Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°582 (2017-33)

mardi 22 août 2017

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Yann Tiersen - Porz Goret

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Séries...
Toilettes d'oiseaux, papillon...
Etang de La Rivière-Drugeon
et de l'Entonnoir, Bouverans
(Haut-Doubs)
mai, juin, juillet et août 2017



Pinson des arbres mâle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 27 mai 2017

Linotte mélodieuse mâle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 28 mai 2017



La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 28 mai 2017
<image recadrée>

Toilette
<image recadrée>

<image recadrée>

Jeune Mésange charbonnière
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 28 mai 2017

Toilette
<image recadrée>

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 28 mai 2017

Petite Tortue sur Crépis
Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 10 juin 2017

Petite Tortue sur Raiponce globulaire
Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 10 juin 2017

Cane (colvert) et deux canetons
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 13 juillet 2017

Jeune Foulque macroule
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 13 juillet 2017


Foulque macroule (adulte) à sa toilette
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 13 juillet 2017



Reflet
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 13 juillet 2017

Toilette
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 13 juillet 2017

Bain
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 13 juillet 2017

Canetons au repos
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 13 juillet 2017

Jeunes
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 13 juillet 2017

Jeunes Canards colverts
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 13 juillet 2017

Cane et ses deux canetons (Toilette)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 13 juillet 2017

Tourterelle turque au bain
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 13 juillet 2017
<image recadrée>

Sieste
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 13 juillet 2017

Portrait
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 13 juillet 2017

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
mardi 15 août 2017

Toilette
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

mardi 15 août 2017

Portrait
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

mardi 15 août 2017

Plume
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
mardi 15 août 2017

Repos
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

mardi 15 août 2017

à suivre...



Suggestion de lecture :

"Préface : le veil homme et le bois

J'arrive encore, presque avec tous mes sens, à me remémorer le jour où je me suis rendu compte qu'un feu de bois ne fait pas que procurer de la chaleur.

Ce n'était pas une journée froide d'hiver. Au contraire, c'était vers la fin du mois d'avril. Les pneus-neige n'étaient plus sur la Volvo depuis longtemps, et les skis avaient été grattés de leur fart.

Nous avions emménagé à Elverum juste avant Noël. Un réchauffeur de moteur et quelques radiateurs soufflants nous avaient permis de traverser sans trop de dégâts la première moitié d’un hiver relativement peu rigoureux.

Deux retraités habitaient la maison voisine, de braves gens joviaux et travailleurs. Une pneumopathie avait empêché Ottar, le mari, de mettre le nez dehors cet hiver-là.

En ce jour de printemps, tandis qu’une douce brise soufflait et que les fossés étaient gorgés d’une eau de fonte brunâtre, rien n’était plus loin de mes pensées que la saison froide que nous laissions tout juste derrière nous.

Un tracteur suivi de sa remorque arriva alors, freina et entra en marche arrière chez les voisins. Le moteur gronda, la remorque s’inclina et déversa un chargement important de morceaux de bouleau dans la cour.

Important ? C’était un chargement colossal. Le sol trembla quand les bûches dégringolèrent.

Ottar apparut sur le seuil, à bout de souffle, crispé. Depuis le mois de novembre, sa plus lointaine expédition l’avait conduit à sa boîte aux lettres, tout là-bas, à l’entrée de la propriété.

Il contemplait à présent ce chargement de bois. Il ferma la porte intérieure du sas d’entrée, remplaça ses pantoufles par une paire de chaussures, descendit dans la cour. Il contourna laborieusement quelques flaques de boue, se baissa pour ramasser deux ou trois bûches et les soupesa. Il se mit à discuter avec l’agriculteur, qui avait coupé le moteur du tracteur.

Du bois, maintenant ? Au moment où tout le monde ne pensait qu’à siroter des bières sous la véranda ?

Oh oui, c’était maintenant ou jamais, m’apprit Ottar par la suite. Il fallait acheter son bois en avril ou en mai. Brut. Il aurait ainsi le contrôle total de son séchage, les prix étaient plus bas et il pouvait en acquérir autant qu’il en voulait.

Ce jour-là, je continuai de l’observer depuis la fenêtre de la cuisine. Le tracteur s’en alla. Et Ottar se mit à transporter son bois et commença à l’empiler.

Au début, il devait reprendre son souffle entre chaque bûche, sa respiration était sifflante. J’allai échanger quelques mots avec lui. Non, non, merci, il n’avait pas besoin d’aide. « Le bois est de bonne qualité, cette année.

Soupesez voir cette bûche. Non, d’ailleurs, plutôt celle-là. L’écorce est belle, bien blanche. La coupure nette, ils ont bien affûté leur chaîne, ça se voit parce que les copeaux sont carrés. Moi, je ne tronçonne plus. Je suis trop vieux. Elle est droite et bien fendue, aussi. C’est tout sauf évident aujourd’hui, puisque tout le monde se sert de machines. Bon, il faut que je continue. »

Et il poursuivit, le dos rond. Je rentrai. Un peu plus tard, je pris la voiture pour aller en centre-ville et je constatai que l’achat de bois au printemps était un incontournable pour tous les connaisseurs. Une cour après l’autre, surtout devant les maisons un peu anciennes : des tombereaux et des tombereaux de bois. Comme autant de munitions avant la chasse à l’élan. Comme autant de boîtes de conserve avant une expédition polaire.

Une semaine s’écoula, et le chargement d’Ottar ne diminuait pas. Il me fallut attendre la semaine suivante pour constater que le sommet du tas était moins pointu. Et Ottar, n’avait-il pas l’air un peu plus vif, à présent ?

Je me mis à discuter avec lui. Il n’avait pas besoin de beaucoup de mots pour parler de ce qu’il faisait. Il n’en avait pas besoin. Pour un type qui avait dû s’agacer tout l’hiver de la façon dont l’âge et la maladie lui volaient des forces qui l’avaient rendu depuis sa naissance travailleur et efficace, il y avait enfin un boulot qui remettait tout en place. Il avait la sensation d’effectuer une tâche décente et, par-dessus tout, il avait la douillette assurance de ne pas avoir été pris au dépourvu, d’être paré à toute éventualité.

Ottar aimait papoter, mais je ne lui demandai jamais de me décrire sa relation au bois. Je préférais le voir faire. Travailler tranquillement sur quelque chose de simple et courant, mais qui devenait à la fois beau et un peu personnel quand lui s’en occupait.

À une seule occasion, notre conversation dépassa les considérations purement pratiques : « Le meilleur, c’est le parfum, lâcha-t-il. Le parfum du bouleau frais. Le poète norvégien Hans Børli en a parlé dans ses livres. »

Ottar mit un mois à constituer sa pile. Il s’interrompait parfois, pas très longtemps, pour jouir de ce parfum décrit par Børli. Celui-là, auquel s’ajoutait celui de la résine des rares souches de sapin qui affleuraient. Un jour, il ne resta plus au milieu de la cour que des copeaux et de l’écorce, qu’il ramassa comme petit bois.

Je n’ai jamais vu une telle transformation. L’âge et la maladie ne l’avaient pas quitté, mais il les tenait à distance grâce à un nouveau mode de vie, plus sain. Il commença à faire de petites promenades, son dos se redressa, et l’homme finit par mettre en route une nouvelle tondeuse autoportée jaune vif pour se débarrasser des hautes herbes sur son terrain.

Je refuse de croire que l’activité physique et la chaleur estivale soient les seuls facteurs d’amélioration. Il y avait aussi le bois. Toute la journée, il avait fait son bois. Bien qu’il ait définitivement remisé la tronçonneuse, il prenait plaisir à soupeser chaque bûche. À humer ce parfum qui le faisait se sentir au coeur d’un poème, à voir ces piles sécurisantes, à penser à ces instants futurs devant le poêle. Tout comme on ne se lasse probablement jamais de porter des lingots d’or, lui entassait des munitions pour un nouvel hiver.

Ainsi est né ce livre. Il m’a conduit, dans une Volvo 240 break, vers quelques-uns des endroits les plus froids du pays, à la rencontre de bûcherons et de gens qui se chauffent au bois. Je me suis arrêté aux carrefours, j’ai écouté le grondement des tronçonneuses, et surtout : le grincement paisible émis par la scie à archet. Après quoi je me suis approché prudemment, pour essayer d’en apprendre un peu plus.

Les éléments nécessaires à ce livre ont été recueillis lors de rencontres avec des personnes passionnées, que ce soient des néophytes ou des scientifiques.

J’ai reçu une aide considérable de la part des experts nationaux sur les techniques de combustion et l’entretien des forêts. Qui plus est, j’ai pu me plonger dans des rapports de chercheurs publiés pendant des décennies sous le titre feutré de Communications du comité de reboisement norvégien.

En cours de route, j’ai moi-même essayé la plupart des méthodes. J’ai fait sécher du petit bois de chêne au four, lutté pour construire une pile circulaire, eu quelques déboires en matière de direction de chute d’un pin tout juste coupé. Tout en traquant les secrets du chauffage au bois. Même si les adeptes de cette pratique n’aiment pas toujours exprimer leur affection au moyen de mots, elle est malgré tout visible dans les hautes piles tracées au cordeau, dans le joint frais des vieux poêles, dans les abris ouverts dont la façade la plus longue donne au sud (du calme, j’y viens).

Il faut espérer qu’il en résultera aussi un livre pratique, car sans transmettre le savoir concernant l’abattage, les poêles en fonte, l’affûtage de la chaîne de tronçonneuse et l’empilement des bûches, ce récit serait un texte anthropologique à l’usage de gens qui ne bûcheronnent, n’empilent et ne brûlent jamais.

Étonnamment vite après sa parution, ce livre rencontra un large public à travers toute la Scandinavie ; il s’est vendu à 200 000 exemplaires rien qu’en Norvège et en Suède. J’ai reçu beaucoup de courriers de lecteurs passionnés qui m’ont fait part de leurs expériences. Beaucoup d’entre eux ont été mentionnés dans cette édition, qui est aussi adaptée à un public plus international.

Le bois n’est pas un thème central pour la population Mais parce que la relation de l’homme au feu est si ancienne, concrète et universelle, le bois nous touche toujours au plus profond de nous.

Voilà pourquoi ce livre t’est dédié, Ottar. Tu te rappelais une chose que nous ne cessons d’oublier :

L’hiver revient chaque année.


Elverum, par -31 °C.

Lars Mytting

[...]


Elle doit être affûtée [la tronçonneuse]


L'affûtage correct de la chaîne prime sur la puissance du moteur. C'est un élément si déterminant que les bûcherons professionnels norvégiens disent qu'une chaîne mal entretenue est blessée. Un chaîne bien affûtée donnera de grands copeaux carrés, et l'utilisateur n'aura pas besoin d'appuyer la tronçonneuse contre le tronc ; elle progressera d'elle-même. Si l'outil ne produit que des copeaux ronds, l'heure de l'affûtage est venue.

Chaque maillon de la chaîne possède deux dents ; un limiteur de profondeur et une gouge. La seconde est celle qui coupe, la première gère la profondeur à laquelle la gouge peut aller. Un bon réflexe consiste à affûter les gouges chaque fois qu'on fait le plein d'essence et d'huile de chaîne. On se sert d'une lime ronde et d'un gabarit, l'idée étant de conserver l'angle sur toutes les dents. On ne lime qu'en poussant et il faut donner le même nombre de coups de lime sur chaque dent – en général, trois suffisent. C'est important que la chaîne soit affûtée régulièrement sur toute sa longueur, sans quoi elle accrochera et vibrera. Une goutte de vernis à ongles sur la première dent vous permettra de savoir quand vous aurez fait tout le tour...

[...]

Beaucoup de gens connaissent leurs instants de réflexion les plus intenses devant le billot. Le fendage est un subtil mélange de répétition et de variation, c'est souvent le premier véritable travail d'extérieur après un long hiver. On ressort la hache ou le merlin et, dans les villages, les scies à bûches qui se sentent de nouveau utiles se mettent à chanter. L'odeur de la résine fraîche jaillit, et le moment est enfin venu de citer ce que Hans Borli écrivait à propos du parfum d'une pile de bois : « C'est comme si la vie elle-même passait là, pieds nus, de la rosée dans les cheveux... Le parfum du bois frais fait partie des dernières choses que vous oublierez quand le rideau tombera. »

Pour beaucoup, le fendage à la hache est ce qu'il y a de plus beau dans le travail du bois. En une fraction de seconde, le passage d'arbre à bûche est réalisé. D'un coup net et précis, le bois s'ouvre et révèle sa surface de coupe luisante et odorante.

Le fendage à la hache est par ailleurs l'une des tâches les plus primitives encore accessibles à l'homme moderne – primitive dans le sens où ce travail se déroule de la même façon pour nous que pour les premiers hommes. L'occasion de manier un lourd outil, de toutes ses forces. La procédure simple, mais qui requiert tout notre concentration, consistant à donner des coups répétés et précis au moyen d'un instrument en acier forgé est aussi un labeur qui tient à distance les contraintes d'une vie moderne. Car le bûcheron ne doit pas laisser son esprit divaguer. Il n'y a de place que pour l'instant présent, sans quoi la hache peut se retrouver plantée dans le tibia...

[...]

Puisqu'on parle de la pile, ce serait un sacrilège de ne pas citer de nouveau Thoreau. Son mantra était « Influencer la qualité de la journée... C'est ça le grand art », mais sa citation la plus célèbre à propos du bois est peut-être celle-ci : « Chacun considère sa pile de bois avec une sorte d'affection. J'aimais avoir la mienne devant la fenêtre de la cuisine, et plus il y avait de copeaux autour du billot, mieux c'était, car c'était un rappel de la satisfaction procurée par ce travail. »

Le résultat de quelques jours de travail du bois se voit, et considérer sa pile de bois apporte une sensation de sécurité. Beaucoup de gens de bois aiment la placer afin de pouvoir l'observer depuis la fenêtre de la cuisine. C'est une bonne vision, à la fois vers le passé et vers le futur. Comme les couches géologiques sur le flanc d'une montagne, la pile vous rappellera votre travail de l'an passé. Les couleurs d'essences inhabituelles contrasteront, le bois non fendu des petits arbres dessinera des petits cercles dans la masse de bûches, précieux témoins de la précision des coups de hache. Car le bois est un véritable jeu de construction, et que la pile soit constituée avec soin ou non, elle portera toujours la marque de celui qui a fendu et l'a élevée.

Une pile peut être jolie à regarder, mais elle doit en tout premier lieu être pratique : rendre le bois aussi sec que possible. Car c'est une fois empilé que la qualité définitive du bois va se révéler – aussi bien en ce qui concerne son degré d'humidité que son apparence. Voilà pourquoi beaucoup d'adeptes travaillent le bois en deux étapes : il sèche d'abord à l'extérieur, et il est rentré sous abri en toute fin d'automne..."


Lars MYTTING - L'homme et le bois
(les secrets de la méthode scandinave)



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