Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°554 (2017-05)

mardi 31 janvier 2017

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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G Rossini - Ouverture de Guillaume Tell

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Début de l'hiver
(sous la neige)

Moineaux domestiques
et Cie...
(deuxième partie)

Affûts, à partir de ma "chambre d'amis"
Courvières (Haut-Doubs)

janvier 2017



Pic épeiche mâle
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 7 janvier 2017




Pie
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 7 janvier 2017

Moineau domestique mâle
samedi 7 janvier 2017



Pic épeiche mâle
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 7 janvier 2017

Corneille noire
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 7 janvier 2017

Moineau domestique mâle
dimanche 8 janvier 2017

Moineau domestique femelle
dimanche 8 janvier 2017

Rougegorge familier
dimanche 8 janvier 2017
<image recadrée>

Merle noir femelle
dimanche 8 janvier 2017

Moineau domestique mâle
dimanche 8 janvier 2017

Rougegorge dans un rayon de soleil...
dimanche 8 janvier 2017

Rougegorge sur la neige
dimanche 8 janvier 2017
<image recadrée>

Dans la neige...
samedi 14 janvier 2017

Sous la tempête...
samedi 14 janvier 2017
<image recadrée>


Envol
samedi 14 janvier 2017



Sous la neige...
samedi 14 janvier 2017

Pinson des arbres mâle
dimanche 15 janvier 2017

Rougegorge
dimanche 15 janvier 2017
<image recadrée>


Il neige...
dimanche 15 janvier 2017

Pie
dimanche 15 janvier 2017

Rougegorge,
à la sortie de la mangeoire...

dimanche 15 janvier 2017

Troupe de Moineaux domestiques
dimanche 15 janvier 2017

Rougegorge, en contre-jour
dimanche 15 janvier 2017

[à suivre...]



Suggestion de lecture :

"La journée commença de façon prometteuse. Il se réveilla tôt, avant le reste de la famille, s’habilla aussi discrètement que possible et réussit à filer sans se faire remarquer. Il emporta son casque de chevalier et l’épée de bois qu’il brandit triomphalement pendant qu’il courait sur les cent mètres séparant sa maison de l’entrée de la brèche du Roi. Il s’arrêta un instant et observa respectueusement la trouée escarpée fendant le roc. Deux mètres environ séparaient les parois et elles s’élevaient sur une bonne dizaine de mètres vers le ciel où le soleil avait commencé son ascension. Trois gros blocs de pierre étaient restés coincés à mi-hauteur constituant un spectacle impressionnant. L’endroit avait une force d’attraction magique sur un enfant de six ans, et le fait que la brèche du Roi soit territoire interdit la rendait d’autant plus attirante.

La faille avait reçu son nom lors d’une visite d’Oscar II à Fjällbacka à la fin des années 1880, mais, de cela, il ne savait rien, ou s’en fichait, lorsqu’il s’introduisit lentement parmi les ombres, son épée de bois prête à l’attaque. En revanche, son papa avait raconté que les scènes du gouffre de l’Enfer dans Ronya, fille de brigands avaient été tournées dans la brèche du Roi, et au cinéma il s’était senti tout excité en voyant Mattis, le chef des bandits, la franchir au galop sur son cheval. Parfois il venait jouer au brigand ici, mais aujourd’hui il était chevalier. Chevalier de la Table ronde, comme dans le livre de coloriage que sa grand-mère lui avait offert pour son anniversaire.

Il avança pas à pas sur les rochers et se prépara à affronter courageusement avec son épée le gros dragon cracheur de feu. Le soleil n’arrivait pas à pénétrer dans ce couloir étroit et le lieu restait froid et sombre même en été. Parfait pour les dragons. Bientôt il ferait gicler le sang de sa gorge, et après une longue agonie le dragon s’écroulerait mort à ses pieds.

Du coin de l’oeil il aperçut quelque chose qui attira son attention, un bout de tissu rouge qui dépassait d’un rocher. Sa curiosité prit le dessus, le dragon pouvait attendre. Il y avait peut-être un trésor caché là.

Il prit son élan, sauta sur le bloc de pierre et regarda de l’autre côté. Un instant il faillit tomber à la renverse, il tangua quelques secondes puis retrouva son équilibre en battant des bras. Après coup, il ne voudrait pas reconnaître qu’il s’était affolé, mais sur l’instant il eut la plus grande frousse de ses six années de vie. Une dame était embusquée là, étendue sur le dos et elle le fixait de ses yeux écarquillés.

Son premier réflexe lui dicta de fuir, avant qu’elle puisse l’attraper et comprendre qu’il jouait ici alors qu’il n’en avait pas le droit. Elle allait peut-être l’obliger à raconter où il habitait, le ramener à la maison. Maman et papa seraient hyper fâchés et demanderaient combien de fois ils lui avaient déjà dit de ne pas aller à la brèche du Roi sans être accompagné d’un adulte.

Mais ce qui était étrange, c’est que la dame ne bougeait pas. Elle ne portait pas de vêtements, et un instant il fut gêné de regarder une femme toute nue. Le truc rouge qu’il avait vu n’était pas un bout de tissu, c’était un sac posé juste à côté d’elle, mais il ne voyait pas de vêtements, nulle part. Bizarre de rester toute nue, alors qu’il faisait si froid ici.

Puis une pensée impossible surgit en lui. La dame était peut-être morte ! C’était la seule explication qu’il pouvait trouver à son immobilité absolue. Cette idée le fit sauter en bas du rocher et lentement reculer vers l’ouverture de la faille. Après avoir mis quelques mètres entre lui et la femme morte, il pivota sur ses talons et prit ses jambes à son cou pour rentrer chez lui. Il ne se souciait plus de savoir s’il allait se faire disputer ou pas.

La sueur collait les draps contre son corps. Erica se tournait et se retournait dans son lit, sans réussir à trouver une position confortable pour dormir. La nuit d’été lumineuse ne facilitait pas non plus le sommeil et pour la millième fois elle nota mentalement qu’elle devait installer des rideaux opaques aux fenêtres, ou plutôt elle ferait en sorte que Patrik s’en occupe.

Sa respiration calme à côté d’elle lui donnait des envies de meurtre. Comment pouvait-il avoir le toupet de ronfler tranquillement alors qu’elle passait ses nuits sans dormir ? Après tout, c’était son bébé aussi. Ne devrait-il pas rester éveillé par solidarité ou quelque chose comme ça ? Elle le toucha dans l’espoir qu’il se réveille. Pas un mouvement. Elle le toucha un peu plus fort. Il grogna, tira la couverture et lui tourna le dos.

Avec un soupir, elle croisa les bras sur sa poitrine et fixa le plafond. Son ventre s’arrondissait comme un énorme globe terrestre et elle essaya d’imaginer l’enfant, nageant dans le liquide amniotique, là dans le noir. Peut-être suçant son pouce. Mais tout cela était trop irréel pour faire surgir des images de bébé dans sa tête. Elle était au huitième mois, mais n’arrivait toujours pas à réaliser qu’il y avait un enfant dans son ventre. Bon, ça n’allait sans doute pas tarder à devenir trop réel. Erica était déchirée entre la hâte et la crainte. Elle avait du mal à voir au-delà de l’accouchement. Si elle était vraiment honnête, elle avait du mal à voir plus loin que le problème de ne plus pouvoir dormir sur le ventre. Elle regarda les chiffres lumineux du réveil. Quatre quarante-deux. Elle pourrait peut-être allumer la lumière et lire un petit moment ?

Trois heures et demie et un mauvais polar plus tard, elle était en train de rouler hors du lit pour se lever lorsque la sonnerie du téléphone retentit. En habituée, elle tendit le combiné à Patrik.

Allô. Sa voix était lourde de sommeil. Oui, bien sûr, oh la vache, oui, je peux y être dans un quart d’heure. D’accord, on se retrouve là-bas.

Il se tourna vers Erica.

Je dois y aller. Alerte à bord.

Mais tu es en vacances. Il n’y a personne d’autre pour s’en occuper ? Elle entendit combien sa voix était geignarde, mais une nuit blanche n’était jamais profitable à l’humeur.

C’est un homicide. Mellberg veut que je vienne. Il y va aussi.

Un homicide ? Où ça ?

Ici à Fjällbacka. Un gosse a trouvé une femme morte dans la brèche du Roi ce matin.

Patrik s’habilla en quatrième vitesse, de légers vêtements d’été, puisqu’on était au mois de juillet.

Avant de se ruer dehors, il grimpa sur le lit et embrassa le ventre d’Erica, quelque part à l’endroit où elle se rappelait vaguement avoir eu un nombril.

Bye Bébé. Sois gentil avec ta maman, je serai bientôt de retour.

Il posa une bise rapide sur la joue de sa compagne et partit. Avec un soupir, Erica s’extirpa du lit et enfila l’une des tentes qui lui faisaient office de vêtements. Très bêtement, elle avait lu quantité de livres sur la grossesse et, à son avis, tous les auteurs qui en décrivaient les joies devraient être traînés sur la place publique et roués de coups. Insomnies, articulations douloureuses, carences, hémorroïdes, transpiration et toutes sortes de dérèglements hormonaux étaient plus près de la réalité. Et ce feu intérieur qui était censé l’illuminer, elle n’en avait certainement pas ressenti la moindre foutue flamme. En grommelant, elle descendit lentement l’escalier pour avaler la première tasse de café de la journée.

Lorsque Patrik arriva, l’activité battait son plein. L’entrée de la brèche du Roi avait été fermée par des rubans jaunes et il compta trois voitures de police et une ambulance. Le personnel technique d’Uddevalla avait déjà commencé son travail et Patrik était suffisamment avisé pour ne pas pénétrer sur le lieu du crime avec ses gros sabots. Ça, c’était l’erreur des débutants, ce qui n’empêchait pas son chef, le commissaire Mellberg, de se balader parmi les techniciens. Du désespoir plein les yeux, ceux-ci regardaient ses chaussures et ses vêtements déposer des milliers de fibres et de particules sur leur lieu de travail si fragile. Lorsque Patrik s’arrêta devant le ruban et fit signe à Mellberg, celui-ci leva le camp, à leur grand soulagement, et passa de l’autre côté du barrage.

Salut Hedström.

La voix était cordiale voire joyeuse et Patrik sursauta de surprise. Une seconde il crut même que son chef allait le serrer dans ses bras, mais cela ne resta heureusement qu’une pensée inquiétante. L’homme paraissait totalement transformé ! Ça ne faisait qu’une semaine que Patrik était en congé, mais le Mellberg qu’il avait en face de lui n’était vraiment pas le même qui faisait la gueule derrière son bureau et grommelait que les vacances étaient une notion à supprimer.

Mellberg secoua vigoureusement la main de Patrik et lui tapa dans le dos.

Et comment va ta poule pondeuse ? C’est pour bientôt, non ?

Pas avant un mois et demi, à ce qu’ils disent.

Patrik n’arrivait toujours pas à comprendre ce qui avait bien pu déclencher ces manifestations de joie de la part de Mellberg, mais il remisa sa curiosité et essaya de se concentrer sur la raison de sa venue en ce lieu.

Qu’est-ce que vous avez trouvé ?

Mellberg fit un effort monstre pour barrer le chemin au sourire sur son visage et montra les entrailles ombragées de la faille.

Un gosse de six ans est sorti tôt ce matin quand ses parents dormaient encore, il est venu ici jouer au chevalier parmi les rochers. Et il a trouvé une femme morte. On a été avertis à six heures et quart.

Ça fait combien de temps que les techniciens examinent les lieux ?

Ils sont là depuis une heure. L’ambulance est arrivée en premier et ils ont tout de suite confirmé qu’il n’était plus question d’intervenir médicalement. Depuis, les techniciens ont pu travailler à leur guise. Assez emmerdants, ces gars-là, je te le dis… Je suis allé y jeter un petit coup d’oeil, c’est tout, et ils m’ont traité de tous les noms. Mais je suppose que ça rend chiant, forcément, de passer ses journées à quatre pattes à traquer des fibres avec une pince à épiler.

Patrik reconnut là son supérieur hiérarchique. Ça, c’était davantage le jargon de Mellberg.

D’expérience, il savait cependant que ça ne servait à rien d’essayer de corriger ses opinions. C’était plus simple de laisser tout cela entrer par une oreille et sortir par l’autre.

Qu’est-ce qu’on sait de la victime ?

Rien pour l’instant. Environ vingt-cinq ans. Son seul vêtement, si on peut appeler ça un vêtement, est un sac à main, sinon elle est entièrement à poil. Jolis nichons, d’ailleurs.

Patrik ferma les yeux et répéta silencieusement, comme un mantra intérieur : « Il partira bientôt à la retraite. Il partira bientôt à la retraite… »

Imperturbable, Mellberg poursuivit :

On n’a pas pu déterminer de quoi elle est morte, mais elle est assez mal en point. Des hématomes sur tout le corps et des coupures, de couteau probablement. Et puis, oui, elle est allongée sur une couverture grise. Le médecin légiste est en train de l’examiner, comme ça j’espère que nous aurons un avis préliminaire assez rapidement.

Aucune disparition de femme n’a été signalée ces derniers temps ? Une femme d’à peu près son âge ?— Non, personne dans le coin. Seulement un vieux l’autre semaine, mais au bout du compte il en avait seulement eu marre d’être coincé dans une caravane avec sa bourgeoise et il s’était tiré avec une jeunette qu’il avait rencontrée à La Galère.

Patrik vit que l’équipe se préparait à transférer le corps dans un sac. Les mains et les pieds avaient été entourés des sachets réglementaires, pour conserver toutes traces éventuelles. Les techniciens d’Uddevalla étaient des habitués et ils travaillaient avec des gestes efficaces pour introduire la femme dans le sac. La couverture aussi serait placée dans un sac en plastique pour un examen ultérieur.

À leur expression de stupeur et à la façon dont ils se figèrent au milieu de leurs mouvements, Patrik comprit que quelque chose d’inattendu venait de se produire.

Qu’est-ce qui se passe ?

Vous n’allez pas le croire, mais il y a des ossements ici. Et deux crânes. À en juger par la quantité d’os, je dirais effectivement qu’on a affaire à deux squelettes..."


Camilla Läckberg - Le Prédicateur



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