Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°816 (2022-16)

mardi 19 avril 2022

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


 
Toundra - Kitsune

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au centre de l'image...



ou cliquez [ici]




 
Tadorne casarca et Etourneau sansonnet

Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mars et avril 2022



Tadorne casarca, sur le toit de la ferme (!)
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 2 mars 2022


Tadorne casarca, le couple, sur le toit de la ferme (!)
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 2 mars 2022


Tadorne casarca, sur le toit de la ferme (!)
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 2 mars 2022



Etourneau sansonnet
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 2 mars 2022



Etourneau sansonnet
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
samedi 5 mars 2022

Etourneau sansonnet
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
samedi 5 mars 2022



<image recadrée>

<image recadrée>

Etourneau sansonnet
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 9 mars 2022

Etourneau sansonnet
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 9 mars 2022

Etourneau sansonnet
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 9 mars 2022



<image recadrée>




<image recadrée>




Etourneau sansonnet
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 9 mars 2022


Etourneau sansonnet
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 9 mars 2022



Etourneau sansonnet, chantant
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
samedi 19 mars 2022

<image recadrée>



<image recadrée>

<image recadrée>



Couple de Tadorne casarca, sur le toit de ma ferme...
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mardi 22 mars 2022



Tadorne casarca, sur le toit de ma ferme...
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 23 mars 2022



Dans le givre
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 23 mars 2022



Tadorne casarca
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 23 mars 2022



Tadorne casarca, au soleil
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
samedi 25 mars 2022



Gabo, s'intéresse aux Tadornes...
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
samedi 25 mars 2022



Couple, paradant (?)
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
samedi 25 mars 2022



Tadorne casarca, au soleil couchant
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
samedi 25 mars 2022



Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
dimanche 27 mars 2022



Tadorne casarca, sous la pluie
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
vendredi 8 avril 2022



Tadorne casarca, sous la neige
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
samedi 9 avril 2022



Envol, sous la neige
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
samedi 9 avril 2022



Tadorne casarca, au soleil couchant
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
samedi 25 mars 2022
images prises de la fenêtre de ma chambre !!



Couple de Tadorne casarca, au soleil couchant
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
samedi 25 mars 2022

Tadorne casarca, au soleil couchant
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
samedi 25 mars 2022




Pour revoire d'autres images de Tadorne casarca
cliquez sur le [numéro]

[numéro 766]
(2021 - 17)


Derrière la loge n° 5, fin de l'hiver -
Courvières - (Haut-Doubs) - février et mars 2021

Texte :  La mort du roi Arthur - Auteur anonyme

Musique :  This is my song (Finlandia) - Jean SIBELIUS

mardi 4
mai
2021




Suggestion de lecture :

"La mer du temps perdu

Vers la fin de janvier la mer moutonnait, elle se mettait à déverser sur le village une ordure épaisse, et au bout de quelques semaines tout était contaminé par son humeur insupportable. Dès lors le monde n'avait plus d'intérêt, au moins jusqu'au mois de décembre suivant, et personne ne restait éveillé après huit heures du soir. Pourtant l'année où M. Herbert arriva, la mer ne se dégrada pas, même en février. Au contraire, elle se fit de plus en plus lisse et phosphorescente, et dans les premières nuits de mars elle exhala un parfum de roses.

Tobie la surprit. Son sang doux attirait les crabes et il passait la plus grande partie de la nuit à les chasser de son lit, jusqu'au moment où la brise virevoltait et où il réussissait à s'endormir. Durant ses longues insomnies, il avait appris à distinguer chaque variation ambiante. Aussi, lorsqu'il sentit une odeur de roses, il n'eut pas besoin d'ouvrir la porte pour savoir que c'était une odeur qui venait de la mer.

Il se leva tard. Clotilde était en train d'allumer du feu dans la cour. La brise était fraîche et toutes les étoiles à leur place, encore qu'il fût difficile de les compter jusqu'à l'horizon à cause des lumières de la mer. Après avoir pris son café, Tobie sentit un relent de nuit dans la bouche. « Hier soir, se rappela-t-il, il s'est passé quelque chose de vraiment étrange. »

Clotilde, naturellement, ne s'était rendu compte de rien. Elle dormait si profondément qu'elle ne se souvenait même plus de ses rêves.

  • C'était une odeur de roses, dit Tobie, et je suis sûr qu'elle venait de la mer.

  • J'ignore ce que sentent les roses, dit Clotilde.

C'était peut-être vrai. Le village était aride, avec un sol dur, craquelé par le salpêtre, et seul de temps en temps quelqu'un apportait d'ailleurs un bouquet de fleurs pour le jeter à la mer, à l'endroit où l'on basculait les morts.

  • C'est la même odeur qu'avait le noyé de Guacamayal, dit Tobie.

  • Bon – Clotilde sourit -, mais si c'était une bonne odeur, tu peux être certain qu'elle ne venait pas de la mer.

C'était en effet, une mer cruelle. A certaines époques, alors que les filets ne ramenaient que des déchets flottants, les rues du village restaient jonchées de poissons morts quand la marée se retirait. Seule la dynamite faisait réapparaître les épaves de vieux naufrages.

Les rares femmes qui n'avaient pas abandonné le village mijotaient dans la rancoeur. Comme Clotilde. Ou comme l'épouse du vieux Jacob qui, ce matin-là, se leva plus tôt qu'à l'accoutumée, rangea la maison et vint prendre le petit déjeuner, la mine défaite.

  • Ma dernière volonté, dit-elle à son mari, est d'être enterrée vivante.

Elle prononça ces mots comme si elle se trouvait sur son lit d'agonisante, alors qu'elle était assise au bout de la table, dans la salle à manger aux grandes fenêtres par lesquelles la lumière de mars entrait à flots et se répandait dans toute la maison. Devant elle, apaisant sa faim tranquille, se tenait le vieux Jacob, un homme qui l'aimait tant et depuis si longtemps qu'il ne pouvait plus concevoir aucune souffrance qui n'eût sa femme pour origine.

  • Je veux mourir avec la certitude qu'on me mettra sous terre, comme les gens bien, poursuivit-elle. Et la seule façon de le savoir c'est aller ailleurs supplier qu'on m'enterre vivante.

  • Inutile de supplier qui que ce soit, dit avec calme le vieux Jacob. Je vais moi-même t'y conduire.

  • Alors partons, car je ne vais pas tarder à mourir.

Le vieux Jacob l'examina avec attention. Seuls ses yeux demeuraient jeunes. Ses os avaient formé des nœuds aux articulations et elle présentait cet aspect de terre rasée qui, au bout du compte, avait toujours été le sien.

  • Tu es plus en forme que jamais, lui dit-il.

  • Hier soir, soupira-t-elle, j'ai surpris une odeur de roses.

  • Ne te préoccupe pas – le vieux Jacob désirait la tranquilliser. Ce sont des choses qui nous arrivent à nous, les pauvres.

  • Taratata, dit-elle. J'ai toujours supplié le ciel de m'annoncer ma mort suffisamment à l'avance, pour mourir loin de la mer. Une odeur de roses, dans ce village, ne peut être qu'un avertissement de Dieu.

Sur le moment, le vieux Jacob ne sut que lui demander d'attendre un peu, le temps de quelques préparatifs.

Il avait entendu dire que les gens ne meurent pas quand ils le doivent mais quand ils le veulent, et il s'était sérieusement préoccupé par la prémonition de sa femme. Il se demanda même si, l'instant venu, il aurait le courage de l'enterrer vivante.

A neuf heures, il ouvrit le local qui lui avait servi autrefois de boutique. Il disposa sur le seuil deux chaises et une table avec un damier, et passa la matinée à jouer avec des adversaires occasionnels. De sa place, il voyait le village en ruine, les maisons délabrées avec des traces de couleurs anciennes rongées par le soleil, et un carré de mer au bout de la rue. Avant le déjeuner il joua comme toujours avec don Maximo Gomez. Le vieux Jacob ne pouvait imaginer un adversaire plus humain qu'un homme qui avait survécu intact à deux guerres civiles et n'avait laissé qu'un œil dans la troisième. Après avoir perdu à dessein une partie, il lui proposa la revanche.

  • Dites-moi une chose, don Maximo, lui demanda-t-il alors. Seriez-vous capable d'enterrer vivante votre femme ?

  • Bien sûr, répliqua don Gomez. Et croyez bien que ma main ne tremblerait pas.

Le vieux Jacob s'enferma dans un silence étonné. Puis s'étant fait souffler ses meilleurs pions, il soupira :

  • Je dis ça parce que Petra va sans doute mourir.

Don Maximo Gomez ne broncha pas.

  • Dans ce cas, dit-il, il n'y a pas besoin de l'enterrer vivante. - Il rafla deux pions et fit une dame. Puis il fixa sur son adversaire son œil mouillé par une eau triste : - Qu'est-ce qui vous arrive ?

  • Hier soir, expliqua le vieux Jacob, elle a senti une odeur de roses.

  • Alors c'est la moitié du village qui va mourir. Depuis ce matin on n'entend parler que de ça.

Le vieux Jacob dut faire un grand effort pour perdre une nouvelle fois sans offenser don Maximo. Il rentra la table et les chaises, ferma la boutique, et fureta à droite et à gauche, à la recherche de quelqu'un qui eût senti l'odeur. Finalement, seul Tobie pouvait l'assurer. Il lui demanda donc d'avoir la gentillesse de passer chez lui, comme ça, l'air de rien, et de tout raconter à sa femme.

Tobie tint parole. A quatre heures, sur son trente et un comme pour une visite, il apparut dans le corridor où Petra avait passé l'après-midi à préparer au vieux Jacob ses vêtements de deuil.

Il fit son entrée si discrète que la femme sursauta.

  • Doux Jésus ! S'écria-t-elle. J'ai cru que c'était l'archange Gabriel.

  • Eh bien, non, dit Tobie. C'est moi, et je viens vous raconter quelque chose.

Elle ajusta ses lunettes et se remit à l'ouvrage.

  • Je sais, dit-elle.

  • Mais quoi ? dit Tobie.

  • Qu'hier soir tu as senti une odeur de roses.

  • Comment l'avez-vous appris ? Demanda Tobie, désolé.

  • A mon âge, dit la femme, on a tellement de temps pour réfléchir qu'on finit par tout deviner.

Le vieux Jacob, qui avait l'oreille collée à la cloison de l'arrière-salle, se redressa honteux.

  • Qu'est-ce que tu en penses, mémé ? Cria-t-il à travers la cloison. - Il fit le tour et apparut dans le corridor : - Tu vois, ce n'était pas ce que tu croyais.

  • Ce garçon raconte des mensonges, dit-elle sans lever la tête. Il n'a rien senti.

  • Ça s'est passé vers les onze heures, dit Tobie. Et j'étais en train de chasser les crabes.

La femme finit par repriser le col qu'elle tenait en main.

  • Des mensonges, insista-t-elle. Tout le monde sait que tu n'est qu'un bourreur de crâne. - Elle coupa le fil avec ses dents et regarda Tobie par-dessus ses lunettes : - Ce que je ne comprends pas c'est que tu aies pris tout ce soin pour te gominer et briquer tes souliers, rien que pour venir te payer ma tête.

A partir de cet instant, Tobie se mit à surveiller la mer. Il suspendait son hamac dans le couloir de la cour et passait la nuit à attendre, étonné par les choses qui arrivent en ce monde tandis que les gens dorment.

Durant des nuits et des nuits il entendit le grattement désespéré des crabes qui essayaient de grimper à même les montants et qui, au bout du compte, se lassèrent d'insister. Il connut la façon dont Clotilde dormait. Il découvrit comment ses ronflements de flûte se faisaient plus aigus au fur et à mesure que la chaleur augmentait, pour n'être plus qu'une seule note langoureuse dans l'engourdissement de juillet..."

Gabriel Garcia MARQUEZ (dit "Gabo") - L'incroyable et triste histoire de
la candide Erendira et de sa grand-mère diabolique




Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2022 : Pour le télécharger directement au format pdf (1300 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal.1654]