Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°508 (2016-08)

mardi 23 février 2016

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


 
Chants cisterciens - In Timore Dei

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au bas de l'image...



ou cliquez [ici]



Au bord de l'eau...
Haut-Doubs
janvier et février 2016



Fuligue morillon
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
vendredi 22 janvier 2016




Cygne tuberculé
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
vendredi 22 janvier 2016

Martin-pêcheur dans le givre
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
vendredi 22 janvier 2016


Grande Aigrette en vol
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
vendredi 22 janvier 2016

Foulque macroule dans le givre
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
vendredi 22 janvier 2016

Toilette
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
vendredi 22 janvier 2016

Grande Aigrette posée
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 30 janvier 2016

Goéland sp.
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 30 janvier 2016

Canard colvert mâle, au repos
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 30 janvier 2016

Canard colvert femelle, au repos
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 30 janvier 2016

Envol
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 30 janvier 2016

Grèbe castagneux
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 30 janvier 2016

Couple de Cygne tuberculé
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 6 février 2016

Ouette d'Egypte
(à gauche : c'est sans doute un oiseau échappé de captivité)

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 6 février 2016

Couple de Cygne tuberculé (étirement)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 6 février 2016





Couple de Cygne tuberculé
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 6 février 2016

 Grande Aigrette
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 6 février 2016

Grande Aigrette (envol)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 6 février 2016

Couple de Cygne tuberculé
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 11 février 2016

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 11 février 2016

Héron cendré et Grande Aigrette
Frasne (Haut-Doubs)
dimanche 21 février 2016

Frasne (Haut-Doubs)
dimanche 21 février 2016
<image recadrée>

Dans les hautes herbes...
Frasne (Haut-Doubs)

dimanche 21 février 2016
<image recadrée>

Grande Aigrette
Frasne (Haut-Doubs)

dimanche 21 février 2016
<image recadrée>

Frasne (Haut-Doubs)
dimanche 21 février 2016




Suggestion de lecture :

"Premier jour

APRÈS NONE


Où l’on visite le scriptorium et l’on fait connaissance de nombreux savants, copistes et rubricaires ainsi qu’un vieillard aveugle qui attend l’Antéchrist


Tandis que nous montions, je vis que mon maître observait les fenêtres qui donnaient de la lumière à l’escalier. J’étais probablement en train de devenir aussi habile que lui, car je me rendis aussitôt compte que leur disposition aurait difficilement permis à quelqu’un de les atteindre. Et, d’autre part, les verrières qui s’ouvraient dans le réfectoire (les seuls du premier étage à regarder l’à-pic) ne paraissaient pas aisément accessibles, étant donné qu’en dessous il n’y avait aucune espèce de meubles.

Arrivés au sommet de l’escalier nous entrâmes, par la tour orientale dans le scriptorium et là je ne pus retenir un cri d’admiration. Le deuxième étage n’était pas divisé en deux comme l’étage inférieur et il s’offrait donc à mes yeux dans l’immensité de son espace. Les voûtes, aux voussures point trop hautes (moins que dans une église, plus toutefois que dans tout autre salle capitulaire qu’oncques ne vis), soutenues par de robustes pilastres, cernaient un espace inondé d’une très belle lumière, car trois énormes verrières s’ouvraient sur chacun des plus grands côtés, tandis que cinq verrières plus petites perçaient chacun des cinq côtés extérieurs de chaque tour ; huit verrières hautes et étroites, enfin, laissaient aussi pénétrer la lumière par le puits octogonal intérieur.

L’abondance des fenêtres faisait en sorte que la grande salle a été égayée par une lumière continue et diffuse, même en cet après-midi d’hiver. Le vitrage n’était pas coloré comme celui des églises, et les résilles de plomb assemblaient des carrés de verre incolore, pour que la lumière entrât de la façon la plus pure, non modulée par l’art humain, et servit à son but, qui était d’éclairer le travail de la lecture et de l’écriture. Bien d’autres fois je vis, et en d’autres lieux, de nombreux scriptorium, mais aucun où aussi lumineusement resplendit, dont les coulées de lumière physique qui faisaient rayonner l’atmosphère, le principe spirituel même que la lumière incarne, la claritas, source de toute beauté et sapience, attribut inséparable de cette proportion que la salle manifestait. Car trois choses concourent à créer la beauté : d’abord l’intégrité ou perfection, et de ce fait nous estimons laides des choses incomplètes ; ensuite la proportion requise autrement dit l’harmonie ; enfin la clarté et la lumière, et nous appelons belles en effet les choses de couleur limpide. Et comme la vision du beau implique la paix, et pour notre appétit c’est tout un que de se rasséréner dans la paix, dans le bien ou dans le beau, je me sentis envahi d’une immense consolation et je pensais combien il devait être agréable de travailler dans ce lieu.

Tel qu’il apparut à mes yeux, en cette heure méridienne, il me fit l’impression d’un joyeux atelier de la sapience. Par la suite je vis à Saint-Gall un scriptorium de proportions identiques, séparé de la bibliothèque (ailleurs, dans d’autres abbayes, les moines travaillaient dans le lieu même où étaient serrés les livres), mais pas aménagé avec autant de bonheur que celui-ci. Antiquarii, librarii, rubricaires et chercheurs étaient assis, chacun a sa propre table, une table sous chacune des verrières. Et comme les verrières étaient au nombre de quarante (nombre vraiment parfait, dû au décuplement du quadra gone, comme si les 10 commandements avaient été magnifiés par les quatre vertus cardinales), quarante moines auraient pu travailler à l’unisson, même si à ce moment précis ils étaient à peine une trentaine. Séverin nous expliqua que les moines qui travaillaient au scriptorium se voyaient dispenser des offices de tierce, sexte et none pour ne pas devoir interrompre leur tâche dans les heures de lumière, et arrêtaient leur activité seulement au coucher du soleil, pour vêpres.

Les places les plus lumineuses étaient réservées aux antiquarii, les enlumineurs les plus experts, au rubricaires et aux copistes. Chaque table avec tout ce qui pouvait servir à enluminer et à copier : cornes à encre, plus fine que certains moines affilaient à l’aide d’une lamelle de canif, pierre ponce pour rendre lisse le parchemin, règles pour tracer les lignes ou coucher l’écriture. À côté dechaque scribe, ou au sommet du plan incliné de chaque table, se trouvait un lutrin, où était posé le manuscrit à copier, la page recouverte de caches qui encadraient la ligne qu’on était en train de transcrire. Et certains avaient des encres d’or et d’autres couleurs. D’autres au contraire ne faisaient que lire les livres, et transcrivaient des notes sur leurs tablettes ou carnets personnels.

Je n’ai d’ailleurs pas le temps d’observer leur travail, car le bibliothécaire vint à notre rencontre, que nous savions être Malachie de Hildesheim . Son visage cherchait à prendre une expression de bienvenue, mais je ne puis m’empêcher de frémir face à une aussi singulière physionomie. Sa silhouette était élancée et, bien qu’extrêmement maigres, ses membres étaient forts et disgracieux. Comme il avançait à grande foulée, enveloppé de la robe noire de l’ordre, il y avait quelque chose d’inquiétant dans son aspect. Le capuchon encore abattu, puisqu’il venait de l’extérieur, jetait une ombre sur la pâleur de sa face et donnait un je ne sais quoi de douloureux à ses grands yeux mélancoliques. Il y avait dans sa physionomie comme les traces de nombreuses passions que la volonté avait disciplinées, mais qui paraissait avoir fixé ses linéaments qu’elles avaient cessé d’animer. Tristesse et sévérité prédominaient dans les traits de son visage et ses yeux étaient si intenses qu’à un seul regard ils pouvaient pénétrer le coeur de celui qui parlait, et lire ses pensées secrètes, si bien qu’on pouvait difficilement supporter leur investigation et qu’on était tenté de ne pas les rencontrer une seconde fois.

Le bibliothécaire nous présenta à de nombreux moines qui étaient au travail à ce moment-là. De chacun d’eux Malachie nous dit aussi la tâche qu’il accomplissait, et j’admirais la profonde dévotion au savoir et l’étude de la parole divine. Je fis ainsi connaissance avec Venantius de Salvemec, traducteur du grec et de l’arabe, fervent de cet Aristote qui certainement fut le plus sage des hommes. Bence d’Uppsala, un jeune moine scandinave qui s’occupait de rhétorique. Bérenger d’Arundel, l’aide du bibliothécaire. Aymaro d’Alexandrie, recopiant des ouvrages qui ne seraient prêtés que pour quelques mois à la bibliothèque, et puis un groupe d’enlumineurs de différents pays, Patrice de Clonmacnois, Raban de Tolède, Magnus de Iona, Walde de Hereford.

L’énumération pourrait continuer et il n’est rien de plus merveilleux que l’énumération, instrument d’admirables hypotyposes. Mais je dois en venir au sujet de nos discussions, d’où surgirent maintes indications utiles pour comprendre la subtile inquiétude qui flottait parmi les moines, et un je ne sais quoi d’inexprimé qui pesait sur tous leurs propos.

Mon maître entreprit Malachie en commençant par louer la beauté et l’activité du scriptorium et par s’enquérir de la marche du travail qui s’accomplissait en ce lieu, car, dit-il avec grande habileté, il avait partout entendu parler de cette bibliothèque et il aurait voulu en examiner de nombreux livres. Malachie lui expliqua ce que l’Abbé lui avait déjà dit, que le moine demandait au bibliothécaire l’ouvrage à consulter, et celui-ci irait le chercher dans la bibliothèque supérieure, si la demande avait été juste pieuse. Guillaume demanda comment il pouvait connaître le nom des livres abrités dans les armaria du haut, et Malachie lui indiqua, fixé par une chaîne d’or à sa table, un volumineux codex intégralement couvert de listes.

Guillaume enfila les mains dans sa coule, qui s’ouvrait sur sa poitrine pour former une poche, et en retira un objet que je lui avais déjà vu dans les mains, et sur son visage, au cours du voyage. C’était une fourche construite de manière à pouvoir tenir sur le nez d’un homme (et mieux encore sur le sien, si proéminent et aquilin) comme un cavalier se tient sur la croupe de son cheval ou comme un oiseau sur un juchoir. Et de chaque côté de la fourche, de façon à correspondre aux yeux, s’arrondissaient deux cercles ovales de métal, qui a enserraient deux amandes de verre épaisses comme des fonds de chope. Guillaume lisait de préférence avec cela sur les yeux, et disait-y voir mieux que nature ne l’avait doué, ou que son âge avancé, surtout au déclin du jour, ne le lui permettait. Ces verres ne lui servaient pas à voir de loin, car son regard était des plus aigus, mais à voir de près. Grâce à eux, il pouvait lire des manuscrits aux lettres minuscules que je peinais presque à déchiffrer moi-même. Il m’avait expliqué que, lorsque l’homme était arrivé au-delà de la moitié de la vie, même si sa vue avait toujours été excellente, son oeil durcissait et renâclait à adapter la pupille, à telle enseigne que de nombreux savants étaient comme mort à la lecture et à l’écriture après leur cinquantième printemps. Grave malheur pour des hommes qui auraient pu donner le meilleur de leur intelligence pendant nombre d’années encore. Raisons pour quoi il fallait louer le Seigneur que quelqu’un eût découvert et fabriqué cet instrument. Et il me disait cela pour soutenir les idées de son Roger Bacon affirmant que le but du savoir et est aussi de prolonger la vie humaine.

Des autres moines regardèrent Guillaume avec beaucoup de curiosité, mais ne risquèrent aucune question. Et de mon côté, je m’aperçus que, fût-ce dans un lieu aussi jalousement et orgueilleusement consacré à la lecture et écriture, c’est admirable instrument n’avait pas encore pénétré. Et je me sentis fier d’accompagner un homme qui avait en sa possession quelque chose digne d’étonner d’autres hommes fameux dans le monde pour leur sagesse.

Avec ces objets sur les yeux, Guillaume se pencha sur les listes dressées dans le codex. Je regardai moi aussi, et nous découvrîmes des titres de livres dont nous n’avions jamais entendu parler, et d’autres, très célèbres, que la bibliothèque possédait.

« De Pentagono Salomonis, Ars loquendi et intelligendi se in lingua hebraica. De rebus metallicis de Roger de Hereford, Algebra de Al Kouwarizmi, version latine de Robert Angelico, les Puniques de Silius Italicus, les Gesta francorum, De laubidus santae crucis de Raban Maur, et Flavii Giordani de aetate mundi et hominis reservatis singulis per singulos libros ab A usque ad Z, lut mon maître. Ouvrages splendides. Mais selon quel ordre sont-ils enregistrés ? » Il cita un texte que je ne connaissais pas, mais qui était sûrement familier à Malachie : « Habeat Librarius et registrum omnium librorum ordinatum secudum facultates et auctores, reponeatque eos separatim et ordinate cum signaturis per scripturam applicatis. Comment faites-vous pour connaître la place de chaque livre ? »

Malachie lui montra des annotations qui accompagnaient chaque titre. Je lus :iii,IV gradus,V in prima graecorum ;ii, V gradus, VII in tertia anglorum, et ainsi de suite. Je compris que le premier chiffre indiquait la position du livre sur l’étagère ou gradus, signalés par le second chiffre, l’armoire étant signalée par le troisième chiffre, et je compris aussi que les autres expressions désignaient une salle ou en couloir de la bibliothèque, et j’osai demander de plus amples renseignements sur ces dernières distinctiones. Malachie me regarda avec sévérité : « vous ne savez sans doute pas, ou vous avez oublié, que l’accès à la bibliothèque n’est consenti qu’au seul bibliothécaire. Et donc il est juste et suffisant que seul le bibliothécaire sache déchiffrer ces choses-là.

Mais dans quel ordre sont reportés les livres dans cette liste ? Demanda Guillaume. Pas par sujet, me semble-t-il. » Il ne fit pas allusion à une classification par auteurs qui suivit l’ordre même des lettres de l’alphabet, car c’est un procédé astucieux que j’ai mis en oeuvre ces dernières années seulement, et qu’on n’utilisait guère autrefois.

« La bibliothèque plonge ses racines dans la profondeur des temps, dit Malachie, et les livres sont enregistrés selon l’ordre des acquisitions, des donations, de leur entrée dans nos murs.

Malaisés à trouver, observa Guillaume.

Il suffit que le bibliothécaire les ait tous présents en sa mémoire et sache pour chaque livre l’époque où il arriva. Quant aux autres moines, ils peuvent se fier à sa mémoire. » On eût dit qu’il parlait d’un autre, qu’il ne s’agissait pas de lui-même ; et je compris qu’il parlait de la fonction qu’en ce moment il remplissait indignement, mais qui avait été remplie par cent autres, désormais disparus, lesquels s’étaient transmis de l’un à l’autre leur savoir.

« J’ai compris, dit Guillaume. Si donc je cherchais quelque chose, sans savoir quoi précisément, sur le pentagone de Salomon, vous sauriez m’indiquer qu’existe le livre dont je viens tout juste de lire le titre, et vous pourriez en déterminer la position à l’étage supérieur.

Si vous deviez vraiment apprendre quelque chose sur le pentagone de Salomon, dit Malachie. Mais un tel livre, si j’avais à vous donner, je préférerais d’abord demander conseil à l’Abbé.

J’ai su qu’un de vos plus habiles enlumineurs, dit alors Guillaume, a disparu récemment. L’Abbé m’a beaucoup parlé de son art. Pourrais-je voir les manuscrits qu’il enluminait ?

Adelme d’Otrante, dit Malachie en regardant Guillaume avec méfiance, ne travaillait, à cause de son jeune âge, que sur les marginalia. Il avait une imagination fort vive et à partir de choses connues, il savait composer des choses inconnues et surprenantes, comme qui unirait un corps humain à une encolure de cheval. Mais voilà ses livres, là-bas. Personne n’a encore touché à sa table. »

Nous nous approchâmes de ce qui avait été la place de travail d’Adelme, où se trouvaient encore les feuillets d’un psautier richement enluminés. C’étaient des folia de vellum très fin – roi d’entre les parchemins – et le dernier était encore fixé à la table. À peine frotté avec de la pierre ponce et adouci à la craie, il avait été lissé avec la plana et, à partir des trous minuscules produits sur le côté à l’aide d’un stylet très mince, avaient été tracées toutes les lignes qui devaient guider la main de l’artiste. La première moitié avait été déjà recouverte d’écriture et le moine avait commencé d’y esquisser les figures sur les marges. Par contre les autres feuillets étaient déjà terminés, et en les regardant ni Guillaume ni moi ne parvînmes à retenir un cri d’admiration. Il s’agissait d’un psautier sur les marges duquel se dessinait un monde de renversé par rapport à celui que nos sens perçoivent d’habitude. Comme si au seuil d’un discours qui par définition est le discours de la vérité, se développait en un lien profond avec celui-ci, à travers la merveilleuse allusion in aenigmate, un discours mensonger sur un univers placé la tête en bas, où les chiens fuient devant le lièvre et les cerfs chassent le lion. Petites têtes en forme de patte d’oiseaux, animaux avec des mains humaines sur leur derrière, têtes chevelues d’où pointaient des pieds, dragons zébrés, quadrupèdes dont le cou serpentin s’entrelaçait en mille noeuds inextricables, singes aux cornes cervines, sirènes en forme de volatiles avec des ailes membraneuses sur l’échine, hommes sans bras avec d’autres corps humains qui leur poussaient sur le dos en guise de bosse, et figures avec une bouche dentée sur le ventre, humains à la tête équine et équins aux jambes humaines, poissons avec des ailes d’oiseaux et oiseaux à queue de poissons, monstres à corps uniques et double tête ou tête unique et corps double, vaches à queue de coq aux ailes de papillon, femme à la tête écailleuse comme le dos d’un poisson, chimères bicéphales entrecroisées avec des libellules au museau de lézard, centaures, dragons, éléphants, manticores ,sciapodes allongés sur les branches d’un arbre, griffons qui donnaient naissance au bout de leur queue à un archer sur le pied de guerre, créatures diaboliques au cou sans fin, théories d’animaux anthropomorphes et de nains zoomorphes se combinaient, parfois sur la même page, en scène de vie champêtre où vous auriez pu voir représentée, avec une vivacité si impressionnante qu’on eût dit des figures vivantes, toute la vie des champs, laboureurs, cueilleurs de fruits, moissonneurs, fileuses, semeurs à côté de renards et de fouines armés d’arbalètes qui escaladaient une ville garnie de tours et défendue par des singes. Ici une lettre initiale se ployait en forme de L et dans sa partie inférieure engendrait un dragon, là un grand V qui donnait élan au mot « verba », produisait comme une vrille naturelle de son tronc un serpent aux mille volutes, à son tour engendrant d’autres serpents de pampres et de corymbes..."


Umberto Eco - Le nom de la rose



Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2016 : Pour le télécharger directement au format pdf (1400 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal]