Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°568 (2017-19)

mardi 9 mai 2017

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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JP Rameau - Les Indes Galantes
"Tendre Amour"

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Au bord de l'Entonnoir
Bouverans (Haut-Doubs)
février, mars et avril 2017



Mésange à longue queue
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 18 février 2017

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Milan royal en vol
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

jeudi 30 mars 2017


Rougegorge chantant
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

jeudi 30 mars 2017

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Pie au sommet d'un épicéa
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

jeudi 30 mars 2017

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Rougegorge chantant
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

jeudi 30 mars 2017

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Mésange noire
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

lundi 17 avril 2017

Mésange nonnette
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

lundi 17 avril 2017

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Foulque macroule couvant
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

dimanche 30 avril 2017


Jeunes Cygnes tuberculés
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

dimanche 30 avril 2017

Mésange charbonnière
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

dimanche 30 avril 2017



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Rougequeue noir mâle
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

dimanche 30 avril 2017

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Sur la chapelle
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

dimanche 30 avril 2017

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Bergeronnette grise et Rougequeue noir
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

dimanche 30 avril 2017

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Bergeronnette grise
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

dimanche 30 avril 2017

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Suggestion de lecture :

"Un des lointains Premiers ministres de la Vè République (Jean-Marc Ayrault – période Anatole-France) avait commandé en son temps un rapport sur l'aménagement des campagnes françaises. Le texte avait été publié sous le mandat d'un autre ministre (Manuel Valls – période Offenbach) et sous le titre « Hyper-ruralité ». Une batterie d'experts, c'est-à-dire de spécialistes de l'invérifiable, y jugeait qu'une trentaine de départements français appartenait à "l'hyper-ruralité". Pour eux, la ruralité n'était pas une grâce mais une malédiction : le rapport déplorait l'arriération de ces territoires qui échappaient au numérique, qui n'étaient pas assez desservis par le réseau routier, pas assez urbanisés ou qui se trouvaient privés de grands commerces et d’accès aux administrations. Ce que nous autres, pauvres cloches romantiques, tenions pour une clef du paradis sur Terre - l'ensauvagement, la préservation, l'isolement - était considéré dans ces pages comme des catégories du sous-développement.

Au lieu d'écrire "Par les champs et par les grèves", le futur Flaubert qui traverserait ces étendues pourrait se fendre d'un "Par les ZUP et par les ZAC". Les bénéficiaires de ces aménagements feraient de bons soldats, des hommes remplaçables, prémunis contre ce que le rapport appelait les "votes radicaux". Car c'était l'arrière-pensée : assurer une conformité psychique de ce peuple impossible.

Parmi la batterie de mesures du rapport on lisait des choses comme le droit à la perennisation des expérimentations efficientes et l'impératif de moderniser la péréquation et de stimuler de nouvelles alliances contractuelles. Quelle était cette langue étrangère ? De quoi les auteurs de phrases pareilles nourrissaient-ils leur vie ? Savaient-ils le plaisir de s'essuyer la bouche d'un revers de la veste après une goulée de vin de Savoie, la jouissance de se coucher dans l'herbe quand la silhouette d'un oiseau égayait le ciel ?

Le texte était illustré de cartes. Les départements hyper-ruraux au secours desquels la gouvernance s'apprêtait à voler (intelligence de l'Etat au service de l'hyper-ruralité, disaient-il, ces troubadours !) occupaient un large zone noire. Elle prenait en écharpe les Alpes du Sud, marchait vers les Vosges et les Ardennes en englobant la quasi-totalité du Massif central et nombre de départements voisins de la Haute-Loire. Je l'apprendrais quelques semaines plus tard : ces territoires, du Mercantour à la Lozère, correspondaient au cheminement du loup après son retour en France. Pas folle la bête ! Elle mettait sa tranquillité au pinacle des vertus. Non seulement le loup n'attaquait pas l'homme mais il tenait à l'éviter.

A l'hôpital, rivé au banc de peine, contemplant ces cartes, il m'avait été facile d'imaginer l'itinéraire. « La nature aime à se cacher », professait Héraclite dans le cent vingt-troisième de ses fragments, obscur comme il se doit. Tels les êtres inachevés, j'avais grand goût pour les recoins. L' « hyper-ruralité » était mon occasion. Et c'était l'un des cartes du rapport que je tenais serrée contre mon coeur, comme la photo d'une fiancée. La carte promettait l'évasion. Mon itinéraire ne décalquerait pas l'intégralité des zones hyper-rurales. Un fois extirpé du Massif central, j'obliquerais vers le nord-ouest pour rejoindre la Manche. Je m'arrêterais sur les falaises de la Hague, là où le territoire plongeait dans la mer, offrant l'alternative du demi-tour ou du saut de l'ange. Les falaises m'avaient toujours paru de belles frontières.

Je fis un récapitulatif. J'avais mon objectif : chercher les friches et les jachères. Je disposais de mon itinéraire et de mes cartes, fournis par les rapports d'étude de l'Etat. Je savais comment me déplacer puisque je tenais la marche à pied pour une médecine générale qui serait la clef de ma reconquête. En bref, jamais je n'avais entrepris de voyage aussi organisé.

Le village de Marie, dominant les hauteurs de la Tinée, était posté sur son éperon. Marie était le nom de ma mère et il me plaisait de penser que son âme y avait fait une halte.

Au lavoir, une vieille dame. Contemplait-elle les ravages du temps dans le reflet des eaux ?


- Je suis Dédette, j'ai quatre-vingts ans, je suis née là. J'y suis, j'y reste.

Je me gardais de lui préciser que le rapport sur l'hyper-ruralité parlait d'une France mobile, connectée et moderne. « Adieu Dédette ! » disaient les énarques de la gouvernance.

Je descendais vers le Var par un chemin perché sur la rive droite de la Tinée. C'était l'ancienne piste muletière de Nice à Barcelonnette. Les mules n'y trottaient plus. Y demeurait l'ombre fantôme d'un peuple qui avait gagné la vallée en un siècle et laissé les ronces derrière lui..."


Sylvain Tesson - Sur les chemins noirs



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