Le Trochiscanthe nodiflore [TN]
n°469 (2015-20)

mardi 19 mai 2015

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Camille Saint-Saens - Carnaval des animaux

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Jardin botanique
et bord du Lac Léman
Genève (Suisse)
mercredi 6 mai 2015


Jacinthe (cultivée)
  Genève (Suisse)
  mercredi 6 mai 2015

Geranium sp.

Linaire cymbalaire - Cymbalaria muralis

Ecureuil roux dans la rosée

Merle noir mâle
<image recadrée>

Ancolie sp. (après la pluie !)

Ail de l'ours - Allium ursinum

Pissenlit (en fruit) - Taraxacum officinale

Paon bleu mâle - Pavo cristatus
(détail du plumage)

cristatus = crêté : fait référence à la huppe sur la tête de l'oiseau !

Toilette

Les rectrices (plumes de la queue) sont ornées d'ocelles.
Concernant les reflets métalliques bleus et verts,
il s'agit d'un effet d'optique dû à la diffusion de la lumière.
Les plumes sont constituées d'un réseau de barbules,
lui-même organisé en lamelles.
Ce réseau de microstructures diffracte la lumière
(la dévie en fonction de la longueur d’onde).
La répétition du motif entraîne des interférences au niveau
des ondes lumineuses ce qui, ajouté à la pigmentation par la kératine,
produit les couleurs observées. La diffraction et les interférences résultant
des microstructures périodiques sont à l'origine
des variations de couleurs selon l’angle d’observation.
(source : Wikipédia)


Pendant la toilette, l'oiseau soulève ses plumes afin
d'atteindre plus facilement la base de celles-ci.

Cormier - Sorbus domestica - en fleur

Toilette II

Cet oiseau aurait pu faire partie du "Carnaval des animaux" (!)

Paon et Pivoine (1776)
Estampe de Muryama OKYO (1733 - 1795)

Chant

Allée

Marronier

Villa

Jardin de rocaille

Sur un banc

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<pas de son !>

Tulipe, après la pluie.

Rougequeue noir mâle chantant

Insecte métalique

Rouge

Orchis pourpre - Orchis purpurea

Pivoine officinale - Paeonia officinalis

Renoncule à feuille de graminée - Ranunculus gramineus

Sabot de Vénus - Cypripedium calceolus

Pulsatille de Haller - Pulsatilla halleri
<image recadrée>

Gentiane sp.

Hélianthème des Apennins - Helianthemum apenninum
<image recadrée>


Gouttes de rosée sur des feuilles d'Alchemille sp.
<image recadrée>

Eglantier sp. - Rosa
<image recadrée>

Gouttes de pluie

Sous la pluie printanière
plus rien que l'embellissement
de toutes choses.

Haïku de Chiyo-Ni (1701-1775), poètesse

Salsifis cultivé

Iris sp.

Phacélie à feuille de tanaisie - Phacelia tanacetifolia
(c'est une plante mellifère : on l'utilise au jardin en tant qu'engrais vert)

Sculpture

Alchemille II

Serres

Arbre à mouchoir - Davidia involucrata

Etourneau sansonnet

Il vient nourrir ses petits...

... son nid est un trou dans un mur.



Nourrissage

Jet d'eau de Genève

Une vidéo sur l'histoire (et le fonctionnement) du jet d'eau de Genève :


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Au bord du lac Léman - Genève et Morges (Suisse)

Texte : Pars vite et reviens tard - Fred Vargas

Musique : Vivaldi- Cantate RV 684 "Cessate, omai cessate"

Mardi 16
août 2011



Suggestion de lecture :

"Lorsqu'elle avait six ans, Joyce se faufilait clandestinement dans le bureau de son père. Elle refermait la porte sans bruit, se frayait un chemin entre les piles de publications de Pêches et Océans Canada, les boîtes de formulaires, les répertoires de bouées, et tirait de l'armoire de longs rouleaux de papier. Elle retirait les élastiques et déroulait sur le plancher des dizaines de cartes marines, de toutes les échelles et de toutes les couleurs, la plupart recouvertes de notes, de calculs, de zones de pêche hâtivement esquissées.

Joyce avait développé une préférence particulière pour la carte 2472-B, une immense projection à l’échelle 1 : 100 000 du littoral de la Basse-Côte-Nord avec, en plein milieu, le minuscule village de Tête-à-la-Baleine. Elle avait si souvent déroulé cette carte que ses rebords avaient pris une couleur de parchemin. Examiné à contre-jour, le bleu de la mer révélait un archipel compliqué de doigts graisseux, parsemé de courants, de côtes de profondeurs, de bouées, d’amers, de phares et de chenaux.

Dans un coin de la carte, près de la légende, était imprimé l’avertissement suivant :

Les levées effectuées dans les zones côtières entre Sept-Îles et Blanc-Sablon ne sont pas conformes aux normes modernes et il peut s’y trouver des rochers ou des hauts-fonds non cartographiés.On doit y être prudent.

La géologie locale se caractérisait en effet par un nombre étonnant d’îles, d’îlots et d’archipels, sans compter les écueils, cayes, îlets, récifs, presqu’îles, mirages, épaves, bouées et innombrables cailloux qui, à marée basse, émergeaient par intermittence.

Si les îles abondaient sur les cartes marines de la région, on notait en revanche une flagrante absence de route. On pouvait croire à une omission inhérente aux cartes marines, dont la fonction première était de faciliter la navigation – mais il ne fallait pas chercher si loin : les cartes n’indiquaient aucune route parce qu’il n’y en avait tout simplement aucune. La 138 arrêtait à Havre-Saint-Pierre et renaissait brièvement à Pointe-aux-Morts. L’intervalle entre ces deux points – trois cent cinquante milles nautiques parsemés des hauts-fonds que l’on sait – était desservi par bateau et par avion.

Cette pénurie de route entraînait deux conséquences importantes.

La première, c’est que les gens de Tête-à-la-Baleine voyageaient fort peu. Ils se contentaient de pratiquer une variété saisonnière de nomadisme appelée transhumance, qui consistait à passer l’été sur l’île Providence, à quelques milles de la côte. Ce déménagement collectif permettait jadis de se rapprocher des bancs de morue durant la saison de pêche. Restait à savoir, maintenant que les morutiers s’amarraient au quai municipal de Tête-à-la-Baleine, pourquoi personne ne songeait à installer son propre petit village d’été sur une autre île, plus loin, quelque part au-delà de Providence. Les parages ne manquaient pas d’îles, après tout.

La seconde conséquence – et sans doute la plus importante –, c’est que Joyce, absorbée par les cartes marines de son père, n’avait jamais mis les pieds hors du village avant l’âge de douze ans.

La mère de Joyce était morte une semaine après l’accouchement, prétendument à cause d’une tête de capelan coincée dans les bronches. Il arrivait que les détails de l’histoire changent légèrement. On parlait parfois d’une vertèbre de morue dans les poumons, voire d’une arête de hareng dans la trachée – mais on s’entendait sur une chose : c’était une victime de la mer.

Le père de Joyce n’ayant jamais voulu se remarier, cette dernière demeura orpheline et fille unique, seule maître à bord après Dieu – bref, chargée de préparer les repas, torcher la maison et faire ses devoirs toute seule, tâches dont elle s’acquittait déjà de façon routinière à l’âge de six ans. La popote se résumait à faire bouillir ou frire les prises accidentelles que son père ramenait du morutier. Quant au ménage de la maison, Joyce le bâclait sans vergogne. Il régnait dans ces murs un désordre chronique que son père considérait d’un oeil tolérant.

Mais la plus ardue de toutes ses tâches consistait à supporter la famille de son père, assortiment de tantes inquisitrices, de cousins turbulents et d’oncles tapageurs qui débarquaient à la moindre occasion. Le père de Joyce, altruiste bonasse, ne se résolvait pas à chasser frères et beaux-frères : ils entraient ici comme chez eux, s’invitaient à souper, pestaient bruyamment contre les quotas de morue et les observateurs en mer, discutaient des nouvelles tendances diététiques japonaises et restaient pour écouter la Soirée du hockey. (C’étaient de grands fans de Guy Lafleur.)

Joyce avait depuis longtemps compris que la maison fournissait à ses oncles un havre neutre, loin des récriminations de leurs épouses, du moins jusqu’à ce que l’une d’entre elles effectue un raid et ramène son fuyard au foyer en le tirant par l’oreille ou par quelque autre excroissance corporelle. C’était d’ailleurs à peu près la seule raison pour laquelle les tantes de Joyce venaient jusque-là – ce qui ne les empêchait pas d’inspecter le désordre des lieux en secouant la tête.

La horde batailleuse des cousins représentait le sous-groupe le plus problématique. Ils s’abattaient comme une pluie de sauterelles, tiraient les cheveux de Joyce – qu’elle avait dès lors résolu de garder courts –, lui donnaient des jambettes, ne rataient aucune occasion de se payer sa tête. Ils profitaient des absences de son père pour faire des razzias dans le frigidaire, subtilisant de la bière et des harengs fumés qu’ils épluchaient devant la télé. Joyce devait repousser cette force brute, mal domestiquée, à coups de casserole et de fourchette.

Pour faire contrepoids à l’envahissante famille paternelle, Joyce disposait de la famille de sa mère – une famille invisible, absente, qui se réduisait désormais à un seul membre : son grand-père Doucet.

Lyzandre Doucet habitait seul dans une maison branlante, bâtie sur la grève, à quelques kilomètres du village. On le voyait rarement s’éloigner de chez lui et personne n’allait le visiter.

Joyce adorait tout de son grand-père : ses mains ridées, le bandeau qui couvrait son oeil gauche, les infâmes petits cigares au porto qu’il fumait à coeur de jour – et, surtout, les mille histoires étonnantes qu’il ne cessait de raconter. Chaque après-midi, après l’école, elle courait le rejoindre. Assis dans la cuisine, ils buvaient une mixture brûlante qui laissait un cerne de rouille dans les tasses et un goût amer dans la gorge, et que son grand-père appelait du thé.

C’est dans cette cuisine que Lyzandre Doucet dévoila à sa petite-fille le grand secret de la famille.

En dépit des apparences, assurait-il, Joyce était l’ultime descendante d’une longue lignée de pirates dont les tout premiers membres connus s’appelaient Alonzo et Herménégilde Doucette – quoique, selon les circonstances, les lieux ou les subtilités de la grammaire ambiante, on les nommât aussi Doucet, Doucett, Douchette, Douchet, Douchez, Douçoit, Duchette, Ducette, Dowcett, Dusett, Ducit ou Dousette.

Nés dans le havre d’Annapolis Royal au début du dix-huitième siècle, ces deux frères de la côte avaient mené une courte et fulgurante carrière de flibustiers. Ils avaient mis à sac les villages de Nouvelle-Angleterre, pris à l’abordage plusieurs vaisseaux britanniques, puis évincé les concurrents trop gourmands. Ils avaient même osé un périlleux raid dans le port de Boston au printemps 1702. L’entreprise dura jusqu’au jour où Alonzo mourut d’une bête indigestion. Herménégilde prit alors sa retraite grâce à l’abondant butin que les deux frères avaient dissimulé dans les anses brumeuses de Nouvelle-Écosse.

La vocation flibustière de la famille Doucet se serait sans doute tarie dans cette retraite tranquille, n’eût été la signature du traité d’Utrecht en 1713.

En cédant l’Acadie aux Anglais, Louis XIV plongea tous les colons dans une situation délicate, en particulier la famille Doucet dont on n’avait pas oublié les raids sur la Nouvelle-Angleterre. Voyant s’approcher l’orage, les enfants d’Herménégilde devancèrent la déportation et s’éparpillèrent dans toutes les directions, de la baie des Chaleurs au golfe du Mexique.

L’errance et l’incertitude politique remirent la flibuste à l’ordre du jour.

Du nord au sud, on vit apparaître des myriades de petits boucaniers, tels Armand Doucet, Euphédime Doucette, Ezéchias Doucett, Bonaventure Douchet, et plusieurs autres Doucet à l’orthographe variable dont l’histoire n’a presque jamais retenu le prénom. Comme un pirate en attire toujours un autre, maints flibustiers se rallièrent à la famille Doucet : le capitaine Samuel Hall, de Nouvelle-Écosse, le Terre-neuvien Turk Kelly, ainsi que Louis-Olivier Gamache, illustre écumeur de la baie Ellis. Le grand-père de Joyce prétendait même que Jean Lafitte, le légendaire pirate louisianais, aurait été un lointain petit-cousin.

Joyce n’avait jamais entendu parler de Jean Lafitte, mais elle était toute disposée à se laisser impressionner.

Un siècle plus tard, l’arrière-grand-père de Joyce et ses deux fils aînés construisaient la légendaire maison des Doucet près de Tête-à-la-Baleine. Hâtivement érigée avec du bois de grève, elle oscillait dans le nordet avec des craquements de mauvais augure, penchée vers la mer tel un gros mammifère marin que l’on aurait vainement essayé de retenir au bord.

À chaque équinoxe, tout le village pariait sur les probabilités que sa charpente abdique enfin et parte avec la marée, mais les années passaient (clamait grand-père Doucet en frappant du poing la première poutre à sa portée) et cette vieille baraque tenait toujours le coup.

Dans cette maison étaient nés et avaient vécu tous les Doucet de Tête-à-la-Baleine : grand-père et grand-mère, grandsoncles, grands-tantes, cousines, cousins, beaux-frères et chiens galeux. Cette branche de la famille avait cessé de pratiquer la piraterie sans pour autant avoir développé la vocation de la pêche. Cette absence de rôle précis avait contribué à les isoler du reste de la population.

De toute façon, les Doucet habitaient trop loin du village pour ne pas être louches. Les fiers-à-bras prétendaient fréquenter la maison branlante afin de trousser leurs filles ou de se procurer du miquelon – car si le grand-père Lyzandre n’avait jamais pris le moindre bateau à l’abordage, il s’était tout de même livré à la contrebande durant la prohibition. Il n’en fallait pas davantage pour que cette maison isolée soit déclarée lupanar, tripot et lieu de damnation éternelle.

Lassés du mépris et des ragots, plusieurs membres de la famille songèrent à quitter le village. L’exode fut amorcé en juin 1960 par le fils cadet de Lyzandre : Jonas Doucet.

Cet oncle légendaire, âgé d’à peine quatorze ans, avait remonté le fleuve jusqu’à Montréal où il s’était embarqué sur un cargo en partance pour Madagascar – et on ne l’avait plus jamais revu. Sa famille recevait parfois d’illisibles cartes postales envoyées de tous les ports du monde, que le grandpère Lyzandre punaisait fièrement aux murs de la maison. En plein milieu de l’hiver, lorsque le nordet balayait la batture, les timbres colorés de Sumatra ou de La Havane pimentaient le quotidien des Doucet et leur donnaient le mal du pays dans leur propre cuisine..."

Nicolas Dickner - Nikolski



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