Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°411 (2014-12)

Mardi 1er avril 2014

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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  Henry Purcell -
Ode à Sainte Cécile

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Dans le frêne

(batailles pour trouver un nid !)
La Rivière-Drugeon
(Haut-Doubs)

  mars 2014

Mésange charbonnière
samedi 8 mars 2014

samedi 8 mars 2014

Mésange bleue
samedi 8 mars 2014

Visite d'une cavité
(à la recherche d'un futur nid !)
samedi 8 mars 2014

Au soleil
samedi 8 mars 2014

Inspection terminée !
samedi 8 mars 2014

samedi 8 mars 2014

Ma cavité !
samedi 8 mars 2014

Sittelle torchepot défendant son futur nid !
samedi 8 mars 2014


Pouillot sp.
dimanche 16 mars 2014

Grive litorne :
son nid, construit à la fourche de deux grosses branches, n'est pas très loin !
dimanche 16 mars 2014


Mésange charbonnière (femelle)
dimanche 16 mars 2014

Bleue
dimanche 16 mars 2014

A la recherche de proies cachées dans la mousse sur une grosse branche...

Derrière le tronc, dans l'azur
dimanche 16 mars 2014


Petit texte :


"SIXIEME JOUR

25 janvier 195 .

Ce matin, en ouvrant la porte, j'ai trouvé de la neige. Il a dû neiger une bonne partie de la nuit car la couche est épaisse. Je ne m'en suis pas aperçu mais le froid m'a réveillé. J'ai le dos meurtri de points douloureux et la première cigarette m'a fait tousser un quart d'heure durant. Il faudra qu'un jour je me rende à l'évidence : ma poitrine doit être fêlée ; j'y perçois maintes lézardes. Nana Mehla, ma voisine, est venue sans façon pour allumer mon kanoun. Elle m'a entendu tousser.


- Reste couché, mon petit. Ne te gêne pas avec moi. Je viens, c'est pour chauffer la maison. Le café, Dehbia est en train de le préparer, je te l'apporterai...

C'était dans nos conventions : le feu, le café, tout le ménage. Nana Mehla a pris un air protecteur, un peu choquant car après tout je ne suis pas son « petit ». Ton « grand » plutôt, minuscule Mehla ! Mais enfin j'ai besoin d'être protégé contre cette neige, ce froid, contre le cafard, contre tout. Qu'elles me protègent donc toutes les deux !

Je suis sorti pour voir la neige. J'ai toute la journée pour la neige, j'irai la saluer dehors. La maison est triste sous son linceul, triste et obscure. J'ai remis la clé à Dehbia et je lui ai dit bonjour en passant. Je ne l'ai pas vue parce qu'il faisait noir chez elle et que la fumée m'aveuglait, je me suis sauvé au café.

La neige souffre d'un mauvais préjugé chez nous, c'est pourquoi je l'aime en secret. Je lui sais gré de cacher chaque fois pour quelques jours la laideur d'Ighil-Nezman. Dans les rues, les creux et les bosses disparaissent, les toits prennent des inclinaisons idéales, des formes géométriques régulières, une netteté étincelante et généreuse, une pureté qui n'a pas peur de se souiller à notre contact.

J'aime la neige fraîche sur laquelle personne n'est passé. C'est pour cette raison que je me suis hâté de sortir. Sur la route du café, j'ai trouvé des camarades. Ils m'ont accueilli froidement alors que je me préparais à rire.

- Tu vas au cimetière, me dit l'un d'entre eux. On t'accompagne.

- Le cimetière ?

- Oui, ta mère...

    C'était la vérité. J'avais oublié, en effet. La tombe n'était pas encore maçonnée. Il fallait se dépêcher d'enlever la neige et de découvrir les dalles pour éviter les infiltrations. J'étais confus mais les amis firent semblant de croire que j'étais plutôt embarrassé et que je n'avais ni tôles, ni liège, ni claies doublées de chaume.

Ne te tracasse pas, dirent-ils en même temps. Et chacun de proposer ce qu'il pourrait me procurer. Finalement nous avons opté pour les tôles et nous sommes descendus tous ensemble à Tazrout pour dégager la tombe de maman. La neige n'avais pas de consistance, nous la prenions comme si c'était de la laine et nos mains se mouillaient à peine. Il n'y avait aucune infiltration.

Un rayon de soleil pâle égayait le cimetière qui brillait comme un miroir neuf ; le Djurdjura étincelait haut dans le ciel mais la vallée du Sébaou apparaissait rougeâtre et sale. Le bas pays, où il n'avait pas neigé, était morne et semblait avoir aspiré à lui tout le froid de la nuit, toute la tristesse des premières heures du jour. Du cimetière nous entendions les enfants s'ébattre joyeusement en se lançant des boules de neige, sur la route, à l'entrée du village, et les femmes qui descendaient en file vers la fontaine criaient, mi-sérieuses, mi-fâchées, qu'ils allaient leur casser les cruches. Mes camarades échangèrent quelques boules. Sans conviction. Puis nous nous dépêchâmes de rejoindre la route dans l'espoir de croiser les femmes. C'était une bande de jeunes, de notre quartier. Elles avaient toutes des tricots, des chaussettes de laine et des chaussures. Elles étaient gracieuses dans le froid qui avait coloré leurs joues. Nous nous croisâmes en souriant. Mes yeux rencontrèrent dès le premier regard ceux de Dehbia. Je ne pouvais souhaiter mieux. Nous rougîmes en même temps. Parce qu'il faisait froid et que nous étions contents de nous rencontrer là sur cette neige très pure, hors de la maison si sombre. Deux regards qui s'accrochent et se sourient quelques secondes : les copains ne se sont aperçus de rien.

- Empêchez les garnements de nous jeter leurs boules ! Nous dirent-elles, lorsqu'elles nous eurent dépassés..."

Mouloud FERAOUN - Les chemins qui montent




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