Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°747 (2020-48)

mardi 15 décembre 2020

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Gary MOORE - The Prophet

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  L'
année 2014 derrière la loge n° 5



  Et l'année
2013 derrière la loge n° 5



Feuilles,
dernières fleurs
et fruits
de l'automne...

Courvières (Haut-Doubs)
fin novembre 2020



Knautie à feuilles de Cardère
Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 13 novembre 2020

Poireau perpétuel
Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 13 novembre 2020

Pissenlit
Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 13 novembre 2020

Pissenlit
Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 13 novembre 2020

Cardère
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 14 novembre 2020

Cardère
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 14 novembre 2020

Erable
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 novembre 2020

 

Saule
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 14 novembre 2020

Aubépine
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 14 novembre 2020

Carline
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 novembre 2020

Sureau
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 14 novembre 2020

Bourse à Pasteur
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 novembre 2020


Rhinanthe (?)
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 14 novembre 2020

Hêtre
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 14 novembre 2020



Cirse laineux

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 novembre 2020

Marguerite (en fleur, en fruit)
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 14 novembre 2020
<image recadrée>

Lichen : Xanthoria
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 novembre 2020

Géranium herbe à Robert
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 novembre 2020

<image recadrée>

Aubépine en fruit,
des réserves de nourriture pour
les petits oiseaux !
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 novembre 2020

Prunelles
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 novembre 2020

Pissenlit
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 21 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 21 novembre 2020
<image recadrée>

Les chatons de Noisetier
sont prêts à passer l'hiver...
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 22 novembre 2020

Viorne
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 22 novembre 2020

Faîne (fruit du Hêtre)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 22 novembre 2020

Framboisier
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 22 novembre 2020

Samare d'Erable
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 22 novembre 2020

Fruit du Fusain
Bannans (Haut-Doubs)

dimanche 22 novembre 2020

Bannans (Haut-Doubs)
dimanche 22 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 28 novembre 2020

Coccinelle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5

samedi 28 novembre 2020

Achillée millefeuille
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5

samedi 28 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 29 novembre 2020

Potentille
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 29 novembre 2020

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 29 novembre 2020

Eglantier
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 29 novembre 2020

Légèreté
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 29 novembre 2020

La légèreté, elle est partout, dans l'insolente fraîcheur des pluies d'été, sur les ailes d'un livre abandonné au bas d'un lit, dans la rumeur des cloches d'un monastère à l'heure des offices, une rumeur enfantine et vibrante, dans un prénom mille et mille fois murmuré comme on mâche un brin d'herbe, dans la fée d'une lumière au détour d'un virage sur les routes serpentines du Jura, dans la pauvreté tâtonnante des sonates de Schubert, dans la cérémonie de fermer lentement les volets le soir, dans une fine touche de bleu, bleu pale, bleu-violet, sur les paupières d'un nouveau-né, dans la douceur d'ouvrir une lettre inattendue, en différant une seconde l'instant de lire, dans le bruit des châtaignes explosant au sol et dans la maladresse d'un chien glissant sur un étang gelé, j'arrête là, la légèreté, vous voyez bien, elle est partout donnée. Et si en même temps elle est rare, d'une rareté incroyable, c'est qu'il nous manque l'art de recevoir, simplement recevoir ce qui nous est partout donné...

~ Christian BOBIN ~ La folle allure

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 29 novembre 2020

Carline
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 29 novembre 2020

Renoncule
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 29 novembre 2020




Suggestion de lecture :

"Ostrit n'entendit pas le grincement du couvercle du sarcophage, mais le sorceleur l'entendit, lui. Il se pencha et trancha de son poignard les liens du dignitaire. Ostrit ne demanda pas son reste. Il se leva d'un bond, boitilla d'une façon disgracieuse, les jambes engourdies, puis se mit à courir. Son regard s'était suffisamment accoutumé à l'obscurité pour voir le chemin qui menait de la salle principale vers la sortie.

La dalle qui bloquait l'entrée de la crypte se souleva et retomba avec un grand fracas. Geralt, qui s'était caché par mesure de précaution derrière la balustrade de l'escalier, aperçut la silhouette difforme de la strige qui filait en souplesse, avec rapidité et assurance, dans le sillage du bruit des pas d'Ostrit. La strige n'avait émis aucun son.

Un cri tremblant, monstrueux, infernal, déchira la nuit, secoua les vieux remparts et dura, crescendo et decrescendo, vibrant. Le sorceleur était incapable d'évaluer exactement la distance – son ouïe exacerbée le trompait -, mais il savait que la strige avait eu tôt fait d'attaquer Ostrit. Trop tôt.

Il sortit de son abri pour aller se poster tout près de l'entrée de la crypte. Il se débarrassa de son manteau, fit un mouvement des épaules pour rectifier la position de son glaive, enfila ses gants. Il disposait encore d'un petit moment. Il savait que même repue depuis la dernière pleine lunde, la strige n'abandonnerait pas si vite le cadavre d'Ostrit. Le coeur et le foie constituaient de précieuses provisions pour sa longue léthargie.

Le sorceleur attendait. Selon ses calculs, trois heures environ le séparaient des premières lueurs de l'aube. Seul le chant du coq pourrait l'induire en erreur. D'ailleurs, il n'y avait probablement plus de coqs dans les environs.

D'abord, il l'entendit. Elle avançait lentement, en traînant les pieds par terre. Et puis il la vit.

La description qu'on lui en avait faite était exacte. Sa grosse tête disproportionnée, plantée sur un cou très court, était entourée d'une auréole de cheveux rougeâtres, crépus et emmêlés. Ses yeux brillaient dans le noir comme deux braises.

La strige se tenait immobile, les yeux fixés sur Geralt. Soudain elle ouvrit la gueule, comme pour faire étalage de ses énormes dents blanches et pointues, à la suite de quoi elle claqua la machoire d'un coup sec évoquant la fermeture d'un coffre. Elle bondit aussitôt, sur place, sans élan, ses griffes ensanglantées tendues vers le sorceleur.

Geralt fit un bond en arrière et une brusque volte-face, la strige le frôla, fit elle aussi volte-face en lacérant l'air de ses griffes. Elle ne perdit pas l'équilibre et repartit immédiatement à l'attaque en faisant demi-tour ; ses dents claquèrent juste devant la poitrine de Geralt. Le Riv fit un bond dans l'autre sens, opéra trois tours sur lui-même en vrombissant, pour désorienter la strige. En faisant un bond en arrière, il lui assena sur le côté de la tête un coup sans élan mais puissant, avec les pointes en argent fichées dans son gant au niveau des jointures.

La strige poussa un rugissement de rage qui remplit le manoir d'un écho retentissant, tomba sur le sol, s'immobilisa et se mit à hurler, des hurlements sourds, inquiétants, furieux.

Le sorceleur eut un sourire mauvais. Comme il l'escomptait, sa première tentative se voyait couronnée de succès. L'argent était mortel pour la strige, comme pour la plupart des monstres engendrés par des charmes. Il y avait donc une chance pour que cette bête hideuse fût comme les autres, ce qui pouvait garantir la réussite du désenvoûtement ; quant à son glaive en argent, son ultime recours, il pourrait garantir sa survie à lui.

La strige n'était pas pressée de repartir à l'attaque. Cette fois, elle approcha lentement en montrant les crocs, bavant d'une façon répugnante. Geralt recula, décrivit un demi-cercle en avançant prudemment les pieds ; tantôt ralentissant tantôt accélérant ses mouvements, il déconcentrait la strige, l'empêchait de se mobiliser pour sauter. Tout en marchant, le sorceleur déroulait une longue chaîne fine et solide, alourdie au bout. La chaîne était en argent.

Au moment où la strige s'élança pour sauter, la chaîne siffla dans l'air et s'enroula en un clin d'oeil autour des épaules et de la tête du monstre comme un serpent. La strige s'effondra en plein saut en émettant un cri aigu qui déchirait les tympans. Elle se débattait sur le sol en poussant d'horribles rugissements, sans qu'on sût si c'était de colère ou à cause de la douleur cuisante que lui infligeait le métal haïssable. Géralt était content ; s'il l'avait voulu, tuer la strige ne lui aurait alors posé aucun problème insurmontable. Mais le sorceleur ne dégainait pas son glaive. Jusqu'à présent, le comportement de la strige ne lui donnait aucune raison de croire que son cas pouvait être incurable. Il recula à distance respectueuse et, sans quitter des yeux la forme qui se tortillait sur le sol, prenait de profondes inspirations. Il se concentrait.

La chaîne lâcha, les maillons en argent se répandirent en pluie de tous les côtés en tintant sur la pierre. Aveuglée par la rage, la strige se rua à l'attaque en hurlant. Geralt attendait calmement ; il leva la main droite et dessina devant lui le Signe d'Aard.

La strige fut projetée à plusieurs pas en arrière, comme frappée par un marteau, mais elle se maintint sur ses jambes, sortit ses griffes, dénuda ses crocs. Ses cheveux se dressèrent sur sa tête et se mirent à flotter comme si elle était prise dans une bourrasque. Avec difficulté, en râlant, elle avançait. Pas à pas, lentement, mais elle avançait.

Geralt s'inquiéta. Il ne s'attendait pas à ce que le Signe, si simple, paralysât complètement la strige, mais il ne s'attendait pas non plus à ce que la bête vainquît si facilement la résistance. Il ne pouvait tenir le Signe trop longtemps, c'était trop épuisant, et la strige n'avait plus qu'à peine une dizaine de pas à parcourir. Il ôta subitement le Signe et fit un bond de côté. Comme il s'y attendait, la strige, surprise, vola en avant, perdit l'équilibre, bascula, glissa sur le sol et roula dans l'escalier, dans l'ouverture béante de l'entrée de la crypte. En bas, retentirent ses hurlements barbares.

Pour gagner du temps, Geralt sauta dans l'escalier qui menait à une petit galerie. Il n'avait pas monté une demi-marche que la strige surgissait de la crypte en se déplaçant à toute allure comme énorme araignée noire. Le sorceleur attendit de la voir se lancer à sa poursuite dans l'escalier, pour franchir la balustrade et sauter en bas. La strige tournoya dans l'escalier, rebondit et fonça sur lui dans un incroyable bond de plus de dix mètres. Elle ne se laissait plus si facilement piéger par ses pirouettes ; à deux reprises, ses griffes égratignèrent le pourpoint en cuir du Riv. Mais un nouveau coup des pointes d'argent de son gant repoussa la strige avec la violence du désespoir et la fit vaciller. Géralt sentant la fureur monter en lui, balança d'avant en arrière, s'arc-bouta et d'un énergique coup de pied dans le flanc, terrassa la strige.

Le rugissement qu'elle émit surpassa en puissance tous ses cris précédents. Le crépi du plafond en tomba.

La strige se releva, tremblante d'une colère incontrôlée et d'une pulsion meurtrière. Geralt attendait. Il avait dégainé son glaive et de la pointe décrivait des cercles dans l'air ; il avançait, contournait la strige en veillant à ce que les mouvements de son épée fussent décalés par rapport au rythme de ses pas. La strige ne sautait pas, elle se rapprochait lentement, suivant des yeux la raie claire de la lame.

Geralt s'arrêta brusquement et se figea, le glaive en l'air. La strige, déconcertée, s'immobilisa également. Le sorceleur décrivit de la pointe un lent arc de cercle, fit un pas du côté de la strige. Puis un autre. Puis il sauta en faisant tournoyer son glaive au-dessus de sa tête.

La strige se recroquevilla, battit en retraite en zigzaguant, Geralt était de nouveau tout proche, son fer miroitait dans sa main. Les yeux du sorceleur s'illuminèrent d'un éclat inquiétant ; derrière ses dents serrées se précipitaient des rugissements rauques. La strige recula de nouveau, poussée en arrière par la force de la haine, de la colère et de la violence concentrées qui émanaient de l'homme en train de l'attaquer et qui l'assaillaient par vagues en s'infiltrant dans son cerveau et ses entrailles. Effrayée, au point d'en avoir mal, par en sentiment encore inconnu d'elle, elle laissa échapper un piaulement de contrariété, fit un tour sur elle-même et s'élança dans une fuite folle dans l'obscur labyrinthe des couloirs du manoir.

Geralt, frissonnant, se tenait au milieu de la salle. Seul. Il fallait du temps, pensa-t-il, avant que cette danse au bord du gouffre, ce ballet endiablé, macabre, du combat aboutît au resultat espéré, lui permît de fusionner psychiquement avec son adversaire, d'être en harmonie avec les couches de volonté concentrée qui débordait de la strige. De la volonté mauvaise, maladive, qui était à l'origine de la strige. Le sorceleur trembla au souvenir du momoent où il avait absorbé cette charge de mal pour la diriger contre le monstre, comme un miroir. Il n'avait encore jamais rencontré une telle concentration de haine et de folie meurtrière, même pas chez les basilics qui jouissaient pourtant dans ce domaine d'une sacrée réputation.

Tant mieux, se disait-il en se dirigeant vers l'entrée de la crypte qui faisait comme une énorme flaque noire sur le sol. Tant mieux ! Le choc que la strige elle-même a subi en était d'autant plus fort ! Ainsi, il aurait un peu plus de temps pour agir avant que la bête hideuse se remît du choc. Le sorceleur se demandait s'il aurait encore la force de fournir le même effort. L'action des exilirs diminuait et l'aube était encore loin. Il était hors de question que la strige retournât dans la crypte avant les premières lueurs de l'aurore, sinon tout le mal qu'il s'était donné n'aurait servi à rien.

Il descendit l'escalier. La crypte n'était pas grande, elle contenait trois sarcophage de pierre. Le couvercle du premier à partir de l'entrée était à moitié écarté. Geralt sortit de son sein le troisième flacon, il en but rapidement le contenu et pénétra dans le tombeau où il disparut. Comme il s'y attendait, c'était un double tembeau, pour la mère et pour la fille.

Il tira le couvercle sur lui seulement quand lui parvint d'en haut un nouveau rugissement de la strige. Il s'allongea sur le dos, à côté de la dépouille momifiée d'Adda, et traça sur l'intérieur du couvercle le Signe d'Yrden. Il posa sur sa poitrine son glaive et un minuscule sablier phosphorescent. Il croisa les mains. Il n'entendait plus les hurlements de la strige qui fouillait le manoir. D'une façon générale, il cessait petit à petit d'entendre parce que la colchique et la chélidoine commençaient à agir..."

Andrzej SAPKOWSKI - Le Sorceleur



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