Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°362 (2013-13)

Mardi 2 avril 2013

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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  JS Bach -
Cantate BWV 4
"Christ lag in Todesbanden"

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Oiseaux d'eau en hiver...

 
Janvier, février et mars 2013
Haut-Doubs

Foulque macroule
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  jeudi 24 janvier 2013

Troupe de Canard colvert
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 26 janvier 2013

Fuligule morillon (couple)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 3 mars 2013

Cygne tuberculé (portrait)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  samedi 3 mars 2013

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  samedi 3 mars 2013

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  samedi 3 mars 2013

Cygne tuberculé juvénile
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  samedi 3 mars 2013

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  samedi 3 mars 2013

Foulque macroule (troupe)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  samedi 3 mars 2013

Cygne (adulte) et son reflet
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  samedi 3 mars 2013

Foulque macroule
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 4 mars 2013

Canard colvert (sur la glace)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 4 mars 2013

Foulque
  La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 16 mars 2013

Trio de Colvert à travers les roseaux
  La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 16 mars 2013

Couple de Canard colvert sur la glace
  La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 16 mars 2013

Toilette
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 16 mars 2013

Foulque s'ébrouant
  La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 16 mars 2013

Foulque
  La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 16 mars 2013



Petit texte :


"Angélo prit la route de Suisse. Des nuages gonflés de lumière voyageaient aussi. Le printemps était dans sa fleur. Les trembles brasillaient comme des miroirs à alouette. L'argent des feuilles était si lisse qu'il reflétait le bleu du ciel. A la place des montagnes encore couverte de brumes, ces reflets portés par d'innombrables rangées d'arbres installaient un horizon sans limite.

Angélo resta longtemps au pas, tout au plaisir d'être balancé par le cheval. Les feuillages glissaient à côté de lui, avec les murmures et les lueurs d'un ruisseau qui court sur des galets. Dans les hauteurs, les villages s'enroulaient en coquille de limaçon autour de vieux clochers couronnés de lilas d'Espagne. Sur les premiers ressauts de la plaine, les bourgades étalaient au soleil des arcades crépies de pourpre et pavoisées de lessives. Des fermes, toute paille dehors, couvaient des moutons et des charettes bleues dans de petites bauges en terre rose. Il n'y avait pas de vent, mais les friches couvertes de bourrache, de coquelicots, de pâquerettes, de centaurées, s'éteignaient quand passait l'ombre des nuages, puis se rallumaient comme des braises sur lesquelles on souffle.

Angélo, bercé par le craquement de la selle neuve, le cliquetis de la gourmette, le bruit sourd des sabots dans la poussière, apercevait, du haut des levées de terre, au-delà des arbres, le vert noir du trèfle, le vermeil du blé en herbe, le violet des labours, le blond des avoines, la braise des landes, l'écaille des toitures, les carreaux bleus des rizières qui allaient se fondre dans le gris de l'horizon. Le cheval mâchonnait son mors et pointait les oreilles.

On était allé attacher, sans le moindre respect pour les événements politiques, des drapeaux de toute sorte, même de simples jupons de couleurs vives, ou des étoffes dont les rayures étaient gaies, à la cime des peupliers les plus hauts. A l'entrée des chemins qui conduisaient aux domaines naguère occupés par les Autrichiens, des capotes de soldats, des casques, des armes blanches cassées étaient abandonnés dans l'herbe.

La cloche d'un monastère sonna.

Angélo mit son cheval au trot.

Il mangea sous une treille, dans un petit bouchon de campagne, après l'embranchement de Parabiago. Une grosse femme lui fit de la fricassée de gorge de porc sur des charbons de bois.

Pendant que, jambes croisées, il fumait un petit cigare, il vit passer des traînards de l'armée piémontaise.

Il repris sa route. Au bout de quelques lieues, le paysage changea. Les nuages soulevés découvraient les montagnes. On voyait l'ouverture sombre des vallons. Les bouleaux et les trembles avaient disparu, remplacés par de grands chênes au sommet desquels flottaient de petits drapeaux rageurs et réglementaires. La terre ocre, couverte de cailloux, dissimulait dans sa couleur des maisons basses construites en galets, sur les murs desquelles courait une irisation exactement semblable à celle de l'herbe.

Angélo approchait, avec le soir, de ce qui semblait être une agglomération de ces maisons silencieuses quand il fut dépassé par un cabriolet qui marchait grand train. Quelqu'un se pencha hors de la capote et lui cria des mots incompréhensibles.

En arrivant sur la place du village, il s'entendit appeler de la porte d'une auberge.

- Entrez ! (C'était Lecca.) Je ne vous ferai pas l'injure de vous donner des explications, dit le général.

- Moi non plus, dit Angélo..."

Jean GIONO - Le Bonheur fou



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