Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°853 (2023-02)

mardi 10 janvier 2023

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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GF Handel - Poro re dell'Indie
Se mai turbo il tuo risposo HWV 28

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Canard colvert et Cygne tuberculé

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
novembre et décembre 2022



Canard colvert
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 26 novembre 2022


Couple
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 26 novembre 2022


Toilette
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 26 novembre 2022



Mâle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 26 novembre 2022

Couple, au repos
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 26 novembre 2022



Femelle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 26 novembre 2022



Mâle s'étirant
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 26 novembre 2022

Cygne tuberculé et Foulque macroule
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 18 décembre 2022





Couple
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 18 décembre 2022


Un mâle arrive...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 18 décembre 2022



Parade
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 18 décembre 2022



Envol, pour chasser le troisième individu...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 18 décembre 2022

Bain
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 18 décembre 2022



Toilette
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 18 décembre 2022



Deux Ouettes d'Egypte
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 18 décembre 2022



Ouette et Tadorne de Belon
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 18 décembre 2022



Etirement
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 18 décembre 2022

Repos sur la glace...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 18 décembre 2022



Pour relire d'autres textes de Sue HUBBELL
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[numéro 645]
(2018 - 45)


Soirées d'Automne - Courvières, Haut-Doubs - octobre, novembre 2018

Texte : Une année à la campagne - Sue Hubbell

Musique :  Johann Joseph Fux - Kaiserrequiem

mardi 6
novembre
2018





Cloporte...



... et Etourneau sansonnet



et leur parasite commun : Plagyorbynchus cylindraceus

Suggestion de lecture :

"LES PARASITES SONT A NOS YEUX des créatures répugnantes, étrangement dépourvues de fibre morale, si bien qu'il nous est difficile d'apprécier les effets régulateurs qu'ils ont sur les populations, en permettant seulement aux individus les plus robustes de survivre pour transmettre leurs gènes. Ils ont beau avoir leur place dans l'évolution adaptative, nous ne les aimons pas. Récemment, cette réflexion m'est revenue en lisant un texte sur les pigeons migrateurs, oiseaux jadis présents en très grand nombre dans le ciel américain et qui furent anéantis par les chasseurs. A l'époque, comme ils étaient nombreux et souillaient de grands quantités de fiente tous les endroits où ils se rassemblaient, ils étaient aussi malaimés que les pigeons de nos villes aujourd'hui. Désormais, en revanche, ils sont éteints depuis assez longtemps pour être devenus un symbole du pouvoir destructeur des humains. Le dernier pigeon migrateur était une femelle appelée Martha. On la trouve exposée empaillée à la Smithsonian Institution, mais la pancarte sinistre qui l'accompagne omet de mentionner que, avec sa disparition, l'oiseau a emporté avec lui deux espèces de poux qui ne vivaient que sur lui.

Si Plagiorbynchus cylindraceus n'est pas à la hauteur des standards moraux des humains nous pouvons au moins reconnaître l'ingénuité du processus adaptatif qui a fait de lui ce qu'il est. Les cloportes, comme je l'ai dit précédemment, mangent leur propre déjections, ainsi que celles d'autres animaux : une analyse de leur système digestif a montré que près de 10% de leur alimentation est composée d'excréments, dont la fiente des oiseaux. Si bien qu'infesté par l'acanthocéphale, le cloporte ne peut s'en prendre qu'à ses goûts. Une fois que le cloporte a ingurgité la fiente d'étourneau contaminée, la larve du parasite s'installe dans son système digestif et va gratter la paroi intestinale à l'aide de sa trompe pour la percer et se faufiler dans la cavité corporelle. Deux mois plus tard, sa croissance sera telle que le parasite occupera près de la moitié du corps de son hôte, fin prêt à être avalé par un oiseau. Une fois ingéré, P. cylindraceus plantera ses épines dans l'intestin du volatile et baignera dans une telle abondance de nutriments qu'il pourra se passer de système digestif propre ; les formes adultes du parasite sont pour l'essentiel des sacs reproducteurs, mâle et femelle, en autosuffisance. Une fois fertilisé, l'ovaire de la femelle libérera de minuscules larves encapsulées qui s'en iront avec la fiente.

QUAND JANICE MOORE, une littéraire devenue parasitologue, se lança dans ses recherches sur P. cylindraceus, elle se rendit compte que les cloportes ne représentaient généralement qu'une petite portion du régime alimentaire d'un étourneau. La raison est évidente : le comportement des petits crustacés les maintient le plus souvent à l 'abri des oiseaux. Ils ne sortent généralement qu'à la faveur de l'humidité de la nuit, et s'ils s'aventurent quelque part de jour, c'est en avançant sur des surfaces sombres qui les camouflent. Ce n'est donc peut-être pas que les étourneaux ne trouvent pas les cloportes à leur goût, mais plutôt qu'ils n'en trouvent que rarement.

Moore fit cependant une autre découverte qui, au premier abord, peut paraître déconcertante : dans les aires où il était présent en nombre important, on retrouvait le parasite dans moins de 1% des cloportes, mais dans plus de 40% des oiseaux. Sachant que les acanthocéphales étaient des parasites des arthropodes depuis très longtemps et qu'ils étaient devenus des spécialistes de la modification des comportements, elle se demanda alors si l'influence que P. cylindraceus exerçait sur le comportement de ses hôtes les rendait plus susceptibles d'être ingérés par des oiseaux que les autres cloportes.

Dans son laboratoire, elle présenta aux cloportes des bouts de carotte sur lesquels elle avait déposé des larves du ver, et nourrit le groupe de contrôle de carottes saines. Elle réunit ensuite les deux groupes, sans pouvoir distinguer les uns des autres par leur apparence, et s'aperçut bientôt que, parmi eux, certains étaient devenus téméraires ; ils délaissaient l'humidité pour les endroits secs, ne cherchaient plus à se cacher et semblaient préférer les surfaces claires aux surfaces foncées. Elle découvrit en les sacrifiant que les têtes brûlées en question étaient infestées par P. cylindraceus. Des expérimentation de terrain vinrent ensuite confirmer son constat : même si seule une minorité de cloportes était porteuse du ver, ladite minorité avait de plus grandes chances d'être mangée par les étourneaux ou donnée en becquée à leurs petits. Ces cloportes étaient candidats au dîner des oiseaux parce qu'ils se trouvaient à des endroits où ces derniers pouvaient les repérer et les attraper. La majorité des cloportes non infestés, plus prudente, restait à couvert.

En un sens, cela peut sembler une évidence : les individus affaiblis sont voués à de tristes fins. C'est cependant un peu plus compliqué, et y songer nous fait presque entendre les injonctions pressantes de l'évolution. Pour les parasites à hôte unique (c'est le cas de certains), trop bien remplir sa mission peut s'avérer suicidaire si l'hôte meurt avant qu'ils aient pu se reproduire. Peut-être a-t-il existé des parasites gloutons de ce genre, mais comme ils n'ont pas pu transmettre leurs gènes, personne n'a survécu pour le raconter. Afin d'assurer leur survie, les parasites à hôte unique font le plus souvent preuve de retenue et de courtoisie. Prenons par exemple les papillons de nuit. Ils sont capables d'entendre les cris en ultrasons émis par leurs prédateurs, les chauve-souris, qui se repèrent par écholocation, mais l'efficacité de leurs propres organes auditifs peut être compromise par un autre papillon de nuit parasite qui y dépose ses œufs. Grâce à une trace chimique qu'il laisse en montant à bord, ce parasite ne pondra cependant toujours que d'un seul côté, afin d'éviter de rendre son hôte sourd et de finir avec lui en dîner de chauve-souris.

C'est l'une des stratégies du parasitisme : préserver prudemment sa ressource. Mais pour les parasites qui se font manger, il en existe une autre : s'adapter et ne pas voir ses œufs digérés. La pression de sélection favorise les parasites ainsi faits, car ils transmettront leurs gènes et l'issue sera heureuse – au moins du point de vue du parasite. C'est le cas dans le cycle de vie de P. cylindraceus au sein des cloportes et des étourneaux. Dans l'évolution qui aboutit à une telle relation, le premier hôte (ici le cloporte) devient chair à canon, mais il faut chérir le second (l'oiseau). Les étourneaux infestés souffrent peu de la présence de P. cylindraceus. Ils peuvent perdre un peu de poids, mais les effets néfastes ne sont généralement pas très graves. Et le gain nutritionnel que consommer même des cloportes infestés leur apporte fait pencher la balance du bon côté. Pour les cloportes, en revanche, l'infestation est un désastre ; d'abord parce qu'ils finissent le plus souvent dévorés, ensuite parce que le parasite empêche le développement des ovaires chez les femelles touchées. Du point de vue du ver, cela ne pose pas de problème car le cloporte est jetable. Tuer l'étourneau, en revanche, couperait court à la reproduction..."

Sue HUBBELL - En attendant Aphrodite



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