Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°345 - Mardi 27 novembre 2012

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Borodin -
Dans les steppes d'Asie centrale

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Végétaux d'automne
Lac de Saint-Point, Mont d'Or et Courvières (Haut-Doubs)
septembre et octobre 2012

Dans la brume du matin
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 septembre 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 septembre 2012

Phragmites
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 septembre 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 septembre 2012

Port-Titi et une barque inhabituelle (?)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 septembre 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 septembre 2012

Joncs
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 septembre 2012

Tournesol
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 8 septembre 2012

Cirse laineux (Cirsium eriophorum)
Mont d'Or (Haut-Doubs)
samedi 15 septembre 2012

Mont d'Or (Haut-Doubs)
samedi 15 septembre 2012

Alisier solitaire
Mont d'Or (Haut-Doubs)

dimanche 16 septembre 2012

Vol d'Etourneaux sansonnets, dans le soir, à partir d'une Aubépine
Courvières (Haut-Doubs)
lundi 1er octobre 2012

Tremble
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Eglantier
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Alisier blanc
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Hêtre
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Feuille de Géranium sp.
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 6 octobre 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Toile
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Epilobe hirsute (en fruit)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Barque et reflet de l'eau
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Phragmite-Graphique !
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 6 octobre 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

Epines
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012

"Colchique dans les prés"...
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 6 octobre 2012



Petit texte :

"Adieu

Enfin, l'hiver a été là. Et moi, j'étais bien content parce que notre yourte allait pouvoir se retirer dans sa solitude familière. Peut-être aussi parce que tout le monde voulait depuis peu me convaincre que j'étais déjà un grand garçon et qu'il était temps de montrer si j'étais capable de garder mon troupeau moi-même.
En entendant cela, je me disais que je pouvais bien sûr garder mon troupeau et nourrir ma grand-mère moi-même. Mais il me fallait ma propre yourte ; une grande yourte blanche, avec plein de jolis objets à l'intérieur, un palais !
On m'a confié les hendshes. Il n'y avait pas seulement les bêtes nées sur le tard, mais aussi les agneaux qui venaient encore au monde de temps en temps et les bêtes adultes qui, pour diverses raisons, ne pouvaient pas accompagner le grand troupeua dans les pâturages éloignés.
Le matin, quand il avait quitté l'enclos et était déjà hors de vue, je conduisais le mien dans la prairie. Le grand troupeau grimpait vers la crête des montagnes tandis que les hendshes descendaient dans les plis à l'abri du vent. Mais il fallait d'abord détacher de la höne la moitié des agneaux et des chevreaux et les faire sortir un à un de la yourte pour qu'ils ne causent pas de dégâts en gambadant ; quant à l'autre moitié, il suffisait de lui ouvrir la porte de la gükpek, car les bêtes y dormaient en liberté et pouvaient sortir toutes seules.
La journée d'hiver, qui paraissait courte aux adultes, était longue pour moi, interminablement longue. Au lieu de jouer, il fallait que je mène paître le troupeau, que j'observe le vent et le soleil, les herbes et le comportement des bêtes, de chaque bête. Il fallait aussi que je me méfie des loups et des aigles. S'il en surgissait un, je ne devais pas avoir peur, mais prendre vite un bâton de berger que je portais comme un fusil en travers de mes épaules et le pointer vers lui en cinglant l'air et en criant très fort. La journée d'hiver n'était pas seulement longue. Elle était froide surtout. On avait d'abord le visage et les mains qui gelaient. Curieusement, dans les montagnes, les gens ne portaient pas de gants, on n'en avait pas. En revanche, on avait de longues manches ; elles vous permettaient de saisir les objets tranchants, froids, ou brûlants, tout ce qu'on ne pouvait pas prendre à mains nues. Il n'y avait que les jouets, c'est-à-dire les pierres couvertes de givre, qu'il fallait empoigner pour qu'au contact de la peau, elles s'animent et se transforment en êtres humains ou en animaux, en ustensiles ou autres objets.
On avait les mains toutes froides. Mais qu'importait ! On s'était assuré encore une fois qu'on disposait de plein de choses pour vous rendre la vie agréable. Et puis, on avait aussi la pierre chaude qu'on portait dans sa poche de poitrine comme un petit poêle, comme un soleil minuscule, et qu'on pouvait prendre dans sa main gelée pour se réchauffer. La droite qui avait accès à la poche de poitrine se chauffait la première, puis communiquait sa chaleur à la gauche et au visage.
La pierre avait la taille et la forme d'un crottin de cheval, elle était lisse et violet foncé, on la faisait chauffer le matin sous la cendre chaude. Et elle gardait longtemps la chaleur ; le soir, lorsque je rentrais à la maison et que je la sortais pour la ranger, elle était encore tiède au toucher.
Mon chien Arsylang m'accueillait le matin quand je sortais dans ce monde qui, par rapport à moi, était d'une puissance incommensurable et s'étendait impénétrable sous mes yeux. Le soir, c'était aussi Arsylang qui me ramenait sain et sauf de cet univers de mystères et de dangers jusqu'à la yourte protectrice de mes parents. Le matin, il fallait précéder le troupeau, et le soir le suivre. C'était la première règle à respecter par tous, afin de prendre sur soi le danger qui guettait le bétail. Mais Arsylang veillait sur moi : le matin, il marchait devant moi et le soir derrière moi.
Il s'asseyait près de moi pour me regarder jouer. Je voulais qu'il joue avec moi, mais aussi intelligent fût-il, il ne comprenait pas pourquoi il fallait tenir les moutons et les chèvres à l'écart des yaks et des chevaux, ni pourquoi la yourte devait être ronde, avec le poêle au milieu. Et je lui en faisais de temps en temps le reproche, je lui donnais aussi parfois une bourrade dans le cou, mais quand je croyais vois dans ses yeux marron tirant sur le vert comme un soupçon de culpabilité ou de désarroi, je le consolais. J'arrêtais de jouer tout seul pour me lancer avec lui dans des jeux à sa portée : nous sautions et nous courions, luttions et roulions dans la neige, et c'était toujours moi qui me fatiguais le premier. Alors nous laissions tomber ce jeu-là aussi pour nous occuper du troupeau. Arsylang était habile, c'était l'intelligence même. Il enseignait au troupeau à avancer. Parfois, il punissait un chevreau qui, au lieu de manger, était grimpé sur des rochers ou s'était permis quelque autre bêtise. Les punitions étaient variées, la plus légère consistant à lui faire un peu peur, la plus sévère à lui donner la chasse jusqu'à ce que l'indiscipliné s'effondre. Mais le chien n'infligeait ce genre de punition que sur ma volonté expresse, et je peux jurer que les dents d'Arsylang ne se sont jamais enfoncées dans la chair d'une seule bête du troupeau..."

Galsan Tschinag - Ciel bleu

hendshes : derniers-nés des moutons, dont le troupeau est gardé par le plus jeune des enfants
gükpek : petite hutte en bois pour les jeunes animaux



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