Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°594 (2017-45)

mardi 14 novembre 2017

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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JP Rameau - Les Indes Galantes
Chaconne

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Paysages...

du Haut-Doubs
juillet à septembre 2017



Dans l'affût
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 13 juillet 2017


Nuages
Bouverans (Haut-Doubs)
jeudi 13 juillet 2017



Pâturage
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 22 juillet 2017

Loge n°5
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 22 juillet 2017



Château de Joux
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 29 juillet 2017

Château de Joux
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
mardi 15 août 2017

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 20 août 2017

L'Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 20 août 2017

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 3 septembre 2017

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 3 septembre 2017

Profil
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 3 septembre 2017

Nuages II
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 3 septembre 2017

Graminées
Mont d'Or (Haut-Doubs)

samedi 23 septembre 2017

Ombre
Mont d'Or (Haut-Doubs)

samedi 23 septembre 2017

Pare-Neige
Mont d'Or (Haut-Doubs)

samedi 23 septembre 2017

Mont d'Or (Haut-Doubs)
samedi 23 septembre 2017


Lac de Joux
Mont d'Or (Haut-Doubs)

samedi 23 septembre 2017

Bocage
Mont d'Or (Haut-Doubs)

samedi 23 septembre 2017


Mont d'Or (Haut-Doubs)
samedi 23 septembre 2017

Cardère
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 24 septembre 2017

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 24 septembre 2017



Suggestion de lecture :

"Leif fredonna en descendant de la benne à ordures. Habituellement il ne faisait que le périmètre autour de Fjällbacka, mais une épidémie de gastro l'avait obligé à faire des heures supplémentaires au pied levé et à élargir son secteur. Ça lui était assez égal. Il aimait son boulot, et les poubelles restaient des poubelles, où qu’on les prenne. Il s’était même habitué à la puanteur avec le temps. Aujourd’hui il y avait peu de choses qui lui faisaient froncer le nez. Malheureusement, son odorat émoussé l’empêchait aussi de sentir l’odeur de brioches sortant du four ou le parfum d’une belle femme, mais c’était de petits inconvénients qu’il fallait accepter. Il aimait aller au boulot, peu de gens pouvaient en dire autant. Leif enfila ses gros gants de travail et appuya sur un bouton du tableau de bord. Le camion vert souffla et geignit puis commença à baisser le lève-conteneur qui allait soulever le bac mobile et vider les déchets directement dans le compacteur. D’ordinaire il pouvait rester dans la cabine pour faire la manoeuvre, mais ce conteneur était mal placé et il fut obligé de le positionner manuellement. Ensuite, il n’y avait plus qu’à regarder pendant que le bras de levier le soulevait. C’était encore tôt le matin et il bâilla. Il se couchait en général de bonne heure, mais il avait gardé ses petits-fils qu’il adorait hier soir, et il avait chahuté avec eux très tard dans la soirée. Mais ça valait le coup. Être grand-père vous faisait revivre, il n’y avait pas de doute. Il souffla et regarda la mince fumée blanche qui montait vers le ciel. Il faisait un froid de canard, bien qu’on fût déjà au mois d’avril. Leif jeta un coup d’oeil sur ce quartier qui pour l’essentiel était constitué de résidences secondaires. Bientôt ça allait grouiller de vie ici. Tous les conteneurs auraient besoin d’être vidés et, comme d’habitude, ils seraient remplis d’épluchures de crevettes et de bouteilles de vin blanc que les gens avaient la flemme d’amener au tri. Toujours pareil. Tous les étés. Il bâilla de nouveau et leva les yeux vers le bac juste au moment où il fut retourné et son contenu vidé dans la benne. Il se figea. Nom d’une pipe !

Leif se rua sur le bouton d’arrêt du compacteur. Puis il attrapa son téléphone portable.


Patrik poussa un profond soupir. Le samedi n’avait pas tout à fait pris la tournure qu’il avait souhaitée. Il jeta un regard résigné autour de lui. Des robes, des robes, des robes. Du tulle ; et des noeuds et des paillettes en veux-tu en voilà. Il était en sueur et il tira sur l’habit de torture qu’il portait. Ça

grattait et ça serrait partout, et il étouffait comme s’il avait enfilé une combinaison de sudation.

Alors ? dit Erica en l’examinant d’un oeil critique. Tu t’y sens comment ? Il te va ? Il faudra sans doute refaire l’ourlet, le pantalon me semble trop long.

Elle se tourna vers la vendeuse qui avait eu l’air absolument ravi en voyant Erica arriver avec Patrik sur ses talons.

On s’en occupe, ce n’est pas un problème.

La dame s’accroupit et commença à épingler l’ourlet.

C’est normal qu’il soit aussi… étriqué ? fit Patrik avec une petite grimace en tirant sur le col.

Il avait du mal à respirer.

Il vous va comme un gant, ce frac, gazouilla la vendeuse, ce qui constituait une véritable prouesse car elle avait deux épingles coincées entre les lèvres.

Je trouve simplement qu’il me serre un peu, dit Patrik qui chercha un regard de soutien auprès d’Erica.

Mais elle fut sans merci. Avec un petit sourire qu’il trouva diabolique, elle dit :

Mais tu es magnifique comme ça ! Tu veux quand même être aussi beau que possible le jour de notre mariage, non ?

Patrik contempla pensivement sa future femme. Il trouvait qu’elle affichait des tendances inquiétantes.

Les boutiques de tenues de mariage faisaient peut-être cet effet-là aux femmes. Pour sa part, il n’avait qu’une envie, en sortir au plus vite. Avec résignation, il comprit qu’il n’y avait qu’un seul moyen de s’en tirer. Il se força à sourire.

Oui, dit-il, je crois que je commence à bien l’aimer, celui-ci. Allez, on le prend !

Toute contente, Erica frappa dans ses mains. Pour la millième fois, Patrik se demanda pourquoi les mariages faisaient tant scintiller les yeux des femmes. Bien sûr qu’il se réjouissait à l’idée de se marier, mais, s’il avait pu choisir, il se serait contenté d’une organisation plus modeste. Il ne pouvait cependant

pas nier que le regard rempli de bonheur qu’Erica lui lançait lui réchauffait le coeur. Malgré tout, ce qui comptait vraiment, c’était qu’elle soit heureuse, et si pour cela il lui fallait suer dans un costume de pingouin pendant toute une journée, alors soit. Il se pencha en avant et lui planta une bise sur la bouche.

Et Maja, tu crois qu’elle va bien ?

Erica rit.

Anna a deux enfants, quand même, je pense qu’elle devrait s’en sortir avec Maja.

Mais ça lui en fait trois à surveiller, tu imagines s’il faut qu’elle coure après Adrian ou Emma, et que Maja en profite pour se sauver, et…

Arrête. Je me suis occupée des trois pendant tout l’hiver et ça s’est bien passé. Et d’ailleurs, Anna m’a dit que Dan allait faire un saut. Tu n’as vraiment pas besoin de t’en faire.

Patrik se détendit. Erica avait raison. Il avait toujours peur qu’il n’arrive quelque chose à sa fille.

Peut-être à cause de tout ce qu’il voyait dans son métier. Il ne connaissait que trop bien les terribles tragédies qui pouvaient s’abattre sur les gens. Sur les enfants. Il avait lu quelque part que, en devenant parent, on avait l’impression de passer le restant de sa vie avec un pistolet braqué sur la tempe. Et ce

n’était pas entièrement faux. La peur était toujours aux aguets. Les dangers étaient partout. Mais il allait essayer de ne plus y penser. Maja ne manquait de rien. Et ils avaient pu profiter d’un précieux petit moment à deux.

Et si on allait déjeuner quelque part ? proposa-t-il en sortant du magasin.

Super, c’est exactement ce qu’il me faut, dit Erica joyeusement en glissant sa main sous son bras.

Lentement, ils flânèrent dans la rue commerçante d’Uddevalla inondée de soleil et passèrent en revue les différents restaurants. Ils finirent par se décider pour un thaïlandais dans une des rues transversales, et ils étaient sur le point d’entrer dans le local fleurant bon le curry lorsque le téléphone de Patrik sonna. Il regarda l’écran.

Merde, le poste.

Ne me dis pas…, fit Erica en secouant la tête d’un mouvement las.

L’expression de Patrik l’avait déjà renseignée sur la provenance de l’appel.

Il faut que je réponde, dit-il. Ça ne devrait pas être très long, tu n’as qu’à entrer.

Erica marmonna, sceptique, mais elle entra quand même. Patrik resta dehors. Il répondit plus sèchement qu’il n’aurait voulu.

Oui, c’est Hedström.

Son visage passa rapidement de l’irritation à l’incrédulité.

Qu’est-ce que tu dis, Annika ? Dans une benne à ordures ? Quelqu’un d’autre est en route ?

Martin ? OK. J’arrive tout de suite. Mais je suis à Uddevalla, là, il va me falloir un moment. Donne-moi l’adresse exacte.

Il fouilla sa poche à la recherche d’un stylo, en trouva un mais faute de papier il dut écrire l’adresse dans la paume de sa main. Puis il coupa la communication et respira à fond. Il allait devoir annoncer à Erica qu’il fallait laisser tomber le déjeuner et rentrer immédiatement..."


Camilla Läckberg - L'Oiseau de mauvais augure



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