Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°805 (2022-05)

mardi 1er février 2022

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


 
JS Bach - Prélude et fugue BWV 858
par Glenn GOULD

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au centre de l'image...



ou cliquez [ici]



Mésanges : charbonnière et bleue
Rougegorge familier

Courvières (Haut-Doubs)
décembre 2021



Mésange bleue
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 3 décembre 2021




Mésange bleue dans l'ombre
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 3 décembre 2021

Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 3 décembre 2021


Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 3 décembre 2021



Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 17 décembre 2021



Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 19 décembre 2021

Mésange bleue
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 19 décembre 2021



Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 21 décembre 2021

<image recadrée>



<image recadrée>

Rougegorge familier
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 21 décembre 2021

<image recadrée>



Sur mon compost...
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 21 décembre 2021

<image recadrée>




Rougegorge familier
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 21 décembre 2021



<image recadrée>


Courvières (Haut-Doubs)
mardi 21 décembre 2021

Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 22 décembre 2021

Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 22 décembre 2021



<image recadrée>



<image recadrée>



<image recadrée>



Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 22 décembre 2021



Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 23 décembre 2021



Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 23 décembre 2021



Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 23 décembre 2021



Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 31 décembre 2021

Mésange bleue
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 31 décembre 2021

Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 31 décembre 2021
<image recadrée>






Suggestion de lecture :

"Durant le reste de l'été, Kya et Tate continuèrent les leçons de lecture dans la hutte abandonnée. Mi-août, ils avaient terminé l'Almanach d'un comté de sables, et même si elle n'était toujours pas capable de lire chaque mot, elle en comprenait la plus grande partie. Aldo Leopold lu apprit que les plaines inondables étaient des extensions vivantes des rivières, et qu'elles pouvaient les reprendre quand elles le voulaient. Toute personne qui vit sur une plaine dépend en fait des caprices d'une rivière. Elle apprit où vont les oies sauvages en hiver, et le sens de leur musique. Les jolis mots que l'auteur employait, presque de la poésie, lui enseignèrent que le limon est plein de vie et constitue l'une des plus grandes richesses de la terre ; que les marais s'assèchent parfois sur des kilomètres, qu'ils tuent les plantes et les animaux quand l'eau se retire. Certaines graines restent dormantes sous le sol desséché pendant des dizaines d'années, elles attendent, et quand l'eau les irrigue enfin, elles jaillissent et dévoilent leur face. Autant de merveilles et de leçons bien réelles sur la nature qu'elle n'aurait jamais apprises à l'école. Des vérités que tout le monde devrait connaître, et pourtant, même si elles sont là sous nos yeux, à l'instar des graines, elles semblent enfouies, comme au secret.

Ils se retrouvaient devant la hutte plusieurs fois pas semaine, mais elle dormait la plupart du temps chez elle ou sur la plage, en compagnie des oiseaux de mer. Il lui fallait ramasser de quoi se chauffer avant l'hiver, et elle s'y employa, chargeant du bois qu'elle trouvait plus ou moins loin et qu'elle empilait soigneusement entre deux pins. Dans son jardin, les fanes de radis dépassaient à peine les verges d'or ; néanmoins, elle récoltait plus de légumes qu'elle et les cerfs auraient pu en manger. Elle fit la dernière récolte de fin d'été et entassa courgettes et betteraves à l'ombre du perron.

Cependant, durant tout ce temps, elle guettait les bruits de voiture, craignant qu'on ne vienne la chercher. Parfois, tendre ainsi l'oreille était épuisant et lui faisait peur, alors elle se rendait à la hutte en rondins et passait la nuit à même le sol, enveloppée dans une couverture.

Elle prévoyait soigneusement sa collecte de moules et le fumage du poisson pour que Tate puisse les emporter chez Jumping et revenir avec ses courses. Elle faisait tout pour être le moins vulnérable possible.

« Tu te rappelles quand tu as lu ta première phrase, tu as dit que certains mots pouvaient vouloir dire des choses importantes ? Demanda-t-il un jour, assis sur la berge du ruisseau.

  • Oui, je me rappelle, pourquoi ?

  • Eh, bien, c'est encore plus vrai des poèmes. Dans un poème, les mots font plus que dire des choses. Ils éveillent des émotions. Des fois même, ils te font rire.

  • Ma récitait souvent des poèmes avant, mais je ne m'en rappelle aucun.

  • Ecoute un peu. Il est d'Edward Lear. » Il sortit de sa poche une enveloppe plée et se mit à lire :

Puis Papa-Longues-Jambes

Et Monsieur Ailes-Tombantes
Coururent vers la mer

A grands cris gais et clairs ;

Ils trouvèrent un bateau

Voiles roses et tout beau ;

Et voguèrent loin loin

Vers le ciel de demain.

Tout sourire, elle commenta : « On dirait le rythme des vagues quand elles viennent se briser sur la plage. »

De ce jour, elle se mit à composer des poèmes, les inventant alors qu'elle sillonnait le marais dans sa barque ou ramassait des coquillages – des vers simples qui chantaient tout seuls et lui traversaient la tête. « Il était une maman geai, qui réussit à s'envoler, moi aussi je m'envolerais, si seulement je le pouvais. » Elle en riait aux éclats, et ils remplissaient pendant quelques minutes solitaires le grand vide de sa longue journée.

Par une fin d'après-midi, alors qu'elle lisait à la table de la cuisine, elle songea au recueil de poésies de Ma, et fouilla partout jusqu'à le retrouver. Le volume était usé, la couverture avait disparu depuis longtemps, les pages tenaient ensemble grâce à deux élastiques effilochés. Kya les retira avec précaution et feuilleta le recueil, lisant au passage les notes de Ma dans les marges. A la fin elle découvrit une liste des poèmes favoris de sa mère.

Kya en repéra un, composé par James Wright.

Soudain seul et perdu

Le jardin était nu
Ah prendre dans mes bras

Caresser mon enfant !

Et l'écouter parler

Souriant d'un air sage,

Ou rire tel un sauvage.

Partis, arbres, soleil,

Nous n'étions que nous deux

Sa mère cuisinait

Nous l'entendions chanter.

Elle nous aimait c'est sûr

Dans ce bas monde obscur.

Et puis, un autre, de Galway Kinnell.

Pour moi, cela comptait...

J'avouai chaque pensée
Choisis des mots gentils,

Mais j'admets aujourd'hui

Que je suis soulagé

De voir tout terminé

N'avais plus que pitié

Pour cet élan de vie

Adieu, adieu, ma mie.

Kya effleurait les mots comme s'ils contenaient un message, comme si Ma les avait intentionnellement soulignés pour que sa fille les lise un jour à la lueur de cette lampe à pétrole, et qu'elle comprenne. Ce n'était pas grand-chose, bien loin des mots tracés de sa main qu'elle aurait pu glisser au fond de son tiroir à chaussettes, mais c'était tout de même quelque chose. Elle sentait que ces lignes recelaient un sens profond, mais elle ne parvenait pas à le faire jaillir. Si un jour elle devenait poétesse, elle saurait rendre ses messages plus clairs..."

Delia OWENS - Là où chantent les écrevisses



Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2022 : Pour le télécharger directement au format pdf (1300 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal.1654]