Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°367 (2013-18)

Mardi 7 mai 2013

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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  Arbol de la vida -
Lila Downs

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Couple de Sittelle torchepot

 
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 14 avril 2013
mercredi 1er mai 2013

Tête en bas, à la recherche des premiers insectes du printemps...


Cache-cache, derrière le tronc du Frêne...

Dans le vent

La mousse est arrachée consciencieusement,
afin d'y trouver quelques proies qui s'y étaient réfugiées...

Alarme !

Au dessus du nid

Fleurs de Frêne au menu !



Offrande au couveur !


Dans le trou !

<toutes les images ont été recadrée :
je ne me suis pas trop approché afin de respecter
la tranquilité de ce couple>



Petit texte :

"Ygdrasil et la pendaison d'Odin

De tout temps à jamais, il y eut l'if Ygdrasil. Son feuillage toujours vert se perd dans les cieux et ses branches accrochent les nuages.Ses trois énormes racines cheminent vers les neufs mondes, et sous chaque racine jaillit une source sacrée.

C'est lui l'axe d'éternité, le pilier central de tout l'univers des Germains. Le crépuscule des dieux lui-même ne fera qu'à peine trembler son tronc et frémir son feuillage.

Sous sa première racine coule la source Urd où vivent deux cygnes, pères de tous les cygnes, et cette racine couvre Asaheim, le monde des dieux Ase.

Sous sa deuxième racine sourd Mimir qui recèle la sagesse et l'intelligence, et cette racine s'en va couvrir Jotunheim, le monde des géants du givre.

Sous sa troisième racine sourd Hvergelmir, et cette racine s'en va vers Niflheim, le monde du froid et des brouillards. Là, Nidhogg, le serpent géant, ronge toujours la racine pour tenter d'ébranler Ydgrasil l'if sacré.

Dans le feuillage son quatre cerfs qui, sans cesse, broutent et dévorent les jeunes aiguilles de l'if sacré pour tenter de l'assécher.

Mais, chaque jour, les nornes, les gardiennes de la source Urd, y puisent l'eau et la mêlent à la vase blanche qu'elles recueillent auprès de la source. Et sans cesse, elles en aspergent le feuillage d'Ygdrasil qui toujours reste vert, qui jamais ne dessèche. Et de là, tombe au matin la rosée dont se nourrissent sur terre les abeilles qui nous donnent le miel.

Et sans cesse, de ce mélange d'eau et de vase blanche, elles frottent le tronc de l'if qui jamais ne s'ébranle sous les morsures de Nidhogg.

Et encore est perché au sommet d'Ygdrasil un aigle immense au savoir plus grand encore. Il voit et surveille tout ce qui s'est fait, tout ce qui se fait, et tout ce qui se fera dans les neuf mondes. Entre ses yeux est posé Vedrfolnir le faucon.

Sans cesse, Ratatosk l'écureuil court le long du tronc d'Ygdrasil, monte et descend. Sans cesse, il monte des racines à la cime porter à l'aigle les paroles de haine de Nidhogg le serpent ; et sans cesse, il descend de la cime jusqu'à la racine rapporter à Nidhogg les paroles de mépris de l'aigle. Et tant que durera la course de Ratatosk, dureront dans les neufs mondes la haine et la guerre.

Tous les jours, Odin, chevauchant Sleipnir le cheval à huit jambes, et les autres dieux franchissent le pont Bifrost, l'arc-en-ciel, et tiennent conseil autour de la source Urd au pied même d'Ygdrasil. Et aujourd'hui, Odin et ses frères, Hoenir le sage et Lodur le mystérieux, errent dans Mannheim, et ce monde est vide et sans vie. Odin et ses frères longent la mer. Sur la grève, ils trouvent deux troncs d'arbres, l'un de frêne et l'autre d'orme.

Odin se penche sur les deux troncs d'arbre, les relève, et soudain les anime ; à chacun il donne le souffle et la vie. Hoenir les anime plus encore, leur déliant les membres et l'esprit. Puis lobur parachève l'oeuvre de ses frères insufflant la vue, l'ouie et la parole. Enfin ils vêtent d'habits pour couvrir leur nudité et les nomment : Askr, et ce fut le premier homme venu du frêne ; Embla, et ce fut la première femme venue de l'orme. Ils les installent dans la forteresse Midgard, la terre des hommes ; puis pour eux-mêmes et leurs pairs, ils bâtissent Asgard, la forteresse des dieux.

Mais toujours Odin, le grand voyageur, parcourt Ygdrasil le grand if, à la recherche de la sagesse et de la connaissance. Galopant partout sur Sleipnir, le cheval aux huit jambes, il s'enfonce dans les forêts, traverse les nuages, plonge dans les sources, descend sous les mers. En vain, il cherche... Mais aujourd'hui, sa quête l'a mené au pied d'Ygdrasil, sous la racine qui plonge vers Jotunheim, le monde des géants du givre. Là est Mimir, la source de la sagesse et de la connaissance, gardée par les Vala. Il s'approche sous les traits d'un simple vagabond. Derrière le large bord d'un grand chapeau, il dissimule son visage. Dans une grande cape de bure, il cache le corps du dieu. D'un air détaché, il demande à boire.

Mais la Vala, gardienne et devineresse, sait déjà qui est ce voyageur et quelle est la nature profonde de sa quête.

- Même toi, dieu parmi les dieux, père de tout, si tu t'abreuves à la source de la connaissance, il te faut payer le prix, répond la gardienne de Mimir.

Odin sait que le prix à payer pour un dieu est lui-même, une part de lui-même, seul don de prix, don de dieu.

Rejetant en arrière son chapeau inutile, de sa main il s'arrache un oeil, le prix de la connaissance, et le jette dans l'eau de la fontaine Mimir. Odin sera à jamais maintenant le dieu borgne. Mais de son oeil unique, il voit maintenant la science absolue. Mais de l'oeil d'Odin, offert à la fontaine de la connaissance, viendra la lumière pour Mannheim et Midgard. Puisque cet oeil, c'est le soleil des hommes qui chaque matin, rouge encore du sang du dieu, jaillit de la fontaine Mimir pour éclairer la terre des hommes et, chaque soir, replonge pour la nuit dans l'eau de la fontaine de la connaissance.

Odin, le père de tous, a bu pour lui-même à la source de la connaissance, la science absolue, le grand secret, mais sa quête n'est pas terminée.

Il lui faut encore partager avec ses fidèles, dieux, géants... et quelques hommes, une part du grand secret. Il lui faut inventer et créer gravure, écriture, tel que les initiés seuls, pourront partager et transmettre à leur tour cette part du grand secret. Il lui faut inventer l'écriture sacrée, l'écriture magique, l'écriture du secret... les runes.

Odin revient encore une fois vers Ygdrasil, l'if sacré. Il vient sur l'arbre sacré s'offrir en sacrifice au père de tous, au dieu des dieux... à lui-même :

Je me suis offert à Odin

Moi-même à moi-même.

Odin lui-même se pend à l'if sacré, à Ygdrasil. Odin lui-même se perce le flanc de sa propre lance.

Neuf jours et neuf nuits, le dieu borgne, sacrifié à lui-même, restera ainsi pendu contre l'écorce de l'arbre de l'univers, le flanc ouvert, en proie à la souffrance et à la création. Neuf jours et neuf nuits pour créer les caractères sacrés, créer les runes, créer l'écriture du grand secret.

Descendu enfin de l'arbre sacré, Odin va graver les runes sur des baguettes de bois dur. Ces baguettes, il les grattera en copeaux si fins qu'il les mêlera à l'hydromel offert à ses fidèles parmi les hommes.

Alors les runes se répandront parmi ceux qui ont accès à l'hydromel sacré, à leur tour ceux-ci les graveront sur la pierre, sur le bois du bouleau ou de l'érable, et transmettront à leurs propres fidèles les gravures du secret. Le secret, créé sur l'arbre même, sur Ygdrasil, l'if sacré."

Louis ESPINASSOUS - Contes et légendes de l'Arbre




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