Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°497 (2015-48)

mardi 8 décembre 2015

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
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Igor Stravinsky - L'oiseau de feu

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au bas de l'image...



ou cliquez [ici]



Exposition
d'Eglogues photographiques

à Courvières
(à la Mairie)


L'inauguration a eu lieu samedi dernier...

Horaires d'ouverture : en semaine,

lundi : de 8 h à 12 h
mercredi : de 13 h 30 à 14 h 30
vendredi : de 14 h à 16 h

et les samedi 12 et 19 décembre :

de 14 h à 18 h
(j'assurerai la permanence)

Vous pouvez me contacter
pour ouvrir la salle d'exposition
en dehors des horaires prévus.

Pour (re)voir les Eglogues photographiques,

cliquez
[ici]

Et, bienvenu à mon neveu : Emile
né dans la nuit du jeudi 3 au vendredi 4 décembre...




Ballet de Rapaces I :

Buse variable, Faucon crécerelle, Busard des roseaux...

Courvières, Bouverans, Mont d'Or (Haut-Doubs)
octobre, novembre 2015



Buse variable sous la lune
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 25 octobre 2015

Dans l'herbe
Courvières (Haut-Doubs)

mardi 27 octobre 2015

Vol
Courvières (Haut-Doubs)

mardi 27 octobre 2015



Juste derrière le bouquet de Cirse laineux !!
(j'attendais les Chardonnerets...)
Courvières (Haut-Doubs)

mardi 27 octobre 2015

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 27 octobre 2015
<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 27 octobre 2015
<image recadrée>

Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 31 octobre 2015

Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 31 octobre 2015
<image recadrée>

Dans un épicéa (avec la lune, à gauche...)
Bouverans (Haut-Doubs)

samedi 31 octobre 2015

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 7 novembre 2015

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 7 novembre 2015

Faucon crécerelle
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 8 novembre 2015

Envol de l'Oiseau de Feu !
Courvières (Haut-Doubs)

mardi 27 octobre 2015

Busard des roseaux (?)
Mont d'Or (Haut-Doubs)

lundi 9 novembre 2015

Pie et Buse
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015

Buse et Grand Corbeau

"Par sa taille, qui est presque celle d'une Buse, il [le Grand Corbeau] dépasse tous
les autres Corvidés..." (Paul Géroudet - Les Passereaux d'Europe)
Ici, c'est la Buse qui semble plus petite...

Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015
<image recadrée>

Attente
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015

Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 11 novembre 2015
<image recadrée>



Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 11 novembre 2015
<image recadrée>



Corneille noire
Tiécelin,
le "corbeau" et la Buse
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015

Que de campagnols !!
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015

Devant un Milan royal...
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015
<image recadrée>

Au sol
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 11 novembre 2015
<image recadrée>

Dans un Mélèze
(derrière la ferme, pris de la fenêtre de la "chambre d'amis")
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 novembre 2015

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 15 novembre 2015
<image recadrée>

Dans un Saule
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 novembre 2015



Suggestion de lecture :

"Le même soir, il vint chez Pietro travailler avec elle. C'était la fin d'avril, il faisait très doux pour la saison et on avait au patio des roses en abondance ainsi que du lilas déjà fleuri dont le parfum était sublimé par la petite pluie d'avant le dîner. Quand Clara arriva dans la salle du piano, elle eut la surprise d'y trouver Leonora.

- Je viens et je m'en vais, lui dit-elle, mais je voulais t'embrasser avant votre leçon.

Et, en effet, elle était habillée pour sortir d'une robe en tombé de crêpe noir qu'éclairaient deux larmes de cristal à quoi s'assombrissaient encore ses cheveux et ses yeux. On ne pouvait se figurer plus absolu raffinement que la fluidité de cette robe et de ces pendants en perles d'eau immobile et comme Leonora y ajoutait les arabesques auxquelles se réglaient ses mouvements, on ne savait plus si on regardait une rivière ou une flamme qui s'enroulait sur elle-même.


- Je sais qu'on te dit bien peu et qu'on te demande de travailler dans la solitude, dit Leonora.

Elle se tourna vers Gustavo et Pietro.


-Mais j'ai confiance en ces hommes. Alors je viens partager avec toi ma cécité et ma foi, et te demander si tu veux bien jouer pour moi.

Et, en répandant dans le soir sa fréquence comme d'un parfum rare et léger, elle dit encore :


-J'aimerais entendre la partition que tu as jouée dans l'église la première fois, celle qu'Alessandro t'a donnée à la fin et qui était bleue, je crois.

Clara lui sourit. Faut-il dire qu'en onze année d'une existence sans heurts ni tourments, elle n'avait pas souri plus de quatre fois ? Quoiqu'elle eût été initiée depuis longtemps aux sympathies naturelles, elle n'avait jamais pénétré le domaine des affinités humaines. Leonora vit ce sourire et porta une main à sa poitrine pendant que Clara prenait place devant le clavier et que les hommes s'asseyaient à leur tour. Elle n'avait pas rejoué la patition bleue depuis le jour des grandes noces. Elle se souvint de ce que le Maestro lui avait dit des récits et aux lacs silencieux que chantait le morceau se superposa un fil étrange qu'elle suivit comme une piste. Quelque chose s'enroula dans l'air puis se déroula à l'intérieur d'elle-même. C'était plus qu'une fragance mais moins q'un souvenir, et il y flottait une note de terres et de coeur sous la forme d'une histoire de découvertes dans la nuit que ses doigts voulaient maintenant raconter. Alors elle joua le morceau comme au premier jour, à la même vitesse et avec la même solennité, mais ses mains étaient lestées d'une magie nouvelle qui ouvrait le territoire du rêve dans les heures éveillées. Une lampe à pétrole éclairait la table autour de laquelle la famille prenait son repas. Par quels cristaux passait cette vision dont Clara savait qu'elle n'était pas une rêverie mais la perception actuelle, loin au nord, du monde de Maria ? A mesure qu'elle jouait, elle se connectait à un immense kaleidoscope où son coeur reconnaissait des irisations familières tant à chaque battement d'ailes le détail de la scène. Elle pouvait scruter les visages de ces hommes et femmes qu'elle n'avait vus que fugacement à la fin du premier rêve. On parlait peu en dînant et on économisait des gestes réglés par le même ballet de la vie ordinaire, par la même cène paisible où se coupe en silence le pain, où, à une remarque du père, on s'esclaffe avant de replonger le nez dans sa soupe. Au moment où elle aborda la dernière mesure, tous rirent à gorge déployée alors que la mère se levait pour aller chercher dans l'ombre de la salle un compotier de pommes. Puis Clara cessa de jouer et la vision disparut.

Elle leva les yeux. Leonora avait posé la main sur le bois sombre et ses joues étaient inondées de larmes. Sur le visage de Pietro aussi avait passé un sanglot, et Petrus semblait aussi ému qu'éveillé. Mais le Maestro n'avait pas pleuré. Leonora vint à côté d'elle et, en se penchant, lui déposa un baiser sur le front.


-Je m'en vais, lui dit-elle en essuyant ses larmes, mais je te remercie de ce que tu nous as offert ce soir.

Et, se tournant vers le Maestro, elle dit encore :


- Il y aura bien d'autres heures à présent.

Plus tard, dans sa chambre, Clara ne s'endormit pas. Elle sentait en elle la brèche qui s'était ouverte quand elle avait joué pour Leonora et elle voulait rejoindre encore une fois la ferme de Maria. Elle resta un long moment abandonnée au silence et laissa vaguer son esprit au gré des bribes de récits que lui faisait autrefois sa vieille bonne et, après un certain temps, un nappe liquide de réminiscence vint la baigner de toute la grande histoire qu'il y avait dans les petites histoires du Sasso. Elle ne cherchait pas à les suivre non plus qu'à les reconstituer vraiment, mais elle voyait maintenant qu'elles avaient une étoffe qu'elle pouvait transcrire en musique – une musique insolite où à la sonorité et à la tonalité des formes s'ajoutait la même strate qui naissait parfois de ses dialogues avec le Maestro, et qu'elle avait perçue le premier soir devant le tableau de sa chambre où, à l'ivresse des couleurs, se mêlaient les récits de l'image. Elle vit la vieille bonne repriser en lui contant une histoire d'enfants perdus dans la montagne ou de bergers égarés dans les combes, et elle se laissa couler au fil d'une malédiction sans direction ni suite dont la mélodie allait au-delà des présences et des temps. Alors par une déflagration nouvelle des récits et des terres, le même canal tracé plus tôt par la partition s'ouvrit dans son esprit sans qu'elle eût à faire d'effort pour en maintenir la lumière. Oh tant de lumière. C'est la nuit aussi sur le petit monde de la ferme et dans la salle silencieuse meurent les dernières braises. On sent la force des pierres autour des humains qui s'en encerclent et protègent, et la force du bois qui étend ses tentacules dans l'invisibilité des parois. Malgré l'obscurité, les vibrations minérales et organiques dessinent un réseau lumineux dont Clara s'émerveille de voir les tracés car Maria est là, dans l'étrange clarté, et, immobile, regarde la table où il y a un pot de terre, un verre d'eau rempli de moitié et des gousses d'ail oubliées du repas. Alors, dans le déroulé interminable et fulgurant par lequel la main de la petit Française déplace le verre et y ajoute une brisure de lierre, il y a un redéploiement de la totalité de l'univers dont Clara perçoit les craquements gigantesques et les déplacements de la banquise – puit tout se pose et de tait et embrasse le génie de la félicité. Ainsi de la nuit du grand commencement. Clara suit Maria à travers le foyer endormi jusqu'à son lit où elle s'enfouit sous un gros édredon rouge. Mais avant de s'endormir, Maria ouvrit grand les yeux en fixant le plafond et Clara reçut au coeur ce regard. Etait-ce la magie du lien de musiques et de récits ? Elle en fut bouleversée comme d'une première intimité avec un être qui n'attendait rien d'elle en retour et, dans le silence de sa chambre du patio, pour la seconde fois du jour, elle sourit. Enfin, juste avant le sommeil, elle eut la dernière vision d'une table de ferme où, à la juste tension d'un verre, d'un pot de terre et de trois gousses effleurées de lierre, se capturaient la somptuosité et la nudité du monde..."


Muriel Barbery - La Vie des Elfes



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