Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°570 (2017-21)

mardi 23 mai 2017

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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JS Bach - Cantate BWV 43
de l'Ascension

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Fleurs, Végétaux et Papillons...
Haut-Doubs et Suisse
février à avril 2017



Paon de jour
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 25 février 2017




Rose de Noël - Helleborus niger
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs),
dans le "jardin de curé"

dimanche 5 mars 2017

<image recadrée>


Jonquille sp. (cultivé)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 30 mars 2017

Primevère
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

jeudi 30 mars 2017

Chatons de Saule sp.
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
jeudi 30 mars 2017

Anémone sylvie - Anemone nemorosa
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
jeudi 30 mars 2017

Chatons de Tremble
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
jeudi 30 mars 2017

Chatons de Noisetier
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
jeudi 30 mars 2017

Chatons de Saule sp.
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
jeudi 30 mars 2017
<image recadrée>

Primevère sp.
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
jeudi 30 mars 2017

Citron sur une Primevère
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
jeudi 30 mars 2017

Anémone fausse-renoncule - Anemone ranonculoides
Champ-Pittet (Yverdon, Suisse)
samedi 8 avril 2017

<image recadrée>

Anémone sylvie
Champ-Pittet (Yverdon, Suisse)
samedi 8 avril 2017

Prunellier
Champ-Pittet (Yverdon, Suisse)
samedi 8 avril 2017

Renoncule tête d'or
Champ-Pittet (Yverdon, Suisse)
samedi 8 avril 2017

Pommier
Champ-Pittet (Yverdon, Suisse)
samedi 8 avril 2017

Pissenlit
Champ-Pittet (Yverdon, Suisse)
samedi 8 avril 2017

Cardamine des prés
Champ-Pittet (Yverdon, Suisse)
samedi 8 avril 2017

<image recadrée>

Petite Tortue (2)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 9 avril 2017

Grande Gentiane jaune
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 9 avril 2017

Anémone sylvie
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 9 avril 2017


Dentaire pennée
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

samedi 15 avril 2017

Grande Pervenche - Vinca major
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

samedi 15 avril 2017


Chatons de Saule
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

samedi 15 avril 2017

Prunellier
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

samedi 15 avril 2017


Jonquille
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

lundi 17 avril 2017

Dans le marais...
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

lundi 17 avril 2017

"Mottus"
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

lundi 17 avril 2017

Fritillaire pintade
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

lundi 17 avril 2017

Sureau sp.
Bouverans (Haut-Doubs)

lundi 17 avril 2017

Bouverans (Haut-Doubs)
lundi 17 avril 2017

Caltha des marais
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

dimanche 30 avril 2017

Primevère
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 30 avril 2017

Grande Pervenche
Entonnoir, Bouverans (Haut-Doubs)

dimanche 30 avril 2017


Suggestion de lecture :

"1


  • Il y a vingt ans de ça aujourd'hui, monsieur. Une sorte d'anniversaire. Besoin de le raconter à quelqu'un... Vous avez une minute ? Vous êtes écrivain à ce qu'on m'a dit. Ça devrait vous intéresser... Non ? Si ? Après tout, on s'en fout ; vous ou un autre... Café ?

  • ...

  • Vingt ans de ça, donc, jour pour jour. J'étais de garde aux urgences du CHU Postel-Couperin. C'était un dimanche et la nuit allait son train d'enfer : accidents domestiques, infections éruptives, suicides avortés, avortements ratés, cuites comateuses, infarctus, épilepsies, embolies pulmonaires, coliques néphrétiques, enfants bouillants comme des assiettes, clodos cherchant logis, femmes battues et maris repentants, adolescents envapés, adolescentes catatoniques... Les urgences d'un dimanche soir, quoi, et par une nuit de pleine lune, qui plus est. Tout ce beau monde refusait le lundi matin avec les moyens du bord, et moi, comme d'habitude, je piquais, j'obturais, je ponctionnais, je reboutais, je cousais, j'agrafais, je sondais, je méchais, je drainais, je pansais, j'accouchais, il m'arrivait même de prévenir et de dépister ! En un mot, je dispensais. J'étais à moi seul un dispensaire. Je remplaçais Pansard, Verdier, Samuel, Desonge : « On te revaudra ça, Galvan... » « Laissez tomber, les gars, c'est de bon coeur. » (Tous mandarins, aujourd'hui.) Les plus naïfs voyaient en moi un FFI idéaliste, à sept billets par mois et quatre-vingts heures la semaine, au détriment de ma santé, de ma jeunesse, de ma carrière, de ma vie privée. Ah, pardon, définition : FFI, Faisant Fonction d'Interne. Ma famille – tous toubibs depuis Molière, la médecine est la première des maladies héréditaires – me trouvait exemplaire. Mon père m'imaginait en archange terrassant le cancer de la lymphe : « L'hématologie, Gérard, c'est ta voie ! » Je laissais aller l'imagination du père mais j'allais de mon côté ; je savais bien que je ne serais jamais l'homme d'une seule spécialité. Ma spécialité à moi, ce serait l'urgence : tous les maux de l'homme, les maux de tous les hommes, autant dire toutes les spécialités. Le champion de la Médecine Interne, voilà ce que je voulais devenir. Vous me direz que c'était une ambition plus qu'honorable... Non ? Si ? Hein ?

  • ...

  • Eh bien, vous vous trompez. En fait, je ne rêvais qu'à une chose... J'ose à peine vous dire laquelle, tellement c'est... à n'y pas croire ! Je rêvais à ma future carte de visite, monsieur ! Sans blague. Une véritable obsession. Je ne pensais qu'au jour où je pourrais dégainer une carte de visite à faire pâlir tous les amateurs de cartes. C'était ça, au fond, mon grand projet !

  • Françoise épousait mon ambition et j'allais épouser Françoise. Elle aussi était fille de toubib. A nous deux on comptait en fabriquer quatre ou cinq de mieux. En attendant, Françoise travaillait le design de ma carte. Elle ourlait des anglaises délicates, façon nrf : « Il te faut une carte de visite toute simple, Gérard, tu vas monter trop haut pour faire dans le clinquant ! » Elle était pour un bristol discret, infiniment respectable, venu de ces temps où le temps ne passait pas : « Voilà ce qu'il te faut, Gérard ! » C'est peu dire que je rêvais de cette carte. Dans mon imagination, elle se déployait comme un étendard dont l'ombre effaçait mes collègues et couvrait tout le champ médical.


Professeur Gérard Galvan

Médecine Interne


Un jeune con, en somme. Je n'avais pas encore creusé mes fondations que je me prenais déjà pour ma statue.


2


Donc, ce fameux dimanche de pleine lune, j'étais de garde au CHU Postel-Couperin à traiter chaque malade comme un échelon. Un coup de pompe ? Ma carte de visite était là pour me donner un coup de fouet. Je m'entraînais en douce à la sortir, sans rire ! Rien dans les mains, rien dans les poches, et hop ! L'honorable bristol entre le médius et l'index : Professeur Galvan.

  • Allongez-vous, madame, Voilààà.

(Et rien d'autre de médecine interne.)

  • Non, mademoiselle, vous avez eu raison de l'amener, c'est sérieux, un panaris ! C'est votre petit frère ? Comment tu t'appelles, bonhomme ?

(Une majuscule à Médecine, peut-être, et une autre à Interne. Voir...)

Pendant que je me penche sur un impétigo, Eliane se pointe avec l'habituel motard du périphérique. Il a son oreille dans sa poche et son bras dans son sac à dos.

  • Chirurgie, Eliane, tout de suite !

(Et rien qu'un numéro de téléphone. Sur la carte. Pas d'adresse. Juste le téléphone.)

  • Prenez bien vos antibiotiques, monsieur Machin. N'arrêtez pas avant la fin, surtout. Eliane, à qui le tour ma grande ?

  • Une crise d'asthme ici, mais ce monsieur là-bas attend depuis longtemps.

(Ou le mail, peut-être, oui, c'est mieux, juste le mail, Galvan.medint@hosto.fr.)

Voilà, j'avais pris les urgences à neuf heures ce dimanche matin, Fatima avait remplacé Gisèle, Eliane avait pris le relais de Fatima, et, en me dirigeant vers le « monsieur là-bas », je me demandais si un carton Lacermois ne serait tout de même pas plus présentable, pour la puple du doigt, qu'un Adventis 12.

Un merdaillon, je vous dis, voilà ce que j'étais.

  • Qu'est-ce qui vous amène, monsieur ?

Le monsieur n'avait ni âge ni ambition. Je l'avais repéré du coin de l'oeil, depuis un bon bout de temps. Sans défense. Il avait laissé tous les autres urgents le doubler. Ce qui l'amenait ? Il ne se sentait pas très bien.

  • Je ne me sens pas très bien.

Le teint était pâle, la voix était neutre, le ton las, le profil bas. Il ne se sentait pas très bien. Sans aller trop mal. Le genre qui horripilait Eliane. Elle savait trop qu'on le reverrait. « Bon Dieu, Galvan, c'est un service d'urgence, ici, on n'est pas SOS Machin ! » En me penchant sur le monsieur, j'ai glissé : « Eliane, son urgence c'est ta douceur, il a un besoin de maman. »

  • Vous ne vous sentez pas très bien... Voyons un peu ça... Retroussez votre manche, s'il vous plaît...

    Il retrousse. Pendant que son pouls bat d'un rythme pépère entre mes doigts, l'asthmatique, sur le banc d'en face, vire à l'indigo.

  • Excusez-moi...

    La plupart des asthmatiques, eux, ont une mère, ça vient de là. L'asthme est une vraie maman.

    (Toujours à propos de pulpe, veiller au relief de l'impression ! Je dis bien l'impression. Une carte gravée. Pas lisse. Ni un de ces cartons emboutis qui veulent donner le change. Non. Gravure ! Gravure ! Quand j'en ai parlé à Françoise elle a levé les yeux au ciel tellement ça allait de soi.)

    Après l'asthmatique, on a eu droit à un délirium pittoresque, avec chapelet de vérités tonitruantes, pas si connes, d'ailleurs. Ont suivi toutes les urgences prioritaires que peut vous envoyer une nuit de pleine lune quand on s'imagine avoir déjà traité les urgences absolue. Et puis, vers deux heures du matin, la source s'est tarie. Le couloir était presque vide. Ça sentait bon la pause-café.

    C'est le moment que le « monsieur là-bas » a choisi pour s'effondrer..."

Daniel Pennac - Ancien malade des hôpitaux de Paris



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