Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°641 (2018-41)

mardi 9 octobre 2018

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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C Monteverdi - Vêpres de la Vierge
"Dixit dominus"

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Chevrette, Chamois et Carlines...

Mont d'Or (Haut-Doubs)
août et septembre 2018



Chevrette
Mont d'Or (Haut-Doubs)
mercredi 15 août 2018



Mont d'Or (Haut-Doubs)
mercredi 15 août 2018
<image recadrée>

Lever du soleil
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 9 septembre 2018

Mont Blanc
Mont d'Or (Haut-Doubs)
dimanche 9 septembre 2018

Génisse et Chamois
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 9 septembre 2018

Carline acaule - Carlina acaulis
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 9 septembre 2018

Ouverture
Mont d'Or (Haut-Doubs)
dimanche 9 septembre 2018

Rougequeue
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 9 septembre 2018
<image recadrée>

La même Carline... vue sous un autre angle !
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 9 septembre 2018

Epilobe... en fruit !
Mont d'Or (Haut-Doubs)
dimanche 9 septembre 2018


Pinson des arbres femelle
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 9 septembre 2018

Crépis et papillon
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 9 septembre 2018



<image recadrée>

Chamois femelle et son petit
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 16 septembre 2018


Arrêt
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 16 septembre 2018

Cabri
Mont d'Or (Haut-Doubs)
dimanche 16 septembre 2018
<image recadrée>

Chamois femelle
Mont d'Or (Haut-Doubs)
dimanche 16 septembre 2018

Carline (ouverture...)
Mont d'Or (Haut-Doubs)
dimanche 16 septembre 2018

Mont d'Or (Haut-Doubs)
dimanche 16 septembre 2018

Cirse laineux
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 16 septembre 2018

Cirse des champs
Mont d'Or (Haut-Doubs)
dimanche 16 septembre 2018

Toilette
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 16 septembre 2018

Rougequeue noir
dans la falaise
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 16 septembre 2018



Suggestion de lecture :

"Rentré chez moi, j'ai été repris par mes habitudes. Elles sont favorables à cette tranquilité de l'esprit, à ce rythme du coeur qui facilitent à l'âme le meilleur usage possible d'une vie retirée. C'est la vie que je mène. Une vie qui depuis longtemps se règle d'elle-même sur les puissances des saisons. Elles nous imposent leurs nécessités.

Celle qui s'annonçait étant l'automne, j'employais les beaux jours qu'elle nous offre à des promenades sur les clarapèdes, et le soir, au retour, à des lectures que je chargeais de quelques rêveries.

Car je ne saurais séparer mes lectures de mes rêveries. Qu'elles les précèdent ou qu'elles les suivent elles s'enchaînent dans ma tête. J'ai ainsi le double avantage d'entendre ce que dit le livre et ce qu'en moi je lui réponds, ou plutôt ce qu'en moi quelqu'un qui parfois me remplace répond aux paroles que j'ai entendues.


Manoulakis nécessairement me manqua, et ainsi sa personne venait, surtout le soir en bonne place, à travers mes méditations, sans que le souvenir des récits étranges qu'il m'avait tenus sur Paros troublât beaucoup le regret amical de son absence. C'était à lui que je pensais et non pas à ce qu'il m'avait raconté de cette île.

Mais plus la saison déclinait, plus le soleil perdait de sa lumière et plus longue devenaient les nuits, plus je devais substituer, par l'effet de ces changements, au actes matériels du corps (que sont la marche, les petits travaux, je jardinage) ces évènements intérieurs qui utilisent la pensée. La mémoire alors y monte de l'ombre et elle n'a de cesse qu'elle ne nous chasse des lieux réels où nous vivons pour nous ramener aux lieux devenus irréels où jadis nous avons vécu et où encore nous voudrions revivre.

Et c'est ainsi qu'un soir je me suis mis à penser à Paros. Certainement à cause de Manoulakis. A y penser sans plus. Car je ne connaissais pas Paros. J'ai pas mal navigué entre les îles grecques, j'ai débarqué dans quelques-unes, comme à Limnos, à Santorin ou à Milo. Mais jamais à Paros. Paros je ne l'avais vue que du large.

J'en avais admiré la masse et le profil entre ciel et mer, la couleur et le calme, mais ni plus ni moins que pour d'autres îles. Il y en a tant et si belles !... Ainsi Naxos dont la splendeur m'avait frappé. A Paros, comme tout le monde, je n'associais qu'un nom, qu'une image, le marbre, ce marbre qui fut si célèbre. Simple souvenir d'art grec et d'histoire. Je n'en savais pas plus long sur cette île où rien, et pas même ce marbre illustre, pour moi n'avait d'attrait particulier. Parlez-moi de Mytilène, de Rhodes, de Zante, d'Egine, là, oui, j'avais connu des lieux inoubliables... Mais Paros ?...

Pourtant ce n'était pas à Rhodes, à Egine ou à Mytilène, que je commençai à penser, ce soir-là, mais à Paros et ensuite presque tous les soirs quand j'étais seul dans mes veillées.

Or, comme l'automne et l'hiver allongent ces veillées, ce nom et cet île y prenaient peu à peu plus de place. Cela devint une obsession...

Je m'en aperçus. Certes j'aime rêver, et même trop, au point que ces nuages voilent, diluent et décomposent mes pensées. C'est un mouvement qui m'est naturel. Mais je finis par m'en défendre. J'y oppose ma curiosité. Elle est vive et me pousse à la connaissance de ce qu'enveloppent et estompent ces brumes.

En quelque sorte je me documente à travers mes songes sur les forces qui les ont fait naître. Ainsi ce que j'apprends se précise et me satisfait sans que cesse pourtant de flotter sur mes découvertes un je ne sais quoi d'indéfinissable que rien n'arrive à dissiper.

Je me dis donc au bout de quelques jours qu'il serait opportun de savoir et, par conséquent, de fixer, une fois pour toutes, ce qu'une bonne étude rationnelle pouvait m'apprendre sur cette île.

Ce me serait un passe-temps d'hiver qui allègerait mes veillées.

Je possède mille volumes concernant des voyages. La Grèce y a sa bonne part.

Et j'ai lu.

D'abord pour m'en débarrasser définitivement, j'ai lu des guides.

Je n'aime pas les guides. Ils m'ennuient et ne me sont d'aucun profit. Mais par habitude comme tout le monde je les consulte, et je n'en retiens pas grand-chose. Ils sont impersonnels, précis, brefs, inhumains.

Pourtant je leur ai demandé (pour satisfaire au rite) ce qu'ils savaient consciencieusement de Paros.

A peu de choses près d'ailleurs la même chose.

Ceci :

« Paros dans les Cyclades. 10 000 habitants. 195 km2. Chef-lieu Parikia. Eglise de la Panaghia Hekatompylos (VI ème siècle). Marbres concernant Archiloque (VIII ème siècle av. J.-C.) et la naissance d'Homère. Quelques ruines de temples, les fameuses carrières. Deux monastères, l'un d'hommes, « Zoodochos », l'autre de femmes « Christos tou Dessous » près d'un vallon dit de « Pétaloudès », peuplé d'innombrables papillons. Peu de villages, un port Naoussa, et dans l'intérieur Lefkès, Napissa. Quelques îlots épars et, séparée par un petit détroit de Paros, l'île d'Antiparos. »

Rien ne parlant à l'esprit ni au coeur dans cette banale énumération, j'ai cherché ailleurs.

En pareil cas les anciens voyageurs sont de grande ressource. Contrairement aux guides, presque tous ont de l'intérêt. Ils ne sont pas impersonnels. Quelqu'un y parle.

J'ai relu plusieurs de ces relations.

L'une d'elles m'a attiré. Datée du Grand Siècle, elle relate une navigation aux îles grecques de l'ambassadeur de Louis XIV auprès de Sa Hautesse le Sultan de Constantinople. Il s'agit de M. de Nointel, un grand seigneur lettré, assez archéologue, curieux des gens, de leurs moeurs, de leurs chants, de leurs costumes, et sensible aux beautés des monuments.

Une suite fastueuse l'escorte. Les populations lui font fête. Il leur en offre fastueusement. Son voyage est marqué par des inventions quelquefois étonnantes.

Or, de toutes la plus merveilleuse eut pour site une grotte immense creusée en abîme sous Antiparos.

En voici une relation, à ce jour inédite, que rédigea probablement l'un des secrétaires de l'ambassadeur.

« L'an 1672, le 15 du mois de décembre (écrit cet anonyme) nous fûmes jetés par une effroyable tempête sur l'île célèbre de Délos.

« Nous y eûmes grand froid et n'y trouvâmes que des ruines. Il n'y restait plus un seul habitant. Mais le 18, la mer se calma. Un vent favorable nous porta jusqu'au petit port de Paros et de là à Antiparos, un îlot pelé non loin de cette île. Nous y jetâmes l'ancre.

« Le 19, M. le chevalier de Francastel fut envoyé à terre avec mission d'explorer ce pays.

« Il y découvrit une grotte qui l'émerveilla. Pas sa grandeur, sa profondeur et ses innombrables stalactites « lusus mirabundi Naturae » il fut étonné à ce point qu'à son retour il en fit une enthousiaste peinture à M. de Nointel. Celui-ci s'y rendit alors et, à la vue de ces merveilles naturelles, il décida qu'on célèbrerait la messe de Noël dans la grotte. Nous n'étions qu'à cinq jours de la Nativité.

« Aussitôt l'équipage entier se mit au travail pour faire de ces lieux souterrains un sanctuaire. On plaça partout des échelles, on dressa des échafaudages, on bâtit un autel de marbre au milieu de la grotte et l'on planta partout des torches par centaines et longues chandelles par milliers.

« Le soir de la Noël, sous les flammes de ces luminaires, s'assembla une foule immense, car, outre la suite de l'Ambassadeur et l'équipage de notre frégate, de toutes les îles voisines, où le bruit s'était répandu de la Sainte Cérémonie, accoururent les populations, moines, « papas », pêcheurs, paysans et même, m'a-t-on dit, quelques corsaires familiers de cet archipel qui, pendant une nuit, oublièrent leurs pirateries pour adorer à la façon des Francs l'Enfant Divin.

« En grand costume d'apparat M. L'Ambassadeur présida à la lithurgie. Et tout le monde loua Dieu en plusieurs langues, en latin d'abord comme il est requis dans nos pompes romaines, en français et en provençal par notre équipage ravi de chanter, et même en langage des îles qui est un patois grec dur à entendre. Encore qu'ils ne fussent pas de notre religion latine, ces Grecs chantèrent avec foi, mais malheureusement en nasillant.

« La pompe une fois achevée, on distribua plus de cinq cents torches aux visiteurs venus des îles. Ils en illuminèrent leurs caïques qui, en s'en allant sur la mer, nous offrirent ainsi un spectacle des plus étranges d'autant que ces braves gens chantaient leurs cantiques et de temps en temps poussaient de grands cris en l'honneur de notre Nation. »


Henri Bosco - Le récif



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