Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°743 (2020-44)

mardi 17 novembre 2020

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Claudio MONTEVERDI - Tirsi e Clori
(livret 7)

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Petites fleurs, petites bêtes, petits oiseaux

Fin de l'été

Courvières (Haut-Doubs)
août et septembre 2020



Abeille domestique,
sur une fleur de Knautie à feuilles de cardère

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 8 août 2020


Absinthe
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 8 août 2020


Abeille domestique,
sur une fleur de Poireau perpétuel

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 8 août 2020

"Les pollinisateurs font littéralement, ce que nous appelons, candides, "le printemps", comme si c'était un cadeau de l'univers, ou du soleil : non, c'est leur action bourdonnante, invisible et planétaire, qui appelle chaque année au monde, à la sortie de l'hiver, les fleurs, les fruits, les dons de la terre, et leur retour immémorial. Les pollinisateurs, abeilles, bourdons, oiseaux, ne sont pas posées comme des meubles sur le décor naturel et immuable des saisons : ils fabriquent cette saison dans ce qu'elle a de vivant."

Baptiste Morizot - Manières d'être vivant

Poireau perpétuel
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 8 août 2020

Cardère
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 8 août 2020

Poireau perpétuel
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 8 août 2020

Abeille domestique,
sur une fleur de Poireau perpétuel

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 8 août 2020

Epilobe hirsute
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 9 août 2020

Vipérine
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 9 août 2020

Abeille sur une fleur de Vipérine
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 9 août 2020

Cardère
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 15 août 2020

<image recadrée>

Cardère
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 15 août 2020



Courge

Courvières (Haut-Doubs)

samedi 15 août 2020



Guêpe
sur une fleur de Poireau perpétuel
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 16 août 2020

Chardonneret élégant
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 23 août 2020



<image recadrée>

Portrait
<image recadrée>

Arantèle
Courvières (Haut-Doubs)

lundi 31 août 2020

Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs)

lundi 31 août 2020

<image recadrée>

Linaire commune
Courvières (Haut-Doubs)

lundi 31 août 2020


Bourrache
Courvières (Haut-Doubs)

lundi 31 août 2020

Pavot de Californie
Courvières (Haut-Doubs)

lundi 31 août 2020

Cardère
Courvières (Haut-Doubs)

lundi 31 août 2020

Campanule
Courvières (Haut-Doubs)

lundi 31 août 2020

Mousse
Courvières (Haut-Doubs)
lundi 31 août 2020

Toile et rosée
Courvières (Haut-Doubs)

lundi 31 août 2020

Pavot
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 20 septembre 2020

Seneçon
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 20 septembre 2020

Tanaisie
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 20 septembre 2020


Pour lire d'autres textes
de Maurice GENEVOIX
cliquez sur les images ci-dessous
(ou sur chaque [numéro])

[numéro 156]


Rougegorge familier
(Astugues, Hautes-Pyrénées).

Texte : La Dernière Harde (Maurice GENEVOIX)

Musique : Canon en ré majeur de JC PACHELBEL

mardi 24
février
2009

[numéro 239] :

Chamois au Mont d'Or (Haut-Doubs)

Musique : JS Bach - Gloria in Excelsis Deo (Messe en Si)

Texte : Raboliot - Maurice Genevoix

Mardi 26
octobre
2010

[numéro 323] :

Fable moderne : le Lièvre et la Tortue (Haut-Doubs)

Texte : Raboliot - Maurice Genevoix

Musique : Gaston Couté - Cantique païen

Mardi 26
juin
2012



Suggestion de lecture :

"Des automnes après des automnes. Combien de chasses à travers les Orfosses ? Et à chacune, d'automne en automne, un cerf de la harde mourait. Ce n'était que de jeunes bêtes craintives, trop promptes à fuir devant les chiens, hors d'haleine à leur premier galop, condamnées dès la première attaque. Tandis que les deux grands dix cors, chacun pour soi, ombres dans leur forêt natale, de saison en saison cheminaient leurs années à travers les embûches des hommes.

Le Brèche-Pied surtout était habile à se cacher. Son pelage, d'une nuance roussâtre et neutre, n'avait d'autre couleur que celle des bois, de la terre enfeuillée, des bougeants lointains forestiers. Une méfiance ombrageuse, constamment en éveil, des sens prodigieusement aigus le gardaient sans défaillance. Il évitait les terrains lourds, les veines d'argile, les ados de fossés d'où le vent d'ouest chasse les feuilles mortes. Il ne suivait que des routes secrètes, moussues, sablonneuses, où son pied ne laissait point d'empreintes. Jamais ses bois ne froissaient au passage des branches basses qu'il eusse pu briser. Quand il se rembûchait, le matin, il s'avançait loin dans un fort, s'y couchait lourdement pour bien marquer sa reposée, et puis, suivant son contre-pied, il en sortait par un grand saut en hourvari. Après quoi il le contournait avant d'y pénétrer encore, d'y écraser une autre reposée, et d'en sortir une seconde fois. Il ne s'y couchait point, pour son repos de la journée, qu'il n'eût ainsi dérobé sa remise par une série de faux rembûchements. Et souvent il l'abandonnait pour gagner, en celant sa voie, un autre fort plus écarté et plus secret.

Le Rouge, comme lui, savait et pratiquait ces ruses. Mais il était d'ordinaire plus hardi. Tous deux avaient été courus, et tous deux avaient échappé. Pour le Brèche-Pied ce n'avait été qu'à grand-peine, après d'épuisantes randonnées menées presque sur place avec un sang-froid sans défaut, mais aussi dans une tension nerveuse qui l'avait laissé, chaque fois, malade et demi-fou de peur à la pensée d'être lancé encore. C'était au point que cette peur ne l'abandonnait plus jamais. Au moindre bruit il était debout, prenait le vent en frissonnant. Et il déambulait sans trêve, ne retrouvant un peu de calme qu'aux heures où ses routes furtives venaient à croiser celles du Rouge, son vieux compagnon d'autrefois.

Car le Rouge, lui aussi, marchait souvent à travers la forêt ; mais d'assurance, avec une attention tranquille, aussi constante et vigilante que celle de l'autre dix cors, mais sans crainte, mais librement. L'hiver, s'il arrivait que le Brèche-Pied l'accompagnât, il souffrait volontiers sa présence. Aucune rivalité, depuis d'innombrables soleils, ne les avait fait s'affronter. Pourquoi se battre ? Le Rouge se savait le plus fort, mais il savait ce qu'il voulait. Roi de la harde, il se servait d'abord et n'abandonnait au Brèche-Pied que ce qu'il avait dédaigné.

Pas à pas, l'un derrière l'autre, sur le tapis de lierre terrestre que broutent leurs longues dents solides, ils cheminent en gardant leurs distances. Il fait moins froid, les ramilles des bouleaux rougissent, l'eau sourd entre les feuilles du lierre. Des rouliers, sur l'allée des Mardelles, vocifèrent contre leurs chevaux. A l'opposé, par-delà les étangs, les grands pins du Chat Sauvage craquent et s'abattent sous la hache des bûcherons. Une poule qui vient de pondre chante l'oeuf et s'enroue à force de cotecoder : les charbonniers ont bâti leur hutteau sous les charmes de la Bouverie. Tout cela est très loin, tout cela ne cache point de menace ; ni le vent qui sent la terre molle, ni le lent balancement des baliveaux à la cime nue. Le Rouge, sans regarder jamais le Brèche-Pied, le sait tout près, broutant derrière lui les feuilles. Sa présence est comme un souvenir, le poids vivant d'un très long passé. En ce moment, ce poids est doux. Mais qu'il pèse et devienne importun, le Rouge n'aura qu'à secouer la tête, à ronfler bruyamment des naseaux, et le Brèche-Pied le laissera s'éloigner.

Chacun d'eux, une fois encore, s'enfoncera lentement sous les arbres, rejoindra le coeur de la forêt. Où chacun d'eux retrouve sa solitude, là bat le coeur de la forêt. Le Rouge est seul, son corps est chaud, ses artères battent. Une fougère qui frôle son genou émiette une sèche poussière de feuilles ; une autre craque sec et se brise : ce sont les fougères de l'hiver, juste aux places où le grand dix cors pose ses sabots en cheminant. Devant ses yeux une touffe de mousse, touchée soudain par un rayon, prend un vert éclat lumineux : et le printemps glisse dans les veines de la terre, gonfle déjà le coeur de la forêt.

Elle est là tout autour, immense. Parfois, souvent, la pensée de la bête voyage dans son étendue, tournoie en oscillant comme le vol d'un oiseau qui plane, replie ses ailes et se pose : et à la place où elle se pose, une autre vie s'anime et bat dans l'épaisseur de la forêt. Là-bas, la harde a passé sa nuitée. La pensée marche au milieu d'elle, effleure doucement, comme une caresse du mufle au passage, le flanc d'un hère plus beau que tous les autres, aux lignes longues et musculeuses, aux yeux de feu. Puis elle revient, d'un vol à demi suspendu, en mesurant les pas que le Rouge devrait faire sur la terre pour retrouver la harde délaissée, et dans la harde le jeune mâle fidèle que peut-être, en suprême recours, il livrera aux chiens à sa place. Mais déjà la pensée repart, des Mardelles à la Bouverie, attirée par les cris des rouliers, les hennissements de leurs chevaux, par le chant de la poule près de la hutte des charbonniers.

Les rouliers ont de rudes voix sonores, leurs fouets claquent à la tête des chevaux ; mais la coupe qu'ils débarquent grouille d'une vie chaude et pacifique ; les essieux des fardiers claquent aussi dans l'air léger, les percherons tirent à pleins muscles, et le fouet, plus qu'il ne les cingle, les enlève et les aide au plus violent de leur effort. Le Rouge, de très loin, voit le grouillement joyeux de la coupe, respire l'odeur des grumes écorcées, le fumet des chevaux en sueur.

Mais la poule chante, et c'est une odeur de charbon, une gerbe de feuilles souvevées à la pointe de la meule où le charbonnier boute le feu. La poule est blanche, toutes les poules du charbonnier font des taches blanches à travers la combe. L'homme a deux fils, et deux jeunes femmes vivent avec eux. Dans leurs visages noirs de charbon, leurs yeux ont un éclat plus blanc, plus frais, et ils rient. Le soir, devant leur loge ronde, la porte ouverte couche sur la terre un long rectangle de lumière ; on voit leurs ombres bouger au travers. L'un des fils joue de l'accordéon, et l'autre chante, d'une voix fraîche et rieuse, claire comme ses yeux, tandis que la musique gouttelle et danse comme une pluie de printemps sur les feuilles.

Le Rouge écoute aux lisières de la combe. Entre les arbres clairsemés la pente monte lentement vers le ciel ; tout en haut, dans le clair des arbres, les étoiles brillent. Et c'est là que les charbonniers, par les premières nuits douces du printemps, ont aperçu la haute et fine silhouette, ses jambes jointes, sa tête dressée soulevant sa ramure. Entre ses bois scintillaient les étoiles. Et le vieux faisait signe à ses fils : Continuez. C'est le grand cerf rouge. Celui qui jouait et celui qui chantait, ils jouaient maintenant et chantaient pour la bête. Elle approchait doucement, pas à pas. Ses yeux étaient dorés dans l'ombre. Elle s'arrêtait, sans crainte, dans une hébétude enchantée. Qu'elle était belle devant les yeux des hommes ! La nuit limpide, le grand silence de la forêt, des coeurs sans méchanceté à la fin d'un jour de labeur... On ne sais pas pourquoi, ce soir, on se sent si gravement heureux : le calme de la nuit, la pureté de la forêt, la douceur de cette halte ensemble, au fil d'une vie pure comme la forêt, et là-bas, entre les arbres, cette grande bête splendide, innocente, qui écoute, qui demeure avec nous, si confiante qu'on l'entend respirer. La main du père est restée suspendue. Les jeunes femmes se penchent et sourient sur les épaules des deux musiciens : Continuez, c'est le grand cerf rouge, un génie des bois qui passait et qui s'est arrêté pour nous, devant notre maison de branches..."

Maurice GENEVOIX - La Dernière Harde



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