Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°480 (2015-31)

mardi 11 août 2015

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Henry Purcell - Didon et Enée
(Acte III)

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Fleurs
et Végétaux
au Printemps
Haut-Doubs
mai-juin 2015


Primevère sp. dans la rosée
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
vendredi 8 mai 2015

Cardamine des prés (Cardamine pratensis)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

vendredi 8 mai 2015

Lichen du genre Ramalina sp. (Ramalina fraxinea)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

vendredi 8 mai 2015

Les lichens du genre Ramalina ont servi, en 1870,
à produire de l'alcool en Suède...

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
vendredi 8 mai 2015

Cardamine des prés (Cardamine pratensis)
dans la rosée
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

vendredi 8 mai 2015

Oxalis Petite Oseille (Oxalis acetosella)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

vendredi 8 mai 2015

Fougères
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

jeudi 14 mai 2015

FCardamine à sept folioles (Cardamine heptaphylla)
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 14 mai 2015

Pissenlits
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

jeudi 14 mai 2015

Viorne lantane (Viburnum lantana)
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 14 mai 2015

Brome (graminées) au lever du soleil
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

jeudi 14 mai 2015

Pétales de Pivoine (cultivée)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 17 mai 2015

Coquelicot
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 17 mai 2015

Fleurs de Frêne
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 17 mai 2015

Sceau de Salomon (Polygonatum sp.)
Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 17 mai 2015

Aubépine (Crataegus sp.)
Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 17 mai 2015

Gentiane de printemps (Gentiana verna)
  Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 25 mai 2015

Orchis mâle (Orchis mascula)
  Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 25 mai 2015

Primevère sp.
Mont d'Or (Haut-Doubs)

lundi 25 mai 2015

Globulaire à feuilles en coeur (Globularia cordifolia)
Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 25 mai 2015

Pulstille des Alpes (Pulsatilla alpina)
Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 25 mai 2015

Vératre blanc (Veratrum album)
Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 25 mai 2015

Hêtre
Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 25 mai 2015

Grande Gentiane bleue (Gentiana sp.)
Mont d'Or (Haut-Doubs)
lundi 25 mai 2015

Rosier des Alpes (Rosa pendulina)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 31 mai 2015

Aubépine en fleurs
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 31 mai 2015

Trêfle des montagnes (Trifolium montanum)
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

jeudi 4 juin 2015

Salsifis des prés (Tragopogon pratensis)
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

jeudi 4 juin 2015

Hêtre
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 6 juin 2015

Iris faux acore (Iris pseudacorus)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 6 juin 2015

Polémoine bleue (Polemonium caeruleum)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 6 juin 2015

Polémoine bleue (à fleur blanche)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 6 juin 2015

Cirse des ruisseaux (Cirsium rivulare)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 6 juin 2015

Orpin âcre (Sedum acre)
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 13 juin 2015

Ombre d'un Crépis (taraxacifolia) sur le crépi
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 13 juin 2015

Gesse de Bauhin (Lathyrus Bauhinii)
Cette rareté botanique pousse sur le plateau de Frasne-Boujaille.
En Suisse, on la rencontre dans la vallée de la Brévine (autour du Lac des Taillères - site le plus froid de Suisse !)
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 13 juin 2015

Après la pluie
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 13 juin 2015

Rhinante sp.
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 13 juin 2015

Renouée bistorte (Polygonum bistorta)
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 13 juin 2015

Gesse de Bauhin
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 13 juin 2015

Raiponce orbiculaire (Phyteuma orbiculare)
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 13 juin 2015

Eglantier sp.
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

samedi 27 juin 2015

Gentiane jaune (Gentiana lutea)
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 27 juin 2015

Orchis grenouille (Coeloglossum viride)
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 27 juin 2015


Sur un vieux mur
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 27 juin 2015

Grande Astrance (Astrantia major)
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 27 juin 2015

Gentiane
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 28 juin 2015

Gentiane et Rougqueue noir femelle
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 28 juin 2015

Aubépine
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 28 juin 2015

Hêtre (feuillage)
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 28 juin 2015

Nénuphar jaune (Nymphaea lutea)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

mardi 30 juin 2015

Reflets de Hêtre
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

mardi 30 juin 2015

Epilobe en épi (Epilobium angustifolia)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

mardi 30 juin 2015

Valériane officinale (Valeriana officinalis)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

mardi 30 juin 2015

Cirse des marais (Cirsium palustre)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

mardi 30 juin 2015

Graminée
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

mardi 30 juin 2015

Pigamon (Thalictrum sp.)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

mardi 30 juin 2015

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 30 juin 2015

Fleurs d'Ortie
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

mardi 30 juin 2015

Lysimaque (cultivée)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

mardi 30 juin 2015

Mottu
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

vendredi 8 mai 2015



Suggestion de lecture :

"Il a fallu un certain temps à Lisa pour mesurer à quel point son père exècre IKEA – ses bibelots et ses meubles et ses vis hexagonales dont la tête semble scientifiquement conçue pour supporter un nombre précis de rotations, pas une de plus, et qui s'égueulent dès que l'on se hasarde à démonter ou remonter un meuble une fois de trop.

A l'époque où Robert et Josée vivaient encore ensemble, les méandres du IKEA Cavendish ont été le théatre de nombreuses altercations. Robert suffoquait dès qu'il passait la porte du magasin, cependant que Josée s'y épanouissait comme un lotus en fleur. Dès l'escalier roulant, le couple passait en mode passif-agressif. Le magasinage se concluait inévitablement – et généralement dans la section tapis et coussins – sur une franche engueulade. On aurait pu résumer la vaste erreur que constituait ce couple en dessinant leurs trajets respectifs sur une carte du magasin : Robert progressant par grandes lignes droites, comme un char d'assaut, avec de légers infléchissements vis-à-vis des raccourcis qu'il brûlait d'emprunter ; Josée décrivant des courbes et des boucles, des allers-retours sinueux ponctués de mille pauses. Pendant ce temps, assise à bord du panier, Lisa malmenait la marchandise.

L'épisode se répétait tous les dimanches, cinquante semaines par an. Vers la fin, fulminant, Robert refusa tout bonnement de mettre les pieds dans le magasin. Deux mois plus tard, le couple se dissolvait. Depuis ce temps, Josée demeure convaincue qu'IKEA a causé leur rupture. Cette histoire fait partie des petites fictions qui l'aident à tenir bon – et qui est Lisa pour contredire sa mère ?

Voilà pourquoi, en ce dimanche pluvieux, alors que le stationnement déborde dans toutes les directions, Lisa tente de trouver une place assez grande pour le Dodge. Elle doit être à trois kilomètres du magasin au moins. En fait, elle n'est même plus certaine qu'il s'agisse encore – d'un strict point de vue cadastral – du terrain d'IKEA. L'aéroport semble vraiment tout proche et les Airbus passent en rase-mottes au-dessus des voitures.

Le magasin s'annonce bondé et Lisa regrette de n'avoir pas insisté pour arriver plus tôt ce matin, avant l'ouverture. Sa mère aurait sans doute refusé. L'atmosphère de stampede fait partie intégrante de l'expérience. Entrer en relation avec ses contemporains ne suffit pas : il faut entrer en collision avec eux. Magasiner au IKEA constitue une activité intensément civilisationnelle – ou alors, au contraire, profondément enracinée dans ce que nous conservons de l'insecte. Quoi qu'il en soit, Josée Savoie aime son IKEA surpeuplé.

Dès l'escalier roulant, Lisa est immédiatement frappée par l'odeur indéfinissable du lieu, une fragance composite où le nez peine à discerner le bois, la sève et le vernis, les produits d'entretien, l'huile, la vanille et la cannelle et la colle, les solvants, les ignifuges, et une lointaine touche de cire d'abeille. Une odeur plaisante, à la manière du parfum de l'essence ou d'une voiture neuve, et sans doute cancérigène. Lisa se demande si un chimiste dans un labo, quelque part, a synthétisé cette odeur. IKEA n°5.

La mission des deux femmes consiste à faire l'achat d'une nouvelle bibliothèque afin de remplacer la Billy noire qui occupait le coin du salon – et qui pourtant semblait encore en bon état, lors des derniers passages de Lisa à Huntingdon.

  • C'est quoi au juste le problème avec ton ancienne bibliothèque ?

  • Le problème ?

Lisa attend la suite de la réponse, mais sa mère ne daigne pas développer. Il s'agit de sa réponse. Juste : « le problème ? » Quoiqu'à bien y penser, Lisa n'est même pas certaine d'avoir perçu un ton interrogatif, si bien qu'elle ne peut pas déterminer si sa mère lui demande de préciser le sens du mot problème, ou s'il s'agit d'une amorce de réponse, voire d'une réponse entière – ou si, au final, l'ambiguïté générale de cette pseudo-réponse fait partie d'une stratégie générale de brouillage d'ondes. La vieille Billy n'a sans doute aucun problème.

Le IKEA est encore plus labyrinthique que de coutume ; Des travaux d'agrandissement bouleversent la géométrie habituelle des lieux : des rideaux de plastique obstruent le parcours çà et là, masquant des corridors percés ou en cours de percement. Josée Savoie a cessé de s'orienter dans le IKEA après sa rupture avec Robert. Elle ne craint plus de se perdre : elle souhaite se perdre. S'égarer constitue un acte mystique. Ne plus s'orienter, c'est ne plus désirer.

Dans la section des bibliothèques, elle griffonne sur sa liste d'achats. Elle note les codes des produits et leurs coordonnées dans l'entrepôt, allée et casier, elle hésite entre rose clair et rouge ultrabrillant, se trompe de code, grogne, efface, et tend l'étiquette du produit à Lisa.

  • Tu peux me dicter les chiffres ?

Lisa s'exécute. La litanie s'étire. Une étiquette pour la Billy, et une autre pour la porte vitrée, et encore une autre pour le petit module bas. La mine casse. Lisa repère un distributeur de crayons à proximité. Tous ces crayons, comme des balles dans un chargeur de mitrailleuse. Quelque part dans les tréfonds du IKEA, il existe des boîte énormes contenant des millions de minuscules crayons HB bruns, aux mines impeccablement aiguisées. Le capitalisme est lubrifié au graphite. Josée change cinq fois d'idée pour la couleur, compare noyer pâle et pseudo-bouleau. A chaque couleur correspond un code qu'il faut transcrire, biffer, souligner.

  • Qu'est-ce que tu en penses ? Noyer ou bouleau ?

  • Sais pas.

  • Allez, un peu de bonne volonté. Bourgogne, peut-être ?

  • Tu sais pourquoi les meubles IKEA portent des noms, et pas juste des numéros ?

  • Hmm, aucune idée.

  • Ingvar Kamprad était dyslexique. Il trouvait ça plus simple d'avoir un système avec des noms.

  • C'est qui, Ingevar Kamprate ?

  • Le fondateur d'IKEA.

  • Le fondateur d'IKEA. Qui sait ce genre d'affaires-là ?

  • J'ai fait un travail à l'école.

Après avoir rempli, recopié, déchiré trois listes d'achats, il faut enfin penser à sortir du dédale. Les deux femmes regardent les alentours. Lisa a l'impression qu'elles sont Hansel et Gretel au milieu d'une forêt médiévale et germanique. Les flèches ont disparu du plancher et les panneaux donnent des informations contradictoires. Dans toutes les directions on ne voit que des enfilades de salons et de bureaux, comme si les pièces de centaines de maisons avaient fusionné en un vaste magma domestique. Ce magasin est une zone de subduction : le réel s'enfonce sous la salle d'exposition comme sous une plaque tectonique.

Lisa s'immobilise devant une potiche à motif crétois.

  • On est déjà passées ici.

  • Non.

  • J'ai déjà vu ce vase.

  • Il y en a plusieurs comme ça, dans le magasin. J'en ai vu deux ou trois.

  • Je crois qu'on a pris un raccourci dans le sens inverse.

  • Tu crois ?

Sa mère se laisse tomber sur un pouf orné d'un taureau manière Picasso, et reconsidère le vase. Elle tente pendant quelques secondes de le voir comme une balise géodésique et non comme un objet de consommation. Peine perdue. Elle inscrit le code sur sa liste.

Elles finissent par trouver la sortie sur un pur coup de chance. Elles raflent les boîtes à l'entrepôt et se dirigent vers les caisses enregistreuses. On se croirait à Ellis Island. Les immigrants poussent leur cargaison de lampes et de paniers en rotin, de chaises, de tiroirs, de miroirs, font la queue jusqu'aux guichets au-delà desquels s'étend la terre promise. Des tas d'articles gisent abandonnés, des bougies, des paquets de cintres, des coussins, des coupes à vin.

Dehors, la météo est guerrière. Lisa court chercher la fourgonnette tandis que d'énormes gouttes de pluie éclatent comme des shrapnels..."


Nicolas Dickners - Six degrés de liberté



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