Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°877 (2023-26)

mardi 18 juillet 2023

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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 Ludwig van
BEETHOVEN - Quatuor n° 16 Opus 135
Der schwer Gefasste Entschulss - Muss es sein ? Es muss sein !

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Mai - 2ème partie

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
mi-mai 2023



Lièvre
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
lundi 8 mail 2023




Bergeronnette grise adulte
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
lundi 8 mail 2023


Bergeronnette grise adulte
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
lundi 8 mail 2023

Bergeronnette grise adulte
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
lundi 8 mail 2023



<image recadrée>

Bergeronnette grise adulte
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
lundi 8 mail 2023



Bergeronnette grise adulte, se grattant
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
lundi 8 mail 2023

<image recadrée>



Au lever du soleil...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 13 mail 2023

<image prise au Samsung A50, au 16/9ème>

Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 13 mail 2023

Chardonneret élégant
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 13 mail 2023

Fourmi vs Coccinelle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 13 mail 2023




Barbarée vulgaire
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 13 mail 2023


Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 13 mail 2023




Au lever du soleil II
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 14 mail 2023
 



Les pieds dans l'eau...

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 14 mail 2023



Toilette
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 14 mail 2023



Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 14 mail 2023



Charançon Phyllobius argentatus
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 14 mail 2023



<image recadrée>



Guêpe sp.

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 14 mail 2023

La loge n° 5
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 14 mail 2023
 




Pour relire d'autres textes de Milan KUNDERA
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[numéro 184]

Chamois et lever de brume
(La Cluse et Mijoux, Haut-Doubs).

Texte : L'insoutenable légéreté de l'être - Milan KUNDERA

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Mardi 15
septembre 09


[numéro 190]

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Musique : Symphonie en Do majeur - ZELENKA

Mardi 27
octobre 09
[numéro 516]
(2016 - 16)

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(sur Milan KUNDERA)

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Derrière la
loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs) - mai 2019

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mardi 2
juillet
2019
[numéro 699]
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mardi 31
décembre
2019
[numéro 727]
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Texte : La valse aux adieux - Milan KUNDERA

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mardi 14
juillet
2020



Suggestion de lecture :

"1

L'éternel retour est une idée mystérieuse et, avec elle, Nietzsche a mis bien des philosophes dans l'embarras : penser qu’un jour tout se répétera comme nous l’avons déjà vécu et que même cette répétition se répétera encore indéfiniment ! Que veut dire ce mythe loufoque ?

Le mythe de l’éternel retour affirme, par la négation, que la vie qui disparaît une fois pour toutes, qui ne revient pas, est semblable à une ombre, est sans poids, est morte d’avance, et fût-elle atroce, belle, splendide, cette atrocité, cette beauté, cette splendeur ne signifient rien. Il ne faut pas en tenir compte, pas plus que d’une guerre entre deux royaumes africains du XIVème siècle, qui n’a rien changé à la face du monde, bien que trois cent mille Noirs y aient trouvé la mort dans d’indescriptibles supplices.

Cela changera-t-il quelque chose à la guerre entre deux royaumes africains du XIVème siècle si elle se répète un nombre incalculable de fois dans l’éternel retour ?

Oui : elle deviendra un bloc qui se dresse et perdure, et sa stupidité sera sans rémission.

Si la Révolution Française devait éternellement se répéter, l’historiographie française serait moins fière de Robespierre. Mais comme elle parle d’une chose qui ne reviendra pas, les années sanglantes ne sont plus que des mots, des théories, des discussions, elles sont plus légères qu’un duvet, elles ne font pas peur. Il y aune infinie différence entre un Robespierre qui n’est apparu qu’une seule fois dans l’histoire et un Robespierre qui reviendrait éternellement couper la tête aux Français.

Disons donc que l’idée de l’éternel retour désigne une perspective où les choses ne nous semblent pas telles que nous les connaissons : elles nous apparaissent sans la circonstance atténuante de leur fugacité. Cette circonstance atténuante nous empêche en effet de prononcer un quelconque verdict. Peut-on condamner ce qui est éphémère ? Les nuages orangés du couchant éclairent toute chose du charme de la nostalgie ; même la guillotine.


Il n’y a pas longtemps, je me suis surpris dans une sensation incroyable : en feuilletant un livre sur Hitler, j’étais ému devant certaines de ses photos ; elles me rappelaient le temps de mon enfance ; je l’ai vécu pendant la guerre ; plusieurs membres de ma famille ont trouvé la mort dans des camps de concentration nazis ; mais qu’était leur mort auprès de cette photographie d’Hitler qui me rappelait un temps révolu de ma vie, un temps qui ne reviendrait pas ?

Cette réconciliation avec Hitler trahit la profonde perversion morale inhérente à un monde fondé essentiellement sur l’inexistence du retour, car dans ce monde-là tout est d’avance pardonné et tout y est donc cyniquement permis.


2

Si chaque seconde de notre vie doit se répéter un nombre infini de fois, nous sommes cloués à l’éternité comme Jésus-Christ à la croix. Cette idée est atroce. Dans le monde de l’éternel retour, chaque geste porte le poids d’une insoutenable responsabilité. C’est ce qui faisait dire à Nietzsche que l’idée de l’éternel retour est le plus lourd fardeau (das schwerste Gewicht).

Si l’éternel retour est le plus lourd fardeau, nos vies, sur cette toile de fond, peuvent apparaître dans toute leur splendide légèreté.

Mais la pesanteur est-elle vraiment atroce et belle la légèreté ?

Le plus lourd fardeau nous écrase, nous fait ployer sous lui, nous presse contre le sol. Mais dans la poésie amoureuse de tous les siècles, la femme désire recevoir le fardeau du corps mâle. Le plus lourd fardeau est donc en même temps l’image du plus intense accomplissement vital. Plus lourd est le fardeau, plus notre vie est proche de la terre, et plus elle est réelle et vraie.

En revanche, l’absence totale de fardeau fait que l’être humain devient plus léger que l’air, qu’il s’envole, qu’il s’éloigne de la terre, de l’être terrestre, qu’il n’est plus qu’à demi réel et que ses mouvements sont aussi libres qu’insignifiants.

Alors, que choisir ? La pesanteur ou la légèreté ?

C’est la question que s’est posé Parménide au VIè siècle avant Jésus-Christ. Selon lui, l’univers est divisé en couples de contraires : la lumière-l’obscurité ; l’épais-le fin ; le chaud – le froid ; l’être – le non-être. Il considérait qu’un des pôles de la contradiction est positif (le clair, le chaud, le fin, l’être), l’autre négatif. Cette division en pôles positif et négatif peut nous paraître d’une puérile facilité. Sauf dans un cas : qu’est-ce qui est positif, la pesanteur ou la légèreté ?

Parménide répondait : le léger est positif, le lourd est négatif. Avait-il ou non raison ? C’est la question. Une seule chose est certaine. La contradiction lourd-léger est la plus mystérieuse et la plus ambiguë de toutes les contradictions.

[...]

8

Tomas s'était mis à aimer Beethoven pour faire plaisir à Téréza, mais il n'était pas très féru de musique et je doute qu'il connût la véritable histoire de l'illustre motif beethovénien « muss es sein ? Es muss sein ! »

ça s'était passé comme ça : un certain Monsieur Dembscher devait cinquante forint à Beethoven, et le compositeur, éternellement sans le sou, vint les lui réclamer. « Muss es sein ? Le faut-il ? » soupira le pauvre M. Dembscher, et Beethoven répliqua avec un rire gaillard : « Es muss sein ! Il le faut ! » puis inscrivit ces mots avec leur mélodie dans son calepin et composa sur ce motif réaliste une petite pièce pour quatre voix : trois voix chantent « es muss sein, ja, ja, ja », il le faut, il le faut, oui, oui, oui, et la quatrième voix ajoute : « heraus mit dem Beutel ! », sors ta bourse !

Le même motif devint un an plus tard le noyau du quatrième mouvement du dernier quatuor opus 135. Beethoven ne pensait plus du tout à la bourse de Dembscher. Les mots « es muss sein ! » prenaient pour lui une tonalité de plus en plus solennelle comme si le Destin en personne les avait proférés. Dans la langue de Kant, même « bon jour ! » dûment prononcé, peut ressembler à une thèse métaphysique. L'allemand est une langue de mots lourds. « Es muss sein ! » n'était plus du tout une plaisanterie mais « der schwer gefasste Entschluss », la décision gravement pesée.

Beethoven avait donc mué une inspiration comique en quatuor sérieux, une plaisanterie en vérité métaphysique. C'est un exemple intéressant de passage du léger au lourd (donc, selon Parménide, de changement du positif en négatif). Chose curieuse, cette mutation ne nous surprend pas. Nous serions au contraire indignés si Beethoven était passé du sérieux de son quatuor à la blague légère du canon à quatre voix sur la bourse de Dembscher. Pourtant, il aurait changé du lourd en léger, donc du négatif en positif ! Au début, il y aurait eu (sous forme d'esquisse imparfaite) une grande vérité métaphysique et à la fin (comme œuvre achevée) une plaisanterie on ne peut plus légère ! Seulement, nous ne savons plus penser comme Parménide..."

Milan KUNDERA - L'Insoutenable légèreté de l'être



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