Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°595 (2017-46)

mardi 21 novembre 2017

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Dvorak - Romance pour piano et violon, Op 11

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Lumières d'Octobre

Haut-Doubs
octobre 2017



Prêle
La Rivière-Drugeon
(Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017


Cardère
La Rivière-Drugeon
(Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017


Frêne
La Rivière-Drugeon
(Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017



Pomme
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017

Peuplier
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017

A sec !
L'Entonnoir, Bouverans
(Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017

Cornouiller
L'Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017

Tremble
L'Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017

Rosée
L'Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017

Tremble
L'Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017

Tremble
L'Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017

Nerprun
L'Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017

Fusain
L'Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017

Viorne
L'Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 1er octobre 2017

Erable
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 7 octobre 2017





Hêtre
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 7 octobre 2017

Noisetier
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 7 octobre 2017



Aubépine
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 7 octobre 2017

Framboisier
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 7 octobre 2017

Coucher de lune sur la Brume
La Cluse et Mijoux
(Haut-Doubs)
samedi 7 octobre 2017

Alisier
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 7 octobre 2017

Eterlou sous un Frêne
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 7 octobre 2017

La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 7 octobre 2017

La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 7 octobre 2017

Génisses
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 octobre 2017

Loge n°5
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 octobre 2017

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 15 octobre 2017

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 15 octobre 2017

Tremble
Frasne (Haut-Doubs)
samedi 21 octobre 2017

Ciel
L'Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 21 octobre 2017

Cardères
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 octobre 2017

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 28 octobre 2017

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 28 octobre 2017


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[numéro 545]
(2016 - 45)


Lumières et végétation en Automne - Haut-Doubs - octobre et novembre 2016

Texte :  Le Tailleur de pierre - Camilla Läckberg

Musique : Automn leaves - Alison Balsom

mardi 29
novembre
2016



Suggestion de lecture :

"Eternel est la bête. Propulsée par la souple mécanique, le jeu des muscles sous la peau fauve depuis la nuit des temps, tous les sens à la fine pointe de l'évolution, crocs et griffes affûtés comme autant d'outils de silex taillé, aujourd'hui de retour dans cette forêt.

Le cougar, un jeune mâle de quatre-vingt-quinze kilos faisant deux mètres et demi des moustaches au bout de la queue, descend le flanc moussu d'une étroite vallée recouverte d'un ancien brûlis, là où sa route, soudain, vient croiser l'effluve qui serpente tel un fin tentacule entre les troncs des pins au-dessus de la bruyère et de l'humus jonchés d'aiguilles roussies, et il s'arrêta net.

Foudroyé par l'odeur de la femelle.

Autour de lui, le matin vibre d'une complexe trame de chants d'oiseaux. Un cristal de rosée perle sur toute chose. Et le gros félin flaire passionnément cette effilochure de brise saturée d'intangibles molécules, s'efforce de déterminer la direction suivie par le mince filet olfactif dans l'ombre dorée. En proie à un ravissement douloureux.

On entend, venue du fond du ravin, la note claire du déversoir d'un barrage de castors. Et tout autour, la tourbe d'épais silence qui monte de la terre fraîche et pourrie.

Le cougar, changeant de direction, se remet en marche. Aiguillonné par la senteur, comme si le protoplasme de chaque cellule vivante de son corps répercutait à ce moment l'écho biochimique clignotant d'un mot unique et sans mémoire, aussi familier et impérieux qu'un slogan publicitaire martelé au coeur de la forêt.

Sexe.


1

Après les sept heures de route – elle a vu un ours dans le parc et attrapé une contravention -, avec un arrêt à Mont-Laurier pour commander un hot-dog végétarien dans une binerie où elle s'est fait regarder bizarrement, Eva a immobilisé la Colt au bout du chemin d'accès.

SAUVÉ, disaient les lettres peintes en rouge sur le panonceau de l'entrée. Un carré de pelouse avait remplacé la clairière jamais complètement défrichée de son enfance, avec ses arbres qui repoussaient plus vite que son père n'arrivait à les couper.

Voici le chalet en déclin gris-bleu, avec sa cheminée ronde en tôle coiffée d'un petit chapeau, son toit de bardeaux goudronnés. Sur le terrain, le vieux baril bouffé par la rouille et noirci qui sert de brûleur à déchets. Un rond de feu en grosses pierres grises flanqué de bancs en bois rudimentaires disposés à angle droit. Un mât métallique recourbé avec, pendue au bout, une mangeoire d'oiseaux vide et souillée, en plastique vert.

Pendant que Grand-Duc, à moitié fou d'excitation, flaire intensément les broussailles à la lisière du terrain, Éva se hisse sur la pointe des pieds pour atteindre à tâtons la clé posée sur le dessus d'une poutre de soutien du toit en pignon, faisant le pari qu'elle s'y trouve toujours. Right on. Un homme fiable, son père, pour tout ce qui concerne les petites habitudes, les tics, les manies. C'est quand on arrive aux grandes choses que ça se gâte.

Avant de transporter ses affaires à l'intérieur – son déménagement tient tout entier dans le coffre de l'auto -, Eva descend au lac. Par l'escalier de son enfance aux marches en bois cernées d'herbes folles et de racines affleurantes.

A gauche, l'étroite plage de galets ronds, inépuisable réserve de munitions pour faire des richochets. A droite, les buissons du thé du Labrador et les bouleaux efflanqués qui avancent jusqu'au rivage. Les cèdres aux racines refermées comme des serres sur les rocher du bord. Entre les deux, le paysage s'ouvre, plein la vue. Le doux mouvement de clapotante oscillation du quai flottant sous ses pieds. Et, découpé en ombre chinoise sur la bleu foncé, le même huart que depuis toujours, avec dans la gorge le même ioulement en forme de cliché sauvage.

Le silence est presque de trop.

Grand-Duc, un braque allemand élevé à Montréal, a déjà débusqué un lièvre à l'orée du bois. En prêtant l'oreille aux craquements de branches, Eva peut suivre, un moment, la course haletante dans le sous-bois. Il va aimer cet endroit.

Bercée par la faible houle et le reflux de ses souvenirs au bout du quai, Eva aperçoit, se détachant au loin sur le fond sombre de la forêt, une tache blanche qui lui semble être une nouveauté dans le décor. La première idée qui lui vient est qu'elle regarde un bateau, un gros. Dans le genre yacht de millionnaire. Mais il pourrait aussi s'agir d'un rocher effacé de sa mémoire, flou comme un mirage là-bas, et transformé en baleine blanche par les reflets du soleil. Dix ans qu'elle n'a pas mis les pieds à cet endroit. Un tiers de sa vie passé à tourner le dos à l'Abitibi.

Elle est sur le point d'aller chercher la paire de Bushnell qui, il rien n'a changé, doit traîner quelque part sur l'appui d'une des fenêtres de la salle à manger du chalet, lorsqu'un rugissement amorti par la distance détourne son attention. Balayant l'eau des yeux, elle repère l'hydravion qui file à la surface du lac le long de la rive opposée, les ailes déjà inclinées vers l'arrière, le nez levé. Au moment où les flotteurs de l'appareil s'arrachent à l'écume blanche du sillage, un dément concert de ricanements ululés et cascadants éclate sur le lac. Saisie, Eva aperçoit la tête périscopique d'un second huart qui s'est joint au premier pour donner la réplique à l'hydravion rugissant. Lequel, grimpant rapidement, survole l'épaisse forêt qui s'étend en face, jusqu'à l'horizon.

Le vombrissement du monomoteur n'est bientôt plus qu'un ronron dans le lointain, mais les huarts continuent de s'époumoner.

Eva fait maintenant ce dont elle rêve depuis 600 kilomètres. En quelques gestes décidés, elle se déshabille, reste un instant figée sur la pointe des orteils au bout du quai, puis exécute un gracieux plongeon dans la glace liquéfiée qui, en ce début de mai, remplit le lac Kaganoma.

Quand elle remonte crever la surface, elle hurle avec les huarts..."


Louis HAMELIN - Autour d'Eva



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