Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°573 (2017-24)

mardi 13 juin 2017

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Faun - Unda

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Turdidés :
Merle noir
et Grive litorne
Courvières et La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
avril, mai et juin 2017



Grive litorne : sur son nid, à la fourche de deux branches, dans un Frêne
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
lundi 17 avril 2017

<image recadrée>

Merlette (femelle du Merle noir), sur un mur
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
lundi 17 avril 2017



Merlette : en contre-jour
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

lundi 17 avril 2017

Merlette : au dessus du composteur pédagogique...
(dans le "jardin de Curé", entretenu par le CPIE du Haut-Doubs)

Grive litorne :  à la chasse (aux vers de terre) sur une pelouse...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
lundi 17 avril 2017

Grive litorne :  à sa toilette, dans un Frêne
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 30 avril 2017

<image recadrée>

Grive litorne :  à la chasse (aux vers de terre) sur une pelouse...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 30 avril 2017

<image recadrée>

<image recadrée>

C'est la pelouse du terrain de foot !!

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 30 avril 2017

Merle noir mâle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 27 mai 2017

Merle noir mâle, au sommet d'un Frêne
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 27 mai 2017

Merle noir femelle, la Merlette : elle ramène des matériaux pour son nid...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 27 mai 2017

Merlette, dans le jardin...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 27 mai 2017


Merle noir mâle : il surveille les travaux de construction du nid...,
sans y participer (!)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 27 mai 2017


Merle noir femelle, la Merlette : en arrière-plan...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 27 mai 2017

Merle noir femelle : le nid est constitué de brindilles et de terre humide (du béton armé !)...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 27 mai 2017

Merle noir femelle, la Merlette :
au bord du Drugeon, c'est là qu'elle vient
chercher des matérieaux, humides...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 27 mai 2017

Grive litorne sur le muret de mon jardin
est-ce la mâle : il défend son territoire (un autre couple est installé à proximité).
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 27 mai 2017

Grive litorne femelle (?) : elle s'occupe de la construction du nid
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 27 mai 2017
<image recadrée>

Grive litorne : le mâle se laisse approcher
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 27 mai 2017

Merle noir mâle, dans l'herbe humide
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 28 mai 2017

"Cher petit merle, j’aurais voulu t’écrire à l’instant de ton apparition mais je ne suis maître de rien : le téléphone a sonné, puis j’ai dû sortir faire des courses. Personne n’est tout à fait libre de son temps, n’est-ce pas. Même les rois s’inclinent devant un traité à signer, une migraine, une messe obligatoire. On m’a dit que l’empereur du Japon, et plus encore son épouse, étaient les plus célèbres prisonniers du pays. Un entretien avec eux est minuté. S’il se prolonge d’une minute, les gardes qui se tiennent au fond de la salle d’audience, comme des soldats de plomb, font un pas en avant. Une minute de plus et ils avancent encore d’un cran. Les rois et les empereurs sont les poupées qu’un pays se fabrique pour dorer ses rêves. Parfois, las de jouer, il leur coupe la tête. Ta douceur, petit merle, cette manière si gracieuse de pencher ta tête légèrement de côté, était d’un roi qu’aucune étiquette n’empèse.

Sans doute ne te reverrai-je jamais. Tu ne m’as pas vu – encore que je n’en sois pas très sûr. Vous les animaux, vous avez une singulière façon de voir – par vos nerfs, par vos muscles, votre dos, autant que par vos yeux. Tu venais d’atterrir de l’autre côté de la vitre, sur l’herbe du pré. Noir sur vert, et cette pâte orangée de ton bec, lumineuse comme une lampe Émile Gallé. Tiens, me suis-je dit en te voyant : du courrier. Un mot du ciel qui n’oublie pas ses égarés. Tu es resté dix secondes devant la fenêtre. C’était plus qu’il n’en fallait. Dieu faisait sa page d’écriture, une goutte d’encre noire tombait sur le pré. Tu étais cette tache noire avec un rien orangé, le grand prêtre de l’insouciance, porteur distrait de la très bonne nouvelle : la vie est à vivre sans crainte puisqu’elle est l’inespérée qui arrive, la très souple que rien ne brise. Dix secondes et tu as filé au ras de l’herbe jusque dans le bois, à l’autre bout de mes yeux. Le passage devant la fenêtre d’un ange en robe noire ne m’aurait pas mieux apaisé.

Et maintenant il fait nuit. Je pense à toi. Comment dors-tu, à quoi rêves-tu ? Un jour, tu ne seras plus que calcaire. Le crâne des oiseaux est une toute petite chose sévère et émouvante. Quand par extraordinaire on en découvre un momifié sur un chemin, on voit quelque chose qui tient de la frêle relique du saint. Que seront devenus les chants qui passaient la petite porte de corne orange de ton bec ? Ils continueront de filer à l’infini, perdus dans le grand fleuve de l’air. Ta joie – insouciance –, petit merle, est passée de mes yeux à mon sang et de mon sang à ce papier qui me sert à t’écrire cette lettre. L’adresse ? Quelqu’un la trouvera, c’est sûr. Quelqu’un ou quelque chose te dira que j’ai écrit cette lettre pour toi.

Adieu camarade. Je te souhaite la vie belle et aventureuse. Tes dix secondes ont résumé toute ma vie."

Christian Bobin - La grande vie

Merle noir mâle, dans le Pommier, du "jardin de curé"
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 28 mai 2017

Grive litorne, sur un piquet
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 28 mai 2017

Grive litorne, dans le pommier de mon jardin
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 28 mai 2017

Grive litorne, au bord de mon jardin
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 28 mai 2017

Grive litorne, sur un fil électrique (son perchoir préféré !)
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 3 juin 2017

Grive litorne, dans mon jardin
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 3 juin 2017

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 3 juin 2017
<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 4 juin 2017

<image recadrée>

Toilette en équilibre
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 11 juin 2017
<image recadrée>

<image recadrée>

<image recadrée>

ça gratte...
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 11 juin 2017

A la chasse : sur ma pelouse
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 11 juin 2017

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 11 juin 2017
<image recadrée>


Suggestion de lecture :

"Sunderson poussa un soupir au-dessus de son whisky en songeant qu’il avait le temps de se mettre en ordre de bataille, quoi que cela veuille dire. Il marcherait, lirait, hibernerait par intermittence pendant trois mois, et puis, nom de Dieu, il allait boucler cette affaire.

Le lendemain matin il acheta une Subaru grise d’occasion, qui comptait seulement cent mille kilomètres au compteur, puis il passa à la librairie Snowbound Books pour y prendre un exemplaire de Lolita. A la demande de Diane, il déjeuna avec elle et ce fut assez douloureux. Elle parla longuement des taux de globules blancs de son mari ainsi que d’autres détails médicaux, et toucha à peine à son assiette, alors que lui-même, bien sûr, mangeait comme quatre. Il avait perdu près de huit kilos en presque trois mois depuis sa mise à la retraite, et sur la balance il se demandait s’il souffrait d’une maladie mortelle, mais il avait fini par se convaincre que c’était dû à sa pratique quasi quotidienne de la marche. A la fin du déjeuner, elle pleurait à chaudes larmes et lui-même n’en était pas loin. Sur le trottoir elle le serra dans ses bras pour lui dire au revoir et ce premier contact physique depuis plus de trois ans lui donna des frissons. La vie était parfois cruelle.

Il fila marcher dans la région de Skandia. Clément, le thermomètre avait grimpé jusqu’à moins douze et Sunderson effectua une boucle de trois heures sur la piste damée des scooters des neiges, où il avança facilement sans raquettes. Quand sa voiture fut de nouveau en vue après le merveilleux épuisement dépourvu de toute pensée, il n’était pas encore prêt à rentrer chez lui et il s’arrêta pour faire un petit feu avec des branches de pin, histoire de se tenir compagnie. Il repensa à cette époque de l’après-11 septembre quand il avait assisté à deux conférences au Canada sur le maintien de l’ordre et la coopération accrue entre les deux nations pour lutter contre le terrorisme. Une attaque de ce genre était hautement improbable dans la Péninsule Nord, mais le gouvernement américain payait la facture et son chef lui donna l’ordre de s’y rendre. La première eut lieu à Toronto et la plupart des réunions furent à la fois ridicules et pathétiques, mais la ville était merveilleuse. Il rencontra Bob Kolb, un inspecteur de Toronto aujourd’hui à la retraite, et ils parlèrent des heures dans des bars et des restaurants, évoquant la pêche à la truite ainsi que la chasse au coq de bruyère et à la bécasse. Il y eut une autre conférence quelques mois plus tard à Calgary, où les mêmes âneries tinrent le haut du pavé, si bien qu’un jour Kolb et lui séchèrent deux réunions pour aller au zoo. Curieusement, Sunderson n’avait jamais mis les pieds dans un zoo et cet événement marqua le début de ce qu’il qualifia ensuite de vie spirituelle.

Peu après leur entrée, ils avisèrent un groupe de girafes et Sunderson observa longtemps et avec attention une très jeune girafe, à peine sevrée, en sentant son corps tout entier parcouru d’une stupéfiante chair de poule. Assez simplement, cet animal lui parut irréel. Comment pouvait-il exister ? Il en avait bien sûr déjà vu dans des revues ou à la télévision, mais cela ne comptait pas. Comment cette créature avait-elle été inventée ? Il avait suivi plusieurs cours de sciences à la fac et il était un fervent adepte de l’évolution, mais il soupçonna qu’un esprit devait être derrière ce sublime animal, peut-être ce que les Indiens nommaient le Grand Esprit.

Cette expérience eut des répercussions qui se prolongèrent jusqu’à sa vie présente. Une truite n’était pas davantage une simple truite qu’un corbeau n’était un simple corbeau. Cette attention spirituelle n’était pas toujours au rendez-vous, mais assez souvent malgré tout. Marion y était mieux entraîné, et quand Sunderson séjourna dans le chalet isolé de Marion, il apprit beaucoup de son ami. Un jour, ils trouvèrent une paruline à croupion jaune morte que Sunderson garda et mit au congélateur dans un sac plastique pour se rappeler l’ineffable. Un torrent ou une rivière modifiait aussi la structure de son esprit et le simple fait de regarder l’eau vive lui excitait les neurones comme dans son enfance, quand merveille ne désignait rien de particulier sinon un événement quotidien.

En se penchant devant le feu, il remarqua qu’il avait le dos et les fesses couverts d’une sueur glacée. Lorsque son boulot le déroutait trop, il relisait souvent une lettre envoyée par Kolb des années plus tôt, qu’il conservait maintenant dans son portefeuille, protégée par une minuscule enveloppe plastique. Kolb réagissait à une remarque de Sunderson sur la simplicité du travail dans la Péninsule Nord en comparaison d’une ville immense comme Toronto. « Comme on pouvait s’y attendre, les chaînes de télé, les journaux et, j’imagine, la plupart des écrivains, se mettent le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. Le crime n’a aucun intérêt, il est affreusement prévisible. Rien n’a changé depuis que Caïn a tué Abel. La cupidité, la jalousie, l’instabilité mentale et les problèmes économiques en sont depuis toujours les principaux ingrédients. La religion n’est pas en reste. Aujourd’hui, l’abus de drogue et le désespoir moral épaississent encore la sauce. Le seul intérêt réside dans les circonstances, et non dans l’acte luimême, et ne concerne pas forcément non plus les gens directement impliqués. Les témoins racontent rarement la même histoire. Pour n’importe quel inspecteur, indépendamment de la géographie, une enquête de police implique des heures d’insupportable ennui, parfois entrecoupés d’instants d’excitation tels qu’on en chie dans son froc. Ces derniers permettent aux junkies de l’adrénaline de rester dans la course. »

Sunderson regarda le feu mourir. Il frissonna et eut hâte de goûter à la soupe que Mona avait prévu de préparer avec des travers de porc et du cou de gibier, de l’orge et le légume préféré de l’ancien inspecteur, le rutabaga. Sunderson ne comprenait pas que, s’il avait été un bon enquêteur, c’était parce qu’il passait aussi inaperçu qu’une racine comestible. Contrairement aux héros romantiques, aux écrivains, aux peintres ou aux athlètes célèbres, il ne se mettait jamais à l’écart des autres êtres humains. Il avait le regard chaleureux et s’exprimait lentement avec l’accent râpeux de sa région. « Hé, si on allait se boire une mousse ? » Désarmés, les gens se confiaient à lui. Il avait toujours associé son boulot à une conscience absolue de son environnement..."


Jim Harrison - Grand Maître



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