Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°734 (2020-35)

mardi 1er septembre 2020

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Massenet - Méditation de Thaïs

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Rougequeue noir

Courvières (Haut-Doubs),

dans mon jardin

juillet et août 2020



Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 11 juillet 2020



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Rougequeue noir mâle,
à sa toilette

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 11 juillet 2020


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Courvières (Haut-Doubs)
lundi 13 juillet 2020

Courvières (Haut-Doubs)
lundi 13 juillet 2020

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2020

Toilette
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2020

Au bord de l'abreuvoir...
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2020

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2020

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Tout près... (mais au 100 mm macro !)
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 18 juillet 2020

Femelle
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 18 juillet 2020

Jeune
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 18 juillet 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 18 juillet 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 25 juillet 2020

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Bain
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 25 juillet 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
samedi 25 juillet 2020



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Toilette sous l'aile
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 25 juillet 2020

Essorage !
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 25 juillet 2020

Mâle
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 25 juillet 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
samedi 25 juillet 2020

Pas de bain !
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 25 juillet 2020

Sur le toit... dans l'ombre,
images prises à partir de ma "Chambre de Thé"
Courvières (Haut-Doubs)

jeudi 30 juillet 2020

Courvières (Haut-Doubs)
lundi 3 août 2020
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Courvières (Haut-Doubs)
mardi 4 août 2020

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 4 août 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 8 août 2020

<image recadrée>

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<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 8 août 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 8 août 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 8 août 2020

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 9 août 2020
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La Guêpe !
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 9 août 2020

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 9 août 2020

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 11 août 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
mardi 11 août 2020

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Essorage II
Courvières (Haut-Doubs)

mardi 11 août 2020

Femelle, sur le toit
Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 14 août 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 22 août 2020
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Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 23 août 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 23 août 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 23 août 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 23 août 2020

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Dans un rayon de soleil !
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 23 août 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 23 août 2020

Le [TN] fait une pause
(pour 2 semaines !)

A bientôt !

Merci de votre patience




Suggestion de lecture :

"Paris, le 17 février 1903.

Cher Monsieur,

Votre lettre vient à peine de me parvenir. Je tiens à vous en remercier pour sa précieuse et large confiance. Je ne peux guère plus. Je n’entrerai pas dans la manière de vos vers, toute préoccupation critique m’étant étrangère. D’ailleurs, pour saisir une œuvre d’art, rien n’est pire que les mots de la critique. Ils n’aboutissent qu’à des malentendus plus ou moins heureux. Les choses ne sont pas toutes à prendre ou à dire, comme on voudrait nous le faire croire. Presque tout ce qui arrive est inexprimable et s’accomplit dans une région que jamais parole n’a foulée. Et plus inexprimables que tout sont les œuvres d’art, ces êtres secrets dont la vie ne finit pas et que côtoie la nôtre qui passe.

Ceci dit, je ne puis qu’ajouter que vos vers ne témoignent pas d’une manière à vous. Ils n’en contiennent pas moins des germes de personnalité, mais timides et encore recouverts. Je l’ai senti surtout dans votre dernier poème : Mon âme. Là quelque chose de propre veut trouver issue et forme. Et tout au long du beau poème À Léopardi monte une sorte de parenté avec ce prince, ce solitaire. Néanmoins, vos poèmes n’ont pas d’existence propre, d’indépendance, pas même le dernier, pas même celui à Léopardi. Votre bonne lettre qui les accompagnait n’a pas manqué de m’expliquer mainte insuffisance, que j’avais sentie en vous lisant, sans toutefois qu’il me fût possible de lui donner un nom.

Vous demandez si vos vers sont bons. Vous me le demandez à moi. Vous l’avez déjà demandé à d’autres. Vous les envoyez aux revues. Vous les comparez à d’autres poèmes et vous vous alarmez quand certaines rédactions écartent vos essais poétiques. Désormais (puisque vous m’avez permis de vous conseiller), je vous prie de renoncer à tout cela. Votre regard est tourné vers le dehors ; c’est cela surtout que maintenant vous ne devez plus faire. Personne ne peut vous apporter conseil ou aide, personne. Il n’est qu’un seul chemin. Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s’il pousse ses racines au plus profond de votre cœur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s’il vous était défendu d’écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l’heure la plus silencieuse de votre nuit : « Suis-je vraiment contraint d’écrire ? » Creusez en vous-même vers la plus profonde réponse. Si cette réponse est affirmative, si vous pouvez faire front à une aussi grave question par un fort et simple : « Je dois », alors construisez votre vie selon cette nécessité. Votre vie, jusque dans son heure la plus indifférente, la plus vide, doit devenir signe et témoin d’une telle poussée. Alors, approchez de la nature. Essayez de dire, comme si vous étiez le premier homme, ce que vous voyez, ce que vous vivez, aimez, perdez. N’écrivez pas de poèmes d’amour. Évitez d’abord ces thèmes trop courants : ce sont les plus difficiles. Là où des traditions sûres, parfois brillantes, se présentent en nombre, le poète ne peut livrer son propre moi qu’en pleine maturité de sa force. Fuyez les grand sujets pour ceux que votre quotidien vous offre. Dites vos tristesses et vos désirs, les pensées qui vous viennent, votre foi en une beauté. Dites tout cela avec une sincérité intime, tranquille et humble. Utilisez pour vous exprimer les choses qui vous entourent, les images de vos songes, les objets de vos souvenirs. Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l’accusez pas. Accusez-vous vous-même de ne pas être assez poète pour appeler à vous ses richesses. Pour le créateur rien n’est pauvre, il n’est pas de lieux pauvres, indifférents. Même si vous étiez dans une prison, dont les murs étoufferaient tous les bruits du monde, ne vous resterait-il pas toujours votre enfance, cette précieuse, cette royale richesse, ce trésor des souvenirs ? Tournez là votre esprit. Tentez de remettre à flot de ce vaste passé les impressions coulées. Votre personnalité se fortifiera, votre solitude se peuplera et vous deviendra comme une demeure aux heures incertaines du jour, fermée aux bruits du dehors. Et si de ce retour en vous-même, de cette plongée dans votre propre monde, des vers vous viennent, alors vous ne songerez pas à demander si ces vers sont bons. Vous n’essaierez pas d’intéresser des revues à ces travaux, car vous en jouirez comme d’une possession naturelle, qui vous sera chère, comme l’un de vos modes de vie et d’expression. Une œuvre d’art est bonne quand elle est née d’une nécessité. C’est la nature de son origine qui la juge. Aussi, cher Monsieur, n’ai-je pu vous donner d’autre conseil que celui-ci : entrez en vous-même, sondez les profondeurs où votre vie prend sa source. C’est là que vous trouverez la réponse à la question : devez-vous créer ? De cette réponse recueillez le son sans en forcer le sens. Il en sortira peut-être que l’Art vous appelle. Alors prenez ce destin, portez-le, avec son poids et sa grandeur, sans jamais exiger une récompense qui pourrait venir du dehors. Car le créateur doit être tout un univers pour lui-même, tout trouver en lui-même et dans cette part de la Nature à laquelle il s’est joint.

Il se pourrait qu’après cette descente en vousmême, dans le « solitaire » de vous-même, vous dussiez renoncer à devenir poète. (Il suffit, selon moi, de sentir que l’on pourrait vivre sans écrire pour qu’il soit interdit d’écrire.) Alors même, cette plongée que je vous demande n’aura pas été vaine. Votre vie lui devra en tout cas des chemins à elle. Que ces chemins vous soient bons, heureux et larges, je vous le souhaite plus que je ne saurais le dire.

Que pourrais-je ajouter ? L’accent me semble mis sur tout ce qui importe. Au fond, je n’ai tenu qu’à vous conseiller de croître selon votre loi, gravement, sereinement. Vous ne pourriez plus violemment troubler votre évolution qu’en dirigeant votre regard au dehors, qu’en attendant du dehors des réponses que seul votre sentiment le plus intime, à l’heure la plus silencieuse, saura peut-être vous donner.

J’ai eu plaisir à trouver dans votre lettre le nom du professeur Horacek. J’ai voué à cet aimable savant un grand respect et une reconnaissance qui durent déjà depuis des années. Voulez-vous le lui dire ? Il est bien bon de penser encore à moi et je lui en sais gré.

Je vous rends les vers que vous m’aviez aimablement confiés, et vous dis encore merci pour la cordialité et l’ampleur de votre confiance. J’ai cherché dans cette réponse sincère, écrite du mieux que j’ai su, à en être un peu plus digne que ne l’est réellement cet homme que vous ne connaissez pas.

Dévouement et sympathie.

Rainer Maria Rilke

[...]

Le temps, ici, n’est pas une mesure. Un an ne compte pas : dix ans ne sont rien. Être artiste, c’est ne pas compter, c’est croître comme l’arbre qui ne presse pas sa sève, qui résiste, confiant, aux grands vents du printemps, sans craindre que l’été puisse ne pas venir. L’été vient. Mais il ne vient que pour ceux qui savent attendre, aussi tranquilles et ouverts que s’ils avaient l’éternité devant eux. Je l’apprends tous les jours au prix de souffrances que je bénis : patience est tout.

[...]

Mais tout ce qui ne sera qu’un jour lointain possible au nombre, l’homme de solitude peut dès maintenant en jeter la base, le bâtir de ses mains qui se trompent moins. Aussi, cher Monsieur, aimez votre solitude, supportez-en la peine : et que la plainte qui vous en vient soit belle. Vous dites que vos proches vous sont lointains ; c’est qu’il se fait un espace autour de vous. Si tout ce qui est proche vous semble loin, c’est que cet espace touche les étoiles, qu’il est déjà très étendu. Réjouissez-vous de votre marche en avant ; personne ne peut vous y suivre. Soyez bon envers ceux qui restent en arrière, sûr de vous et tranquille en face d’eux. Ne les tourmentez pas avec vos doutes. Ne les effrayez pas par votre foi, par votre enthousiasme : ils ne pourraient comprendre. Cherchez à communier avec eux dans le simple et dans le fidèle : cette communion ne doit pas nécessairement subir les mêmes transformations que vous. Aimez en eux la vie sous une forme étrangère. Ayez de l’indulgence pour ceux à qui l’âge fait redouter cette solitude à laquelle vous vous abandonnez. Évitez de nourrir le drame toujours pendant entre parents et enfants ; il use tant la force des enfants, et il épuise cet amour des vieux qui n’a pas besoin de comprendre pour agir et pour réchauffer. Ne leur demandez pas conseil. Renoncez à être compris d’eux. Croyez seulement en un amour, qui vous est gardé comme un bien d’héritage. Soyez certain qu’il y a dans cet amour une force, une bénédiction qui peuvent vous accompagner, aussi loin que vous alliez.

[...]

Mais peut-être ces heures sont-elles précisément celles où la solitude grandit et sa croissance est douloureuse comme la croissance des enfants, et triste comme l’avant-printemps. N’en soyez pas troublé. Une seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer durant des heures personne, c’est à cela qu’il faut parvenir. Être seul comme l’enfant et seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l’enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s’en affairent et que l’enfant ne comprend rien à ce qu’elles font.

[...]

Il est bon aussi d’aimer ; car l’amour est difficile. L’amour d’un être humain pour un autre, c’est peut-être l’épreuve la plus difficile pour chacun de nous, c’est le plus haut témoignage de nous-même ; l’œuvre suprême dont toutes les autres ne sont que les préparations. C’est pour cela que les êtres jeunes, neufs en toutes choses, ne savent pas encore aimer ; ils doivent apprendre. De toutes les forces de leur être, concentrées dans leur cœur qui bat anxieux et solitaire, ils apprennent à aimer. Tout apprentissage est un temps de clôture. Ainsi pour celui qui aime, l’amour n’est longtemps, et jusqu’au large de la vie, que solitude, solitude toujours plus intense et plus profonde. L’amour ce n’est pas dès l’abord se donner, s’unir à un autre. (Que serait l’union de deux êtres encore imprécis, inachevés, dépendants ?) L’amour, c’est l’occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde pour l’amour de l’être aimé. C’est une haute exigence, une ambition sans limite, qui fait de celui qui aime un élu qu’appelle le large. Dans l’amour, quand il se présente, ce n’est que l’obligation de travailler à eux-mêmes que les êtres jeunes devraient voir (zu horchen und zu hämmern Tag und Nacht). Se perdre dans un autre, se donner à un autre, toutes les façons de s’unir ne sont pas encore pour eux. Il leur faut d’abord thésauriser longtemps, accumuler beaucoup. Le don de soi-même est un achèvement : l’homme en est peut- être encore incapable..."

Rainer Maria RILKE - Lettre à un jeune poète,
livre trouvé dans la bibliothèque héritée de mes Grands-Parents...


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