Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°252 - Mardi 1er février 2011

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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JS Bach - Concerto pour 4 Clavecins BWV 1065

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Renard (sous la lune) et Chamois (sous le soleil) !

La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
Samedi 22 janvier 2011

Sous la lune (presque pleine !)...

Maître Renard en vadrouille (il fait encore nuit !).
<images recadrées>

Il vient chercher son repas dans les restes d'une carcasse d'un chamois.

Mais il a tout de même entendu le bruit de l'appareil-photo...

Premier chamois (un jeune) dans le soleil.

La carcasse...

En face du Château de Joux.

Cabris broutant au soleil.

Deux adultes, à l'aplomb de la route nationale !

Un Grand Corbeau a trouvé de quoi manger (sur la carcasse du chamois ?).
<image recadrée>

Retenez bien la forme caractéristique des cornes de cette femelle !
J'en parlerai dans un prochain numéro du TN.

Eterlou.



Petit texte :

"De toute façon, si je faisais de la spéléologie (ce qu'à Dieu ne plaise !), je me demanderais si le boyau dans lequel je rampe ne va pas sécréter quelque acide ; si la caverne où retentissent mes pas ne va pas, peu à peu, m'imbiber d'un suc gastrique ou si, à l'instar de la turquoise qui meurt, les calcaires que je foule ne vont pas se mettre à vivre ou, plus exactement, à me faire comprendre qu'ils vivent.
Car je trouve qu'on a toujours un peu trop confiance dans l'inertie des pierres ; qu'on les traite avec trop de mépris. Les plantes, on a fini par convenir qu'il y avait là de la vie, même un liquide semblable à du sang. On n'en est pas encore à parler de leur sensibilité mais il n'y a pas si longtemps qu'on déniait toute sensibilité aux animaux ; ça viendra. Pour les pierres, on conserve encore une grande assurance. On fait en toute tranquillité n'importe quoi à une pierre : on la scie, on la martèle, on la taille, on la fait éclater, on la broie, on la malaxe. Peut-être que tout ça doit se payer ? Les tailleurs de pierre seraient pleins de remords ; les lapidaires trembleraient dans leurs bottes ; les carriers rentreraient chez eux en serrant les fesses ; les sculpteurs se boucheraient les yeux de leurs mains. Les journaux seraient obligés, l'été, d'inaugurer la rubrique des spéléologues digérés : trois spéléologues digérés par le gouffre Armand. Une grande partie du genre humain finirait sous forme de porphyre, de serpentine, de quartz ou de simples galets. Les maçons auraient à payer de lourdes dettes concentrationnaires. On n'oserait plus jeter la moindre pierre à un chien, non plus pour le chien mais pour la pierre. On finirait, sans doute, par jeter des chiens aux pierres.
C'est évidemment propos pour rire mais on ne sait jamais et, de toute façon, avons-nous une connaissance quelconque des vraies raisons de notre vie et par conséquent du vrai visage de l'univers ? Puisque, pour le connaître, nous n'avons que nos cinq sens sujets à caution et notre intelligence sujette des sens. Même avec ces faibles moyens nous connaissons l'eau sous trois formes : solide, liquide et vapeur. Le granit, le porphyre, l'albâtre, le marbre ne sont peut-être qu'une des formes de cette matière ? Il y a peut-être ailleurs des fleuves de granit et des océans de marbre. En quoi peuvent être faites, alors, les îles de ces océans de marbre ? Car nous avons beau être bouleversés d'horreur à l'idée d'être digérés par la pierre, nous nous noyons sans rémission si nous n'avons pas une île solide sur laquelle prendre pied.
Toutes ces réflexions sur la pierre sont dominées par le rêve. Sans rêve, pour en revenir à la connaissance du monde, que pouvons-nous en comprendre ? La science est un rêve codifié par des lois qui permettent de reproduire certaines circonstances du rêve. Je peux me renfourner au chaud sous mes couvertures de chaque soir pour avoir du monde une connaissance subjective qui a bien sa valeur. Là, bien tranquilles, combien de fois n'avons-nous pas pensé au désespoir de l'homme perdu en mer ? Au large et seul : toute l'aventure stupéfiante des Kon Tiki et des Bombard. Mais, pour deux noms qui viennent sous la plume (il y a aussi les deux canots du capitaine Bligh après la révolte du Bounty, mais le capitaine Bligh était en compagnie de matelots fidèles et il les commandait férocement pour faire vivre leur espoir et le sien), pour deux noms ou trois qui viennent sous la plume, combien de marins, combien de capitaines qui n'ont laissé aucun nom après ces aventures, des angoisses infinies qui se sont terminées par la mort anonyme ?...
"

Jean GIONO - La Pierre (le Déserteur)



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