Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°371 (2013-22)

Mardi 4 juin 2013

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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  Motet BWV 225 "Singet dem Herrn"
- JS Bach

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Matinée au soleil

 
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
  dimanche 5 mai 2013

Toile

Cygne tuberculé dans la brume

Pinson des arbres mâle

Mésange bleue dans les roseaux

Gobemouche gris à sa toilette
<image recadrée>

Héron cendré

Foulque macroule sur son nid

Poursuite de Cygnes

Grèbe huppé

Fauvette à tête noire mâle

Défi

"Chauve-Souris" volant au ras de l'eau

Roseaux

Un lac est le trait le plus beau et le plus expressif du paysage. C’est l’œil de la terre, où le spectateur, en y plongeant le sien, sonde la profondeur de sa propre nature. Les arbres fluviatiles voisins de la rive sont les cils délicats qui le frangent, et les collines et rochers boisés qui l’entourent, le sourcil qui le surplombe...

HD Thoreau

Bain du Grèbe huppé
<image recadrée>


Pas de [TN] la semaine prochaine, je suis dans les Pyrénées !
Bonne semaine...



Petit texte :

"On a pris dans Walden du brocheton, dont un seul pesait sept livres, sans parler d’un autre qui emporta la ligne à toute vitesse, et que le pêcheur estime en toute garantie huit livres, parce qu’il ne le vit pas, de la perche et des « loups », dont certaines pesant plus de deux livres, des vairons, des meuniers ou gardons (Leuciscus pulchellus), quelques rares brèmes et une couple d’anguilles, dont l’une pesant quatre livres, – si je précise, c’est que le poids d’un poisson est en général son seul titre de gloire, et que ces anguilles sont aussi les seules dont j’aie entendu parler en ces parages ; – en outre, j’ai le vague souvenir d’un petit poisson long de quelques pouces, à flancs d’argent et dos verdâtre, aux allures de dard, que je mentionne ici surtout pour relier mes faits à la fable. Néanmoins cet étang n’est pas très poissonneux. Son brocheton, tout en n’abondant pas, en est le principal orgueil. J’ai vu reposer en même temps sur la glace du brocheton d’au moins trois espèces différentes ; une longue et effilée, couleur d’acier, fort ressemblante à ce que l’on prend dans la rivière ; une espèce d’un beau doré, à reflets verdâtres et particulièrement large, qui est ici la plus commune ; et une autre couleur d’or, de même forme que la dernière, mais mouchetée sur les flancs de petites taches brun foncé ou noires, entremêlées de quelques autres rouge sang éteint, un peu comme une truite. Le nom spécifique reticulatus ne devrait pas lui être appliqué, mais bien plutôt guttatus. Tout cela, c’est du poisson solide, et qui pèse plus que ne promet sa taille. Les vairons, les « loups », et aussi la perche, à vrai dire tous les poissons qui habitent cet étang, sont beaucoup mieux faits, plus beaux, plus fermes de chair que ceux de la rivière et de la plupart des autres étangs, en raison de ce que l’eau est plus pure, et il est aisé de les en distinguer. Maints ichtyologistes fort probablement, feraient de certains d’entre eux de nouvelles variétés. Il y a aussi dedans une belle race de grenouilles et de tortues, et quelques moules ; rats musqués et visons laissent leurs traces autour de lui, et il reçoit à l’occasion la visite d’une tortue de vase en voyage. Il m’arrivait parfois, en poussant au large mon bateau le matin, de déranger quelque grande tortue de vase qui s’était tenue cachée dessous pendant la nuit. Canards et oies le fréquentent au printemps et à l’automne, les hirondelles à ventre blanc (Hirundo bicolor) l’effleurent de l’aile, et les guignettes « tétèrent » le long de ses rives pavées tout l’été. Il m’est arrivé de déranger quelque balbuzard perché sur un pin blanc au-dessus de l’eau ; mais je doute que l’aile d’une mouette le profane jamais, comme Fair-Haven. Tout au plus tolère-t-il la présence d’un annuel plongeon. Ce sont là tous les animaux de quelque importance qui pour l’heure le fréquentent.

On peut voir d’un bateau, en temps calme, près de la rive sablonneuse de l’est, où l’eau a huit ou dix pieds de profondeur, et aussi en quelques autres parties de l’étang, des tas circulaires d’une demi-douzaine de pieds de diamètre sur un pied de haut, qui consistent en petites pierres dont le volume n’atteint pas celui d’un œuf de poule, alors que tout autour c’est le sable nu. Au premier abord on se demande si ce ne sont pas les Indiens qui les auraient formés sur la glace dans un but quelconque, sur quoi la glace s’étant dissoute, ils auraient coulé au fond ; mais ils sont trop réguliers, et certains d’entre eux nettement trop frais, pour cela. Ils sont semblables à ceux que l’on trouve dans les rivières ; mais comme il n’y a ici ni mulets ni lamproies, j’ignore de quel poisson ils pourraient être l’œuvre. Il se peut que ce soient les nids du meunier. Ils prêtent au fond un plaisant mystère.

La rive est suffisamment irrégulière pour n’être pas monotone. J’ai présentes à l’esprit l’occidentale, échancrée de baies profondes, la septentrionale plus abrupte, et la méridionale toute en gracieux festons, où des caps successifs se superposent partiellement, suggérant l’existence entre eux de criques inexplorées. La forêt ne se montre jamais mieux enchâssée, ni si particulièrement belle, que vue du milieu d’un petit lac sis parmi les collines qui s’élèvent du bord de l’eau ; car l’eau dans laquelle elle se reflète, non seulement forme en pareil cas le premier plan le plus parfait, mais, grâce aux sinuosités de sa rive, lui dessine la plus naturelle et la plus agréable limite. Il n’est là sur sa lisière ni crudité ni imperfection, comme aux endroits où la hache a fait une éclaircie et à ceux où aboutit un champ cultivé. Les arbres ont toute place pour s’étendre sur le côté de l’eau, et c’est dans cette direction que chacun d’eux pousse sa branche la plus vigoureuse. La Nature a tressé là une lisière naturelle, et l’œil s’élève par justes gradations des humbles arbrisseaux de la rive aux arbres les plus hauts. Là se voient peu de traces de la main de l’homme. L’eau baigne la rive comme elle faisait il y a mille ans.

Un lac est le trait le plus beau et le plus expressif du paysage. C’est l’œil de la terre, où le spectateur, en y plongeant le sien, sonde la profondeur de sa propre nature. Les arbres fluviatiles voisins de la rive sont les cils délicats qui le frangent, et les collines et rochers boisés qui l’entourent, le sourcil qui le surplombe..."

Walden - Henry David Thoreau






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