Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°228 - Mardi 3 août 2010

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


Magnificat
- Claudio MONTEVERDI

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au centre de l'image...

 



ou cliquez [ici]



Un Chamois mâle intrépide...

Mont d'Or (Haut-Doubs)
Dimanche 18 juillet 2010

Au petit jour...

Sur le chemin.

Couché...

...devant le Mont Blanc

Portrait (en train de ruminer).

C'est bien un mâle ! (lorsqu'il urine, comme ici, c'est entre ces pattes,
et non à l'arrière comme chez les femelles !)

Couché (à nouveau !)
<image recadrée>

Avant qu'il ne disparaisse dans le ravin...



Petit texte :

"1

Maintenant, après l'expérience de la montagne où, deux mois durant, j'avais vécu seul sans qu'un être humain me pose de questions ou me regarde, mon point de vue sur l'existence commençait de changer du tout au tout. Je voulais désormais retrouver dans le monde cette paix absolue mais j'aspirais secrètement à certains plaisirs que prodigue la société (comme les spectacles, le sexe, les attributs du confort, les nourritures et les boissons fines), toutes choses que l'on ne trouve pas sur une montagne. Je savais à présent que, en tant qu'artiste, ma vie en quête de la paix mais pas seulement en tant qu'artiste : en tant qu'homme de contemplation et non homme de trop d'actions, au sens ancien du « non-faire » du Tao chinois (Wu Wei) qui est en soi un mode d'existence plus beau qu'aucun autre, une sorte de ferveur monacale au milieu de la frénésie des va-de-la-gueule amoureux de l'action dont grouille le monde « moderne » - celui-ci ou tout autre.
C'était pour prouver que j'étais capable de « 
non-faire », même au sein de la plus tumultueuse des sociétés, que j'avais quitté ma montagne dans l'Etat de Washigton pour regagner San Francisco où j'avais passé la semaine à me saouler (les « carasals » comme Cody avait dit un jour) en compagnie des anges de la désolation, poètes et protagonistes de la Renaissance de San Francisco. Une semaine, pas un jour de plus, après quoi j'avais sauté dans le train de Los Angeles (avec une bonne gueule de bois et un peu d'inquiétude, bien sûr), destination le bon vieux Mexique pour réintégrer ma solitude retrouvée dans une masure de Mexico.
Il est bien facile de comprendre que, en tant qu'artiste, j'ai besoin de solitude et d'une sorte de philosophie du « 
non-faire » qui me permettent de rêver tout le jour et d'organiser en chapitres les songes oubliés qui, des années plus tard, jaillissent sous forme de récit. Dans cette mesure, il m'est impossible, puisqu'il est impossible que tout le monde soit un artiste, de recommander à tout un chacun ma façon de vivre comme une philosophie convenant à n'importe qui. En un sens, je suis un farfelu comme Rembrandt – Rembrandt pouvait peindre les bourgeois affairés tels qu'ils venaient poser après déjeuner, mais, à minuit, alors qu'ils dormaient pour se reposer parce qu'il fallait travailler le lendemain, le brave Rembrandt était dans son atelier, occupé à mettre de légères touches de ténèbres sur ses toiles. Les bourgeois n'attendaient pas de lui qu'il soit autre chose qu'un artiste, aussi n'allaient-ils pas frapper à sa porte à minuit pour lui demander : « Pourquoi vivez-vous de cette façon, Rembrandt ? Pourquoi êtes-vous seul cette nuit ? A quoi rêvez-vous ? » Et ils ne s'attendaient donc pas à ce que Rembrandt se retourne et leur réponde : « Il vous faut vivre comme moi, dans la philosophie de la solitude, il n'y a pas d'autres solution. » J'étais pareillement à la recherche d'une sorte de paix, d'une existence vouée à la contemplation et à ses raffinements au nom de mon art (de la prose, des récits dans mon cas) (narrations de ce que j'avais vu et de la manière dont je l'avais vu) mais c'était aussi d'un style de vie que j'étais en quête : considérer le monde du point de vue de la solitude et méditer sur lui sans s'empêtrer dans les imbroglios de ses actions aujourd'hui célèbres par leur atrocité et leur abomination. Je voulais être un Homme du Tao qui observe les nuages et laisse l'Histoire faire rage en dessous (quelque chose qui n'est plus permis après Mao et Camus !) (Cela sera un jour)...
Mais je n'avais pas supposé que, en dépit même de ma ferme résolution, de mon expérience dans les arts de la solitude et de ma liberté qui était la liberté de la pauvreté, je n'avais pas supposé que je serais, moi aussi, embarqué dans l'action, je ne pensais pas qu'il serait possible que...
Mais passons aux détails qui sont la vie de l'événement..."

Jack Kerouac - Les Anges Vagabonds



Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2010 : Pour le télécharger directement au format pdf (1000 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Pour partager cette page sur "FaceBook", cliquez sur le bouton ci-dessous :



Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal]