avril 2025 ![]() La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) vendredi 4 avril 2025 ![]() La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) vendredi 4 avril 2025
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) vendredi 4 avril 2025 La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) vendredi 4 avril 2025 ![]()
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![]() La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) vendredi 4 avril 2025
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) vendredi 4 avril 2025
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) vendredi 4 avril 2025
![]() ![]() Couple de Foulque macroule (toujours le même !),
on voit bien les marques blanches sur la tête de l'individu de gauche... La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) samedi 12 avril 2025 ![]() ![]() Couple de Foulque macroule (toujours le même !)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) samedi 12 avril 2025 [à suivre...]
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"Chapitre 1 SUD-OUEST DE LA FRANCE, OCTOBRE 2020
Un avis punaisé sur la porte avertissait que la maternité n’ouvrait que de 7 heures à 20 h 30 ; Enzo se demanda ce que devait faire une femme si elle perdait les eaux en pleine nuit. À moins que toutes les naissances n’aient été désormais programmées pour coïncider avec les horaires de travail ? Il tint la porte à Sophie qui sortit à pas prudents, accrochée au bras de Dominique. Dehors, ils ôtèrent leur masque et virent leur haleine s’élever en volutes dans le vent froid remontant la rue Wilson depuis le Lot et le célèbre pont Valentré qui l’enjambe. À six semaines du terme, Sophie rayonnait. Les examens étaient bons et elle avait contemplé son fils avec émerveillement sur les images de l’échographie. Néanmoins, à trente-cinq ans, après deux fausses couches et avec une pandémie toujours galopante, on ne pouvait jamais prendre trop de précautions. Marchant derrière sa fille et la femme qui occupait une place si importante dans sa vie depuis neuf ans, Enzo fut submergé par une vague d’émotion. Elles s’entendaient comme mère et fille, mais la vraie mère de Sophie, Pascale, était morte en lui donnant le jour. Il se sentit osciller entre bonheur et regret. Un bref instant seulement. Car comment ne pas être heureux pour elles deux ? Il écouta leur bavardage enthousiaste dans l’atmosphère fraîche de cette fin d’automne et éprouva une pointe de tristesse pour Dominique. Dès le début de leur liaison, il avait su qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant ; elle avait affirmé que ce n’était plus un problème. Pourtant, il voyait bien son regard quand elle croisait un bébé dans une poussette ou une femme enceinte, et savait que l’absence d’enfants représenterait toujours un manque dans sa vie. D’une certaine manière, elle vivait par procuration la grossesse de Sophie. Enzo savait que, comme n’importe quelle grand-mère, elle anticipait avec une joie immense cette naissance imminente. Elle remplaçait aussi la mère que son fils, Laurent, n’avait connue que durant les premiers mois de sa vie. Même après toutes ces années, il ne parvenait toujours pas à effacer l’image de Charlotte, debout au-dessus de lui sous la pluie, un pistolet à la main. Se préparant à le tuer. Ils dépassèrent des affiches plastifiées attachées à des grilles rouillées ; de l’autre côté de la rue, les branches étalées d’un pin parasol jetaient leur ombre sur la façade de la Banque de France. À hauteur de la poste, ils tournèrent à droite, vers la place Gambetta, et il entendit Sophie dire :
Il sourit. Tel père, telle fille. Cinq minutes plus tard, ils traversaient le boulevard Léon Gambetta, devant le théâtre de Cahors, pour descendre la rue Georges-Clemenceau jusqu’à la petite place de la Halle bordée d’arbres. Ces derniers étaient presque nus maintenant, leurs feuilles brunes et fragiles dérivaient dans les caniveaux. Il y avait toujours des tables et des chaises sur la terrasse de la pizzeria Le Lamparo, où quelques clients téméraires emmitouflés dans leurs manteaux s’installaient pour fumer ou éviter de porter un masque. Une silhouette familière se tenait à la porte de l’immeuble d’Enzo. En uniforme, ses cheveux bruns soigneusement relevés sous son chapeau. Elle avait beau avoir pris un peu de poids, elle restait très séduisante. Ne l’ayant pas vue depuis plusieurs années, Enzo pensa aussitôt qu’un événement grave s’était produit. Mais son sourire, dès qu’elle le vit, le rassura. Instinctivement, il allait l’embrasser sur les deux joues quand il se retint pour respecter entre eux la distance réglementaire de deux mètres.
Une bonne quinzaine d’années s’étaient écoulées depuis qu’ils avaient failli entamer une liaison.
Il n’osa pas lui retourner le compliment.
Désespéré, Enzo écarta les bras :
Hélène l’examina plus attentivement et fronça les sourcils :
Enzo fit la grimace. La mèche blanche qui striait sa chevelure brune, du front vers la nuque, avait été un trait caractéristique de son physique pendant la majeure partie de sa vie. Signe visible d’une maladie connue sous le nom de syndrome de Waardenburg, qui l’avait également doté d’un œil marron et d’un œil bleu, sans l’affecter davantage par ailleurs. À l’école, on le surnommait La pie..."
Peter MAY - La gardienne
de Mona Lisa
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