Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°537 (2016-37)

mardi 27 septembre 2016

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Claude Debussy - Syrinx
(= flute de Pan)

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Portraits d'oiseaux
(première partie)

autour de ma ferme comtoise
Courvières (Haut-Doubs)

avril, juillet, août 2016

Etourneau sansonnet adulte
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 10 avril 2016

Une Poule de ma voisine (Marie)
s'est échappée...
(elle a même traversé la route !)

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 10 avril 2016

Fauvette grisette mâle
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 avril 2016

<image recadrée>



Moineau domestique : femelle nourrissant un jeune
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 14 juillet 2016


<image recadrée>


Famille d'Etourneau sansonnet : un adulte et des jeunes
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 16 juillet 2016

Moineau domestique femelle :
dans mon jardin

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 16 juillet 2016

Moineau domestique mâle,
photographié à partir de ma "chambre d'amis"
sur le "piquet aux Cladonies"

Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 22 juillet 2016

<image recadrée>

Rougequeue noir femelle,
photographié à partir de ma "chambre d'amis"

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2016

Jeune Piegrièche écorcheur,
photographié à partir de ma "chambre d'amis"

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2016

<image recadrée>

Etirement


<image recadrée>

"On ne s'étonne pas assez de vivre..."
L'Ane Culotte - Henri Bosco

Linotte mélodieuse mâle,
photographié à partir de ma "chambre d'amis"

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2016


<image recadrée>

Linotte mélodieuse mâle,
photographié à partir de ma "chambre d'amis"
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2016

Rougequeue noir femelle,
photographiée à partir de ma "chambre d'amis"
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2016

Rougequeue noir femelle,
photographiée à partir de ma "chambre d'amis"
sur le "piquet aux Cladonies"

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2016

Moineau domestique femelle,
photographiée à partir de ma "chambre d'amis"
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 14 août 2016

Fauvette grisette (?)
photographiée à partir de ma "chambre d'amis"
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 14 août 2016

Rougequeue noir femelle
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 23 août 2016

Etourneau sansonnet
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 23 août 2016

<image recadrée>

Torcol fourmilier
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 23 août 2016
<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 24 août 2016

Tourterelle turque
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 24 août 2016

Dans les regains...

Couple de Tourterelle turque
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 24 août 2016

Rougequeue noir femelle
Courvières (Haut-Doubs)

jeudi 25 août 2016

<image recadrée>

Etourneau sansonnet
Courvières (Haut-Doubs)

jeudi 25 août 2016

Rougequeue noir femelle
Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 26 août 2016
<image recadrée>

Rougequeue noir femelle
Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 26 août 2016
<image recadrée>

Tout ça dans un rayon de 10 m autour de la maison ! ...

A suivre...



Suggestion de lecture :

"Quand je m'éveillai, la lune était déjà levée, mais depuis peu. Je ne la voyais pas, car j'étais allongé sous un pin, le dos tourné à l'est, où elle venait d'apparaître. Mais devant moi sa clarté calme illuminait une petite clairière. Sans doute m'avait-elle éveillé. Cependant à peine apparue, elle enchantait déjà les profondeurs de la forêt. Elle n'était pas encore très haute, mais c'est (je l'ai constaté maintes fois), au moment singulier de son aube nocturne, quand elle pointe sur les crêtes, que son attrait trouble le plus profondément la cime des arbres, où dans les rames, dès que les atteint sa lueur, le vent, si ce n'est une âme plus tendre, élève sa plainte et la livre au silence de la nuit.

Je m'éveillai très doucement, à peine touché par ce soupir sylvestre et la première clarté de la vieille planète ; si doucement que je ne repris point de contact matériel avec la vie environnante. Entre mon sommeil et les formes à peine éclairées de ce bois, j'hésitai sans doute longtemps à détacher du monde antérieur où me tenaient encore les puissances obscures, ce monde jeune et frais baigné d'une paisible lumière qui sans secousse m'avait fait simplement changer de rêves. Car je ne me souviens pas de m'être parfaitement éveillé, tant ce qui m'arriva ensuite reste encore aujourd'hui enveloppé d'étrangeté et contredit aux habitudes de ma raison. Je pris sans doute une autre position entre le sommeil et la veille, j'occupai un point de moi-même où me parvenaient à la fois et les mystérieuses féeries de rêve et la simple fraîcheur de la nuit. J'entendis un appel. Non pas un appel imaginaire. Non. Un son. Il venait de l'ouest, de par-delà la clairière. Il arriva sur moi à l'improviste, assez haut, vif. Et je me levai. Je n'eus pas bien longtemps à attendre. La note éleva deux fois son appel, puis elle laissa passer un grand moment de silence.

Il y avait certainement quelqu'un, à cent mètres plus bas, qui, Dieu sait de quel instrument, avait tiré ces trois notes brèves. Je fis quelques pas dans la clairière puis je m'arrêtai. Rien. Alors je gagnai l'autre bord, m'allongeai dans l'herbe et attendis. Il se passa peut-être un quart d'heure. Pas une branche ne bougeait. Il faisait très doux. Il n'y avait plus un chant de grillons dans toute l'étendue.

Tout à coup (mais tout près, cette fois) la note éclata, et aussitôt il en jaillit un tel esprit de violence que j'eus peur. Mais l'élan s'apaisa, le souffle enveloppa je ne sais quel corps aérien et, calme, il en détacha une brève mélodie : quatre ou cinq notes seulement, mais chargées de durées secrètes, coupées de pauses imprévues, quatre notes passionnées qui avaient touché au bois humide de la flûte, qui sentaient l'herbe d'été et le roseau magique. Je m'avançai avec précaution. Maintenant, sans s'écarter du cercle de ses quatre notes, le chant continuait, tantôt sur le registre aigu de l'appel, tantôt sur les tons plus graves de quelque enchantement barbare. La lune pénétrait dans le bois et déjà les ombres fourmillaient de lumière. La forêt s'animait. J'entendais un sourd piétinement. Plus haut que moi, des branches froissées par de mystérieux passages parfois éclataient net, et partout s'élevait comme un crépitement de feuilles. Je me tapis. Une lourde masse fonça, puis des corps plus légers glissèrent dont je ne distinguai que le mouvement furtif et les ombres. Parfois un souffle bref, un ahan, puis une haleine sauvage, et de nouveau cette multitude de pas assourdis. C'était comme une migration de bêtes invisibles ; car (je n'en doutais pas) des bêtes répondant à l'appel étrange, arrivaient de tous les côtés à la fois. Maintenant il devait y en avoir des centaines. Je n'y tins plus ; je rampai sous les basses branches et je parvins jusqu'au talus le long duquel, protégé par un chêne-kermès, je me couchai. Là, j'étais à l'abri. Alors je passai la tête. Et je vis.

Je vis un vallon, sans un arbre, mais entièrement clos par la couronne sombre des chênes.

La lune, encore basse, n'éclairait qu'une petite partie du vallon. Tout le reste plongeait dans l'ombre.

Sur un rocher, presque en face de moi, il y avait un homme. Je le distinguai mal. Il ne bougeait pas. Cependant il me parut qu'il portait ses deux mains à son visage et qu'il les faisait glisser lentement. Il jouait. Je ne voyais pas l'instrument dont il tirait la mélopée singulière qui m'avait amené jusque-là. Mais par ailleurs son attitude m'intriguait. Il semblait regarder obstinément vers un autre rocher, plus haut que lui, planté tout contre la muraille des chênes et déjà blanc de lune.

Tout en le contemplant, il jouait. Il jouait la douceur, il jouait la colère, mais toujours avec un retour sur un tourment plaintif, une mélopée d'obsession, à laquelle, plus bas, presque sous ma cachette, au creux le plus noir du vallon, répondait le bruit sourd d'un piétinement innombrable et le halétement rauque d'une masse sombre qui, autant que j'en pus juger, semblait se mouvoir, sur cette cadence triste et tenace, sans un cri, avec une sombre volonté.

Il y avait là des bêtes... Lesquelles ? Je ne les voyais pas ; peut-être toutes les bêtes de la forêt, de la montagne...

Du sol montait une colonne de poussière et l'odeur du sauvage. C'était bien cette odeur de poil, de sueur et de gibier noir qu'exhale le sanglier à bout de forces ; mais il s'y mêlait des senteurs moins loyales : le puant de la fouine, peut-être la fétidité du loup. Ils dansaient. Je ne les voyais guère; mais ils dansaient. La masse oscillait lourdement, en mesure ; les petits perdus sous les gros, sans doute, les gros serrés flanc contre flanc, le museau bas, mais tournés vers l'homme. Lui, il ne les regardait pas. Il contemplait obstinément le rocher clair; et il jouait. Il jouait de plus en plus vite ; il poussait un air plus impérieux dans les quatre ou cinq roseaux de sa flûte ; il posait une prise plus large sur ces têtes bestiales ; il jouait comme un démon ; il étendait son cercle magnétique par-delà le vallon dans lequel hâtivement se glissait, de temps à autre, un retardataire. Il appelait, il appelait, comme si quelque bête obstinée à ne pas répondre eût manqué à ce rassemblement nocturne. Il cherchait partout cet absent, par deux notes sifflantes, et alors toute la multitude gémissait. Il hâtait sa venue ; il voulait ; c'était une lutte ; il haletait lui-même ; par moment son souffle devenait court, menaçait de mourir ; mais toujours il se reprenait, car c'était un homme, ou tout au moins une âme incarnée dans cette figure, et qui ne voulait pas être vaincue. Mais souvent on sentait sa souffrance, et la maîtrise de son coeur faiblissait. Alors il forçait son élan, il respirait plus vite, il précipitait son débit et la dernière note lancée à bout de souffle, n'était qu'un cri...

Il se tut.

La masse animale s'immobilisa.

Sous le rocher une bête venait d'apparaître. La lune l'éclairait en plein. C'était un long renard. Je le voyais de profil. Une bête admirable.

Tout argenté par la clarté lunaire, un renard irréel.

Il avait surgi là. D'où ? Comment ? Je ne sais.

Il tremblait. Malgré la distance on voyait qu'il tremblait.

Il fit un mouvement du col, comme pour fuir. Un sifflement traversa le vallon.

Le renard s'arrêta, leva le museau vers les astres et poussa un glapissement lugubre. Il s'accroupit sur le rocher, et glapit de nouveau deux ou trois fois, mais plaintivement.

Alors l'homme lança un appel guttural, et, sur le rocher par-dessus le renard, deux yeux de feu étincelèrent. Ces yeux ! La bête du Jardin...

Le renard hurla de terreur...

Déjà l'homme marchait vers lui..."


Henri BOSCO - L'Ane Culotte



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