Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°733 (2020-34)

mardi 25 août 2020

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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JS Bach - Concerto BWV 974 (Adagio)

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Passereaux

Courvières (Haut-Doubs),
dans le jardin
juin, juillet et août 2020



Linotte mélodieuse mâle
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 26 juin 2020

Linotte mélodieuse femelle
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 26 juin 2020

Couple
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 26 juin 2020
<image recadrée>


Linotte mélodieuse
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 26 juin 2020

Linotte mélodieuse femelle
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 26 juin 2020

Jeune Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs)
lundi 6 juillet 2020

Courvières (Haut-Doubs)
lundi 6 juillet 2020

Bergeronnette grise
Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 8 juillet 2020

Bergeronnette grise adulte,
avec 2 Perce-Oreille dans le bec
Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 8 juillet 2020
<image recadrée>

Verdier d'Europe adulte
Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 8 juillet 2020

Moineau domestique femelle
Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 8 juillet 2020

Linotte mélodieuse mâle
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 11 juillet 2020

Moineau domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 11 juillet 2020

<image recadrée>

Moineau domestique femelle
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 11 juillet 2020


Moineau domestique femelle :
un Perce-Oreille dans le bec...
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 11 juillet 2020
<image recadrée>



Moineau domestique
mâle
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2020



Verdier d'Europe
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2020

<image recadrée>

A la buvette
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2020

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2020

<image recadrée>



Jeune Verdier d'Europe
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2020

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2020
<image recadrée>

<image recadrée>

<image recadrée>

Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs)

mardi 14 juillet 2020

<image recadrée>

<image recadrée>

<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2020

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2020

Jeune Bergeronnette grise
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 19 juillet 2020

<image recadrée>

Jeune Bergeronnette grise,
s'étirant

Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 19 juillet 2020

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 19 juillet 2020

Moineau domestique mâle et un jeune
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 8 août 2020

<image recadrée>

Nourrissage
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 8 août 2020

Guèpes s'abreuvant
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 8 août 2020

Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 9 août 2020

<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 9 août 2020

<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 9 août 2020
<image recadrée>

Moineau domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs)

mardi 11 août 2020

<image recadrée>

<image recadrée>

Portrait
<image recadrée>

Moineau domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs)

mardi 11 août 2020





Suggestion de lecture :

"Troisième partie : Govinda.

AU BORD DU FLEUVE

Siddhartha marchait à travers la forêt. Il s'éloignait de la ville, n'ayant qu'une idée : ne plus revenir en arrière. Cette existence, qu'il avait menée pendant plusieurs années et dont il était saturé jusqu'au dégoût, était finie, bien finie. Le petit oiseau chanteur, dont il avait rêvé, était mort. Mort aussi celui qui avait chanté dans son coeur. Il se sentait complétement pris dans les mailles du Sansara. L'écoeurement et la mort étaient entrés en lui par tous ses pores, comme l'eau dans une éponge jusqu'à ce qu'elle en soit tout imprégnée. L'écoeurement, le désespoir et la mort habitaient dans son coeur ; plus rien au monde ne pouvait lui plaire, le réjouir, le consoler. Ce qu'il souhaitait le plus ardemment, c'était de ne plus rien savoir de soi-même, de trouver le repos, l'anéantissement. Si seulement un éclair pouvait le foudroyer, un tigre surgir et le dévorer ! N'y avait-il pas un vin, un poison qui lui donnât l'ivresse, l'oubli et le sommeil sans réveil ? Y avait-il encore quelque part une ordure dont il ne se fût pas encore souillé, une folie qu'il n'eût pas faite, un péché qu'il n'eût pas encore commis, un vide de l'âme qu'il n'eût point encore éprouvé ? Allait-il encore vivre ? Sa poitrine pouvait-elle donc encore se soulever pour aspirer l'air et le rejeter, pouvait-il encore sentir la faim, manger de nouveau, dormir, avoir une femme à ses côtés ? Sa course dans ce cercle devait-elle donc durer toujours ? Allait-il donc encore falloir la recommencer ?

Siddhartha arriva au grand fleuve, dans la forêt, à ce même fleuve qu'un passeur lui avait autrefois aidé à franchir, quand, jeune homme, il avait quitté la ville habitée par Gotama. Il y arrêta ses pas et resta debout sur la rive, hésitant. La fatigue et la faim l'avaient affaibli et, du reste, à quoi bon continuer de marcher ? vers quel but se serait-il dirigé ? Vraiment, de but il n'en avait plus ; il n'avait qu'un désir ardent et douloureux : échapper au cauchemar qui l'obsédait, vomir le vin fade qu'il avait absorbé, en finir une bonne fois avec cette existence de tortures et d'ignominies.

Sur le bord du fleuve, un arbre, un cocotier, avait poussé, le tronc incliné vers lui ; Siddhartha s'y appuya d'une épaule, l'enlaçant d'un de ses bras, et se mit à regarder l'eau verte qui coulait sous lui sans arrêt, et plus il regardait, plus il sentait grandir en lui le désir de s'y laisser choir et de s'y ensevelir. A ses regards s'offrait un vide effrayant qui ne répondait que trop au vide affreux de son âme. Oui, c'était pour lui la fin. Il n'avait plus qu'à étreindre sa misérable vie, qu'à mettre en pièces cette pauvre ébauche et en jeter les débris aux pieds des dieux moqueurs. C'était là le grand vomissement qu'il avait désiré : la mort, la destruction de ce moule qu'il avait fini par haïr ! Que les poissons se repaissent donc de la dépouille de Siddhartha, de ce fou à l'âme efféminée et pervertie, qu'ils dévorent son corps gâté et pourri ! Que les crocodiles en fassent leur pâture et tous les démons se le partagent !

Le visage décomposé, il fixait obstinément l'eau qui lui renvoyait sa triste image. Il cracha de dégoût dans cette direction. La profonde fatigue qu'il ressentait lui fit détacher son bras du tronc. Il se pencha un peu pour se laisser tomber dans le gouffre et disparaître. Les yeux clos, il se laissait glisser vers la mort qui l'attirait.

C'est à ce moment que, dans les profondeurs les plus mystérieuses de son âme, dans le plus lointain de sa misérable existence, il entendit un son : ce n'était qu'un mot, un syllabe, et sa voix l'avait proférée instinctivement comme un souffle : c'était le mot par lequel commencent et finissent toutes les invocations à Brahma, le mot sacré Om qui veut dire perfection ou accomplissement. Et dès l'instant que ce mot frappa l'oreille de Siddhartha, sa raison, obscurcie s'éclaira tout à coup et lui montra la folie de l'acte qu'il allait commettre.

Il demeura un instant frappé de stupeur. En était-il donc arrivé à un tel degré d'égarement qu'il eût pu chercher la mort et laisser ce désir, bon pour un enfant, prendre corps dans son esprit : trouver le repos en se débarrassant de son corps ! Ce que toutes les tortures de ces derniers temps, tous les désenchantements, tous les désespoirs n'avaient pu faire, cette seconde lui avait suffi pour le réaliser, puisque, par ce seul mot Om, il avait repris conscience de lui-même, il s'était ressaisi dans sa misère et dans son erreur.

Om ! Prononçait-il, Om ! Et il se ressouvint de la vie indestructible et des choses de la divinité, qu'il avait oubliées.

Mais cela n'avait duré que l'espace d'un éclair. Vaincu par la fatigue, Siddhartha s'affaissa au pied du cocotier. Il appuya sa tête contre une racine de l'arbre et s'endormit profondément.

Son sommeil fut calme, sans rêve et tel qu'il n'en avait pas goûté depuis très longtemps. Quand il se réveilla, au bout de quelques heures, il lui sembla que dix années s'étaient écoulées ; il entendait le bruit léger de l'eau courante ; ne sachant plus où il se trouvait ni qui l'avait conduit ici, il ouvrit les yeux et s'étonna de voir des arbres et le ciel au-dessus de lui : il se souvint alors de l'endroit où il était et de la façon dont il y était venu. Mais il lui fallut assez longtemps pour mettre un peu d'ordre dans ses idées. Loin, infiniment loin de lui et comme à travers un horizon brumeux, il lui sembla voir ce qui avait été son passé, et cela le laissait maintenant tout à fait indifférent. Sa première impression, arprès être revenu à lui-même, fut que sa vie d'autrefois avait été une vie antérieure, à une époque très lointaine, une incarnation qui avait précédé la naissance de son moi actuel ; maintenant il ne savait qu'une chose : c'est qu'il avait abandonné cette vie antérieure, et que, le coeur soulevé de dégoût et brisé de douleur, il avait même voulu la jeter loin de lui comme une immondice, mais que, ayant repris ses sens au bord d'une rivière, il s'était endormi sous un cocotier, la parole sacrée Om sur les lèvres, et qu'à présent, éveillé, il se sentait un autre homme, aux yeux duquel le monde prenait un aspect tout nouveau. Doucement il prononça la parole sainte, au son de laquelle il avait cédé au sommeil, et il lui sembla que tout ce long sommeil n'avait été qu'une seule pensée, un pénétration, une fusion de tout son être dans l'Innommable, dans le Parfait. Et ce sommeil n'avait-il pas eu quelque chose de merveilleux ? Jamais, après avoir dormi, il ne s'était senti si reposé, si frais, si rajeuni ! Peut-être était-il vraiment mort, avait-il disparu de la terre pour y renaître sous une forme nouvelle ? Mais non, il se connaissait bien, il connaissait sa main, ses pieds, l'endroit même où il s'était couché, il connaissait bien aussi ce moi que celait sa poitrine, ce Siddhartha capricieux et bizarre ; mais c'était un Siddhartha transformé, renouvelé, singulièrement dispos et éveillé, rempli de gaieté et d'ardeur.

Siddhartha se redressa et vit alors, assis en face de lui, un homme, un étranger vêtu de la tunique jaune des moines, la tête rasée et dans l'attitude d'une profonde méditation. Il considéra cet homme qui n'avait ni chevelure ni barbe, et il ne lui fallut pas longtemps pour reconnaître dans ce moine son ami de jeunesse, Govinda, qui avait cherché un refuge dans le Sublime Bouddha. Lui aussi, Govinda, il avait vieilli, mais sur son visage c'étaient toujours les mêmes traits où se lisaient le zèle, la bonté, l'effort dans la méditation, l'hésitation. Quand Govinda, sentant son regard peser sur lui, leva les yeux et le fixa, Siddhartha s'aperçut qu'il ne le reconnaissait pas. Govinda paraissait heureux de le voir enfin éveillé, car il était là depuis longtemps sans doute, attendant son réveil, bien qu'il fût pour lui un étranger..."

Hermann HESSE - Siddhartha



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