Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°876 (2023-25)

mardi 11 juillet 2023

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


 
Camille SAINT-SAENS - Samson et Dalila
Bacchanale

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au centre de l'image...



ou cliquez [ici]



Printemps I

Courvières (Haut-Doubs),
loge n° 5
fin avril et début mai 2023



Merle noir mâle (dans l'ombre)
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 avril 2023


Couple paradant...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5

dimanche 30 avril 2023



Accouplement
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 avril 2023

<image recadrée>



Bergeronnette grise
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 avril 2023



Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 avril 2023

Chardonneret élégant
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 avril 2023

Pissenlit
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 avril 2023

Barbarée vulgaire
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 avril 2023




Primevère sp.
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 avril 2023



Anémone sylvie
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 avril 2023


Cardamine des prés
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 avril 2023



Merle noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 6 mai 2023



Bergeronnette grise
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 6 mai 2023



Chardonnerets... attirés par le sel !
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 6 mai 2023

Lièvre
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 6 mai 2023



Lièvre... tout près !
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 6 mai 2023



Couple de Linotte mélodieuse
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 6 mai 2023



Pissenlit
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 6 mai 2023



Mouche sp.
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 6 mai 2023



Alchémille
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 6 mai 2023

Cardamine
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 6 mai 2023

Bergeronnette grise
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 7 mai 2023



Chardonneret élégant
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 7 mai 2023



Chat sauvage
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 7 mai 2023



Bergeronnette grise nettoyant son bec
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 7 mai 2023

Pinson des arbres femelle...
ramassant des poils pour tapisser son nid.

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 7 mai 2023

[à suivre...]




Suggestion de lecture :

"Entre pêcheurs

Aux États-Unis, la pêche à l’achigan est devenue une véritable industrie dont les usines sont les nombreux tournois où les prises se calculent en nombre total de livres plutôt qu’en poissons individuels. Seule importe la production.

Le vainqueur d’un de ces tournois, organisé aux Mille-Îles, sur le Saint-Laurent, a ainsi capturé 102 livres et 9 onces d’achigan pendant les quatre jours de la compétition. Des 90 pêcheurs inscrits, 55 ont ramené plus de 20 livres de poisson par jour. Si vous choisissez plutôt d’aller sur le lac Érié, le président de la « New York Bass Nation » est en mesure de vous garantir que vous attraperez entre 30 et 50 achigans par jour, dont 15 % pèseront plus de quatre livres !

Comme on le voit, cette professionnalisation de la pêche à la ligne produit une débauche de statistiques et un discours technique qui, avec ses orgies de chiffres et ses analyses pointues, fait penser au football de la NFL.

Je connaissais déjà le délire consumériste du « big business » des leurres expressément conçus pour leurrer notre bagarreur d’eau douce. Le pêcheur est une créature bien plus curieuse que les poissons qu’il poursuit, et je ne peux plus pitonner sur mon téléphone sans me retrouver face à un palmarès des dix meilleures imitations de grenouille, à une étude sur les mérites comparés des « jerkbaits » et des « crankbaits » ou à un exposé sur l’art de draguer le fond du lac avec une fausse écrevisse en plastique. Me voici la proie d’une légion d’influenceurs qui veulent me faire acheter du fil tressé, des bas de ligne en fluorocarbone et une canne de sept pieds de long, à la place des 78 pouces de ma perche actuelle, et pourquoi ? Parce que les pros.

Vous rappelez-vous la perche en bambou avec du fil noir enroulé au bout, et le simple hameçon lesté d’un plomb et habillé d’un lombric qu’on présentait aux truitelles de ruisseau ? Bien loin des bonheurs envolés de l’enfance, l’anxiété de performance guette notre pêcheur d’achigan.

Mais j’en étais loin le 15 juin, tandis que je glissais sur la Magog à bord de mon kayak de pêche. C’était l’ouverture de la saison de l’achigan et j’avais pris congé, sachant que les petites bouches se trouveraient encore aux abords des sites de frai et que les mâles, après s’être abstenus de chasser pour veiller sur les oeufs et les alevins, seraient affamés.

J’allais donc prospecter quelques frayères situées sur des fonds rocailleux dont, dépourvu de l’indispensable sonar pas cher en vente partout, je ne pouvais que subodorer l’existence. Et j’avais bien l’intention de balancer, au passage, mon leurre directement sous le quai de l’établissement de spas qui s’est approprié un bout de rive dans ce secteur, empiétant ostensiblement sur un bien public que la présence de ce débarcadère transforme de facto en repaire d’achigans. Au pire, mon poisson-nageur hérissé de triples hameçons irait se planter dans le beau peignoir blanc en ratine d’un usager évaché dans sa chaise longue.

Pour l’instant, longeant la rive boisée, je ne rencontrais que le martin-pêcheur au vol onduleux, adonné à sa propre poursuite. Alors que je traversais une zone herbeuse pour me rapprocher d’un vestige de quai entouré de quelques roches émergentes, ayant changé le monofilament de mon moulinet le matin même, j’ai effectué un premier lancer vers le large pour vérifier la portée de ma bobine. J’avais attaché un Big O au bout et il avait à peine touché l’eau qu’il s’est retrouvé profond dans le gosier d’un brochet d’environ cinq livres. Ce dernier, comme s’il avait compris l’objet de ma quête et voulait me faire plaisir, s’est mis à bondir hors de l’eau à la manière d’un achigan. N’empêche que j’avais, au bout de ma ligne, une grande gueule plutôt qu’une petite bouche et que ramener un poisson de cette taille sur une embarcation qui tient du mouchoir de poche n’est pas une mince affaire.

Même en utilisant des pinces, je n’allais pas pouvoir sauver ce petit monstre, ce système digestif entouré d’écailles qu’est un brochet du Nord. Celui-ci, non content d’avoir complètement englouti mon leurre, a soudain refermé ses mâchoires sur mes doigts imprudemment aventurés au milieu de sa dentition de requin. Sur le vestige de quai où j’avais accosté le kayak, le sang qui pissait de ma main déchirée se mêlait maintenait à celui qui giclait du crâne du poisson que j’étais en train d’occire à coups de pagaie. Perché sur une branche un peu plus loin, un balbuzard pêcheur contemplait cette scène de meurtre d’un oeil connaisseur.

J’écris ce texte en France, pays des quenelles de brochet à la lyonnaise. Hier, à la terrasse d’un café, sur la magnifique place qu’obombre une église médiévale, un ami de Poitiers m’a raconté sa dernière pêche au saumon. Il vivait à Terre-Neuve à l’époque. Et là, dans la Salmonier River, sur la péninsule d’Avalon, il a ferré un saumon atlantique d’environ cinq kilos. Il a bataillé, l’a ramené au bord, passé dans l’épuisette. Puis il l’a bien regardé. C’était un superbe poisson. Un moment parfait. Alors qu’il allait gracier sa proie, ce pêcheur fut lui-même touché par la grâce. Comment immortaliser l’intensité d’un tel instant ? Il me jure qu’il a arrêté de pêcher ce jour-là.

Son histoire de pêche me change des rodomontades des pros de l’achigan qui comptabilisent la chair avec une régularité de machine.

Le lendemain, j’en ai piqué deux, qui, moins voraces que le brochet, se sont dépris de l’hameçon en sautant hors de l’eau. Ça mordait, j’étais content. L’essence de la pêche est là, dans l’espoir.

La veille, j’étais revenu à la maison avec mon brochet et ma main entourée d’un bandage de fortune, lorsqu’un cri inhabituel m’a de nouveau attiré à l’extérieur. Mon balbuzard était là, à tracer des cercles, haut dans le ciel. Sa manière de me dire : à demain.

Au pays des lacs

Au Canada anglais, on l’appelle encore « Victoria Day », pour souligner l’anniversaire de la souveraine qui imposa le corset moral et suprémaciste de l’Angleterre à la moitié de la planète, et dont l’impériale progéniture continue de régner symboliquement — et quel puissant symbole ! — sur le dominion voisin, le Québec étant le seul, avec sa Journée des patriotes, à proclamer que le roi est nu.

Traditionnellement, cette longue fin de semaine marquait le début de l’été réel, avec l’ouverture de la pêche au doré et au brochet sur les lacs du Nord et le retour des mouches noires — parfois mêlées de quelques flocons de neige.

Si j’en parle au passé, c’est qu’il m’arrive de me demander s’il existe encore, au Québec, des « chalets d’été », pas chauffables, inhabitables en hiver, des chalets comme celui du mononcle Ti-Oie de mon enfance, où un chauffe-eau était un luxe inconnu. Une de ces constructions un peu croches qu’on allait rituellement fermer à l’Action de grâces — arrêter la pompe, vider les tuyaux, enchaîner solidement le quai à la terre ferme pour l’empêcher de partir avec les glaces, puis la dernière touche : étançonner la cabane à l’aide de quelques madriers pour prévenir l’effondrement du toit sous le poids de la neige.

Je nous revois arc-boutés sous ces grosses pièces de bois comme des mineurs de Zola au fond de leur galerie. Le mononcle poussait le scrupule jusqu’à suspendre tous les matelas au plafond grâce à un système de poulies compliqué, et cela, afin d’empêcher les souris d’y élire domicile. Des heures de plaisir.

Quand je regarde au bord des lacs aujourd’hui, je vois surtout des bâtisses aux allures de maisons de banlieue.

Ces chalets en bois rond d’avant notre ère de villégiature tout confort et d’étalement urbain, il fallait, au printemps, les rouvrir, une entreprise qui attendait le premier jour férié de l’année et qui marquait le passage des saisons aussi sûrement que la floraison des trilles et le retour de la grive solitaire.

Oui, en ce week-end des patriotes, je me souviens : la glace a calé depuis quelques semaines, les enragés du hors-bord hibernent encore et le lac est bleu comme de l’encre et bien tranquille. Il est vivant, mystérieux. Le huard fend l’eau en maître des lieux, et peut-être que l’achigan frayeur est déjà de garde sous les planches vermoulues du quai. Les nuits sont si calmes que le soir venu, le balbuzard pêcheur regagne son perchoir dans la fourche du tremble mort qui domine le chalet.

Comme tous ses semblables disséminés entre le quarante-cinquième parallèle et le nord de l’Abitibi, ce lac appelle la ligne et l’hameçon, il appelle la pagaie, et quand on bûche une corde de bois de chauffage, ou qu’on revient de courir quelques kilomètres ou d’en pédaler quelques dizaines, la moindre percée de soleil devient une invitation à piquer une tête au bout du quai.

Trop froid, direz-vous, ramollis que vous êtes par vos piscines chauffées comme des baignoires. Jamais avant la Saint-Jean-Baptiste, disaient les Ti-Oie de ce monde. Mais même après la Saint-Jean, on avait plus de chances de tomber sur un ours en cueillant des framboises dans la montagne que de le voir en maillot de bain.

Depuis un bout de temps déjà, je voulais écrire sur la natation, ce sport du retour aux sources pour les protozoaires que nous fûmes, frétillant dans la soupe originelle. Il faut croire que les piscines publiques où me traîne parfois ma famille ne m’inspirent pas trop. Cette atmosphère verdâtre et piailleuse de volière aquatique. Comme dirait quelqu’un que je connais : ça change de bocal. Mais justement, nager dans un bocal fait figure de piètre succédané aux yeux de celui pour qui faire trempette est le summum de la communion avec la nature sauvage.

Il m’arrive, c’est vrai, d’envier les torpilles humaines qui, l’hiver, enchaînent imperturbablement les longueurs de piscine pendant que les joggeurs dans mon genre pataugent dans la sloche des caniveaux. Et je ne désespère pas d’apprendre à nager, un jour, un crawl potable.

En attendant, payez-vous tous les dauphins des Caraïbes que vous voudrez et laissez-moi nager tranquille avec les huards de mes lacs, ceux qui tolèrent mes brasses maladroites et me laissent approcher, immergé jusqu’aux narines, assez près pour distinguer leur langue rose quand ils renversent la tête et échappent un long ricanement. Il m’est aussi arrivé de marsouiner à quelques mètres d’un castor rondouillard qui flottait comme un billot, et tandis que je lui tenais compagnie, je m’attendais à moitié à ce qu’il s’adresse à moi dans le dialecte couinant des Ewok de la lune forestière d’Endor.

Dans un de mes plus beaux souvenirs de voyage, je sors d’un antique sauna finlandais en bois rond, quelque part du côté de la Carélie du Sud, et me fustige avec des ramilles de bouleau frais avant de galoper tout nu comme un dératé vers le bout du quai et la liberté. On était à la fin août, l’équivalent du mois de novembre à cette latitude, et l’eau était glacée. Mais s’il est une chose que les Finlandais ont comprise depuis longtemps, c’est que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts.

Il existe, en Finlande, une loi appelée Joka miehen oikeudet (« les droits de l’homme ordinaire ») qui stipule que nul ne peut empêcher quelqu’un de fréquenter une forêt, fût-elle privée, si cette personne s’y trouve pour pêcher à la ligne, cueillir des baies ou des champignons ou pratiquer, dans le respect de l’intégrité naturelle des lieux, toute autre forme d’activité récréative ou nourricière.

Voilà une véritable culture du territoire. Une telle loi, appliquée aux berges de nos lacs, achèverait à merveille l’oeuvre de « déclubage » du gouvernement de René Lévesque. Cela dit, j’écris ceci à 90 kilomètres de la frontière américaine, un 17 mai, et il neige à plein ciel. Bonne baignade !"

Louis HAMELIN - Chroniques du "Devoir" - 8 juillet 2023 et 20 mai 2023


Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2023 : Pour le télécharger directement au format pdf (1300 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal.1654]

Rejoignez-moi sur "Instagram" en cliquant sur le lien suivant :

[https://www.instagram.com/marguet_pascal/]