Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°669 (2019-20)

mardi 14 mai 2019

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Vivaldi - Concerto pour 2 violons
et viole de gambe RV 578

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Merle, Grive, Sittelle et Mésange

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
janvier à mai 2019



Merle noir mâle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 20 janvier 2019

Merle noir mâle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 23 mars 2019



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Grive litorne
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 30 mars 2019
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Sittelle torchepot
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 30 mars 2019

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Grive litorne
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 6 avril 2019

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 6 avril 2019

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 13 avril 2019

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Quels déchets composter ?
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 13 avril 2019

Mésange charbonnière
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

vendredi 19 avril 2019

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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 19 avril 2019

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Chardonneret élégant
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

vendredi 19 avril 2019


Mésange noire
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

vendredi 19 avril 2019

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Merle noire mâle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

vendredi 19 avril 2019




Grimpereau sp. (flou !)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

vendredi 19 avril 2019

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Sittelle torchepot (à son nid)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

lundi 22 avril 2019

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
lundi 22 avril 2019

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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
lundi 22 avril 2019

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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
lundi 22 avril 2019

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Accouplement de Grive litorne
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

lundi 22 avril 2019
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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
lundi 22 avril 2019

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
lundi 22 avril 2019

Merle noir femelle (Merlette)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 2 mai 2019

De la mousse... pour le nid !
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 2 mai 2019

Envol
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 2 mai 2019



Suggestion de lecture :

"AOUT 2015 : NOTRE-DAME DU BON SECOURS


On découvre trop tard ce qu'on a sous les yeux. La vie passe, on ne remarque pas l'évidence.

J'ai habité pendant dix ans devant l'église Saint-Séverin dans le Vè arrondissement de Paris. Saint-Séverin : la sophistication du gothique, l'église qui ravissait Huysmans, où Cioran venait rafraîchir son désespoir, où furent célébrées les obsèques de Bernanos, de Florence Arthaud récemment...

La cathédrale Notre-Dame de Paris s'élève à quelques centaines de mètres à l'est, sur l'île de la Cité. Au néolithique, on traversait le bras de la Seine en pirogue. On a retrouvé des vestiges de ces embarcations près de Bercy. Aujourd'hui, il y a des ponts. L'un d'eux dessert le parvis. Et moi, pauvre aveugle, je l'empruntais chaque jour, passais au pied du monument sans daigner lever les yeux vers la galerie des rois mutilés, sans regarder les tours, sans brûler de monter au sommet.

Le Parisien en va pas au Louvre, le Moscovite ignore le musée Pouchkine, les Madrilènes négligent le Prado. Puis chacun court le monde, pour se jeter dans des musées lointains. Voyager est absurde.

Il m’a fallu un accident pour prendre soin de ce dont je disposais par-devers moi. L’année avait été rude. Les malheurs s’étaient abattus sur ma famille. Parfois, je me demandais ce que nous avions fait aux dieux. Ma mère était morte et moi, j’étais tombé d’une fenêtre. Je ne sais pas trop comment les choses étaient arrivées. Je m’étais réveillé en morceaux dans un lit d’hôpital et j’avais passé près de quatre mois allongé dans un corset. La médecine de pointe, la sollicitude des infirmières de La Pitié (ce mot n’est pas dangereux), l’amour de mes proches, la sainteté d’un être chéri, la lecture de bons romans, tout cela m’avait sauvé. Et je m’étais relevé, capable de marcher. Il fallait remuscler la carcasse et les médecins me conseillaient de l’exercice. « Rééducation », disaient-ils. Je n’aimais pas ce mot, il me faisait penser aux méthodes du Politburo soviétique. La perspective des heures dans une salle de sport me démoralisait et je considérais soudain que, à une encablure de mon appartement, il y avait la cathédrale. Le gros vaisseau de pierre était là, encalminé sur l’île. Je n’avais qu’à monter en haut de ses tours pour retrouver mes forces.

Chaque matin, je quittais mon domicile à petit pas. Je descendais les escaliers de l’immeuble, marchais précautionneusement à travers le square René-Vivi-ani, non loin de l’église Saint-Julien-le-Pauvre. J’étais devenu un vieux monsieur, j’avais pris cinquante ans en dix mètres. Je traversais la Seine et gagnais le guichet de l’entrée des tours, sur le flanc nord de la cathédrale, dans la rue du cloître. Il était 10 heures du matin, les visites commençaient. J’avais enfin réussi à rythmer mes journées d’une promenade à heure fixe. Je me conformais en cela au principe de Kant (à défaut de savoir philosopher, j’imitais sa pratique de vie). Heinrich Heine raconte que le philosophe allemand, chaque jour à la même heure, quittait son cabinet de travail et marchait le long d’un trajet immuable. Kant enseignait par là que le rendez-vous avec des habitudes innocentes féconde la vie. La journée est marquée par un battement d’horloge, on se satisfait d’honorer un acte anodin. Le temps se structure, se construit. Mon rendez-vous avec les tours de Notre-Dame était le signe que la journée se passerait bien.

Je saluais les gardiens. L’institution des Bâtiments de France à qui j’avais écrit une lettre m’avait gratifié d’un laisser-passer. Je pouvais couper la file, je commençais ma lente montée. Il y a quatre cent cinquante marches pour arriver au sommet de la tour sud. On monte d’abord à mi-hauteur de la tour nord, on traverse la coursive de la façade, au-dessus de la rosace occidentale, et on rejoint la tour sud pour poursuivre l’ascension.

Les premiers jours, ce fut l’Himalaya. Mes poumons n’avalaient pas assez d’air, mes jambes flageolaient, le dos grinçait, le cœur s’emballait. J’allais lentement, la main sur la rambarde de métal. Cinq mois auparavant, j’étais tombé sur mon ombre, mon corps était déchu. Je le montais vers le ciel pour le fortifier.

Au début, je fus gêné de ralentir les visiteurs. Ils piétinaient derrière moi. Ils ne pouvaient me doubler dans l’escalier à vis. Ils étaient venus du Japon, du Chili, d’Australie. Ils avaient traversé la Terre pour admirer Notre-Dame, pour voir Paris de haut, pour prier, peut-être ?

J’avais passé ma vie à courir les montagnes, à me dépenser sans compter et voilà que, à 42 ans, j’étais à la peine dans un escalier. Une vie sur la route pour en arriver là ! Je me sentais affreusement mélancolique. Ces escaliers, je les considérerai toujours comme l’expression la plus radicale de la sanction du destin. Chaque marche sonnait le rappel : on ne doit pas disposer légèrement de sa vie.

L’escalier à vis me frappait. Il permettait de s’élever en tournant sur soi-même. Je gagnais les degrés sans conquérir un pouce sur le plan euclidien. Dans l’escalier droit, c’est le contraire : on monte devant soi, projeté de quelques mètres dans l’espace. Toute spirale possède valeur d’espoir – d’un espoir plus grec que chrétien. L’espoir chrétien nous conduit droit vers l’avenir et la fin du chemin débouche dans la lumière. La spirale du colimaçon, elle, recompose son permanent retour. L’éternel retour est dans l’escalier à vis. Tout visiteur de Notre-Dame tient du derviche tourneur.

Je pensais au génie de ces architectes qui inventèrent le colimaçon. Avaient-ils observé la nature pour mettre au point leur trouvaille ? S’étaient-ils inspirés de la graine de tilleul tombant de la branche en tournicotant ? Avaient-ils été influencés par la coquille de l’escargot ? Peut-être avaient-ils tenu à incarner un symbole, car la spirale recèle une dimension métaphysique. Toute méditation a la forme d’une spirale : la pensée tourne sur elle-même, s’enfonce lentement dans les tréfonds psychiques.

Dans l’escalier régnait la fraîcheur. L’odeur de la pierre, aqueuse, métallique, n’avait probablement pas changé depuis le XIIe siècle, date des débuts de la construction de Notre-Dame. Cette senteur de fleur morte, je l’ai sentie souvent dans les grottes karstiques où je bivouaquais, au milieu des calanques de Cassis. Aujourd’hui, les chrétiens aiment à prier dans les cryptes. Ils s’imaginent dans les catacombes où se cachaient les premiers adorateurs du stoïcien crucifié. Je crois à la mémoire des pierres. Elles absorbent l’écho des conversations, des pensées. Elles incorporent l’odeur des hommes. Les pierres sauvages des grottes et les pierres sages des églises rayonnent d’une force mantique. On est toujours saisi quand on pénètre sous une voûte de pierre qui a abrité les Hommes.

Je tournais dans la vis. J’avais le temps de détailler les fossiles incrustés dans les murs. Les moellons calcaires de Notre-Dame sont truffés d’animalcules du Crétacé. Paris est fait de calcaire fossilifère, la ville s’élève sur des coquillages. Ô vanité des Hommes qui ont construit l’un des édifices les plus imposants du monothéisme avec des petits escargots.

Puis l’escalier s’ouvrait sur la coursive qui relie les deux tours et c’était l’explosion de lumière. Pas celle des abstractions mais celle du Soleil. Je recevais à chaque fois sa caresse comme une bénédiction et toujours, au moindre rayon, me revenait la confidence de Monseigneur Gollnisch, patron de l’Œuvre d’Orient. Il m’avait avoué ceci, à voix basse, dans un camp de réfugiés zoroastriens en Irak : « Si je n’avais pas été chrétien, je serais devenu adorateur du Soleil. » Notre-Dame est une cathédrale du Christ mais – chevet au Levant et tours au couchant – elle est également un temple solaire.

Chaque jour, Paris changeait. Le ciel imprimait d’imperceptibles nuances sur la ville. Paris prend mieux la lumière d’orage que la clarté d’azur. Tout ciel tragique grandit une ville. La capitale repose « sous le commandement des tours de Notre-Dame », comme l’écrivait Péguy à la fin des Sept contre Paris. Et les collines énumérées sous la plume du poète de la Tapisserie se dessinaient, ondulant leurs molles élévations dans l’horizon. Le mont Valérien, Montmartre et Saint-Cloud moutonnaient au loin. Paris est une petite ville, un Diên Biên Phu en paix. Elle étend sa marée de zinc dans le creux de sa cuvette pendant que les éminences montent la garde.

En bas, sur le parvis, il y avait le spectacle des Hommes. Haussmann avait dégagé la place pour assainir Paris, pour la commodité des manœuvres militaires et pour que les mioches puissent effrayer les pigeons en courant dans le tas. Plus tard, devenus vieux, ils les nourriraient, assis sur un banc. La vie consiste à cela : réparer ses péchés de jeunesse.

Je renonçais à compter le nombre de flèches d’églises qui piquetaient la ville. Elles étaient plantées comme des banderilles dans les toits. Je me souvenais d’un récent débat national : nos hommes politiques avaient légiféré pour interdire que l’on dispose des crèches de Noël dans les mairies. Les flèches de la France chrétienne, elles, étaient encore debout. Les arracherait-on un jour pour satisfaire au principe de laïcité ? On faisait l’effort d’oublier que le pays avait des racines. Il restait les croix dans le ciel.

Je passais de longs moments à caresser les gargouilles. Mon accident m’avait affligé d’une paralysie faciale, mon visage avait subi un glissement de terrain. Je promenais une face grimaçante. La bouche, tordue, tombait sur le côté, le nez était de traviole, la joue droite enfoncée, l’œil droit exophtalmique. Bref, j’avais l’air d’un personnage de Freaks. Les gargouilles me consolaient de la disgrâce. Elles se tenaient scellées sur les parapets et contemplaient Paris avec leurs gueules de monstre.

C’étaient les dogmes du XVIIe siècle qui m’affectaient. L’âge classique avait imposé en Europe ses canons esthétiques. On s’était persuadé que la beauté résidait dans la symétrie. Seule, la déconstruction cubiste, au début du XXe siècle, avait corrigé l’impératif d’équilibre formel. Les portraits de Picasso consolaient les sujets atteints de paralysie faciale. Les premiers signifiaient aux seconds que la laideur peut irradier d’une force.

Si j’avais vécu dans le Paris gothique, dans la ville médiévale imperméable à l’obligation de symétrie, familière des dragons, des tarasques et des rêves de Bosch, mon hémiplégie faciale serait passée inaperçue.

Penser à Quasimodo, ici, sous le beffroi, me rassurait : même un monstre a le droit à l’amour. Barbey d’Aurevilly, après Hugo, en avait fait le sujet d’un roman. Le prêtre de L’Ensorcelée, défiguré par la variole, séduisait une paroissienne normande. Rien n’était perdu me susurraient les gargouilles : toute bête a sa belle.

Les gargouilles avaient été dessinées par Viollet-le-Duc. Elles surveillaient les Parisiens depuis un siècle et demi. Elles assistaient au retour des ivrognes en pleine nuit, aux baisers clandestins des amants de l’aube, aux cavalcades des voyous et des flics. Elles étaient la mémoire de la ville. Elles ne quittaient jamais leurs loges et je les comprenais. Lorsqu’on a élu domicile dans les hauteurs, on se passe bien vite de l’envie de traîner dans la vallée.

La cloche sonnait. Les ventaux des tours abattaient les tintements. Une averse de métal tombait sur Paris. L’an passé on avait hissé de nouvelles cloches pour tenir compagnie au bourdon Emmanuel, seule pièce épargnée par les ravages de la Révolution. La cathédrale avait subi la Terreur. Les révolutionnaires avaient infligé à l’édifice ce que Sade réservait aux jeunes personnes. Ils l’avaient mutilé, dégradé. Pendant ces journées sous le commandement des tours, j’étais allé entendre une conférence de Michel Zink, au musée de Cluny, consacré au Moyen Âge. Nous l’écoutions dans une salle où sont disposés les vestiges des rois de Notre-Dame. « Voyez-vous, avait-il dit, les statues ont été vandalisées par des hommes qui faisaient ce que les islamistes de Daech font aujourd’hui. » Et nous avions pensé : « Parfois ces gens triomphent, peut-être que, un jour, Daech sera au pouvoir… »

Le glas avait sonné cette année à plusieurs reprises pour commémorer des drames nationaux ou lointains : lors de la tuerie de Charlie Hebdo ou de l’assassinat des coptes égyptiens par les musulmans fanatiques. L’agent de sécurité qui me faisait visiter le beffroi sud avait prononcé cette phrase en me montrant les vases de bronze : « L’un est nommé Marie et l’autre Emmanuel. » À force de vivre dans la cathédrale et de croiser le fantôme de Victor Hugo dans les coursives, il s’exprimait en alexandrins ! Je lui avais demandé pour qui allait encore sonner le glas. Depuis six mois, un faisceau de catastrophes convergeait dans le monde avec une fréquence convulsive. « On va encore beaucoup l’entendre », m’avait-il glissé. On gagne beaucoup à s’avouer pessimiste, c’est le moyen d’être prophétique.

Je traversais la coursive de la façade vers la tour sud. Il fallait slalomer entre les touristes. J’observais les visiteurs de Notre-Dame. Tous prenaient des photos, des millions de photos, sans discontinuer. Pas un ne regardait Paris de son œil. Ils brandissaient tous un écran entre le monde et eux. Qu’avait fait le monde pour mériter cela ? Y avait-il encore la place pour l’éclosion d’un souvenir, d’une pensée ? Ces gens devaient gober les discours sur la « réalité augmentée » ânonnés par les marchands de gadgets. Ce bluff technologique, comme l’écrivait Jacques Ellul, me rendait triste. Il siphonnait la joie de vivre, il asséchait la fantaisie, le mystère de l’homme et sa poésie vive. De quoi avaient-ils peur ces braves visiteurs pour s’abriter derrière leurs blindages portatifs ? Ils ne parlaient pas. Ils ne riaient pas. Ils faisaient sagement fonctionner leurs « trucs ». La technique avait été inventée pour servir l’homme. La technologie le disciplinait, le mettait au service des appareils. L’Homme était devenu l’employé de ses propres outils.

Nous étions de plus en plus nombreux à développer une allergie spirituelle à ces illusions virtuelles. Bientôt, nous nous réfugierons dans les bois. Nous serons liés aux bêtes, aux forêts, à l’amitié, à nos morts, à nos livres. Nous serons déliés des machines. Nous couperons le bois, viderons des seaux de vin, ferons l’amour, lirons des poèmes. Et nous serons vivants parce que déconnectés.

Je saluais les gardiens. Une jeune fille aux cheveux noirs ressemblait à Esmeralda. Était-ce un critère des Bâtiments de France pour recruter son personnel ? J’imaginais une annonce à Pôle Emploi : « Cherchons jeune fille esméraldienne pour garder les tours de Notre-Dame. » Au sommet de la tour sud, j’avais discuté avec une autre gardienne. Elle avait travaillé au musée Gustave-Moreau. À présent, elle veillait sur les gargouilles. Nous avions parlé de Huysmans, de Salomé, de la poésie décadente et je lui avais demandé si elle préférait passer sa journée à veiller sur le ciel. Un jeune surveillant lisait Crime et Châtiment. Je trouvais inquiétant qu’un agent de sécurité passe ses journées auprès de Raskolnikov. Un jour, une perruche s’était posée là-haut. Elle s’était sans doute échappée des cages des oiseleurs du quai de la Mégisserie et prenait le frais sur la tête d’une gargouille. C’était la visite du perroquet de Flaubert que la bonne Félicité confondait avec le Saint-Esprit.

Chaque jour, je sentais les forces revenir. Il y avait quelque chose d’alchimique dans ces heures d’exercices. Comme si le mystère, la puissance de Notre-Dame irriguait mes chairs. À présent, je suis remis, je marche droit et je salue toujours les tours de Notre-Dame quand je passe à leurs pieds. Je leur rends bien modestement par ces lignes le bienfait qu’elles m'offrirent..."

Sylvain Tesson - Une très légère oscillation



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