Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°713 (2020-14)

mardi 7 avril 2020

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Johannes Brahms - Waldesnacht

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Je garde les solutions...

Je vous les enverrai au prochain [TN]

(je vais essayer d'en faire d'autres...)

Bon courage !



Portraits
de
Pie


Courvières (Haut-Doubs)
mars et avril 2020



Pie
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 1er mars 2020


Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 1er mars 2020


Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 1er mars 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 1er mars 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 1er mars 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 1er mars 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 1er mars 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 1er mars 2020

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 1er mars 2020

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 15 mars 2020
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Courvières (Haut-Doubs)
mardi 17 mars 2020
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La membrane nictitante s'est refermée...
C'est une sorte de "troisième paupière" qui humidifie l'oeil.
Cette membrane est présente chez les oiseaux et les reptiles (à l'état de vestige chez l'homme...)

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Courvières (Haut-Doubs)
mardi 17 mars 2020
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Courvières (Haut-Doubs)
samedi 21 mars 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 28 mars 2020

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Courvières (Haut-Doubs)
samedi 28 mars 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 28 mars 2020

Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 3 avril 2020
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Courvières (Haut-Doubs)
samedi 4 avril 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 4 avril 2020



Suggestion de lecture :

"24

En compagnie des eaux


Né au coeur de Paris, citadin jusqu'au plus profond de lui-même, Beaumarchais aime d'amour sa ville. Comment améliorer la vie qu'on y mène, avec cette population de plus en plus nombreuse qui s'y entasse dans un capharnaüm puant et engorgé ? Pas plus sales que ces rues encombrées d'ordures ! Et pas plus mal commodes que ces étages quand il faut tout y monter à commencer par l'eau ! Même si l'hygiène n'est pas la préoccupation majeure du siècle, il faut bien tout de même, parfois, se laver. Pauvres porteurs, épuisant métier !

Jacques-Constantin Périer est l'un de ces ingénieurs-entrepreneurs qui ont bâti l'industrie française. De huit ans plus jeune que Beumarchais, il a déjà bien rempli sa vie lorsqu'ils se rencontrent. Curieux de toutes les inventions techniques, son frère (Auguste-Charles) et lui cherchent à faire profiter le plus grand nombre. C'est ainsi qu'ils ne vont pas tarder à introduire en France la machine à vapeur que l'Ecossais James Watt vient de mettre au point. Plus tard, ils développeront dans les mines un système permettant d'extraire la houille.

Pour l'heure, ils veulent doter Paris d'un système de pompes et de canalisations qui permettrait de distribuer l'eau partout et sans effort.

  • Nous créons une société. Voulez-vous en être ?

Beaumarchais n'hésite pas. De cette nouvelle Compagnie des eaux, ancêtre dès 1781 de Suez et Veolia, il en devient non seulement le principal actionnaire, mais le plus actif des ambassadeurs.

Ce sera l'une de ses plus profitables opérations. Tout le monde a besoin d'eau donc tout le monde veut s'abonner. Les installateurs de tuyaux et de pompes courent de maison en maison. La valeur des titres de la Compagnie s'envole. On crie à la spéculation. Les ministres s'en mêlent. Beaumarchais répond. Rien ne le distrait plus que ce genre de bataille. Donc il y excelle. Il plaide, il ferraille, il retrouve sa jeunesse.

Et comme lors de sa campagne d'Amérique, il ne s'agit pas seulement d'argent. Une conviction l'anime : il faut au plus vite moderniser Paris.

L'eau, d'ailleurs, l'a toujours passionné. L'un des héritages de son père qui gardait dans ses cartons un projet de machine à remonter les bateaux. La fabrication de montres n'avait jamais obnubilé les Caron. Chez eux, rue Saint-Denis, entre deux petits concerts familiaux, on discutait aussi de science hydraulique. L'horlogerie, la musique et l'eau, comment ne pas trouver de ressemblance entre ces flux qui coulent ? Trois courants passent, celui du temps, celui des mélodies et celui de cette eau, la source de toute vie. On pourrait ajouter le commerce, ressort de l'échange, dynamique de l'économie.

Fluide, la vie, comme la liberté.

Fluide, un adjectif qui pourrait servir de devise à l'existence.

Vous avez beau avoir déjà beaucoup fait, il vous reste des regrets. Il paraît que dans ses dernières années, Beaumarchais parlait souvent d'un pont d'une seule arche qu'il aurait voulu construire pour enjamber la Seine. Et aussi d'un canal traversant le Nicaragua. Savez-vous, répétait-il, savez-vous que s'y trouve un lac ? « La nation qui serait maîtresse de ce lac et des canaux qui joindraient les deux mers serait infailliblement la maîtresse du commerce mondial. »

25

La plus folle des journées


La vie de Beaumarchais est une suite de folles journées.

Mais au palmarès des folies, celle-ci tient le pompon.

12 octobre 1781.

Dans un petit salon de Versailles, Mme Campan lit.

Rien d'étonnant, c'est son premier métier.

Avant de grimper dans la hiérarchie des servantes et d'atteindre au titre de « femme de chambre de la reine », c'est comme lectrice des filles de Louis XV qu'elle a été embauchée.

Mais sa lecture de ce jour a ceci de particulier qu'elle lit pour Louis XVI et pour Marie-Antoinette.

Et qu'elle ne lit pas un livre mais l'un après l'autre des feuillets épars qui, constituent une pièce de théâtre.

Les comédiens français ont eu beau l'accepter d'enthousiasme, et le censeur avoir donné son accord, Louis XVI veut se faire une idée par lui-même. Dans l'intimité et sans le filtre, souvent trompeur, d'un acteur.

D'où la demande à Mme Campan.

Qui s'acquitte de sa tâche de la meilleure des manières.

Elle lit bien, sa conscience professionnelle le lui ordonne, mais d'une voix unie. Elle ne joue pas, ne met pas le ton. Surtout elle s'interdit d'exprimer la moindre opinion sur ce qu'ellelit, se mord les lèvres chaque fois qu'elle pourrait sourire, et les occasions sont nombreuses.

De temps à autre, la curiosité l'emporte, elle veut savoir ce que pensent ses augustes auditeurs, alors elle lève les yeux. Et voit le roi gagné par une colère de plus en plus manifeste. Tandis qu'à l'inverse, Marie-Antoinette se délecte.

A peine Mme Campan a-t-elle reposé le dernier feuillet que Louis XVI, d'ordinaire si placide, explose : « C'est détestable, ce ne sera jamais joué, cet homme déjoue tout ce qu'il faut respecter dans un gouvernement. » Et d'ajouter, soudain visionnaire, « sa représentation ne pourrait être qu'un inconséquence fâcheuse, sauf si la Bastille était détruite. » Rappelons la date de cette lecture : 1781.

Quoi qu'il en soit, ce royal courroux est une mauvaise nouvelle pour Figaro. Son mariage devra encore attendre.

A Paris et ailleurs, on s'impatiente. Dans son Barbier de Séville, représenté avec le succès que nous savons, Beaumarchais annonçait une suite. Et nous sommes ainsi faits que nous vendrions notre mère pour connaître l'autre côté de la colline, je veux dire les chapitres à venir d'une histoire. Notre âme est addictive. Voyez notre dépendance, hier aux feuilletons, aujourd'hui aux séries.

Pour tenir en haleine son public, tout en narguant les autorités, l'auteur multiplie les lectures privées. Et faisons-lui confiance ! N'étant pas tenu à la même réserve que la femme de chambre, il incarne tous les personnages, il est le Comte, il est Chérubin, il est Suzanne puis sans effort devient Comtesse.

La rumeur monte. Elle déborde les frontières d'une Europe plus « européenne » qu'aujourd'hui, au moins parmi les élites, qui toutes parlent français. Paris nous a encore fabriqué un chef-d'oeuvre. Oui, un délice de méchanceté et de pertinente impertinence ! Ecoutez comme il parle de la loi « indulgente aux grands, dure aux petits ». Et ceci : « Il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. » Et encore : « On pense à moi pour une place, mais par malheur j'y étais propre. » Ah ! Ce Beaumarchais, quelle acuité, quelle audace ! D'ailleurs, ne serait-il pas l'ami des rebelles américains ? Celui-là même ! Et vous ne savez pas la meilleure ? Le roi de France interdit l'oeuvre ! Faut-il qu'elle continne des bombes ! Je viens justement d'apprendre que l'empereur Joseph II lui a aussi fermé tous les théâtres d'Autriche. Il faudrait qu'ils se mettent d'accord dans la famille : sa soeur Marie-Antoinette ne jure que par La Folle Journée !

De nouveau, la vie devient théâtre, aussi riche en surprises, aussi fertile en rebondissements.

Versailles est divisé. Beaumarchais y a des soutiens puissants. Outre Marie-Antoinette, le comte d'Artois, par exemple, frère du roi. Jugeant désastreuse l'interdiction, ils suggèrent un représentation privée des comédients français, dans la salle dite des Menus Plaisirs, au coeur de Paris. Juste avant la date prévue, le 13 juin 1783, un envoyé arrive au galop pour arrêter les répétitions. Ordre de Louis XVI.

Pour éviter une prison qu'il sent s'approcher à grands pas, Beaumarchais court se réfugier à Londres.

Ses amis ne baissent pas les bras. L'un d'entre eux, un autre comte, de Vaudreuil celui-là, prie les comédiens français de bien vouloir venir jouer La Folle Journée en son château, au nord-ouest de la capitale.

Avant de donner son accord et pour plus de sûreté, Beaumarchais demande l'avis d'un nouveau censeur officiel : nihil obstat. En langue vulgaire : allez-y.

Un convoi transporte donc les décors, les costumes, les maquilleuses et toute la troupe vers le château de Gennevilliers. Louis XVI est ouvertement défié. Comment va-t-il réagir ? Jusqu'au dernier instant, on craint de se retrouver tous à la Bastille. Mais le rideau se lève, sans (mauvaise) nouvelle de Versailles.

Cette fois, pas besoin de corriger la moindre phrase. C'est un triomphe.

Et maintenant ? Un vrai théâtre recevra-t-il l'autorisation ?

Pour en avoir le coeur net, un quatrième censeur est sollicité. Son appréciation est... négative. Qu'à cela ne tienne, il suffit d'en consulter deux autres. Qui crient au chef-d'oeuvre. Vive la censure !

Louis XVI finit par céder.

Le 27 avril 1784, Paris ne parle que de La Folle Journée. On se bat pour les places. Une véritable émeute entoure le théâtre du Luxembourg. La foule piaffe et frétille.

Le rideau se lève sur le matin d'un mariage.

« Dix-neuf pieds sur vingt-six », Figaro mesure le lit que le Comte donne aux tourtereaux. A aucun prix, Suzanne ne veut de ce cadeau. Pour quelle raison, ce refus ? La mécanique est lancée. Et emporte la salle.

Deux heures plus tard, le temps pour Brid'oison le bègue de nous livrer sa conclusion, Tout fini-it par des chansons (bis), Beaumarchais, sous les acclamations, aura atteint le sommet de sa vie.


Nul n'habite longtemps le plus haut.

Une partie de lui redescendra, avec d'autres pièces, moins réussies ; avec d'autres appréciations, moins flatteuses, de sa personne suite à d'autres activités, plus contestables.

Mais de lui demeurera, sans que nul ne songe à la contester, la perfection de cette Journée appelée à devenir bientôt Mariage.

Il semblait que j'eusse ébranlé l'Etat ; l'excès de précautions qu'on prit et des cris qu'on fit contre moi décelait surtout la frayeur que certains vicieux de ce temps avaient de s'y voir démasqués. La pièce fut censurée quatre fois, cartonnée trois fois sur l'affiche à l'instant d'être jouée, dénoncée même au parlement d'alors ; et moi, frappé de ce tumulte, je persistais à demander que le public restât le juge de ce que j'avais destiné à l'amusement du public. Je l'obtiens au bout de trois ans. Après les clameurs, les éloges ; et chacun me disait tout bas : « Faites-nous donc des pièces de ce genre, puisqu'il n'y a plus que vous qui osiez rire en face. »

Préface au Mariage de Figaro"

Erik Orsenna - Beaumarchais - Un aventurier de la liberté



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