Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°483 (2015-34)

mardi 1er septembre 2015

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Franz Schubert - Le Roi des Aulnes
Texte de Johann Wolfgang van Goethe

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Chant d'une

Rousserolle effarvatte

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 et mardi 30 juin 2015



Dans les roseaux
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 juin 2015

Une Rousserolle effarvatte chante...
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 6 juin 2015

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Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 6 juin 2015

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Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 6 juin 2015

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Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 juin 2015

"La Rousserolle effarvatte doit son joli nom à sa couleur rousse :
rousserolle,
et probablement à l'altération du mot
fauvette qui aurait donné effarvatte ;
d'aucuns pensant par contre qu'effarvatte serait de même origine que
farouche,
tant l'oiseau est difficile à voir. Pour l'abbé Vincelot,
effarvatte ou effervète pourrait
dériver de
efferveo, "s'échauffer, s'animer", tant cet oiseau est volubile et paraît
excité lorsqu'il chante..."

Les Oiseaux -
André FATRAS

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Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 juin 2015

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Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 6 juin 2015

Dans un Saule...
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

mardi 30 juin 2015


Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

mardi 30 juin 2015


Suggestion de lecture :

"Chapitre cinquième

Ce noir feuillage...

S'il me reste beaucoup encore à raconter – et sans doute le plus grave – je n'ai plus, maintenant, de longues notes à transcrire. A dater du 8 juin, j'ai cessé de tenir régulièrement le mémorandum de ma vie à Loselée. Il est des impressions, des pensées, des événements qui s'inscrivent directement dans l'âme même. Jamais ils ne s'effacent : on les vit toujours.

L'aube du 8 juin éclaira aussi doucement que celle des jours précédents la façade de Loselée. Dès sept heures, elle réveilla la vie domestique, du côté de l'office et dans le jardin. J'entendis le balais et le râteau. Ces modestes outils annonçaient une matinée vouée à l'ordre et au travail. Jamais je n'ai été plus enclin à ce calme que présagent les bruits familiers de la maison. L'arrivée d'étrangers, en pleine nuit à Fontanelle, n'excitait guère que ma curiosité ; et encore était-elle raisonnable. Je me disais : c'est sans doute cette Clotilde voyageuse. Mais, si c'est elle, fatalement on la verra, d'ici un jour ou deux. Je n'étais pas pressé de lui faire visite. Cette arrivée m'importunait plutôt qu'elle n'excitait mon désir de connaître, de savoir, d'entendre. Je tenais beaucoup à ma solitude.

Mon travail – mené lentement depuis mon arrivée à Loselée – suivait la même allure. Il m'absorba l'esprit jusqu'au déjeuner ; et j'y pris ce paisible plaisir qu'il me procure généralement.

J'avais été surtout enchanté d'une phrase, tirée du papyrus dont on m'avait confié la lecture. Papyrus hélas ! Lacunaire, mais où parlait apparemment un géographe. Il décrivait une région, insituable dans le monde, et il disait des hommes, pour le moins fort bizarres, qui en étaient les naturels : « Ces peuples-là dorment l'hiver, veillent l'été, comme les bêtes saisonnières des montagnes... Mais chez eux le sommeil est tel qu'il ne les empêche jamais d'aller et de venir dans leurs jardins, où d'ailleurs l'hiver est tout à fait doux. Ils vaquent ainsi, en dormant, à leurs occupations. On croit aussi qu'ils rêvent éveillés, et ils ne mangent pas d'êtres vivants ; car, l'hiver, le sommeil leur tient lieu de nourriture et, l'été, ils ne se nourrissent que de songes, leurs songes d'hiver... On les appelle les Mélodéxites, et ils vivent dans un pays qu'on dit inaccessible, à cent soixante jours de marche, quand on descend vers le soleil, en partant de la mer... »

Souvent je me suis demandé ce qui provoqua, en ce mois de juin, une si insolite agitation parmi les oiseaux. Elle commença le 10, avant le coucher du soleil. Un concert confus de ramages s'éleva d'abord dans le fond du parc, près du pavillon abandonné. Dans cette confusion il me fut tout d'abord difficile de distinguer tel cri d'oiseau. Le bruit montait en houle, puis s'abaissait. S'il ne formait qu'une onde, l'oncle emportait, par milliers, les appels, les sifflets, les soupirs, les clameurs, les crépitements, les reproches, les prières, les récriminations, les défis et les douloureux signaux de l'amour. Tout le feuillage des vieux arbres en frémissait. Ce frémissement s'étendait jusqu'aux autres régions du bois d'où me parvenaient d'autres houles de ramages, mais brèves. Car les oiseaux, nichés dans ces lieux éloignés, ayant répondu, par leurs cris, à l'appel des tribus nichées au pavillon, y accouraient aussitôt de toutes parts. Je les entendais qui passaient sur ma tête. Ils volaient si vite que l'air en sifflait. Le vacarme croissait alors sur les lieux du rassemblement où les nouveaux venus soulevaient une frénétique exaltation.

D'un seul élan, une nuée d'oiseaux s'élevait des arbres et tournait. De ce vif tourbillon d'ailes sortaient un ronflement rapide et l'ivresse d'un vol sauvage que la brise éparpillait au-dessus des bois. Une puissante force ascensionnelle soulevait les oiseaux vers un point de l'espace, où quelque signe, invisible à mes yeux, les fascinait. Ils montaient par ondes immenses vers ce signe. Bientôt ils ne furent plus qu'un nuage, illuminé d'en bas par le soleil couchant. Puis je vis ce nuage se dissoudre et se recomposer en une mouvante couronne qui lentement commença à descendre. On entendait distinctement la vibration de ces milliers d'ailes impétueuses. Un coup de vent emporta la couronne vers l'Ouest, loin du parc, et je crus, un moment, qu'elle nous quittait. Mais la matière même qui la composait, déformée par le choc de l'air, reprit sa forme primitive, et, par cercles de plus en plus serrés, se modelant comme une substance vivante, la multitude des oiseaux revint vers Loselée. Ils criaient de colère. Cependant, à mesure qu'ils redescendaient, la clameur devenait plus sourde, et insensiblement, ces milliers d'âmes suspendues au-dessus de la terre, s'apaisaient. L'approche des bois tutélaires leur inspirait sans doute le silence. On n'entendait plus que le frémissement intense de ces ailes chaudes. Puis le vol tomba sur les arbres, et pendant un moment le froissement des plumes passionnées agita les feuillages. La nuit vint sur le bois, les ailes elles-même ne bougèrent plus. La terre, le jardin, les eaux entrèrent dans l'idée que je me fais du monde quand, pour vivre dans l'ombre, il s'étend en secret jusqu'au fond de nos coeurs. Les grands feux célestes brûlaient vers l'Orient nocturne d'un éclat plus vif qu'à l'Ouest où persistait une élyséenne lueur. Il me fallut attendre très longtemps – jusqu'à minuit peut-être – pour entendre l'appel d'une chouette, et, un peu plus tard, les premiers soupirs du plus bel ami de la nuit, qui, surtout en jui, sait se plaindre, car c'est la fin du temps des pariades, et il advient alors qu'un coeur brûlant et inassouvi inspire à l'oiseau merveilleux un long chant solitaire. Il n'en est pas qui trouble à ce point l'âme humaine, toujours inquiète de sa solitude. Car il en délie les figures désirables et nous en propose l'invisible amour. De ces fictions mélodieuses dont l'objet n'est jamais saisissable, il rapproche nos coeurs toujours avides de reflets. Plantes, bêtes, démons, oiseaux secrets et dieux du vent, hantent nos désirs et chargent d'un grand poids nos âmes. Nous nourrissons en nous des créatures fabuleuses. Hélas ! Nous ne pouvons aimer que les compagnons du désert. Notre unique consolation (ah ! Combien douloureuse !) c'est d'imaginer quelquefois que ces êtres reflètent cependant, tels des doubles précaires, d'autres créatures vivantes, issues d'un monde inaccessible et qui, touchées de nos désirs, hantent vainement les confins de notre infranchissable solitude..."


Henri BOSCO - Un rameau de la nuit



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