Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°847 (2022-47)

mardi 29 novembre 2022

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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SORG & NAPOLEON MADDOX - Louverture (Toussaint)

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filmé dans puis à proximité du Château de Joux (Haut-Doubs) !


 
Chamois avant l'hiver

La Cluse et Mijoux, Fort Mahler (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022



Nerprun des Alpes
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022



<images au 16/9ème : Samsung A50>

<images au 16/9ème : Samsung A50>


Chamois (au pelage clair)
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022



Chamois au repos
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022

Dans la brume
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022



Jeune Chamois
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022



Chamois (couché)
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022



Portrait (un jeune mâle)
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022

Chamois couché (une femelle adulte)
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022

Avez-vous vu le chamois ?
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022

<images au 16/9ème : Samsung A50>




ça gratte !
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022




Flou !!
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022



Baîllement
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022


Château de Joux
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022



<images au 16/9ème : Samsung A50>



Feuille d'Erable
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022



Hêtre
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022



Tremble
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022

Hêtre
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 12 novembre 2022
<images au 16/9ème : Samsung A50>




Pour relire d'autres textes d'Alejo CARPENTIER
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Suggestion de lecture :

"III

CE QUE LA MAIN TROUVAIT


Inutilisable à des travaux important, Mackandal fut employé à garder les troupeaux. Il faisait sortir les vaches des étables avant l'aube et les menait à la montagne, sur les flancs ombreux de laquelle poussait une herbe épaisse qui restait couverte de rosée jusqu'à une heure avancée du matin. A force d'observer la lente dispersion des bêtes qui paissaient enfoncées dans les trèfles jusqu'au ventre, il lui était venu un curieux intérêt pour l'existence de certaines plantes toujours dédaignées. Couché à l'ombre d'un caroubier, s'appuyant sur le coude de son bras sain, il fourrageait avec sa main unique dans les herbes connues à la recherche de tous les produits de la terre qu'il avait dédaignés jusqu'alors. Il découvrait avec surprise la vie secrète d'espèces singulières qui affectionnaient la dissimulation, la confusion, le camouflage, amies du petit monde cuirassé qui esquivait les chemins des fourmis. La main cueillait des alpistes inconnus, des câpres, des piments minuscules, des lianes qui tendaient leurs filets entre les pierres, des plantes solitaires aux feuilles velues qui transpiraient la nuit ; des sensitives qui se rétractaient au simple son de la voix humaine ; des capsules qui éclataient, à midi, avec un bruit sec d'ongles écrasant une puce ; des lianes rampantes qui s'enchevêtraient, loin du soleil, en fouillis baveux. Il y en avait une qui produisait des brûlures et une autre qui faisait enfler la tête de celui qui se reposait à l'ombre. Mais à présent Mackandal s'intéressait davantage encore aux champignons. Champignons qui sentaient le vermoulu, la fiole, le souterrain, la maladie ; où poussaient des oreilles, des langues-de-boeuf, des carnosités rugueuses ; qui se couvraient d'exsudations, ouvraient leurs parasols tigrés dans des grottes sombres, habitat des crapauds qui regardaient ou dormaient, les yeux fixes. Le Madingue écrasait la chair d'un champignon entre ses doigts, portant ensuite à ses narines une odeur de poison. Puis il faisait flairer sa main par une vache. Quand la bête écartait la tête avec des yeux effrayés, respirant prodondément, Mackandal allait chercher d'autres champignons de la même espèce ; il les gardait dans une bourse de cuir brut qu'il portait suspendue à son cou.

Sous prétexte de baigner les chevaux, Ti Noël s'éloignait fréquemment de l'habitation de Lenormand de Mézy, pendant de longues heures, pour rencontrer le manchot. Tous deux se dirigeaient alors vers la limite de la vallée, là où le terrain devenait accidenté, et où la pente des montagnes était creusée de grottes profondes. Ils s'arrêtaient chez une vieille femme qui vivait seule, bien qu'elle reçût la visite de gens venus de très loin. Plusieurs sabres pendaient aux murs, au milieu de drapeaux rouges, aux hampes pesantes, de fers à cheval, d'éclat d'aérolithes et de cuillères rouillées attachées avec des fils de fer, mises en croix afin d'éloigner le baron Samedi, le baron Piquant, le baron La Croix et autres maîtres cimetières. Mackandal montrait à la Maman Loi les feuilles, les herbes, les champignons, les simples qu'il portait dans sa bourse. Elle les examinait avec soin, pressait et sentait les uns, jetait les autres. On parlait parfois d'animaux remarquables qui avaient eu une descendance humaine. Et aussi d'hommes que certaines prières dotaient de pouvoirs de lycanthrope. On savait que des femmes violées par de grands félins avaient changé la nuit la parole pour le rugissement. Un fois la Maman Loi se tut d'étrange façon au plus beau de son récit. Répondant à un ordre mystérieux, elle courut à la cuisine, plongea ses bras dans une marmite remplie d'huile bouillante. Ti Noël remarqua que son visage reflétait une froide indifférence, et, chose plus étrange, que se bras, quand elle les retira de l'huile, n'avaient pas d'ampoules ni de trace de brûlure malgré l'horrible grésillement de friture qu'on avait entendu. Comme Mackandal semblait accepter la chose avec le plus grand calme, Ti Noël fit un effort pour cacher sa surprise. La conversation se poursuivit doucement entre le Mandingue et la sorcière, coupée de longues pauses au cours desquelles ils regardaient au loin.

Un jour ils attrapèrent un chien en chasse qui appartenait aux meutes de Lenormand de Mézy. Tandis que Ti Noël, à califourchon, lui tenait la tête par les oreilles, Mackandal lui frotta le museau avec une pierre que le suc d'un champignon avait teinte d'un jaune clair. Les muscles du chien se contractèrent. Son corps fut traversé aussitôt de violentes convulsions et il tomba sur le dos, les pattes raides, les dents dehors. Ce soir-là, de retour à l'habitation, Mackandal s'arrêta longtemps pour contempler les moulins, les séchoirs à cacao et à café, l'indigoterie, les forges, les citernes et les boucans.

  • Le moment est venu, dit-il.

Le lendemain on l'appela vainement. Le maître organisa une battue pour l'édification pure et simple de la négraille, sans insister autrement. Un esclave avec un seul bras ne valait pas lourd. Et puis, tout Madingue, c'était notoire, était un nègre marron en puissance. Dire Madingue c'était dire dissipé, rebelle, démon. Aussi les gens de leur royaume étaient-ils si mal cotés sur les marchés d'esclaves. Ils ne pensaient qu'à fuir dans la forêt. D'ailleurs, avec tant de propriétés contigües, le manchot n'irait pas loin. Quand il serait restitué à l'habitation, on le supplicierait devant le personnel, pour l'exemple. Mais un manchot n'était qu'un manchot, ç'eût été bête de courir le risque de perdre une paire de mâtins de bonne race dans le cas où Mackandal aurait eu l'idée de les réduire au silence avec son coutelas..."

Alejo CARPENTIER - Le royaume de ce monde*

* l'insurrection haïtienne vue par Alejo Carpentier...



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