Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°762 (2021-13)

mardi 6 avril 2021

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Reinhard KEISER - Passion selon Saint-Marc

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Rougegorge et Roitelet

La Rivière-Drugeon et Bouverans (Haut-Doubs)
mars 2021



Rougegorge familier
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 6 mars 2021



Roitelet triple-bandeau
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 6 mars 2021

<image recadrée>



Roitelet triple-bandeau
reconnaissable à son "troisième" bandeau : blanc au dessus de l'oeil...

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 6 mars 2021



Rougegorge
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 6 mars 2021

Rougegorge
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 6 mars 2021



Toilette
<image recadrée>

<image recadrée>

<image recadrée>



Rougegorge
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 6 mars 2021

<image recadrée>

<image recadrée>



Rougegorge
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 6 mars 2021



Rougegorge
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 20 mars 2021




Rougegorge,
à travers le grillage...

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 20 mars 2021


Rougegorge
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 20 mars 2021

<image recadrée>

Roitelet huppé
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 20 mars 2021



Roitelet huppé :
il n'a pas le troisième bandeau blanc au dessus de l'oeil...

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 20 mars 2021



Rougegorge
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 20 mars 2021

<image recadrée>



Rougegorge
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 20 mars 2021



<image recadrée>



<image recadrée>



<image recadrée>



Rougegorge
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 20 mars 2021



Rougegorge : face à face
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 20 mars 2021



<image recadrée>



Rougegorge
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 20 mars 2021

Rougegorge
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 20 mars 2021



<image recadrée>



<image recadrée>



Rougegorge
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 20 mars 2021



<image recadrée>



Rougegorge
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 20 mars 2021



Rougegorge chantant
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
vendredi 26 mars 2021



Rougegorge
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 27 mars 2021



Rougegorge : face à face
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 27 mars 2021
<image recadrée>

Le territoire, c'est le lieu où tout devient rythme, paysage mélodique, motifs et contrepoints, matière à expression. Le territoire serait l'effet de l'art. Le territoire crée et donc demande que l'on pense selon de nouveaux rapports.

Vinciane DESPRET - Habiter en oiseau



Rougegorge
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 27 mars 2021


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[numéro 568]
(2017 - 19)


Au bord de l'Entonnoir - février, mars et avril 2017 - Bouverans (Haut-Doubs)

Texte :  Sur les chemins noirs - Sylvain Tesson

Musique : Les Indes Galantes - Tendre Amour - JP Rameau

mardi 9
mai 2017
[numéro 670]
(2019 - 21)


Rougegorge familier et Bergeronnette grise
- Entonnoir de Bouverans, Haut-Doubs - mars à mai 2019

Texte : Les Forêts du Maine  - Henry-David THOREAU

Musique :  Concerto n°7 en sol mineur - JS Bach

mardi 21
mai
2019


Suggestion de lecture :

"PREMIERS CONTACTS

« La loupe du botaniste, c’est l’enfance retrouvée. » Gaston Bachelard, La Poétique de l’espace, 1957

Origines

Tout au début, il y a cette fascination pour les mots étranges, rares, aux sens mystérieux et aux sonorités barbares. Lichen. Mais aussi bien : toundra, varech, cerque, élytre, dolmen, maelstrom, inlandsis, fjord, permafrost, ubac, adret, axolotl, cortex, pollen. Abécédaire de la nature, musique marquée par l’étymologie des origines, grecques, latines, ou empruntée à des langues autres. Ces mots qui, lorsqu’on les prononce, créent comme un courant d’air, un instant de flottement. Silex, granit, mitochondrie, sphaigne, vrac : lichen. La dureté du « ch » central, l’étrangeté du « en » final.

*

Victor Hugo est l’un des rares poètes francophones à avoir osé élever le lichen à la dignité de la rime. Il le fait sonner avec un monstre fantastique d’origine norvégienne : le « kraken » [dans « l'Ane » - poème écrit en 1857-1858].

*

Cela aussi comme une fascination pour ce qui est négligé, rejeté, dénigré. Adolescence du poète maudit et du lichen, des herbes folles et des remises, qui erre en quête de l’oublié derrière les chemins, loin de ce que tout le monde peut voir, en quête de son territoire, d’une « terre de personne ». Arborescence du poète maudit qui tente de se construire par les chemins de traverses, butinant, bifurquant sans cesse, dans une verticalité sinueuse et à jamais incertaine. Je faisais des listes de tout, des listes de mots-rebuts, colonnes vertébrales d’un imaginaire encyclopédique et solitaire, cherchant à me réfugier dans la différence, dans la rareté, dans l’inconnu. J’enquêtais sur les pharaons ou les dinosaures les plus mystérieux. J’examinais les insectes les plus repoussants, les vers les plus terreux, disséquais les boursouflures des arbres en quête de parasites intérieurs. Le lichen fait partie de cet imaginaire d’enfant et d’adolescent. Il peuple les faces nord des forêts profondes de ma Bourgogne natale et de mes rêves solitaires. Il devient une évidence lors de ces longs hivers qui débordent toujours, avalant l’automne et le printemps, alors qu’il est le dernier signal visible sur les écorces des pins noirs d’Autriche, parmi un paysage mélancolique de brouillard et de gris, les arbres ne montrant plus que « leur agonie aux ficelles » sans plus feuilles ni couleurs – calligraphie squelettique réduite à l’élémentaire.

Hivers

S’il est une saison particulièrement propice aux lichens, c’est bien l’hiver. « La physiologie tout en souplesse des lichens leur permet d’être rayonnants de vie lorsque l’hiver serre la plupart des autres créatures dans son étau », écrit David George Haskell . Tandis que de nombreux arbres perdent leurs feuilles et que la plupart des plantes supérieures disparaissent, ils éclatent de toutes leurs couleurs et de leurs formes extravagantes : les lichens sont les « feuilles de l’hiver », écrit Thoreau. Quelques pixels oubliés sur un canevas. C’est la saison qui inspire les magnifiques descriptions de lichens à Thoreau dans son Journal perdu au beau milieu du XIXe  siècle et des forêts du nord-est des États-Unis – ou à Marcel Proust, à Francis Ponge, aux haijins japonais. Pour les botanistes, c’est la solution de repli – ou de dépit, faute de mieux, quand il n’y a plus rien d’autre à étudier. Rousseau dit, au bien nommé Malesherbes, que « l’hiver a […] ses herborisations qui lui sont propres, savoir les mousses et les lichens ». C’est aussi la saison où, lors des promenades botaniques qu’ils affectionnent, les artistes George Sand et John Cage, en compagnie respectivement des botanistes Jules Néraud et Guy Nearing, délaissent temporairement plantes et champignons pour se laisser surprendre par les lichens.

*

Je dévisage ces pelotes d’usnées ébouriffées, récoltées sur un cerisier du jardin familial: elles ne ressemblent à rien d’identifiable, mottes d’herbes ou tignasses pâlottes que le desséchement a rendu presque minérales. Que me disent-elles ? Le lichen est ce qui persiste quand presque toute trace de vie a disparu ; dans l’hiver perpétuel des pôles et de la haute montagne, aussi. Il devient visible, apparaît, dans l’adversité. Le lichen, une force critique ?

Mauvaises herbes

Le lichen est familier de tous, connu de personne. Il suffit de demander autour de soi : tout le monde voit, peu ou prou, ce que le mot désigne ; tout le monde a déjà croisé le regard de ces plaques aberrantes sur les murs, de ces croûtes étranges sur l’écorce. Il est de l’ordre de l’« infra-ordinaire », pour reprendre le mot de Georges Perec: il est « ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, le bruit de fond, l’habituel ». Mais personne ne s’y est attardé et n’est capable d’en dire bien plus: le langage s’arrête là. Dans les jardins botaniques et les parcs, aucun panneau ne les signale jamais, ni ne les explique. Présence dérisoire et inutile sur les murs, troncs ou pierres, voire franchement repoussante – évoquant un imaginaire de la tache, une sorte d’eczéma ou de lèpre, un prurit, l’idée d’une excrétion maladive et sirupeuse, d’un parasite échevelé vampirisant son support. Le poète chinois Qianlong écrivait en 1743 :

Cette parasite affamée qui, dédaignant la terre dont elle méprise les sucs, va chercher au-dessus d’elle une nourriture plus abondante et mieux préparée : des filaments innombrables, qu’on prendrait pour autant de fils d’or, la lient indissolublement aux plantes qu’elle dévore.

Confondu au mieux avec la mousse ou l’écorce des forêts, dans la ville avec le guano des murs ou les déjections caoutchouteuses de nos trottoirs, il semble ne pas avoir d’identité propre ou être réduit à un mouvement d’« humeur » : il est ce qui sort de, ce que le corps rejette, ce que la nature produit et qui dégénère et prolifère si l’on n’en prend pas soin. Un négligé : une déviance.

À cette époque je m’étais en quelque sorte absenté de mon corps, lui refusant quant à moi tout concours, au point d’y laisser croître comme une moisissure, un lichen, cette barbe dont il s’avérait chaque jour un peu plus qu’elle n’était pas mon genre. Jean Rolin

Pour le savant grec antique Théophraste, il naît de l’écorce. Pour d’autres, il est une « morve de falaise » (le poète canadien Ken Babstock) ou un « excrément de terre » (oussek-el-trab ou ousseh-el-ard en arabe, certainement pour désigner le lichen Lecanora esculenta et ses courbes brunes évocatrices). Dans l’histoire naturelle, (dé)classé d’abord parmi les « plantes » dites « inférieures », il a longtemps été pris de haut et déconsidéré. Pour Albert le Grand, frère dominicain et philosophe du xiiie  siècle, le lichen, situé en bas de la hiérarchie des « végétaux », est le produit de la putréfaction.

Peu s’inquiètent de la disparition de ce compagnon invisible. En raison de sa taille et de son apparence, il n’a pas le même charisme que les phoques, les tigres ou les orchidées : il fait partie de ce que l’on appelle depuis une dizaine d’années, dans la communauté scientifique, la « biodiversité négligée ». Cette expression s’est forgée et démocratisée dans le sillage d’expéditions marines et terrestres du Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Elle met le doigt sur le fait qu’une grande partie du règne vivant, qui est la moins connue du grand public, la moins médiatisée et souvent la moins étudiée par la communauté scientifique, est aussi celle qui est la plus riche en espèces encore à découvrir. On estime qu’elle ne représente pas moins de 80% des espèces vivantes: insectes, planctons, champignons, lichens, etc.

En 2016, Emanuele Coccia s’insurge contre un véritable « snobisme métaphysique » qui ferait que le vivant et, en particulier, les plantes ont été oubliés par la philosophie (du moins récente), condamnés à « végéter ». On peut éventuellement s’intéresser aux plantes ornementales (en raison de la puissance toute relative du beau) et à celles que l’on dit « utiles » (celles qui ont des « propriétés », en vue de l’alimentation, de la médecine). On peut aussi regarder celles qui sont dites « supérieures », aériennes, pour mieux dégrader les plantes « inférieures », sans fleurs, sans leurres, plus bas que terre et au pied de l'échelle des valeurs : « mauvaises » herbes et autres herbes « folles ». C'est la chaire en sous-sol « des insectes et des vers », au Jardin du Roi, que l'on cède comme pied de nez en fin de carrière au grand naturaliste Jean-Batiste de Lamarck, en 1790, incompris en son temps.

Sans visage, à l'apparence minérale et inerte, le lichen pose en problème moral et politique : il ne crée pas spontanément l'empathie. Comme ces autres êtres vivant, il laisse difficilement place à l'anthropomorphisme. Sans grande surprise, les études scientifiques montrent que les espèces pour lesquelles nous éprouvons le plus d'empathie sont celles qui sont le plus proche de nous du point de vue de l'évolution – et quant à leur apparence. Pour Levinas, c'est par le visage et par le corps de l'autre - « l'autrement qu'être » - que naît le sentiment éthique, qu'il nous est possible de mesurer notre humanité. Lichens, insectes, planctons, autant d'organismes qui n'offrent pas de prises à notre regard, qui ne font pas spontanément miroir, autant qu'êtres vivants que l'on ne peut « dévisager » pour nous questionner (même si le lexique naturaliste utilisé pour les décrire repose, comme souvent, sur des métaphores du corps humain). Sylvain Tesson écrit :

Aimer, c'est reconnaître la valeur de ce qu'on ne pourra jamais connaître. Et non pas célébrer son propre reflet dans le visage d'un semblable. Aimer un Papou, un enfant ou son voisin, rien que de très facile. Mais une éponge ! Un lichen ! Une de ces petites plantes que le vent malmène ! Voilà l'ardu.

Le sentiment éthique fondé sur l'identification anthropomorphique peut être un déclencheur mais ne peut être le seul horizon de notre action. Et pourtant, ces espèces sont les moins connues et comptent parmi celles qui sont le plus en danger. Ce problème d'identification est un vrai défi au niveau de l'action politique. Comment, dès lors, susciter une prise de conscience active pour l'environnement sans le recours facile à l'empathie, sans l'émotion d'un regard qui implore et d'un cri qui bouleverse ? Comment apprendre de cette vie silencieuse et immobile ? Biodiversité négligée : mal connue et bientôt disparue ? Le lichen doit-il être condamné à l'érudition des spécialistes, ou bien à l'idéalisme de la marge et à la compassion de l'anti-héros ?..."

Vincent ZONCA - Lichens - Pour une résistance minimale




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