Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°745 (2020-46)

mardi 1er décembre 2020

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Camille SAINT-SAENS - Concerto pour violoncelle

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Moineaux domestiques
(attitudes)

Courvières (Haut-Doubs)
novembre 2020



Moineau domestique mâle (au premier plan, net)
et femelle (à l'arrière)

Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 6 novembre 2020
<premiers essais avec le nouvel objectif 120-300 mm f/2.8 Sigma...>


Moineau domestique mâle
Portrait

Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 6 novembre 2018


Femelle
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 6 novembre 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 6 novembre 2020
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Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 6 novembre 2020

Dans l'ombre
Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 6 novembre 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 6 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 6 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 11 novembre 2020



Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 13 novembre 2020

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Mâle
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 14 novembre 2020
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Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 novembre 2020
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Couple
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 novembre 2020

Sur le piquet aux Cladonies...
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 novembre 2020
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Femelle
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 21 novembre 2020

Mâle
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 21 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 21 novembre 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
samedi 21 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 21 novembre 2020

<image recadrée>

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Courvières (Haut-Doubs)
samedi 21 novembre 2020

<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 21 novembre 2020

Scène de ménage
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 21 novembre 2020

<image recadrée>

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Courvières (Haut-Doubs)
samedi 21 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 28 novembre 2020

Problème à l'oeil (?)
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 28 novembre 2020

<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 28 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 28 novembre 2020
<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 29 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 29 novembre 2020

<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 29 novembre 2020

N'oubliez pas de lire (ou relire !)
le dernier numéro de LA HULOTTE
le n° 110, qui vient de paraître
(consacré aux Moineaux !)



Pour lire d'autres textes,
de Louis HAMELIN
cliquez sur les images ci-dessous
(ou sur chaque [numéro])

[numéro 595]
(2017 - 46)


Lumières d'octobre - Haut-Doubs

Texte :  Autour d'Eva - Louis HAMELIN

Musique : Romance pour piano et violon - A Dvorak

mardi 21
novembre
2017

[numéro 202]

Pyrénées sauvages ... Hautes-Pyrénées

Musique : Silence - Fred Pellerin

Texte : La Rage - Louis HAMELIN

Mardi 26
janvier
2010


Suggestion de lecture :

"Villebois, nord du 49e parallèle, l'hiver 1951


La cabane est bâtie en rondins non équarris et calfeutrée avec de la sphaigne sèche. Murs gris sombre qui tranchent sur la neige, dans l'air glacé une odeur de fumée de bois, de résineux et de graisse animale rancie. La cheminée, un tuyau de tôle auquel est accroché un plumeau d'une blancheur éthérée et crasseuse.

Un panache de caribou est cloué en haut de la porte. Aux murs, des peaux de castors, côté chair exposé, tendues dans des cadres faits de baguettes de bouleau. C'est un des tout premiers souvenirs de Godefroid.

Le la. La cabane du trappeur.

Ce pays, c'est celui où les chiens quand on les détache deviennent des loups.

Celui des barges qui descendirent la rivière avec les meubles des familles des vieilles paroisses entassés sous des bâches au fil du courant. La rivière Turgeon était large comme huit boulevards, entrecoupée de rapides qui secouaient le chaland comme une vieille guimbarde sur un mauvais chemin de terre. Deux cents kilomètres plus loin, elle rejoint la Harricana, dont les eaux roulent vers le nord. On est dans le bassin versant de la baie d'Hudson, là où la dernière poignée de lots a été octroyée, bien au nord de la voie ferrée. Dans ces forêts noires qui épuisent le ciel et sapent l'horizon.

Ce pays où seuls les canots de maître des trafiquants de fourrures étaient passés avant eux, et les tribus éparses des nations de la taïga errant à la recherche des dernières cabanes de castors. A des jours de marche et de pagaie encore des collines de Muskuchii et des vastes marécages où nagent les oies bleues. Personne n'irait s'établir plus loin.

Le père de Godefoird avait été journalier, chômeur, manoeuvre, il avait rempli un questionnaire du ministère des Terres et Forêts, reçu 800 belles piastres, une tape dans le dos et une terre noire dans les brûlés à perte de vue du nord de l'Abitibi.
A quel moment avait-il craqué ? Quand était-il devenu cet homme silencieux et renfrogné, un vaincu ? C'est sa femme qui avait sauvé le ménage en acceptant le poste d'institutrice, au village : 700 dollars par année, un toit sur la tête, plus vingt cordes de bois de chauffage.

Les chiens jappent, ce jour-là. Dans la neige devant la cabane du trappeur, ils aboient comme fous.

Pendant que la mère de Godefroid enseigne sa classe de têtes de pioche, son père rend visite au trappeur dans sa cabane au bord du lac, il apporte une bouteille de Seagram's, il l'écoute montrer ses secrets. Le X de brindilles placé sous le colle pour forcer le lièvre à sauter droit dedans. Quand tu tires sur des perdrix branchées, commence par celle du bas, pour qu'elle n'effraie pas les autres en tombant.

Ce pays est celui où les loups courent au bout de la terre et les chiens, les chiens deviennent fous.

Le trappeur doit les écarter à coups de pied pour frayer un chemin au père, jusqu'à la porte, le gamin sur les talons.

Qu'est-ce qu'ils ont, tes chiens, aujourd'hui, Bill ?

Et Bill se contente de ricaner. Ses dents de la couleur du tabac. Il regarde le garçon, ensuite le père, et de nouveau le garçon, puis il dit :

Viens. Je vais te montrer quelque chose...

A l'intérieur, des pièges d'acier pendent au bout de leurs chaînes à des clous fichés dans les poutres. Une peau de loutre tannée, lustrée, somptueuse. Une odeur épaisse faite de viande faisandée et d'intestins crevés, de sueur, de laine mouillée, souillée et roussie, de fourrure humide, de fumée de tabac, de thé refroidi, de feu de bois.

D'urine aussi et d'autre chose, de plus doux et insidieux, que les hommes sentent tout de suite : la peur.

Dehors, les chiens continuent de hurler à la mort.

Le trappeur, lentement, se tourne vers le fond de la cabane. Les deux autres, le père et le fils, suivent son regard. En passant la porte, ils ont perçu la présence chaude et obscure, maintenant, ils contemplent l'animal. Sa face de sphinx encadrée de favoris dignes d'un banquier de Dickens, aux oreilles couronnées de touffes de poils hirsutes. Et les yeux, comme deux grands lacs d'ambre qui les avalent.

Le lynx est dans l'ombre, assis sur son arrière-train, un collier de chien serré autour d'une patte et relié à la chaîne d'une laisse solidement fixée à une poutre du campe. A l'affût du moindre mouvement, il fixe les trois humains avec une intensité dévorante.

Bouche bée, le père se tourne vers le trappeur, qui garde ses yeux plongés dans ceux du gros chat.

Veux-tu l'avoir ? Demande Bill au bout d'un moment.

Es-tu fou ?

Le coureur des bois allonge le bras, attrape une bouteille de brandy sur une planche servant d'étagère, dévisse le bouchon et avale une rasade. Il tend la bouteille au père, qui préfère passer son tour. Puis, il regarde le gamin. Il lui sourit, un rictus de tous ses chicots.

Ça goûte le poulah..., dit-il.

L'enfant détourne les yeux et ne répond rien. Il regarde le lynx.

Il veut pas être mon ami, dit Bill en hochant la tête.

Qui ça ? demande le père.

Lui, là, répond Bill. Il montre le lynx.

Puis, nouveau coup de brandy. Les huskies dehors aboient, aboient, ils aboient à mort.

Le trappeur boit sec, une nouvelle gorgée. Puis il refile la bouteille au père de Godefroid, qui, cette fois, l'accepte sans un mot.

Ensuite, Bill farfouille dans un coin, un coffre, trappe, couteaux, le bric-à-brac quotidien. Ils le voient maintenant enfiler des gants, de longs gants de protection qui lui vont au coude, taillés dans une étoffe épaisse, comme renforcée, en prenant bien son temps. On dirait des gants de soudeur.

Lorsqu'il s'approche du lynx, celui-ci s'écrase au sol et recule sans le quitter des yeux vers le coin le plus éloigné qu'il peut atteindre puis, rendu au bout de la chaîne, il se ramasse sur lui-même, les oreilles couchées, les yeux remplis d'une terreur meurtrière. Sans montrer aucune crainte, l'homme vient lentement s'accroupir devant lui. Un sifflement continu, doublé d'un grondement sourd et plaintif de matou s'échappe maintenant de la gueule et des entrailles de l'animal et emplit toute la cabane. Le masque de la bête s'écarquille, déformé par une tension extraordinaire pendant que l'humain et lui s'observent, sans bouger. Puis le premier d'un geste brusque empoigne à deux mains le cou du félin et en serrant le soulève peu à peu de terre. Les grosses pattes rondes labourent toutes griffes dehors les gants qui repoussent le chat, le tiennent à distance, à bout de bras. L'homme sans cesser de serrer et de raffermir sa prise se remet alors debout, on entend un drôle de gargouillis, deux tueurs enlacés, en une danse quasi immobile. Au cours de l'éternité qui suit, le père et l'enfant stupéfaits voient, dans le clair-obscur de la cabane, le loup-cervier passer progressivement de la lutte aux spasmes, ils peuvent suivre l'évolution du trépas sur sa figure énigmatique, la grimace figée, jusqu'à l'ultime trémulation qui secoue l'animal tout entier.

Les jambes molles, complétement vidé, le trappeur tombé à genoux repose le fauve et l'allonge sur le plancher en terre battue devant lui. On l'entend haleter tandis qu'il retire ses gants, saisit tout doucement, ensuite, une des énormes pattes, fait jouer les muscles encore brûlants, sous la fourrure, les articulations comme d'une poupée, puis les mains s'égarent un instant dans les longs poils soyeux, en un geste d'une tendresse inouïe..."

Louis HAMELIN - La constellation du lynx



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