Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°490 (2015-41)

mardi 20 octobre 2015

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Johannes Brahms - Le Chant du Destin
Schicksalslied

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Petits Oiseaux
de loin !!
Haut-Doubs
mai, juin, juillet et août,
septembre et octobre 2015

Grive litorne
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
vendredi 8 mai 2015

Grive litorne
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 juin 2015

Moineau domestique mâle
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 juin 2015

Bruant des roseaux mâle
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 30 juin 2015
<image recadrée>

Couple de Corneille noire
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 30 juin 2015



Rougegorge (jeune), dans l'ombre
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2015

Jeune Rougegorge familier
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 14 juillet 2015
<image recadrée>

Rougequeue noir femelle
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 22 août 2015


Rougequeue noir femelle
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 22 août 2015

Bergeronnette grise
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 22 août 2015

Tarier des prés
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 22 août 2015

Tarier des prés
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 29 août 2015

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 29 août 2015

Rougequeue noir
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 29 août 2015
<image recadrée>

Rougequeue noir
Courvières (Haut-Doubs)

  dimanche 30 août 2015

Pouillot fitis (?)
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 12 septembre 2015

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 12 septembre 2015
<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 12 septembre 2015

Bouvreuil pivoine femelle, à sa toilette
Bouverans (Haut-Doubs)

samedi 26 septembre 2015

Falaise et Tichodrome échelette
Mont d'Or (Haut-Doubs)
dimanche 4 octobre 2015
<image recadrée>


Rougequeue noir femelle
Mont d'Or (Haut-Doubs)
dimanche 4 octobre 2015





Mont d'Or (Haut-Doubs)
dimanche 4 octobre 2015

Martin-pêcheur d'Europe femelle
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
dimanche 11 octobre 2015



Suggestion de lecture :

"La science des livres est une médiocre ressource dans les problèmes de la vie ; à la riche bibliothèque est ici préférable l'assidu colloque avec les faits. En bien des cas, il est excellent d'ignorer ; l'esprit garde sa liberté d'investigation et ne s'égare pas en des voies sans issue, suggérées par la lecture. Encore une fois, je viens d'en faire l'expérience.

Un mémoire d'anatomie, oeuvre d'un maître cependant, m'avait appris que le Scorpion languedocien a charge de famille en septembre. Ah ! que j'aurais mieux fait de ne pas le consulter ! C'est bien avant cette époque, sous mon climat du moins ; et, comme l'éducation est de brève durée, je n'aurais rien vu si j'avais attendu le mois de septembre. Une troisième année de surveillance s'imposait, fastidieuse, d'attente, pour assister enfin au spectacle que je prévoyais de haut intérêt. Sans des circonstances exceptionnelles, je laissais passer la fugace occasion, je perdais un an, et peut-être, même j'abandonnais la question.

Oui, l'ignorance peut avoir du bon ; loin des chemins battus le nouveau se rencontre. Un de nos plus illustres maîtres, qui ne se doutait guère de la leçon donnée, me l'avait appris autrefois. A l'improviste, un jour sonnait à ma porte Pasteur, celui-là même qui devait acquérir bientôt célébrité si grande. Son nom m'était connu. J'avais lu, du savant, le beau travail sur la dissymétrie de l'acide tartrique ; j'avais suivi avec le plus vif intérêt ses recherches sur la génération des Infusoires.

Chaque époque a sa lubie scientifique ; nous avons aujourd'hui le transformisme, on avait alors la génération spontanée. Avec ses ballons stériles ou féconds à volonté, avec ses expériences superbes de rigueur et de simplicité, Pasteur ruinait pour toujours l'insanité qui, d'un conflit chimique au sein de la pourriture, prétendait voir surgir la vie.

Au courant de ce litige, si victorieusement élucidé, je fis de mon mieux accueil à l'illustre visiteur. Le savant venait à moi tout le premier pour certains renseignements. Je devais cet insigne honneur à ma qualité de confrère en physique et chimie. Ah ! le petit, l'obscur confrère.

La tournée de Pasteur dans la région avignonnaise avait pour objet la sériciculture. Depuis quelques années, les magnaneries étaient en désarroi, ravagées par des fléaux inconnus. Les vers, sans motifs appréciables, tombaient en déliquescence putride, se durcissaient en pralines de plâtre. Le paysan atterré voyait disparaître une de ses principales récoltes ; après bien des soins et des frais, il fallait jeter les chambrées au fumier.

Quelques paroles s'échangent sur le mal qui sévit ; et, sans autre préambule :

« Je désirerais voir des cocons, fait mon visiteur ; je n'en ai jamais vu, je ne les connais que de nom. Pourriez-vous m'en procurer ?

Rien de plus facile. Mon propriétaire fait précisément le commerce des cocons, et nous sommes porte à porte. Veuillez m'attendre un instant, et je reviens avec ce que vous désirez. »

En quatre pas, je cours chez le voisin, où je me bourre les poches de cocons. A mon retour, je les présente au savant. Il en prend un, le tourne, le retourne entre les doigts ; curieusement il l'examine comme nous le ferions d'un objet singulier venu de l'autre bout du monde. Il l'agite devant l'oreille.

« Cela sonne, dit-il tout surpris, il y a quelque chose là-dedans ?

Mais oui.

Et quoi donc ?

La chrysalide.

Comment, la chrysalide ?

Je veux dire l'espèce de momie en laquelle se change la chenille avant de devenir papillon.

Et dans tout cocon il y a une de ces choses-là ?

Évidemment, c'est pour la sauvegarde de la chrysalide que la chenille a filé.

Ah ! »

Et, sans plus, les cocons passèrent dans la poche du savant, qui devait s'instruire à loisir de cette grande nouveauté, la chrysalide. Cette magnifique assurance me frappa. Ignorant chenille, cocon, chrysalide, métamorphose, Pasteur venait régénérer le ver à soie. Les antiques gymnastes se présentaient nus au combat. Génial lutteur contre le fléau des magnaneries, lui pareillement accourait à la bataille tout nu, c'est-à-dire dépourvu des plus simples notions sur l'insecte à tirer de péril. J'étais abasourdi ; mieux que cela, j'étais émerveillé.

Je le fus moins de ce qui suivit. Une autre question préoccupait alors Pasteur, celle de l'amélioration des vins par le chauffage. En un brusque changement de causerie :

« Montrez-moi votre cave », fit-il.

Lui montrer ma cave, ma cave à moi, chétif, qui naguère, avec mon dérisoire traitement de professeur, ne pouvais me permettre la dépense d'un peu de vin, et me fabriquais une sorte de piquette en mettant fermenter dans une jarre une poignée de cassonade et des pommes râpées ! Ma cave ! Montrer ma cave ! Pourquoi pas mes tonneaux, mes bouteilles poudreuses, étiquetées suivant l'âge et le cru ! Ma cave !

Tout confus, j'esquivais la demande, je cherchais à détourner la conversation. Mais lui, tenace :

« Montrez-moi votre cave, je vous prie ».

A telle insistance, nul moyen de résister. Du doigt, je désigne dans un coin de la cuisine une chaise sans paille, et sur cette chaise une dame-Jeanne d'une douzaine de litres.

« Ma cave, la voilà, monsieur.

Votre cave, cela ?

Je n'en ai pas d'autre.

C'est tout ?

Hélas ! oui, c'est tout.

Ah ! »

Pas un mot de plus ; rien autre de la part du savant. Pasteur, cela se voyait, ne connaissait pas ce mets aux fortes épices que le populaire nomme la vache enragée . Si ma cave, la vieille chaise et la dame-jeanne sonnant creux, se taisait sur les ferments à combattre par le chauffage, elle parlait éloquemment d'une autre chose que mon illustre visiteur parut ne pas comprendre. Un microbe lui échappait et des plus terribles, celui de la mauvaise fortune étranglant le bon vouloir.

Malgré la malencontreuse intervention de la cave, je n'en suis pas moins frappé de sa sereine assurance. Il ne sait rien de la transformation des insectes ; pour la première fois il vient de voir un cocon et d'apprendre que dans ce cocon il y a quelque chose, ébauche du papillon futur ; il ignore ce que sait le moindre écolier de nos campagnes méridionales, et ce novice, dont les naïves demandes me surprennent tant, va révolutionner l'hygiène des magnaneries ; il révolutionnera de même la médecine et l'hygiène générale.

Son arme est l'idée, insoucieuse des détails et planant sur l'ensemble. Que lui importent métamorphoses, larves, nymphes, cocons, pupes, chrysalides, et les milles petits secrets de l'entomologie ! En son problème, peut-être convient-il d'ignorer tout cela. Les idées conservent mieux leur indépendance et leur audacieuse envolée ; les mouvements seront plus libres, affranchis des lisières du connu.

Encouragé par le magnifique exemple des cocons sonnant aux oreilles étonnées de Pasteur, je me suis fait une loi d'adopter la méthode ignorante dans mes recherches sur les instincts. Je lis très peu. Au lieu de feuilleter des livres, dispendieux moyen qui n'est pas à ma portée, au lieu de consulter autrui, je me mets en opiniâtre tête-à-tête avec mon sujet jusqu'à ce que je parvienne à le faire parler. Je ne sais rien. Tant mieux, mes interrogations ne seront que plus libres, aujourd'hui dans un sens, demain dans le sens opposé, suivant les éclaircies obtenues. Et si, par hasard, j'ouvre un livre, j'ai le soin de laisser dans mon esprit une case largement ouverte au doute, tant le sol que je défriche se hérisse de folles herbes et de ronciers..."

Jean-Henri Fabre - Souvenirs entomologiques



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