Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°755 (2021-06)

mardi 16 février 2021

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Giuseppe VERDI - Requiem
Lacrymosa

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Neige et glace

Courvières (Haut-Doubs)
décembre 2020 et janvier 2021



Epicéas
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 5 décembre 2020



Courvières (Haut-Doubs)
samedi 5 décembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 5 décembre 2020



Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 6 décembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 6 décembre 2020



Cardère
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 6 décembre 2020




Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 6 décembre 2020



Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 10 janvier 2021


Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 10 janvier 2021



Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 10 janvier 2021

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 10 janvier 2021



Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 10 janvier 2021



Courvières (Haut-Doubs)
lundi 11 janvier 2021



Courvières (Haut-Doubs)
lundi 11 janvier 2021



Courvières (Haut-Doubs)
lundi 11 janvier 2021



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Courvières (Haut-Doubs)
lundi 11 janvier 2021



Courvières (Haut-Doubs)
lundi 11 janvier 2021



Courvières (Haut-Doubs)
mardi 12 janvier 2021



Courvières (Haut-Doubs)
samedi 16 janvier 2021



Courvières (Haut-Doubs)
lundi 18 janvier 2021



Courvières (Haut-Doubs)
mardi 19 janvier 2021



Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 24 janvier 2021



Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 24 janvier 2021



Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 24 janvier 2021







Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 24 janvier 2021






Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 24 janvier 2021


Pour relire d'autres textes de Stephen JAY GOULD
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[numéro 409]


Ambiances à la Ferme Berdoulets...
Astugue,
Hautes-Pyrénées

Texte : L'enroulement des escargots - Stephen Jay GOULD

Musique : Ball and Chain - Janis JOPLIN

mardi 18
mars 2014
[numéro 448]
(2014 - 49)

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Musique : Toccata BWV 914 - JS Bach (Glenn Gould)

mardi 23
décembre
2014
[numéro 662]
(2019 - 13)


Verdier d'Europe
- Courvières, Haut-Doubs - mars 2019

Texte : Quand les poules auront des dents - Stephen Jay Gould

Musique :  Fruhlingsstimmen - Johann Strauss

mardi 26
mars
2019


Chronique de France-Inter, du jeudi 11 février dernier :


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Suggestion de lecture :

" 11

Les bambous, les cigales et l’économie selon Adam Smith

La nature parvient généralement à faire mieux que les légendes humaines les plus invraisemblables. La Belle au bois dormant a attendu son prince pendant cent ans. Selon Bettelheim, la piqûre au doigt symbolise l’apparition de la première menstruation et le sommeil, la léthargie de l’adolescence, qui précède l’éveil de la maturité. Puisque la Belle au bois dormant a été fécondée par un roi et non simplement embrassé par un prince, on peut dire que son réveil a marqué le début de sa maturité sexuelle. Un bambou, qui porte le nom extravagant de Phyllostachys bambusoïdes, a fleuri en Chine en l’an 999. Depuis, avec une régularité qui ne s’est jamais démentie, il a continué de fleurir et de libérer des graines une fois tous les cent vingt ans environ. P. bambusoïdes se conforme à ce cycle quel que soit l’endroit où il se trouve. Vers la fin des années soixante, une population japonaise (importée elle-même de Chine des siècles auparavant) a fleuri simultanément au Japon, en Angleterre, en Alabama et en Russie. La comparaison avec la Belle au bois dormant n’est pas tirée par les cheveux, car la reproduction sexuelle intervient, chez ces bambous, après plus d’un siècle de célibat. Mais P. bambusoïdes s’éloigne des frères Grimm sur deux points importants. D’une part, les plantes ne sont pas inactives pendant leur sommeil de cent vingt ans, car ce sont des herbes, et elles se propagent en produisant de nouvelles pousses à partir de rhizomes souterrains. D’autre part, elles ne vivent pas heureuses et n’ont pas beaucoup d’enfants, car elles meurent après avoir libéré leurs graines…

L’écologiste Daniel H. Janzen, de l’université de Pennsylvanie, raconte l’histoire étrange du Phyllostachys dans un article récent : « Pourquoi les bambous fleurissent si rarement ». Chez la plupart des espèces, la période de croissance végétative séparant deux floraisons est plus courte, mais la synchronisation de la libération des graines est la règle, et rares sont les espèces qui laissent passer moins de quinze ans entre deux floraisons. La floraison d’une espèce est réglée par une horloge intérieure et ne lui est jamais imposée de l’extérieur par l’environnement. La régularité infaillible des intervalles en est la meilleure preuve car, à notre connaissance, aucun facteur environnemental ne possède un cycle assez régulier pour produire les divers rythmes de floraison de plus d’une centaine d’espèces. De plus, les plantes appartenant à une même espèce fleurissent simultanément, même lorsqu’elles se trouvent dans des environnements très différents. Janzen cite le cas d’un bambou birman qui ne mesurait qu’une trentaine de centimètres de haut parce qu’il avait été plusieurs fois détruit par des incendies de forêt, mais qui a fleuri en même temps que ses congénères, hauts de 12 mètres, qui n’avaient pas été touchés. Comment le bambou fait-il pour compter les années ? Selon Janzen, il ne mesure pas les quantités de nourriture accumulées, puisque les spécimens nains, à demi morts de faim, fleurissent en même temps que les géants débordants de santé. Il suppose que le calendrier « doit être fonction de l’accumulation ou de la dégradation d’un produit chimique sensible à la lumière et non à la température ». Rien ne lui permet de dire si le cycle est diurne (jour-nuit) ou annuel (saisonnier). À l’appui de son hypothèse, Janzen fait remarquer qu’aucun bambou à cycle correct ne pousse à l’intérieur d’une bande délimitée par les parallèles 5°N et 5°S, car autour de l’équateur les variations dans les jours et les saisons sont très faibles. Le mode de floraison du bambou évoque un autre phénomène périodique plus connu : celui des cigales « périodiques ». Le mode de vie de ces cigales est encore plus extraordinaire qu’on ne le croit généralement. Dans toute la moitié orientale des États-Unis (sauf dans les États du Sud, où un groupe d’espèces similaires émerge tous les treize ans), la nymphe vit sous terre pendant dix-sept ans, se nourrissant de la sève contenue dans les racines des arbres. Puis, en quelques semaines, des millions de nymphes parvenues à maturité sortent de terre, deviennent adultes, s’accouplent, pondent et meurent. Le plus remarquable est que non pas une, mais trois espèces différentes de cigales suivent précisément le même rythme et sortent de terre exactement en même temps. Il arrive que certaines populations soient déphasées. Les nymphes ne sortent pas de terre en même temps dans la région de Chicago et en Nouvelle-Angleterre. Mais le cycle de dix-sept ans (treize ans dans le Sud) est commun à toutes les « portées », et les trois espèces sortent toujours en même temps dans un endroit donné. Janzen admet que les cigales et les bambous, malgré la distance qui les sépare, biologiquement et géographiquement, posent le même problème d’évolution. Les recherches actuelles, écrit-il, « ne mettent en évidence aucune différence qualitative entre ces insectes et les bambous, sauf, peut-être, en ce qui concerne la méthode utilisée pour comptabiliser les années ». Pourquoi cette synchronisation, et pourquoi un si long intervalle entre deux périodes de reproduction sexuelle ? Comme je l’ai dit en rapportant les habitudes matricides de certaines mouches, la validité de la théorie de la sélection naturelle n’est jamais mieux démontrée que lorsqu’elle permet d’expliquer d’une manière satisfaisante ce qui, de prime abord, nous paraît étrange et dénué de sens. Dans ce cas, nous sommes confrontés à un problème qui dépasse l’excentricité apparente d’un tel gaspillage (car très peu de graines peuvent germer sur un sol aussi saturé). Il semble que la floraison et la sortie de terre procèdent d’un programme concernant l’espèce dans son ensemble, et non plus les individus qui la composent. Pourtant, la théorie darwinienne repose sur l’idée que chaque individu ne sert que son intérêt personnel, c’est-à-dire la transmission de ses gènes aux générations suivantes. Nous devons nous demander quel avantage une cigale ou un bambou tirent de la synchronisation de la reproduction sexuelle. C’est un peu le même problème que celui qu’eut à résoudre Adam Smith quand il se prononça pour la politique du laisser-faire, la considérant comme le meilleur moyen de promouvoir une économie harmonieuse. L’économie idéale, d’après Smith, bien que structurée et équilibrée, apparaîtrait « naturellement » comme une conséquence directe de l’interaction des individus, qui ne cherchent qu’à agir au mieux de leurs intérêts particuliers. Ce qui paraît être la volonté d’accéder à une harmonie plus élaborée n’est, selon la métaphore célèbre d’Adam Smith, que l’action d’une « main invisible ». « Comme l’individu […] en organisant son activité de telle sorte que ce qu’il produit a davantage de valeur, ne recherche que son intérêt personnel, il est, dans tous les cas, poussé, par une main invisible, à atteindre des objectifs qui n’entraient pas dans ses intentions… Il lui arrive souvent, en recherchant son intérêt personnel, de servir celui de la société plus efficacement que lorsqu’il cherche effectivement à la servir. » Puisque Darwin a appliqué à la nature l’idée d’Adam Smith, il nous faut chercher l’explication de l’harmonie dans les avantages qu’elle confère aux individus. Donc, que gagnent une cigale ou un bambou donnés à ne s’adonner au sexe que si rarement, et en même temps que leurs congénères ? La biologie humaine donne souvent une idée fausse des difficultés que doivent surmonter les autres organismes. Les êtres humains sont des animaux à développement lent. Ils investissent de grandes quantités d’énergie dans la conception d’un très petit nombre de descendants, qui ne deviennent adultes que très tard. Nos populations ne sont pas tributaires de la mort massive de presque tous leurs jeunes. Mais il ne faut jamais oublier que beaucoup d’organismes emploient une stratégie différente dans la « lutte pour la vie » : ils produisent des quantités énormes de graines et d’œufs en espérant – pour ainsi dire – que quelques-uns survivront aux rigueurs des premiers jours. Ces organismes sont sous la coupe de leurs prédateurs et, pour se défendre, ils doivent élaborer une stratégie réduisant au minimum le risque d’être dévoré. Or beaucoup d’animaux semblent particulièrement friands de cigales et de graines de bambou. Les sciences naturelles, dans une large mesure, ont mis en évidence les différents types d’adaptation qui permettent de déjouer les prédateurs. Certains animaux se dissimulent, d’autres sentent mauvais, d’autres encore ont des piquants ou d’épaisses carapaces ; la liste est pratiquement interminable, et il faut en rendre hommage à la variété de la nature. Les graines de bambou et les cigales emploient une stratégie peu commune : elles sont absolument offertes sans défense, mais si rarement et en si grande quantité que les prédateurs sont dans l’incapacité de tout consommer. Les biologistes de l’évolution appellent cette méthode de défense la « saturation du prédateur ». Pour être efficace, cette stratégie doit reposer sur deux adaptations. Premièrement, la synchronisation de la production doit être parfaite – de telle sorte que le marché soit réellement saturé – et ne pas durer longtemps. Deuxièmement, il faut que cette situation ne se produise que rarement, de peur que les prédateurs n’adaptent leur cycle de vie aux périodes d’abondance. Si les bambous fleurissaient tous les ans, les animaux qui se nourrissent des graines découvriraient l’existence du cycle et offriraient la récolte annuelle à leur abondante progéniture. Mais si l’intervalle entre deux floraisons dépasse nettement l’espérance de vie de tous les prédateurs, il est impossible à ceux-ci de découvrir l’existence du cycle. L’avantage que les bambous et les cigales, individuellement, tirent de la synchronisation apparaît clairement : tous ceux qui ne suivant pas le rythme sont rapidement dévorés (des cigales sortent parfois de terre pendant les années creuses, mais elles ne peuvent se maintenir). L’hypothèse de la « saturation du prédateur », bien qu’elle n’ait pas été testée, comporte l’élément fondamental d’une analyse correcte. Elle permet de rendre compte d’une suite d’observations qui, sans elle, resteraient indépendantes les unes des autres, donc, totalement inexplicables. Nous savons, par exemple, que les graines de bambou sont très prisées par divers animaux, y compris des vertébrés, qui vivent longtemps, d’où la rareté des cycles inférieurs à quinze ou vingt ans. Nous savons également que la libération simultanée des graines peut littéralement inonder la région concernée. Janzen parle d’un matelas de 20 centimètres d’épaisseur sous la plante parentale. Deux espèces de bambous malgaches déversent 50 kilos de graines à l’hectare, sur une surface totale de 100 000 hectares, pendant la floraison. La synchronisation de trois espèces, chez les cigales, est particulièrement impressionnante, en particulier parce que l’année où elles sortent de terre varie d’un endroit à l’autre, alors que les trois espèces font surface en même temps dans un endroit donné. Mais le plus étonnant est fourni par les cigales elles-mêmes. Pourquoi y a-t-il des cigales à 13 ans et des cigales à 17 ans, mais aucune cigale à 12, 14, 15, 16 ou 18 ans ? Treize et dix-sept ont un point commun. Ce sont des nombres assez élevés pour dépasser l’espérance de vie de tous les prédateurs, mais ce sont également des nombres premiers (qui ne sont divisibles par aucun nombre plus petit qu’eux-mêmes). La plupart des prédateurs éventuels ont un cycle de deux à cinq ans. Leurs cycles ne sont pas fonction de l’apparition des cigales périodiques (car leurs populations atteignent souvent un maximum dans les années où il n’y a pas de cigales). Cela n’empêche qu’ils dévorent les cigales avec voracité lorsque les cycles coïncident. Prenons un prédateur avec un cycle de cinq ans. En employant un grand nombre premier, les cigales réduisent le nombre des coïncidences (une fois tous les 5 × 17, soit 85 ans, dans ce cas). Un cycle de treize ou dix-sept ans ne peut être percé à jour par un cycle plus court. L’existence, comme l’a dit Darwin, est une lutte pour la plupart des êtres vivants. Les armes de la survie ne sont pas forcément les griffes et les dents ; le mode de reproduction est parfois tout aussi efficace. Et la surabondance est l’un de ces moyens. Il est parfois sage de mettre tous ses œufs dans le même panier… mais il faut en avoir beaucoup, et ne pas s’y risquer trop souvent..."

Stephen Jay GOULD - Darwin et les grandes énigmes de la vie





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