Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°831 (2022-31)

mardi 9 août 2022

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


 
JS Bach - Cantate BWV 119
Preise, Jerusalem, den Herrn

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au centre de l'image...



ou cliquez [ici]



  Visiteuse clandestine à la "Margotte" !



  Une hermine !

Est-elle venue profiter de la fraîcheur de l'endroit
(18°c, en pleine journée)
 vendredi 5 août 2022
Courvières (Haut-Doubs)

Si vous voulez visiter officiellement la "Margotte",
n'hésitez pas à prendre rendez-vous !

Merci



La chasse aux papillons
(d'après G. Brassens)

Loge n° 5, Courvières (Haut-Doubs)
juillet 2022



Marguerite et rosée
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 3 juillet 2022



Sylvaine - Ochlodes sylvanus
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 3 juillet 2022



Gesse de Bauhin
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 3 juillet 2022


Marguerite et rosée
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 3 juillet 2022



Le Flambé - Iphiclides podalirius
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 15 juillet 2022



Le Flambé (en contre-jour)
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 15 juillet 2022



Piéride sp.
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 juillet 2022

Knautie à feuilles de cardère - Knautia dispacifolia
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 juillet 2022

Ail potager - Allium oleraceum
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 juillet 2022

Sylvaine
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 juillet 2022



Achillée millefeuille (à fleurs roses !)
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
lundi 18 juillet 2022


Grand Nacré - Argynnis aglaja
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
lundi 18 juillet 2022

Chardon décapité - Carduus defloratus
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
lundi 18 juillet 2022



Gentiane jaune (fin de la floraison)
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
lundi 18 juillet 2022




Abeille "sauvage" butinant
une fleur de Cirse vulgaire

Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
lundi 18 juillet 2022



<image recadrée>



Belle Dame - Vanessa cardui
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
mardi 19 juillet 2022


Belle Dame : c'est un papillon migrateur !!
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
mardi 19 juillet 2022

Pour lire un article de "Radio-Canada"
(un autre papillon migrateur, le Monarque, vit en Amérique du Nord...),

cliquez
[ici]

<image recadrée>



Belle Dame
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
mardi 19 juillet 2022



Belle Dame
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 21 juillet 2022



Belle Dame
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 21 juillet 2022



<image recadrée>



Hespérie des Potentilles (?) - Pyrgus armoricanus
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 24 juillet 2022



Hespérie
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 24 juillet 2022



Moyen Nacré
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 24 juillet 2022



Moyen Nacré (?)
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 24 juillet 2022



<image recadrée>



Autre Hespérie : le Comma ou la Virgule - Hesperia comma (?)
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 28 juillet 2022

Autre Hespérie
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 28 juillet 2022



<image recadrée>



Envol

Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 28 juillet 2022



Myrtil (mâle) - Maniola jurtina

Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2022



<image recadrée>



La Virgule (?)
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2022



<image recadrée>



<image recadrée>



Piéride sp.
Loge n° 5 - Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2022




Pour relire d'autres images de papillons,
cliquez sur chaque [numéro]

[numéro 741]
(2020 - 42)


Fin de l'Eté - Loge n° 5, Courvières (Haut-Doubs) - juillet et août 2020

Texte :  Les Testaments - Margaret ATWOOD

Musique :  Juditha triumphans RV 644 - A VIVALDI

mardi 3
novembre
2020



Suggestion de lecture :

" 1

Jojo


J'aime bien penser que je sais ce que c'est, la mort. J'aime bien penser que c'est un truc que je peux regarder en face. Quand Papy me dit qu'il a besoin d'aide et que je vois le couteau noir glissé dans sa ceinture, je laisse Mamie dormir sur son lit, ma petite sœur Kayla dormir sur sa couverture par terre, et je sors avec Papy, j'essaye de me tenir droit, les épaules en cintre ; c'est comma ça qu'il marche, Papy. J'essaye de faire mine que c'est normal et que je m'ennuie, histoire que Papy croie que j'ai mérité mes treize ans, histoire qu'il sache que je suis prêt à faire le nécessaire, à séparer les muscles des boyaux, les organes des cavités. Je veux que Papy sache que je peux me salir les mains. Aujourd'hui, c'est mon anniversaire.

Je retiens la porte pour l'empêcher de claquer, je l'accompagne dans le montant. Je veux pas que Mamie ou Kayla se réveillent pendant qu'on est dehors. Vaut mieux qu'elles dorment. Vaux mieux que Kayla dorme parce que les nuits où Léonie travaille elle se réveille toutes les heures, elle s'assoit dans son lit et elle crie. Vaux mieux que Mamie dorme parce que la chimio l'a asséchée et creusée pareil que le soleil et l'air font aux chênes d'eau. Papy slalome entre les arbres, droit, mince et brun comme un jeune pin. Il crache dans la terre route et sèche, le vent remue les arbres. Ça caille. C'est un hiver têtu qui refuse de laisser la place au printemps. Le froid reste là comme de l'eau au fond d'une baignoire mal fichue. J'ai oublié mon sweat à capuche par terre dans la chambre de Leonie, là où je dors, et mon tee-shirt est fin mais je ne me frictionne pas les bras. Si je laisse le froid me piquer, je sais que lorsque je verrai la chèvre je flancherai ou je broncherai au moment où Papy lui coupera la gorge. Et Papy le verra, c'est forcé.

« Vaut mieux laisser dormir le bébé », dit Papy.

C'est Papy qui a construit notre maison, tout en longueur derrière une façade étroite, près de la route, histoire que le reste du terrain puisse rester boisé. Il a installé sa porcherie, l'enclos des chèvres et le poulailler dans des petites clairières au milieu des arbres. Pour arriver aux chèvres on doit passer devant les porcs. La terre est noire et boueuse à cause de la merde, et depuis que Papy m'a fouetté quand j'avais six ans parce que j'étais allé jouer sans chaussures autour des cochons, je ne suis plus jamais retourné pieds nus dans ce coin-là. T'aurais pu choper des vers, il avait dit, Papy. Plus tard ce soir-là, il m'avait raconté des histoires de son enfance avec ses sœurs et ses frères, quand ils jouaient pieds nus parce qu'ils n'avaient qu'une seule paire de chaussures chacun, et réservée à la messe. Ils avaient tous eu des vers, et quand ils allaient aux cabinets dans le jardin ils se les arrachaient du cul. Je ne le dis pas à Papy, mais c'est plus efficace que les coups de fouet.

Papy sélectionne le pauvre bouc, lui fait un nœud coulant autour du coup et le pousse hors de l'enclos. Les autres bêlent et bousculent Papy, lui donnent des coups de tête dans les jambes, lèchent son pantalon.

« Dégagez ! Dégagez ! » dit Papy en les écartant du pied. Je crois que les chèvres se comprennent entre elles ; je le vois aux bosses qu'elles ont sur le crâne, à leur façon de mordre et de tirer sur le pantalon de Papy. Je crois qu'elles savent ce que ça signifie, la corde au cou. Le bouc blanc avec ses taches noires sur le flanc danse d'une patte sur l'autre, il résiste, comme s'il commençait à flairer ce qui l'attend. Papy le tire en passant devant les porcs, qui se précipitent sur la clôture et grognent de faim, puis jusqu'à la remise, située plus près de la maison. Les feuilles me giflent les épaules, m'égratignent et me griffonnent des lignes blanches sur les bras.

« Pourquoi t'as pas mieux débroussaillé que ça, Papy ?

  • Pas la place. Et personne a besoin de voir ce que je fais là-dedans.

  • On entend les bêtes de loin. De la route.

  • Et si quelqu'un a l'idée de venir les emmerder, je l'entendrai venir à travers les arbres.

  • Tu crois que les bêtes se laisseraient faire ?

  • Non. Les chèvres c'est mauvais et les cochons c'est plus malin qu'on croit. Et en plus c'est vicieux. S'ils ont pas l'habitude que tu viennes les nourrir, ils te mordent. »

Papy et moi on entre dans le cabanon. Papy attache le bouc à un piquet qu'il a planté dans la terre, et l'animal lui aboie dessus.

« Tu connais des gens qui mettent leurs bêtes dehors, toi ? » demande Papy. Et Papy a raison. A Bois, personne ne met ses bêtes dehors dans des champs, ou devant chez lui.

Le bouc balance la tête, recule. Essaye de se débarrasser de la corde. Papy l'enjambe et lui glisse un bras sous la mâchoire.

« Big Joseph », je dis. En le disant, j'ai envie de regarder à l'extérieur de la remise, derrière moi dans le jour froid et vert vif, mais je me force à fixer Papy, à fixer le bouc avec son cou tendu vers la mort. Papy renifle. Je n'ai pas fait exprès de dire son nom. Big Joseph c'est mon grand-père blanc, Papy c'est mon grand-père noir. Je vis avec lui depuis ma naissance ; mon grand-père blanc, je ne l'ai vu que deux fois. Big Joseph est rond et grand et il ne ressemble pas du tout à Papy. Il ne ressemble même pas à Michael, mon père, qui lui est mince et barbouillé de tatouages. Une collection de souvenirs d'artistes ratés, récoltés à Bois et en mer quand il travaillait au large, et en prison aussi.

« Allez, c'est parti », dit Papy.

Papy maîtrise le bouc comme si c'était un homme et les genoux de la bête fléchissent. Elle tombe dans la terre museau en avant, tourne la tête et du coup elle me regarde pendant que sa joue frotte contre le sol, dans la poussière et le sang. Elle me montre son œil doux mais je ne me détourne pas, je ne cille pas. Papy tranche. Le bouc fait un bruit étonné, un bêlement ravalé par un gargouillement, et ensuite il y a du sang et de la boue partout. Les pattes du bouc ramollissent et plient, et Papy cesse de lutter. Dans le même mouvement il se relève et enroule une corde autour des chevilles du bouc, hisse le corps à un crochet fixé à la charpente. Cet œil : encore humide. Qui me regarde comme si c'était moi qui lui avais coupé le cou, moi qui le saignais, qui lui tartinais du rouge sur tout le museau..."

Jesmyn WARD - Le Chant des revenants



Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2022 : Pour le télécharger directement au format pdf (1300 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal.1654]