Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°793 (2021-44)

mardi 9 novembre 2021

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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JS BACH - Cantate BWV 207
"Auf, Schmetternde Töne der Muntern Trompeten"

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  Nouveau poster pour la "Margotte" !



 
Automne 2021 - septembre et octobre, Loge n° 5

C'est le dernier poster... avant l'ouverture de la Margotte !



Automne

Courvières (Haut-Doubs),
loge n° 5
septembre et octobre 2021



Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 4 septembre 2021




Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 4 septembre 2021

Rougequeue noir femelle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 4 septembre 2021

Pissenlit
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 4 septembre 2021



Sylvaine
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 4 septembre 2021


Succise
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 4 septembre 2021

Colchique
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 4 septembre 2021



Criquet sp.
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 4 septembre 2021

Rougequeue noir mâle à sa toilette
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 5 septembre 2021




Rougequeue noir mâle à sa toilette
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 5 septembre 2021



Rougequeue noir femelle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 5 septembre 2021


Colchique et rosée
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 5 septembre 2021



Marguerite et rosée
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 5 septembre 2021

Affût au bord du chemin...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 5 septembre 2021



Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 12 septembre 2021



Petit oiseau... indéterminé (!)
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 12 septembre 2021



Achillée millefeuille
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 12 septembre 2021



Hespérie du faux-buis
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 12 septembre 2021



Sur une fleur de Succise
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 12 septembre 2021



Chardon défloré
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 12 septembre 2021



Colchique
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 12 septembre 2021

Marguerite
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 12 septembre 2021



Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 12 septembre 2021



Chevrette et ses deux petits
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 24 septembre 2021



Chevrette et ses deux petits,
au lever du soleil

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 24 septembre 2021



Retour dans le bois
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 24 septembre 2021



Jeune Bergeronnette grise
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 24 septembre 2021



Marguerite
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 24 septembre 2021



Marguerite et rosée
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 24 septembre 2021




Colchique
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 24 septembre 2021



Couple de Chevreuils dans les fourrés
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 25 septembre 2021







Renard
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 25 septembre 2021





Du vent dans le feuillage du noisetier !
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 8 octobre 2021



Rougequeue noir mâle à sa toilette
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 8 octobre 2021








Buse variable
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 8 octobre 2021









Lichens : Cladonie

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 8 octobre 2021





Colchique
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
vendredi 8 octobre 2021





Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 9 octobre 2021







Givre
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 16 octobre 2021








Marguerite et givre
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 16 octobre 2021











Lune
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 23 octobre 2021









Courvières (au matin)
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 23 octobre 2021








Givre
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 23 octobre 2021







Dernière Marguerite !
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 23 octobre 2021





Suggestion de lecture :

" Monologue

Nous habitons un pays qui, autour de nous, joue un grand rôle. Et, en cette saison, qui est l'automne, nous avons le temps de le regarder. C'est un canton ombreux, chargé d'arbres, actuellement baigné dans les brumes de la saison. A ras du sol les horizons sont de lait, mais, si on relève l'oeil, au-dessus du brouillard flottent les cimes des montagnes.

Les longues files de peupliers accompagnent les routes. De vieux ormeaux bordent les chemins qui mènent à des maisons de maître. Quand on remonte ces chemins, on est guetté à travers les feuillages par de belles façades. On arrive sur une esplanade d'herbe. Il y a là un prisonnier allemand très affairé à un travail inutile. Il emmanche une hache comme si c'était un travail d'horlogerie, alors qu'il suffirait de taper le bout du manche sur le billot pour que le fer se coince ; et ça tiendrait ce que ça tiendrait. Mais lui s'occupe à la façon de ceux qui ont tout le temps devant eux et il ne se dépêcherait pas pour tout l'or du monde. On n'imagine pas à quel point il est d'accord avec le visage de cette maison, avec le vide de l'esplanade d'herbe au-dessus de laquelle une petite bise froide pousse et balance des vols de feuilles mortes ; avec l'ombre de quatre heures du soir (car ici, à cette heure et en cette saison le soleil est déjà derrière les montagnes de l'ouest).

Toutes ces maisons ont un prisonnier allemand ; jamais deux, un, chacune. Il allume le feu ; il fait le café. Il le monte au vieux type, ou à la vieille fille. « Entre, entre ! » Il n'a pas de plateau ; il n'a même pas de soucoupe ; il vient, la tasse simplement dans le creux de sa main et, de l'autre main, les premières fois il portait le sucrier (maintenant il sait que c'est un sucre et demi). « Attends un peu ! » Le vieux type se penche et débarrasse le vieux fauteuil qui lui sert de table à la tête de son lit. Il se fait là-dessus un petit piédestal avec des livres, des revues , des journaux sur lesquels le prisonnier dépose la tasse de café. « Fais-moi passer ma pipe et mon tabac. Quel temps fait-il ? » Quand c'est une vieille fille, c'est le prisonnier qui débarrasse lui-même le fauteuil et organise le piédestal, puis il fait une petite courbette et il dit : « Plaisir, mademoiselle. » Elle est sous ses camisoles, elle répond : « Merci. » Elle est ravie. Lui, il redescend par le majestueux escalier, sur les larges marches duquel on a entassé le long du mur des denrées périssables et les sacs de pommes de terre. Il va allumer la cheminée de la grande pièce. Il est seul dans cette maison qui ressemble à Sully.

Dans la brume, il y a des sortes de miroirs aux alouettes qui donnent de petits coups de reflets : ce sont les bouleaux. Généralement ils entourent une fontaine. En tout cas, il y en a quatre très gros autour de la fontaine des Monges : ce sont ceux qu'on voit luire à côté des ormeaux de Miravail. Il y en a un bosquet de sept ou huit, magnifiques : trois vieux et quatre ou cinq jeunes, près du bassin du Tho ; un autre énorme massif tout le long de l'abreuvoir de Charance : ce sont ceux qu'on voit à côté de cette grosse tache rouge qui est la toiture du hangar neuf de Charance. Il y en a alors des villes complètes le long de l'Ebron et qui accompagnent le ruisseau de Saint-Maurice.

Et, enfin, la capitale des bouleaux, - ce qui là-bas au fond éblouit parfois comme un coup de phare-, c'est autour de l'étang de Roumanche qu'elle se trouve avec ses dômes, ses terrasses, ses tours dorées, ses rues, ses ruelles, ses boulevards dorés, ses colonnes couvertes en peau de cheval pie, ses écorces soignées, poncées, poudrées, fardées, fines comme de la soie, ses balancements de palmes, ses déhanchements de jeunesse qui danse, ce bruissement de milliers de jupes de faille, son papillonnement de lumière. Les éclairs les plus violents qui arrivent de là-bas et percent facilement la brume comme de vrais rayons de soleil viennent de l'étang lui-même. Il a déjà commencé à engloutir beaucoup de feuilles mortes, car le feuillage de bouleaux est très sensible aux premiers coups de froid (il y avait de la gelée blanche sur les montagnes hier matin). Au bout de quelques jours ces feuilles, qui d'abord surnagent et font comme une cuirasse, se gorgent d'eau et descendent au fond. Là, noires, elles sont exactement comme le tain d'un miroir. L'eau brunit, se lisse et frappe la lumière avec tant de violence qu'elle la fait rebondir jusqu'ici ; qui est au moins à six kilomètres. Dans la saison un peu fièvreuse où nous sommes, cet étang très opulent, silencieux, avec toutes ces allées obscures qui aboutissent à lui nous effraie un peu. Il est comme une salle de jeu (j'aperçois au-dessus du feuillage roux des grands sycomores de la combe de l'Iverdine la toiture d'ardoise de cette auberge des champs où, dans l'arrière-salle, on joue de l'argent. Quelquefois, des fermes entières, des domaines avec tout le matériel et le meuble passent en cinq ou six mains dans le courant d'une nuit. J'en parlerai tout à l'heure).

Cet étang nous fait l'effet d'un endroit où, pour un peu d'imprudence, si on se laisse aller dans une sorte de douceur, on peut très facilement faire banque, faire banqueroute, tout perdre, sortir de là nu et cru. Nous autres, nous n'allons pas beaucoup dans cet endroit-là (nous allons à la combe d'Iverdine sans remords, par contre). Il paraît qu'il y a dans cet étang des poissons de toutes les qualités, en tout cas fort bons. J'en ai mangé. Il y a un type qui y va à la pêche, et même à la chasse avec des pièges. Il y a pris des canards à col vert. C'est un Tchèque : un nommé Shatz. Il travaillait dans une petite mine de mauvaise lignite que nous avons dans un vallon : une entreprise d'une soixantaine d'ouvriers. Elle vendait son mauvais charbon tout en terre à une usine électrique. Dans les grands foyers il paraît que ça brûlait. En tout cas, dans nos poêles ça ne vaut rien. L'usine, à ce qu'on dit, reçoit maintenant du charbon américain. On a fermé la petite mine. On a dédommagé les ouvriers avec trois mois de solde. Ils se sont remis, pour la plupart, à cultiver la terre, ce qu'ils faisaient avant. Un des chefs de la mine, pas un patron, un – je ne sais comment ils appellent exactement ça – était aussi un Tchèque, un nommé Borislav. C'est lui qui était le grand patron de la répartition des fonds. Il a dû un peu soigner Shatz. Shatz a installé un magasin d'horlogerie en plein bois, à un carrefour de routes. On s'est dit : « Il est fou ! » Nous avons une grand-route qui vient de très loin et qui va très loin ; elle arrive chez nous par un col, nous traverse en contournant tous nos coteaux et s'en va de chez nous par un autre col très haut d'où elle tombe en plein dans le sud, le midi, le soleil. Pendant qu'elle monte au col, la route qui vient d'ici même et va au canton la coupe à angle droit. C'est dans un de ces angles que Shatz a fait construire une petite maison avec deux belles vitrines dans lesquelles il a mis des montres, des réveille-matin, des pendules. Le soir, il boucle ça avec de gros panneaux de bois, il s'enferme et il doit dormir derrière ses vitrines.

A notre avis, installer ce magasin d'horlogerie en plein bois c'était une mauvaise idée, même une couennerie. Pas du tout. Ça marche. Il y a deux virages très secs avant le croisement et ça monte. Les autos, les camions, les cars vont lentement. Tout le monde est si surpris par ces vitrines à cet endroit-là qu'on en reste bouche bée. Souvent, les types, d'instinct, se rangent, freinent et s'arrêtent. Ils entrent pour demander, sauf des montres mais, finalement, assez souvent ils achètent des montres. Shatz a des chronomètres en or qui viennent de Suisse, pas dans la vitrine, dans des caisses de sciure. Il paraît qu'il vaut mieux avoir un de ces outils qu'un billet de banque. Nous, quand on va au canton, on s'arrête aussi. Il est très rigolo. Avant de s'installer, quand il a fallu qu'il voie le maçon et le charpentier, il est venu au village et il y est resté huit jours à l'auberge. Il s'est présenté à tout le monde. Il venait à votre rencontre en souriant, il claquait des talons, faisait une courbette et disait : « Shatz ! » Au début, on ne savait pas ce que ça voulait dire, on se regardait mi-figue mi-raisin, puis on a compris et on a dit : « Ah ! C'est ça ! » Alors, Shatz ! Shatz ! - Hippolyte Raynaud, Shatz ! - Raphaël Burle, Shatz ! - Saturnin Pical, Shatz ! - Constantin Bicaille, Shatz ! - César Lotier.

Ça a duré huit jours. On ne rigolait plus du tout. On se demandait où ça voulait en venir réellement. Ça ne voulait pas en venir à autre chose qu'à faire notre connaissance, à dire son nom et à connaître le nôtre, un point c'est tout. Tout bien considéré c'est même une excellente idée. En tout cas, pour lui ça a été parfait. On l'a adopté. Dernièrement, il a fait venir ici son père et sa mère qui ne sont pas bien vieux, blonds, un peu gros, pas grands, grassouillets et très vifs d'allure. Toujours en train de sourire. Ils ne connaissent pas un mot de français. Pour finir par arriver ici, ils ont traversé cinq frontières et trois armées au repos. Ils ne nous ont pas encore fait le coup du Shatz mais on sent que ça vient. En nous souriant maintenant, il y a des fois où ils commencent à ouvrir la bouche. Shatz essaie de fricoter avec la petite Piloute, mais il la courtise avec trop de salamalecs ; elle s'y perd. Ne nous en faisons pas, elle finira par s'y retrouver. C'est depuis que Shatz s'intéresse à cette petite qu'il va pêcher et chasser à l'étang de Roumanche. On voit de grands oiseaux qui tournent là-bas dans la brume. Ce doit être ces fameux canards..."

Jean GIONO - Faust au village



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