Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°840 (2022-40)

mardi 11 octobre 2022

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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JD ZELENKA - Miserere ZVW 57

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Derrière la Margotte

Courvières (Haut-Doubs),
Champ-Margot
juillet et août 2022



Etourneau sansonnet (jeune)
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 24 juillet 2022



Corneille noire
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 24 juillet 2022



Moineau domestique (jeune)
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
jeudi 25 juillet 2022

Verdier d'Europe (jeune)
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 26 juillet 2022


Verdier d'Europe (jeune)
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 26 juillet 2022



Pie
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 31 juillet 2022



Pie et Milan noir
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 7 août 2022



<image recadrée>



Milan noir (flou et loin !)
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 7 août 2022

Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022



Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022

A l'abreuvoir
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022



Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022

Serin cini
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022




Serin cini (2)
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022



Serin cini
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022


Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022

Moineau domestique (jeune)
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022

Moineau domestique (jeune)
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022



<image recadrée>


Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022



<image recadrée>



Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022



<image recadrée>



<image recadrée>



Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022

Moineau domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022



Verdier d'Europe (adulte)
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022



Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022



Verdier d'Europe adulte se nourrissant de Bourrache
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022



Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 17 août 2022



Pouillot sp.
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 19 août 2022



Linotte mélodieuse (jeune ?)
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 19 août 2022



<image recadrée>



Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 19 août 2022

Pie (jeune)
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
jeudi 1er septembre 2022







Corneille noire adulte
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
mercredi 1er mai 2019


Suggestion de lecture :

" INTRODUCTION

FAIRE DES MONDES AVEC LES CORBEAUX

Je ne sais pas quand j'ai pris conscience, pour la première fois, du regard que les corbeaux posaient sur moi. Ou plutôt du fait que, alors que je les observais, ils me rendaient mon regard. J'ai passé mon enfance et la plus grande partie de ma vie d'adulte dans des lieux où dominait une espèce de corbeau, celle qu'on appelle « corbeau d'Australie » (Corvus coronoides). Ici, et tout au long de cet ouvrage, j'utilise le terme « corbeau » pour parler du genre Corvus, soit un groupe qui comprend les oiseaux qu'on désigne, selon les espèces, sous le nom de corneilles, choucas, freux et corbeaux. Les cinq espèces de corvidés australiens ne se sont pas nettement réparti le territoire (c'est-à-dire que, si on regarde une cartographie des populations, on trouve dans la plupart des régions du pays deux ou trois espèces différentes), mais sur le terrain (et dans les airs), chaque grande ville australienne est généralement dominée par l'une d'entre elles, qui n'est pas la même partout. Chaque commune semble ainsi être devenue le territoire quasi exclusif d'une espèce. Dans les grandes villes où j'ai vécu, Canberra et Sydney, il s'agissait du corbeau d'Australie, majoritaire dans le pays. Sans doute sont-ce ces représentants qui m'ont les premiers mis en contact avec les corvidés, et sans doute était-ce sous leurs yeux vigilants que j'ai, pour la première fois, éprouvé ce sentiment parfois déconcertant, toujours intrigant, d'être observé par une étrange intelligence.

A mon sens, cette expérience nous invite à être attentifs à un « monde en éveil », un monde où coexistent différentes formes de présence conscience et créative, des êtres ayant leur vision et leurs désirs propres, leur manière d'interroger le monde et d'en être les acteurs. En somme, une invitation à entrer dans ce que Val Plumwood appelait « la nature à la voix active ». Bien sûr, pour peu que nous tendions l'oreille, tous les êtres vivants lancent une invitation, sous une forme ou une autre, tout comme nombre d'entités et de processus non vivants. Mais il m'a toujours semblé que chez les corbeaux, cette invitation est flagrante, théâtrale même. C'est en analysant plus en détail leur attitude vigilante que les choses deviennent intéressantes. Pour un corbeau, le fait de regarder n'est pas une activité passive. Selon des études récentes, les corvidés ne se contentent pas de prendre acte de notre présence ; ils nous observent attentivement et agissent en fonction des données qu'ils recueillent : ils font des calculs, nous toisent, adaptent leur comportement, et sont même capables de se rappeler notre visage et de se communiquer les informations qu'ils ont relevées sur nous personnellement. Qui plus est, ils suivent notre regard, c'est-à-dire qu'ils sont attentifs à ce que nous regardons, même lorsqu'ils ne sont pas eux-mêmes l'objet de cette attention : l'observation est ici le signe de tout un monde de réceptivité créatrice et attentive. En présence d'un corbeau, il est incroyablement ardu de se comporter comme si on habitait un monde dans lequel tout ce qui n'est pas nous était la toile de fond ornementale des vies et des drames de l'être humain. Si nous leur accordons ne serait-ce qu'un tant soit peu d'attention, les corbeaux font éclater notre bulle anthropocentrique avec un certain panache.


Dans le sillage des corbeaux


Cet ouvrage est une réflexion sur les manières de bien vivre et de bien mourir avec d'autres êtres (qu'ils soient ou non humains) dans un monde toujours plus instable. Les enjeux de notre époque revêtent différentes formes : du réchauffement climatique à la colonisation, de l'extinction de masse à la consommation de masse, de l'accumulation de toxines dans les écosystèmes et les organismes à l'aggravation des disparités entre les riches et les pauvres. Alors qu'on avait pour habitude de répartir ces questions dans la sphère écologique d'un côté et dans le domaine du social de l'autre (et c'est encore souvent le cas aujourd'hui), notre époque se démarque des précédentes par l'idée de plus en plus répandue que cette division n'est plus possible (ce que beaucoup savent depuis toujours). Nous vivons sur une « planète malmenée ». Certains modes de vie humains ont, sur les possibilités terrestres, un effet tel que notre époque contemporaine en vient à être désignée sous le nom d'Anthropocène : l'ère de l'humanité (le chapitre 3 approfondira cette idée). Mais les effets et la faute sont si inégalement distribués, et les causes de ce phénomène si enracinées dans des formes particulières de la vie économique et sociale, que d'autres ont proposé, non sans raison, d'appeler notre situation actuelle le « Capitalocène » ou encore le « Plantationocène », arguant qu'il s'agissait là d'une nomenclature plus pertinente.

Le présent ouvrage est une interprétration très particulière des enjeux inextricables de notre temps, dans laquelle les corbeaux font office de boussole. Il prend la forme d'une série de cinq récits, chacun situé dans une région du monde différente, chacun ancré dans une configuration particulière des relations entre humains et corvidés. Ces histoires entremêlent mes voyages, mes entretiens et mes observations et les diverses propositions avancées par les sciences humaines et les sciences de la vie afin de réfléchir aux formes qu'empruntent la vie et la mort dans ces endroits donnés et, dans chaque cas, de s'interroger sur ce qui pourrait être. Fondamentalement, ce livre est une tentative d'imaginer et de mettre en pratique une éthique multispécifique, capable de relever les défis monumentaux de notre époque en s'attachant précisément à certains corbeaux et aux êtres humains qui les accompagnent. Il propose ainsi une vision possible de l'éthique qui prend au sérieux les corbeaux : en se posant la question non seulement de ce dont ils ont besoin, mais aussi de ce qu'ils sont capables de faire. Autrement dit, en considérant les corbeaux non seulement comme de simples objets de notre considération éthique, mais également comme des êtres qui façonnent eux aussi, très directement, les mondes que nous partageons.

Les corbeaux sont, à plus d'un égard, des guides idéaux. Présents sur la quasi-totalité de la planète (des paysages de l'Arctique au étendues désertiques, des îles minuscules aux plus grands continents, dans des milieux urbains, ruraux et « sauvages »), ils proposent une diversité remarquable de sites instructifs, propices à la réflexion. En effet, on trouve des corbeaux d'une espèce ou d'une autre sur la plupart des continents (les seules exceptions était l'Amérique du Sud et l'Antarctique) et sur un grand nombre de petites îles. Mais leur vie s'enchevêtre aussi avec la nôtre, de bien des façons. Les corbeaux que nous connaissons le mieux appartiennent aux espèces qui se nourrissent de nos déchets et qui ont élu domicile dans les villes et sur les exploitations agricoles. Rares sont les autres animaux qui ont su, aussi bien que les corbeaux, tirer leur épingle du jeu dans des environnements dominés par l'être humain. Mais s'épanouir dans ces « écologies émergentes », bien s'en sortir dans ce contexte, renvient souvent à se voir associer une ribambelle d'images négatives : partout dans le monde, on accable les corbeaux de reproches, à tort ou à raison, et on les persécute en invoquant les effets de leur présence sur les autres espèces, ou sur la vie et les moyens d'existence des êtres humains. Si l'on connaît plutôt bien ces histoires, on parle beaucoup moins des populations de corvidés (notamment des espèces insulaires, forestières et frugivores) conduites au seuil de l'extinction du fait des activités humaines (et dans certains cas, à l'extinction pure et simple).

C'est ainsi que nous rencontrons, dans le monde et au fil de ces pages, des corbeaux entretenant avec leurs voisins humains divers types de rapports : tantôt aimés et protégés avec ferveur (comme disséminateurs essentiels de graines dans les forêts menacées), tantôt perçus avant tout comme des parasites, des charognards se nourrissant de déchets humains, et peut-être même comme des agents d'extinction du fait des effets, réels ou supposés, de leur ascendance sur d'autres espèces. Tous, cependant, sont menacés, d'une manière ou d'une autre – individuellement et parfois à l'échelle de l'espèce. On verra que les histoires de corbeaux présentées ici appartiennent, en substance, à deux groupes. D'un côté, les espèces en danger critique d'extinction ; de l'autre, les corbeaux vus (du moins par certains) comme pléthoriques ou importuns, et qui en tant que tels font l'objet de diverses pratiques de contrôle, d'abattage, voire d'extermination..."

Thom VAN DOOREN - Dans le sillage des Corbeaux
Pour une éthique multispécifique



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