Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°531 (2016-31)

mardi 16 août 2016

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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JS Bach - Herr unser Herrscher
extrait de la Passion selon St Jean BWV 245

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Version africaine jouée à Lambarena (Ville du Gabon),
en hommage à Albert Schweitzer.

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Version d'Eugen Jochum en 1967.



 
Portraits de
Rougequeue noir

Courvières (Haut-Doubs)
avril à juillet 2016



Rougequeue noir femelle
de retour de migration...

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 10 avril 2016


Rougequeue noir femelle
dimanche 10 avril 2016
<image recadrée>



Rougequeue noir femelle
dimanche 10 avril 2016

Rougequeue noir femelle, sous la pluie,
à partir de ma "chambre d'amis"...

dimanche 17 avril 2016

Rougequeue noir femelle, au soleil,
à partir de ma "chambre d'amis"...
dimanche 24 avril 2016

Rougequeue noir femelle,
retour des nuages (!!)

dimanche 24 avril 2016

Rougequeue noir femelle,
à partir de ma "chambre d'amis"...
dimanche 15 mai 2016

Rougequeue noir femelle,
à partir de ma "chambre d'amis"...
samedi 21 mai 2016

Rougequeue noir femelle
sur mon tas de bois...
lundi 11 juillet 2016

Rougequeue noir femelle
en face du garage de mes voisins...

lundi 11 juillet 2016

Rougequeue noir femelle
sur mon tas de sable...

lundi 11 juillet 2016

Rougequeue noir femelle
sur le mur en pierre de mon jardin...

lundi 11 juillet 2016
<image recadrée>

Rougequeue noir femelle
à proximité d'une fleur de Joubarbe...
lundi 11 juillet 2016
<image recadrée>

mardi 12 juillet 2016

Il pleut ! mais la chasse aux insectes continue...
Il faut nourrir les petits.
mardi 12 juillet 2016

Au bord de mon jardin,
elle admire mes choux kales et les fleurs de Bourrache...
mercredi 13 juillet 2016

vendredi 15 juillet 2016

vendredi 15 juillet 2016
<image recadrée>

vendredi 15 juillet 2016

vendredi 15 juillet 2016




Vol sur place pour attraper un insecte
au dessus du jardin...
vendredi 15 juillet 2016


Chenille
vendredi 15 juillet 2016
<image recadrée>

Jeune attendant son repas...,
sur le mur du jardin.
vendredi 15 juillet 2016

vendredi 15 juillet 2016
<image recadrée>

vendredi 15 juillet 2016

samedi 16 juillet 2016

Jeune dans le jardin...
samedi 16 juillet 2016

Dans une tapis de Véronique petit-chêne - Veronica chamaedrys...
samedi 16 juillet 2016

Chose étonnante : les parents ne sont pas venus
le nourrir ce matin-là...
samedi 16 juillet 2016

Sur une motte de terre...
samedi 16 juillet 2016

Toilette
samedi 16 juillet 2016

Etirement
samedi 16 juillet 2016

A proximité d'un abreuvoir (à bétail),
dans un communal de Courvières
dimanche 17 juillet 2016

Sur le rebord de l'abreuvoir (à bétail)...
dimanche 17 juillet 2016

Rougequeue noir mâle
dimanche 17 juillet 2016

Rougequeue noir jeune
dans l'ombre

mercredi 20 juillet 2016

Rougequeue noir (jeune ?)
au soleil

mercredi 20 juillet 2016
<image recadrée>

Toilette
mercredi 20 juillet 2016

Rougequeue noir (jeune ?)
dans l'ombre

mercredi 20 juillet 2016

Rougequeue noir (jeune ?)
de la fenêtre de ma chambre d'amis...
dimanche 31 juillet 2016 (matin)

Rougequeue noir (jeune ?),
de la fenêtre de ma chambre d'amis...

dimanche 31 juillet 2016 (après-midi)

Rougequeue noir (jeune ?),
de la fenêtre de ma chambre d'amis...
posé sur le piquet "aux Cladonies"

dimanche 31 juillet 2016 (après-midi)


Pour lire un autre texte,
de Sorj Chalandon
cliquez sur l'image ci-dessous
(ou sur le [numéro])

[numéro
456 et 457]
(2015 -
07 et 08)

Livret virtuel sur le Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

Texte :  Le Quatrième mur - Sorj Chalandon

Musique : Requiem "Pie Jesu" - M Duruflé

mardi
17 et 24
février 2015



Suggestion de lecture :

"

1.

Recueillement

(Samedi 23 avril 2011)

Nous n’étions que nous, ma mère et moi. Lorsque le cercueil de mon père est entré dans la pièce, posé sur un chariot, j’ai pensé à une desserte de restaurant. Les croque-morts étaient trois. Visages gris, vestes noires, cravates mal nouées, pantalons trop courts, chaussettes blanches et chaussures molles. Ni dignes, ni graves, ils ne savaient que faire de leur regard et de leurs mains. J’ai chassé un sourire. Mon père allait être congédié par des videurs de boîte de nuit.

Il pleuvait. Le crématorium, le parc, des arbres de circonstance, des fleurs tombales, un jardin de cimetière bordant une pièce d’eau. Tout empestait le souvenir.

— On va voir s’il y a un poisson ?

Ma mère m’a regardé. Elle a hoché la tête.

— Si tu veux.

Nous avons marché jusqu’au bassin. Elle s’appuyait sur mon bras, se déplaçait avec peine, regardait le sol pour ne pas faire un mauvais pas.

Il y avait un poisson. Une carpe dorée entre les nénuphars.

— Je ne le vois pas.

Elle ne voyait rien, ma mère. Jamais, elle n’avait vu. Elle plissait les yeux. Elle cherchait de son mieux. La carpe jouait avec l’eau du rocher transformé en fontaine, elle glissait sur le sable, fendait la surface, plongeait, remontait gueule ouverte, maraudait un peu d’air. Ma mère a secoué la tête.

 Non. Il n’y a rien.

Alors j’ai entouré ses épaules de mon bras. Je l’ai serrée contre moi. Je me suis penché, elle s’est penchée aussi. De la main, je suivais l’ondoiement paisible de l’animal. J’accompagnais son mouvement. Je montrais le poisson, elle regardait mon doigt. Elle était perdue. Elle avait le visage sans rien. Pas un éclat, pas une lumière. Ses yeux très bleus ne disaient que le silence. Ses lèvres tremblaient. Elle ouvrait une bouche de carpe.

Il y avait un mort avant le nôtre, des dizaines de voitures, un deuil en grand. Nous étions le chagrin suivant. Notre procession à nous tenait à l’arrière d’un taxi. Ma mère s’est assise sur un banc, dans le couloir de la salle de cérémonie. Je suis resté debout. Je voulais sortir. Attendre dehors que tout soit fini.

 — Je t’ai accompagnée, mais je n’entre pas.

Ma mère m’a regardé.

— Tu vas rester sous la pluie ?

Je n’ai pas répondu. Ce n’était pas une question. Je suis allé au tableau de service. J’ai relu le nom de mon père. À voix basse. C’était étrange de le voir là. Il m’était familier sur le cuivre d’une porte ou le papier d’une enveloppe, mais pas sur une liste mortuaire.

 André Choulans.

Trois crémations avaient eu lieu le matin du 23 avril. Trois autres étaient prévues dans l’après-midi. La fin de mon père était programmée entre celles d’Albert Blondel et de Jean Vial. Cercueil attendu à 14 h 45. Cela faisait panneau indicateur, relevé de passage des trains. J’étais en bout de quai, à consulter son heure de départ.

Une femme est arrivée dans le couloir, une feuille à la main.

— Vous venez pour un défunt ?

— Non, pour mon mari, a répondu ma mère.

J’ai donné le nom de mon père. L’autre a regardé son papier, hoché la tête et répété Choulans comme on tamponne un document. Puis elle a ouvert la double porte, s’effaçant pour nous laisser entrer. Elle semblait embarrassée.

— Vous attendez quelqu’un d’autre ?

Ma mère m’a regardé.

Fadila ne viendrait pas, Clément non plus.

 Ce lieu n’était ni pour ma femme ni pour mon fils.

— Pas d’autre membre de la famille ?

— Nous deux, j’ai dit.

Je l’ai prise par le bras.

La salle de recueillement était immense. Il y avait des dizaines de chaises. Ma mère a hésité. Elle s’est assise devant, sans quitter des yeux la porte qui nous faisait face. Les morts entraient par là. J’ai pris place à sa droite, sorti mon carnet de croquis et un éclat de fusain.

 Elle m’a regardé.

— Tu ne vas pas dessiner, quand même ?

Je n’ai pas levé la tête.

— Pourquoi ?

Elle n’a pas répondu.

Alors j’ai dessiné. Trois traits rapides, l’angle de la pièce, le plafond, le sol de carrelage gris. Puis la porte en cuir roux. Double battant, capitons en losanges boutonnés. J’ai ombré la plinthe écaillée. Esquissé le tableau accroché au mur, une nature morte.

Ma mère jetait des regards inquiets. La porte, mon dessin. Elle redressait son sac à main sur ses genoux. Elle remuait les lèvres.

 — Tu es sûr qu’il y avait un poisson ?

Je crayonnais une moulure du plafond. J’ai hoché la tête.

— Une carpe, maman.

Je suis passé à elle. Ses souliers fatigués. Ses mains jointes, sa peau de veines bleues, ses cheveux raides et gris, sa robe du lundi. Dans son placard, ma mère avait un lourd manteau noir à boutons de nacre.

— C’est un manteau pour le cimetière, disait-elle toujours.

Son mari était mort. Elle ne l’avait pas mis. À la place, elle avait choisi une pelisse tabac clair, à galons rouges aux poches et au col.

 — Je ne l’ai portée que deux fois, il faut bien que je la sorte du placard.

La porte s’est ouverte en grand. J’ai rangé mon carnet.

Je n’ai pas aimé le cercueil. C’était une simple caisse, un aggloméré de cellulose, un contre-plaqué à échardes, un emballage de carton.

Maman l’avait choisi.

— C’est pour le brûler, avait-elle dit.

Elle avait raison. Pourquoi jeter au feu du bois de frêne, avec côtés galbés et couvercle en dôme ? Pourquoi du satin blanc et une plaque d’identité dorée ? Pourquoi la croix ? Tout cela n’avait aucun sens. Alors poignées en résine et plaque de boîte aux lettres..."


Sorj Chalandon - Profession du père



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