Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°498 (2015-49)

mardi 15 décembre 2015

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
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Alfredo Catalini - La Wally
"Ebben, Ne andro lantana"
extrait de "Diva" (1981)

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Exposition

d'Eglogues photographiques

à Courvières
(à la Mairie)


Horaires d'ouverture : en semaine,

lundi : de 8 h à 12 h
mercredi : de 13 h 30 à 14 h 30
vendredi : de 14 h à 16 h

et samedi 19 décembre :

de 14 h à 18 h
(j'assurerai la permanence)

Dernier jour !!!

Vous pouvez me contacter
pour ouvrir la salle d'exposition
en dehors des horaires prévus.

Pour (re)voir les Eglogues photographiques,

cliquez [ici]



Corvidés :

Grand Corbeau, Corneille noire, Geai des Chênes, Pie bavarde...

Courvières, Bouverans et Mont d'Or (Haut-Doubs)
octobre, novembre 2015



Geai des Chênes
Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 31 octobre 2015


Geai des Chênes
Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 31 octobre 2015
<image recadrée>


Pie
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 7 novembre 2015

Corneille noire
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 7 novembre 2015


Grand Corbeau
Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 9 novembre 2015

Grand Corbeau (atterissage)
Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 9 novembre 2015

Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 9 novembre 2015

Grand Corbeau en vol
Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 9 novembre 2015

Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 9 novembre 2015

Toilette
Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 9 novembre 2015

Grand Corbeau (ombre)
Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 9 novembre 2015

Corneille noire
Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 11 novembre 2015

Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 11 novembre 2015

Pie
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015

Attente
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015

Grand Corbeau
Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 11 novembre 2015

Portrait
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015
<image recadrée>


En compagnie d'un Milan royal
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015

Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 11 novembre 2015

La Curée
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015

Couple de Grand Corbeau (en vol)
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015

Grand Corbeau et Corneille noire
(remarquer la différence de taille !)
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015

Grand Corbeau
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015


Suggestion de lecture :

"Position 3 : dans la chambre à brouillard

Les données du problème sont simples et désespérantes : dans une chambre de Wilson, on peut visualiser la trajectoire des électrons sous forme de gouttelettes condensées dans le brouillard ; mais quel que soit le cadre théorique choisi, le vôtre ou celui de Schrödinger, il est impossible de supposer que les électrons suivent effectivement une trajectoire sans tomber dans de redoutables contradictions.

On voit donc quelque chose dont l'existence est patente et qui ne devrait cependant pas exister.

Tous les autres se trompaient, cela, vous le saviez, Niels Bohr et Wolfgang Pauli le savaient aussi, mais l'impitoyable chambre à brouillard vous privait du luxe de croire que vous aviez tout résolu et que vous n'étiez qu'un malheureux génie incompris. Oh non, les moments de grâce inoubliables ne résolvent pas tout, et chaque avancée engendre une nouvelle déception, plus cruelle que les précédentes. A une théorie incomplète, vous n'aviez rien à opposer qu'une autre théorie, tout aussi incomplète. Vous n'aviez pas les moyens de corriger en rejoignant Niels Bohr à Copenhague où il avait invité Schrödinger pour lui faire comprendre que, malgré le progrès mathématique considérable que représentait la fonction d'onde, rien n'était réglé au niveau de la réalité physique, et il passa effectivement des journées entières à essayer en vain de le lui faire comprendre, sans lui laisser un seconde de répit. Il avait installé Schrödinger chez lui pour s'assurer qu'il ne pourrait pas lui échapper et le torturer à loisir et il guettait le malheureux dès le matin, au seuil de sa chambre, pour lui faire part des objections qu'il avait conçues dans la nuit, le poussait dans ses retranchements avec une obstination furieuse de fanatique jusqu'à la table du petit-déjeuner, continuant à lui affirmer d'une voix suppliante à travers la porte de la salle de bains que l'électron, bien qu'il manifestât des comportements ondulatoires, ne pouvait en aucun cas être considéré seulement comme une onde, implorant Schrödinger de l'accepter enfin, et il le poursuivait toute la journée du salon au bureau, il l'aurait poursuivi jusque dans ses rêves, si bien que Schrödinger, après avoir regretté amèrement, comme il semble décidément que ce fût la rêgle à l'époqu, d'avoir un jour pris la stupide décision d'étudier la physique, n'eut plus d'autre ressource que de tomber malade pour échapper à son bourreau, ce qui ne servit pas à grand chose, car Niels Bohr se mit à faire le siège de son lit de souffrance, l'empoignant par les revers de sa veste de pyjama pour l'arracher à sa douce somnolence d'agonisant avec une opiniâtreté si inflexible qu'il dut lui rendre la perspective de la mort délectable. Et quand Schrödinger parvint à s'enfuir de sa geôle danoise, c'est vous que Bohr entreprit de torturer systématiquement. Il vous posait des questions incessantes en tournant autour de vous comme un oiseau de proie, dans une écoeurante brume de tabac, il tordait les problèmes dans tous les sens, avec des grimaces de possédé, jusqu'à ce qu'ils deviennent totalement incompréhensibles, il vous exaspérait, il vous empêchait de dormir, il vous empêchait de penser, vous ne pouviez plus le supporter, vous éclatiez en sanglots à trois heures du matin en le suppliant de vous laisser tranquille, et vous avez accueilli sa décision de partir faire du ski en Norvège comme une libération inespérée : il n'est pas exclu que vous ayez furtivement souhaité qu'il se casse une jambe, voire les deux, en vous reprochant aussitôt la dureté de votre coeur car vous l'aimiez comme un père. Mais il faut bien s'éloigner de son père pour se retrouver seul et désemparé, devant la chambre à brouillard de Wilson, avec des yeux d'orphelin fixés sur la trajectoire qui ne devrait pas exister.

C'est là que vous reveniez sans cesse, il était impossible de fuir, le goût indigeste de la réalité vous donnait la nausée et même la pensée que, de ce point de vue, Schrödinger, avec ses ondes stupides, n'était pas plus capable que vous ne l'étiez d'expliquer un phénomène aussi simple ne vous apportait aucune consolation.

Mais Dieu qui, en l'absence de Bohr, se souvenait de sa miséricorde, vous a laissé une nouvelle fois regarder par-dessus son épaule. Et vous avez compris.

Dans la chambre à brouillard, on n'observait pas, et on n'avait en vérité jamais observé, la trajectoire d'un électron. On y voyait seulement les traces ponctuelles des gouttes de condensation, rien de plus, et c'est l'esprit humain qui, victime d'une routine plusieurs fois millénaire, reliait ces traces entre elles en une illusion de trajectoire continue, comme les enfants relient soigneusement les points numérotés dans leurs cahiers de dessin pour y faire apparaître des sorcières, des dragons et des chimères.

Il vous fallait encore apprendre à voir au-delà des évidences, vous dépouiller de toutes les habitudes qui vous retenaient prisonnier : quelque part, perdu dans l'immensité cosmique de la gouttelette, se trouvait l'électron. Il était impossible de dire où il se situait exactement. Un peu plus loin, il signalait à nouveau sa position approximative mais il n'était au fond même pas permis de penser que c'était le même objet qui laissait dans le brouillard les traces de son passage. Il n'y avait qu'une suite d'événements singuliers, l'éclair d'existences furtives illuminant la nuit avant de s'éteindre. Et c'était tout. Vous aviez vu. Il ne restait plus rien à voir. Pas de permanence. Pas de continuité. Aucune trajectoire – mais une armée de spectres exsangues qui traversaient la chambre de Wilson à une vitesse indéterminée, en s'incarnant vaguement pour imprimer dans la brume l'empreinte de leurs contours flous.

Et tel est le principe..."


Jérôme FERRARI - Le Principe



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